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    On croyait la SNCM hors de danger après la signature d’une nouvelle DSP et voilà que des rumeurs de naufrage sont colportées dans la presse. On parle d’une cessation de paiement qui serait la conséquence de l’obstination de la commission européenne à faire rembourser une partie des subventions passées à la Collectivité Territoriale Corse (220 millions d’euros), l’annonce de Paul Giacobbi, Président de la CTC, de mettre en recouvrement la dite créance et les tergiversations des actionnaires de la SNCM à tenir leurs engagements financiers. On se souvient que Frédéric Alpozzo, représentant le syndicat CGT des marins, avait déclaré en avril avec lucidité: « â€¯Il y a un discours volontairement alarmiste de la part de la direction de la SNCM. Mais il est évident aussi que la CTC met en œuvre une politique ultralibérale qui va profiter directement à la concurrence à Toulon, c'est-à-dire la Corsica Ferries, et qui va entraîner de la casse social ».Les plus alarmistes annoncent aujourd’hui que les salaires d’octobre ne seraient pas payés et que le trafic entre la Corse et le continent serait arrêté.Dans ce contexte pessimiste et délétère, vendredi dernier,  le président de l’office des transports maritimes de l’île, Paul-Marie Bartoli , a tenu à rassurer les usagers, et tous les Corses. La continuité territoriale sera assurée quelles que soient les difficultés de la SNCM qui devra respecter la délégation de service public en fin de contrat et la nouvelle délégation qui débute le premier janvier 2014. La CTC y veillera. Il a rendu hommage à la retenue et à l’esprit de responsabilité des personnels de la SNCM en les  encourageant à continuer à faire preuve de plus d’esprit de responsabilité que les dirigeants et les actionnaires de la SNCM.  

    Les actionnaires de la SNCM ont finalement annoncé qu'ils tiendront leurs engagements financiers C’est la direction de la SNCM qui l’a annoncé en écho à Paul-Marie Bartoli ce même vendredi 25 octobre… "Les actionnaires de la compagnie viennent de confirmer [...] leurs contributions pour abonder la trésorerie à la hauteur des besoins exprimés", indique la direction. Une décision qui permet à la compagnie de transport d'assurer à ses clients que "son activité ne sera en rien perturbée". Un soulagement pour les 2000 marins et personnels à quai. Transdev , filiale Transport de Véolia Environnement, fera un premier versement de 17 millions d’euros sur les 30 millions promis.

    Avec l’aide de l’Etat qui contrôle 25% de la compagnie maritime et du principal actionnaire Transdev filiale de Véolia (66%), la trésorerie de la SNCM serait donc assurée jusqu'en janvier et les discussions sur le projet industriel devraient pouvoir reprendre dans un climat plus serein. Toutefois la SNCM est toujours sous la menace d'une condamnation de la Commission européenne, qui exige de la France qu'elle recouvre les 220 millions d'aides jugées illégales versées entre 2007 et 2013. Il faut rappeler que, face aux difficultés, l'Etat et Veolia avaient validé en juin un plan prévoyant la suppression de plus de 500 postes, sur quelque 2 600 employés. Les personnels et les syndicats ont dû avaler cette couleuvre et il serait scandaleux que ce soit pour en arriver à une liquidation de la compagnie maritime. Pour Maurice Perrin, élu au conseil de surveillance pour y représenter les actionnaires salariés qui détiennent 9% du capital, il serait temps que la SNCM dispose d’un nouvel actionnariat et il a ajouté : «  Sans cela, le projet de redressement de la compagnie ne pourra pas être mené à bien ». Pour les salariés, Veolia voudrait se débarrasser de sa branche transport au lieu de s’engager à long terme.

    On sait que la France a renoncé depuis longtemps à toute ambition navale et a mené une politique de privatisation des compagnies nationales en vendant notamment la CGM et de la SNCM. Les navires battant pavillon français et naviguant avec des équipages français sont mis en difficulté par des compagnies battant pavillons de complaisance et embauchant des personnels honteusement exploités. La SNCM n'est pas sortie du rouge malgré la délégation de service public. Des erreurs de gestion et le manque de soutien gouvernemental risquent d'avoir raison de cette entreprise emblématique de Marseille et de la Corse. Dans la cité phocéenne on parle encore de  la vieille Transat dont la couleur de cheminée servait de logo à la foire de Marseille. Tout se passe comme si on voulait faire disparaître la SNCM et son passé glorieux. Elle a pourtant  des personnels formés et de beaux navires. Si on revient sur l’attitude de la Commission européenne, sans doute pour sauver la SNCM,  nous faudra-t-il  une Union européenne libérée des dogmes du libéralisme. On peut s’interroger sur l’acharnement des technocrates de la commission européenne à vouloir couler la SNCM, lorsque l’on sait l’influence des lobbies dans cette Union de la Finance. Rappelons que des compagnies low cost ont perçu une subvention dite « aide sociale » mise en place en 2001 sans aucun contrôle dans leurs comptes. C’est le cas pour la Corsica Ferries qui a perçu à ce titre 100 millions d’euros depuis 2002. Il faut tencore relever que la Corsica ferries ne paie aucun impôt en France et n’emploie des Corses que dans les ports de l’île et non à bord, tout en bénéficiant largement de l’aide sociale. Paradoxalement, l’état et la CTC doivent subventionner depuis des années une entreprise privée étrangère dont l’objectif est de couler une compagnie nationale française pour obtenir un monopole de fait comme cela s’est passé pour la Sardaigne avec des prix qui sont montés en flèche.

    La SNCM est la seule compagnie de navigation française sur la Corse et le Maghreb. C’est la seule à être soumise à la fiscalité française et au code du travail dans une période de crise économique et de chômageElle garantit la stabilité des prix et la continuité territoriale en concurrence avec des compagnies dont la seule politique est le profit. Pour l’instant donc, malgré les oiseaux de mauvaise augure et le lobbying de la compagnie concurrente suisso-panaméenne, elle ne coule  pas et ses navires continueront à assurer la délégation de service public entre la Corse et le Continent. Bon vent et mer calme à tous ses personnels ! Pour les soutenir, il reste un moyen agréable : voyager avec eux !

    Matalone

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  •  François Hollande nous avait promis " Le Changement, c'est maintenant". Qu’en est-il ? Nulla.Hollande préconisait la rupture avec Nicolas Sarkozy. A-t-elle eu lieu ? Sicuramente no. Mieux, il continue allègrement la politique de son prédécesseur, rebaptisée de gauche. Une politique d’austérité et de récession, soumise aux diktats de la Troïka et des marchés financiers. Nous exagérons ? Des exemples ? En voilà quelques-uns :

    - Acceptation du traité budgétaire européen qui instaure l’austérité partout en Europe.

    - Approbation de l’ANI,  sur la « sécurisation » de l’emploi. Accord qui donne au patronat la possibilité de faire travailler plus les salariés, sans augmentation de salaire et de virer ces mêmes salariés quand il veut !

    - Octroi d’un crédit d’impôt de 20 milliards d’euros aux entreprises, sans aucune garantie, ni contrôle des bénéficiaires.

    - Augmentation de la Tva, à compter du 1er janvier 2014.

    - Nouvelles attaques contre les retraites.

    - Le projet de budget 2014. Nouvelles tailles dans les dépenses publiques et de nouveaux cadeaux au patronat.

    Nous ne pouvons pas accepter un tel reniement - d’aucuns parlent même de trahison. Aussi nous tenons à nous démarquer de cette politique régressive dont on en mesure quotidiennement les effets : aggravation du chômage (en Corse, il bat tous les records, surtout chez les jeunes), baisse du pouvoir d’achat, pression fiscale accrue, etc.

    Ce n’est pas une politique de gauche. Cette politique jette le discrédit sur l’ensemble de la gauche. Nous tenons à la dénoncer avec la plus grande fermeté. Nous nous prononçons pour un changement de cap radical. Barre à gauche toute.

    Les Municipales, test national

    Dans ce contexte, les prochaines élections municipales vont prendre un caractère national. Ce sera un test pour François Hollande et son gouvernement. D’ailleurs, la droite monte déjà au créneau et veut profiter de l’occasion pour se refaire une virginité, en oubliant qu’elle porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle du pays. Quant au Front national, il est là en embuscade et continue à exploiter honteusement, sur fond de haine et de racisme, la désespérance qui s’amplifie de plus en plus.

    Une liste du Front de gauche dès le premier tour à Ajaccio

    Manca alternativa (Fédération pour une alternative sociale et écologique), partie prenante du Front de gauche en Corse, propose donc la constitution d’une liste composée de toutes les composantes du Front de gauche, dès le premier tour des Municipales, à Ajaccio, sur la base des propositions claires sur le logement social, les transports publics, leur gratuité, la gestion publique de l’eau, la gestion des parkings dans la transparence, l’environnement, la lutte contre la spéculation foncière et immobilière, la violence, l’utilisation abusive de l’espace public terrestre et maritime et les pratiques claniques qui font tant de mal à la Corse et aux Corses. Elle rejette sans ambiguïté tutta cumbinazione. Toutes ces propositions seraient élaborées en concertation avec la population.

    A ceux qui nous reprocheraient qu’une telle liste ferait le jeu de la droite locale et du Front national, nous avons envie de leur poser la question : « Qui pousse de plus en plus de citoyens dans les bras du Front national et surtout dans l’abstention, sinon les promoteurs de la politique actuelle et de ses conséquences ? Gare aux désillusions. Les dernières élections partielles devraient nous faire réfléchir.

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  • casse_noisettes2

    Le FMI avait déjà suggéré de taxer l’épargne pour en finir avec la crise de la dette en promettant de ne plus recommencer. Avec une taxe à 10%  la France récupéreraient 700 milliards d’euros. Cette taxe plus douloureuse pour les plus modestes que pour les plus riches (qui peuvent en outre organiser la fuite de leurs capitaux) ne bouleverserait pas le système. Il y a des précédents en Europe. En 1992, le gouvernement italien socialiste a prélevé 0,6% sur l’ensemble des dépôts positifs dans les banques de la péninsule. La botte a rempli la chaussette de l’Etat avec 15 milliards d’euros qui ont permis de réduire la dette publique pour entrer dans les critères de Maastrich. Au printemps dernier, Chypre a ponctionné 47,5% sur les dépôts de plus de 100.000 euros afin de se voir accorder un plan d'aide international par la Troïka. Ce plan a préserve in extrémis et grâce à la colère populaire le patrimoine des petits épargnants. En Espagne, l'Etat a imposé une taxe de 0,2% sur le montant des dépôts. A la différence des cas italiens ou chypriotes cités plus hauts, ce sont les établissements et non les épargnants qui ont été touchés. Dans le même temps, les frais bancaires ont subitement augmenté. Cherchez le lien...

    Ce qui devait arriver en France est arrivé : la fiscalité de certains contrats d'assurance-vie (Multi-supports), plans épargne en actions (PEA) et  plans épargne logement (PEL) va être alourdie pour financer la Sécurité sociale. Les députés viennent de voter la nouvelle loi. Désormais, tous ces revenus issus de l'épargne seront soumis au taux unique de prélèvement social de 15,5% au lieu de bénéficier du mode de calcul alternatif qui assujettissait les gains au taux en vigueur à la date de versement des primes dans une fourchette comprise entre 0,5 et 15,5%. Ce nivellement par le haut permettra de dégager 600 millions d'euros dont 450 millions affectés à la Sécu. La nouveauté juridique est la rétroactivité de la loi même si les constitutionnalistes parlent d’ajustement des prélèvements sociaux qui ne sont pas rétroactifs en tant que tels, tout en reconnaissant le côté immoral puisque les contrats ont été ouverts dans un environnement fiscal plus favorables. La réforme s'applique aux retraits effectués à partir du 26 septembre 2013 et ne concerne pas les produits d'épargne qui ont été liquidés avant cette date. Le taux de prélèvement social passe à 15,5%sur les gains issus desPEA de plus de cinq ans, sur les primes versées avant le 26 septembre 1997 sur des contrats d'assurance-vie multi-supports, sur les produits de l'épargne salariale, sur les primes versées dans le cadre des comptes et plans épargne logement (CEL et PEL), et sur les intérêts acquis sur des PEL de moins de 10 ans souscrits avant le 1er mars 2011.

    Après s’être attaqué aux retraités et aux futurs retraités, le casse-noisettes du livret A s’en prend aux petits épargnants qui ont déjà commencé à puiser dans leur épargne pour faire face à la baisse du pouvoir d’achat, à la pression fiscale et au chômage. La pause fiscale promise par Hollande, elle est pour qui ? On se le demande.

    A côté de cette nouvelle injustice fiscale peu commentée, la presse en a fait des tonnes sur la grève annoncée des clubs de football contre la taxe de 75%. Un commentaire sur un réseau social s’étonne : « Quand je vois que ceux qui crèvent la faim ferment leur gueule alors que ceux qui se gavent se permette de faire grève, je suis largué ». Nous avons entendu le dirigeant d’un club concerné mettre en avant les emplois. On comprend donc que la mesure fiscale n’aurait pas de conséquences  sur les gros revenus des clubs de foot mais sur les petits salaires envoyés au chômage. Toujours le même chantage ! Les patrons du football sont identiques aux autres dirigeants d’entreprises. Il n’y a donc aucune raison de traiter les clubs de football différemment. Nous verrons quelle sera l’attitude de François Hollande, après les avoirs reçus à l’Elysée la semaine prochaine. Il pourrait se montrer plus sensible à une grève des patrons qu’à celles des travailleurs contre lesquels Manuel Valls envoie les CRS et les gardes mobiles. On se souvient de l’écoute montrée au mouvement contestataire des  « Pigeons », ces patrons qui clament aussi en avoir marre de se faire plumer par le fisc. Nous n’allons pas nous offusquer de la mise en place de cette taxe de 75% tout en regrettant qu’elle ait été dénaturée et que  François Hollande veuille éviter une vraie révolution fiscale pour une vraie justice fiscale.

    En Corse, les clubs de l’ACA et du SCB ne seront pas touchés car, à notre connaissance, il n’y a pas de salaires supérieurs à 1 million d’euros. Au total, 91 joueurs de Ligue 1 dépassent le seuil de un million d'euros, dans huit clubs différents sur les vingt de la Ligue 1, lesquels devront s'acquitter de 80 millions d'euros de taxe. Et le vainqueur est le PSG avec ses financiers venus du Qatar.

    Paris-SG - joueurs concernés : 20 - montant à payes (en millions d'euros) : 32,4
    Lyon - joueurs concernés :12 - montant à payes (en millions d'euros) :14,2
    Marseille - joueurs concernés :13 - montant à payes (en millions d'euros) :13
    Lille - joueurs concernés :12 - montant à payes (en millions d'euros) :9,8
    Bordeaux - joueurs concernés :12 - montant à payes (en millions d'euros) :5,2
    Montpellier - joueurs concernés :7 - montant à payes (en millions d'euros) :2,5
    Rennes - joueurs concernés :7 - montant à payes (en millions d'euros) :2
    Saint-Etienne - joueurs concernés :8 - montant à payes (en millions d'euros) :1,2
    (Publié par politiques-sportives)

    Reste qu'une immense majorité des Français (85%) est favorable à l'application de la taxe à 75% sur les très hauts revenus aux clubs de football professionnels, selon une enquête Tilder-LCI-OpinionWay publiée ce jeudi. Ils sont tout aussi nombreux (83%) à considérer qu'une grève des clubs professionnels afin de marquer leur opposition à la taxe serait injustifiée…

    Nous considérons que le 30 novembre prochain, il y aura peut-être une trêve dans le football français en sachant qu’un jour de grève correspond à une perte de salaire chez les travailleurs qui défendent des intérêts plus cruciaux que ceux des patrons des clubs de foot et de leur ligue. On se souvient encore de la grève indécente des joueurs de l’équipe de France en plein Mondial. Le football français est malade non pas des taxes qu’il doit payer mais de l’argent qu’il génère. Les Français et plus généralement les peuples ont des raisons plus vitales de se plaindre.

    A l'Assemblée nationale on vient de voter un budget de misère qui ne sera pas tenu malgré l'augmentation des impôts. La fiscalité locale s'est accrue et les contribuables qui ont reçu leur taxe d'habitation et le foncier l'ont vite perçu. La courbe du chômage ne s’est inversée que par un bug informatique vite rectifié. Le chômage continue donc à augmenter, les entreprises à fermer leurs portes et à délocaliser.  Le compteur de la misère se mesure aux  restos du cœur, au Secours Populaire et au Secours Catholique.  Les listes des demandeurs de logements sociaux restent insatisfaites face à la spéculation immobilière et le 115 reçoit  les cris de détresse. Voilà la France d’aujourd’hui qui, à cause des carences de l’Etat, a toujours et de plus en plus recours à la charité. Et celle de demain ? L’horizon est assombri par une politique de régression sociale aggravée par Nicolas Sarkozy et poursuivie par François Hollande.

    Pidone

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  • BUDGET 2014

    l’austérité

    amplifiée

     

    Le gouvernement a présenté fin

    septembre le projet de loi de finance 2014.

    Ce projet s’inscrit dans la logique des précédents

    budgets d’austérité, notamment ceux de 2011 et de

    2012. Il prévoit 18 milliards d’euros de restriction, dont 15

    devraient provenir de coupes importantes dans les dépenses

    publiques, auxquelles il faut ajouter les 6,5 milliards dus à la

    hausse de la TVA, non indiquée dans le projet de loi. Au total,

    il s’agira donc plus de 24 milliards d’euros de restriction budgétaire

    avec un transfert financier au bénéfice des entreprises

    (12 milliards d’euros de baisse d’impôts) et au détriment des

    ménages (11 milliards d’euros d’augmentation). C’est un

    budget de régression sociale. C’est pourquoi les

    groupes parlementaires du Front de gauche,

    à l’Assemblée et au Sénat, ont décidé

    de voter contre ce budget.

    Front_de_Gauche_150x88
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  • flammerose

    On nous annonce une progression de l’électorat FN et que les abstentionnistes ne craignent plus de le laisser passer. La presse veut ainsi responsabiliser et culpabiliser les gens à chaque sondage. L’élection partielle de Brignoles vient illustrer ce qui peut apparaître comme une fascisation des esprits si l’on ne tenait pas compte des abstentions (66,66% au premier tour). A qui la faute ?

    L’Europe est majoritairement à droite et les partis dits « socialistes » y font la politique du capital avec une obstination qui démoralise les électeurs de gauche. La plupart des déçus grossissent les rangs des abstentionnistes  avec le sentiment que le vote utile ou républicain est une manœuvre politicienne à l’issue de laquelle ils seront toujours trahis. Les élections perdent de leur importance et la chanson  soixante-huitarde « Magouille blues » de François Béranger illustre l’état d’esprit des abstentionnistes de gauche  et notamment le passage qui suit :

    Ils n'ont jamais autant de cœur
    Que quand il leur faut beaucoup d'électeurs
    Quand le jour J sera passé
    Finis les serments, finis les baisers
    Finies les bonnes résolutions
    On r'deviendra tous des pauv' cons
    En attendant, ils veulent nous faire croire à
    Des arguments de bazar
    Français, Françaises, soyez réalistes
    Gaffe aux socialo-communistes
    C'est là qu'est le plus grand danger
    Pour notre vieux pays traumatisé

    Le projet de moralisation des mœurs politiques a accouché d’une souris et alimente le « tous pourris » en donnant un poids moral au ressentiment populaire envers un parti socialiste omnipotent qui ne change rien malgré les promesses électorales de son Président. Le Parti socialiste évolue vers un parti démocrate à l’Américaine avec ses primaires et le « tactical voting », le vote utile  qui, en français, ne veut pas dire son nom « vote tactique ». Dans la stratégie politique, on trouve aussi le jeu des alliances. La prochaine échéance électorale est celle des élections municipales. Dans plusieurs villes et en premier lieu à Paris, le PCF ira avec le PS aux urnes. C’est le choix de la préservation des acquis électoraux qui a été alors fait pour sauver des sièges dans une déroute électorale du PS annoncée. Jean-Marc Ayrault a dit que Brignoles n’était pas la France. Heureusement Paris non plus ! Qu’il n’en déplaise aux Jacobins ou pas.

    Nous ne reviendrons pas sur le choix désastreux du PCF qui s’allie à un PS dont la nature social-démocrate change après chaque grand rendez-vous électoral. Il suffit de faire l’historique des alliances passées pour constater les désillusions à venir. Le PS a fondé sa politique sur les marges d’adaptation sociale au capitalisme et au développement industriel. Devant les revendications de justice sociale et de démocratie, le capitalisme préfère la spéculation financière, le pillage des richesses des pays et toutes les magouilles politico-financières. Dans un système ultralibéral, les marges sociales se ferment donc. Le PS ne peut qu’évoluer de la social-démocratie vers un Parti démocrate à l’Américaine. A force de prendre les idées de droite au nom de la gauche, François Hollande et son gouvernement déboussolent des électeurs considérés comme des supporters à mobiliser le jour d’une élection.  Comment ces derniers pourraient-ils comprendre une politique antisociale mis en œuvre par un parti se réclamant de la Gauche. Ils finissent par croire que droite, centre et gauche ne sont plus que les emplacements des parlementaires dans les hémicycles. Ils considèrent alors que le capitalisme et ses lobbies les inspirent tous et que l’alternance n’est qu’un jeu politique sans autre alternative qu’une politique ultralibérale et forcément antisociale. C’est triste d’en arriver là avec le droit de vote lorsque l’on revoit la grande histoire de la Gauche et des syndicats. La responsabilité de l’abstentionnisme va au mépris montré par les politiciens envers les mains qui glissent les bulletins de vote dans les urnes.  

    Quant au vote dit de contestation pour le FN et aux abstentions, ils sont le résultat d’une lepénisation du débat public.  Toute autre explication ne sert qu’à dédouaner les forces politiques de toute responsabilité, en culpabilisant les électeurs. Le vote FN sert le vote utile et donc le bipartisme. Comme on le dit dans les romans policiers, il faut toujours chercher à qui profite le crime. C’est ce que pense la majorité actuelle des électeurs abstentionnistes dont le nombre croissant pose la question de la légitimité des élus dans des élections où les suffrages exprimés deviennent minoritaires dans l’ensemble du corps électoral. Cette situation met la démocratie en danger. Nous l’avons vue à Brignoles avec plus de 60% d’abstentions.  Brignoles, c’est la France et le résultat de son élection partielle, remportée par le FN,  préfigure d’autres élections dans lesquelles le bipartisme domine le débat public en le lepénisant.

    Il nous vient à l’esprit le théâtre de Brecht qui a vécu la montée du nazisme en Allemagne mais aussi son poème, La Solution, qui disait : « J'apprends que le gouvernement estime que le peuple a « trahi la confiance du régime » et « devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités ». Dans ce cas, ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d'en élire un autre ? » Cette boutade illustre bien la politique actuelle de François Hollande qui voudrait changer le peuple de gauche mais c’est lui qui devra être réélu et c’est l’assemblée nationale qui sera dissoute. Pour faire patienter, le Chef de l’Etat parle d’un « quinquennat inversé ». Il fait d’abord avaler les couleuvres. Il distribuera ensuite quelques douceurs et de nouvelles promesses électorales. Le peuple de gauche n’aura pas changé et  sera toujours là pour dire qui a trahi la confiance de l’autre. On dit aux enfants qu’il ne faut pas jouer avec le feu au risque de se brûler les doigts et de créer un incendie. C’est valable pour les adultes des média et des partis politiques lorsqu’il s’agit de la flamme du Front national. Le peuple ne se laissera pas amener dans un monde ubuesque mais on ne redeviendra pas tous des pauvres cons après les élections.

    Fucone

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  • Des ouvriers de Lampaul-Guilmiliau (Finistère) sont venus dans un autre site du groupe Gad, à Josselin (Morbihan). Avec deux objectifs : bloquer ce site pour exprimer leur colère et leur détresse après l’annonce de la fermeture de leur usine d’abattage de porc et rechercher la solidarité de leurs collègues de Josselin. Mal leur en a pris. Ces collègues loin de leur manifester une quelconque sympathie ou autre soutien ont préféré jouer du coup de poing pour éloigner les intrus ! Spectacle triste et désolant que celui d’ouvriers s’affrontant sous le regard ravi des patrons. On a pu même entendre une salariée du site de Josselin éructer contre ceux de Lampaul-Guimiliau : « Vous feriez mieux d’aller chercher du travail plutôt que de nous empêcher de bosser ». Ahurissant, mais combien significatif de l’état d’esprit qui règne dans le pays. A la crise économique s’ajoute la crise morale, exploitée sans vergogne par les media, le patronat et toutes ces forces obscures qui flattent les bas instincts afin de dresser les gens les uns contre les autres. Dans cette situation, il faut aussi relever la responsabilité de certains syndicats qui signent à tour de bras ce que le patronat propose. Et que propose celui-ci, sinon de faire travailler plus pour gagner moins et de virer les salariés en fonction d’un seul critère : la rentabilité financière. L’exemple de l’Ani, accord sur « la sécurisation de l’emploi » est de ce point de vue significatif, ou encore celui de Psa qui s’assoie allègrement sur le code du travail et sur les acquis sociaux obtenus après des décennies et des décennies de luttes ouvrières. Dans cette affaire, on ne saurait oublier la lourde responsabilité du pouvoir socialiste qui a approuvé l’ANI et bien d’autres attaques du patronat. Dernier exemple en date, l’envoi des Crs à Josselin, pour déloger des ouvriers dont le seul crime est de défendre leur emploi et l’avenir de leur famille. Merci monsieur Valls.

    Il est grand temps de réagir et de montrer que le chacun pour soi et dieu pour tous est la pire des solutions. Le seul remède, c’est la redécouverte de la solidarité et de la lutte politique et sociale pour mettre fin à un système qui ne connaît que l’odeur du fric.

    Jean Antoine Mariani

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  • interdiction_droite

    L’émission « Mots croisés » réunissait hier (Lundi 21 octopbre) Jean-Marie Le Guen (PS), Christian Jacob (UMP), Eva Joly ( Les Verts) , Marie Le Pen (FN, Hervé Le Bras ( démographe, historien) et David Revault d'Allonnes (Journaliste au Monde). Yves Calvi a contribué à la lepénisation politique et médiatique du débat public avec le thème de sa dernière émission, « Le piège Leonarda », et en y invitant Marine Le Pen qui a immédiatement ouvert la séance par un mauvais coup de théâtre.  Elle a introduit son intervention dans le débat Léonarda avec les révélations du Monde sur l’espionnage des Français par la NSA américaine.Voilà de quoi troubler l’animateur avec ses petites fiches ! Il lui fait remarquer : "Je ne vois pas le rapport avec Leonarda pour l’instant. Je voudrais qu’on passe au thème de l’émission…" Elle énumère alors les autres sujets qui, davantage que l’expulsion de la famille Dibrani, auraient mérité la parole présidentielle : l’agro-alimentaire, l’explosion du chômage, la faillite de l’entreprise Gad en Bretagne, les cambriolages, l’augmentation des vols à mains armées…etc.  Marine le Pen n’a plus besoin de focaliser sa parole sur l’immigration car d’autres le font largement à sa place dans les média et les partis politiques jusqu’au Président de la république. Elle s’est mise au centre du débat.<o:p></o:p>

    Sur le site Rue89, Daniel Schneidermann commente « la dénonciation, par Marine Le Pen, de la lepénisation du débat public. Le simple fait que Calvi, et France 2, aient décidé de consacrer l’émission “Mots croisés” à ce sujet unique, est l’éclatante concrétisation de sa victoire. Et cette victoire actée, engrangée, il est temps pour Casanovette de partir à la conquête de territoires nouveaux, de pousser son avantage, aussi loin que possible. Seront-ils aussi rentables que les territoires sous contrôle ? Peu importe. C’est si délectable ». <o:p></o:p>

    Malgré tout, l’affaire Léonarda a été analysée par les intervenants les uns défendant la décision de François Hollande et les autres dénigrant son intervention. Jean-Marie Le Guen et Christian Jacob sont tombés d’accord sur la nécessité de réformer la réglementation en matière de droit d’asile pour réduire la durée des procédures. Le député UMP avait sans doute en tête la réforme du droit du sol que Jean-François Copé a annoncée aujourd’hui.  Le thème de l’immigration a donné lieu à des échanges vifs, notamment entre Marine Le Pen et Hervé Le Bras qui amenait au débat des chiffres contrariant les envolées xénophobes de la présidente du FN. Jean-Marie Le Guen s’est livré à une charge contre l’idéologie de l’extrême-droite dont Marine Le Pen ne peut pas réfuter son appartenance comme elle l’a fait récemment en menaçant les journalistes de procès.  <o:p></o:p>

    Le débat était à suivre car Marine Le Pen apparaît avec toute sa mauvaise foi dans sa stratégie dictée par une idéologie dont on connaît les racines. Elle se sert du sentiment d’insécurité et d’injustice en caricaturant la réalité qu’elle convoque à tous propos. Elle offre comme alternative la préférence nationale et  l’enfermement de la France dans ses frontières. Son discours rappelle ceux qui ont précédé des heures sombres. On connaît la stratégie populiste de l’extrême droite galvanisée par les périodes de crise économique et de chômage.  Vous pouvez, pour ceux qui ne l’ont pas vue, regarder le replay de cette émission en cliquant ICI.<o:p></o:p>

    Battone

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