• On brade allègrement les bijoux de famille

    Emmanuel Macron, nouveau promu à l’économie, à la place de l’impétueux Montebourg, ex-banquier, socialiste, s’est distingué dès son arrivée au quai de Bercy par une série de saillies qui ont comblé d’aise et de ravissement tous les libéraux et autres néo-libéraux qui hantent notre pays, au premier rang desquels Pierre Gattaz, l’ineffable président du Medef. Notre homme considère que les 35 heures ou les allocations chômage ne sont plus des sujets tabous. Par conséquent il faut revoir tout cela dans l’intérêt de la France ! Mais de quelle France parle-t-il ? Pour notre ministre les chômeurs perçoivent trop d’allocations pour des durées trop longues. Et de proposer de tailler dedans sans état d’âme. Monsieur Macron a-t-il un jour connu le chômage et ses conséquences souvent dramatiques pour qui le subit ? Conséquences aux niveaux social, économique, familial et sanitaire ? Pourrait-il vivre avec des indemnités souvent inférieures au Smic, comme la grande majorité des chômeurs ? S’est-il posé la question de savoir qui est responsable du chômage ? Qui a foutu ou maintenu des millions de personnes sur le pavé ? Pourtant le patronat a bénéficié pendant des années d'exonérations de charges sociales afin de relancer l’emploi. Il est entrain de bénéficier du fameux crédit d’impôt, en attendant les largesses du pacte de responsabilité cher à François Hollande et à son gouvernement. Les chômeurs, en tous cas, ne voient rien venir. Et on leur demande encore de faire des efforts ! Inadmissible. D’autant plus inadmissible que la politique d’austérité et de régression sociale est menée par un pouvoir dit « socialiste ».

    On pourrait conseiller à monsieur Macron d’autres pistes à explorer, par exemple, celle de la lutte sans merci contre l’évasion fiscale qui nous coûte au bas mot 80 milliards d’euros par an, contre la fraude à la TVA, ou au travail au noir.

    Ce n’est pas tout pour notre social-libéral. Dans une conférence de presse tenue le 15 octobre, pour présenter son « projet de loi pour l’activité et l’égalité des chances économiques », il a évoqué tranquillement la vente de certains bijoux de famille ! De ce point de vue-là, il est dans la continuité d’un certain Jospin - un autre socialiste - qui a inauguré la phase de la privatisation accélérée d’un grand nombre d’entreprises nationales. Actuellement l’Etat possède encore 110 milliards d’euros de participations dans 74 sociétés. Il est question de vendre 10% de ce capital, d’ici 2018. Au nom de quoi brade-t-on un bien commun, au profit de qui ? Macron nous explique que 4 milliards seront consacrés à réduire la dette ! Et 6 à 7 milliards  à investir dans des entreprises ? Lesquelles ? Entre parenthèses, il est à parier que le jour de la vente de ces participations la valeur de celles-ci aura tendance à baisser de manière significative, au plus grand bonheur des acquéreurs. Voir l’exemple des autoroutes. On a là un exemple de braderie du bien commun, faite par des « socialistes », avec un zèle particulier que n’oserait même pas avoir la droite traditionnelle. Cette politique de liquidation s’inscrit dans un processus grave de liquidation de tout ce qui ressemble à un bien collectif ou à un service public. Et le projet de traité transatlantique, négocié en catimini, n’est pas fait pour arranger les choses. Il est grand temps de réagir avec la plus grande fermeté avant qu’il ne soit trop tard.

     

    Maria Maddalena Lanteri

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  • BUDGET2014

    Personne n’est dupe et le manège entre Manuel Valls et François Hollande n’a pas échappé aux commentateurs en ce qui concerne le train des réformes. Tout le monde a compris que la préoccupation première est le passage du budget devant la Commission européenne et qu’il faut aussi ménager les frondeurs du parti socialistes. C’est le ministre du travail qui a envoyé le bouchon d’essai sur la révision du régime du chômage. Manuel Valls lui a fait écho à Londres devant la City, avant que François Hollande chante sa berceuse « prenons notre temps ». Emmanuel Macron y est revenu de façon plus appuyée et le même François Hollande a une fois encore calmer le jeu. On a l’impression que le Président fait le gentil et Manuel Valls, le méchant, comme dans les interrogatoires de police. Manuel Valls, le gentil, il l’a fait avec le Medef et, depuis lors, Pierre Gattaz se comporte comme un enfant gâté. Ce dernier a immédiatement saisi la perche sur le régime du chômage pour reprendre l’idée réactionnaire distillée stratégiquement par le duo Hollande/Valls en direction du conseil européen qui donnera son avis sur le budget de la France.

    Et dire que le candidat Hollande devait infléchir la politique de l’Union européenne en matière de déficit. Pour cela, il aurait fallu qu’il ne fasse pas du sarkozisme et qu’il revienne sur le pacte conclu par son prédécesseur avec Angela Merkel. Sarkozy est l’empereur du paraître et cela n’a pas échappé à la chancelière allemande. Elle l’a laissé se poser en « sauveur ultime de l’Europe » avec une exigence : la possibilité pour la Commission européenne de surveiller les budgets des pays membres de la zone euro et de punir si besoin ceux qui dérogent et, en définitive, de contraindre ceux-ci à se remettre dans les clous, autrement dit à modifier leurs budgets. Autant dire « un pacte d’austérité », car le terme « rigueur » est trop faible et apparaît comme un euphémisme au regard des reculs sociaux mis en place et promis. François Hollande a simplement obtenu que, d’abord nommé « mécanisme européen de stabilité »,  cette exigence allemande soit baptisée « pacte de stabilité et de croissance ».  Malheureusement la croissance n’est pas au rendez-vous et il ne reste que la stabilité initiale qui veut que la France réduise son déficit à 3% de son PIB. C’est la stabilité libérale qui ne profite qu’aux riches et au monde de la Finance. En l’absence de croissance, ce sont les peuples qui paient.

    Ce pacte est une atteinte grave à notre démocratie et le Front de gauche n’a cessé de le dénoncer. Nous ne sommes plus maîtres de nos réformes qui ont pour seul but la réduction du déficit. Nos représentants votent l’impôt et les dépenses de l’Etat sous tutelle européenne et il est établi que l’Allemagne est le gardien du temple libéral en vertu de ses résultats économiques et d’une austérité mise en place par le social-démocrate Gerhard Schröder, jamais remise en cause tant qu’elle profite au patronat d’Outre-Rhin.

    michelsapin

    Notre ministre des finances, Michel Sapin, vient d’expliquer que le vote du parlement français sera souverain et que la Commission européenne n’a absolument pas le pouvoir de « rejeter », « retoquer » ou « censurer » » un budget national. Il qualifie de « matamores » ceux qui disent le contraire. Il oublie sans doute que la Commission peut porter le budget non conforme au pacte de stabilité et de croissance devant le conseil européen. Gare à ceux qui ne se plient pas aux exigences comptables ! Ils se verront infliger une amende qui peut atteindre 0,2% du PIB.  En 2013, le PIB de la France a été de 2 054,7 milliards d’euros. Faites le calcul : l’amende peut aller jusqu’à 4 milliards d’euros. Le montant des économies budgétaires prévues est de 21 milliards  pour réduire le déficit 2015 à 4,3%  alors que Michel Sapin déclarait, avant la publication des chiffres d’une croissance atone,  que l’objectif des 3% (déjà repoussé en 2013) devait être maintenu en 2015. On sait que les réductions des dépenses de 21 milliards (prévus en 2015) passent par des coupes importantes qui vont toucher tous les ministères et les emplois de fonctionnaires, donc la bonne marche du service public déjà mise à mal par Sarkozy. Toutes pénalités financières de la part du Conseil européen ne fera qu’aggraver le budget national et le plan de 50 milliards d’économies d’ici 2017 sera insuffisant. La droite parle  de 100 à 120 milliards d’euros d’économie pour atteindre l’objectif des 3% qu’impose le pacte de stabilité, faute de croissance et d’inflation. On connaît déjà les conséquences sur le budget des armées au moment où la France est engagée dans des conflits (7500 postes supprimés, des navires désarmés et la fermeture du Val de Grâce sont au programme des économies. Pour ce qui est des ressources financières, l’Etat va vendre des actifs dont des participations dans des entreprises pour 5 à 10 Milliards d’euros.

    Des expertises rendues publiques font état de la lente dégringolade des taux de croissance depuis plus d’un demi-siècle, la crise déclenchée en 2007 dans la sphère financière venant en quelque sorte s’inscrire dans cette dynamique longue. François Hollande et Manuel Valls continuent à croire qu’ils vont obtenir un redémarrage significatif de la croissance économique avec le CICE et le pacte de responsabilité, malgré l’absence de résultat d’une politique libérale et antisociale dont le cap n’aura pas changé à temps. La « compétitivité » reste le mot-clé de leur manque de vision politique. Ils s’entêtent alors que, même en Allemagne, la polémique existe sur la politique économique orientée vers une exportation en régression au détriment du marché intérieur, c’est-à-dire du train de vie des Allemands. En France, les réductions des indemnités de chômage n’auront aucune incidence sur la croissance et jetterons dans la misère encore plus de chômeurs en fin de droit. Ce n’est pas en aggravant le régime du chômage que l’on crée de l’emploi. La compétitivité et les exportations ne doivent pas être développées au détriment du marché intérieur et du train de vie de la grande majorité des Français : les plus pauvres et les classes moyennes.

    Pas le moindre rebond de croissance aujourd’hui  mais, au contraire, une croissance en berne dans toute l’Europe, résultat des politiques d’austérité imposées aux peuples. Cette politique ne fait qu’enrichir les plus riches et augmenter le nombre de chômeurs et de familles dans la précarité. Elle ne fait que creuser les inégalités et favoriser les égoïsmes au détriment de la solidarité. Elle mine les marchés intérieurs.

    En France, maintenant que nous avons un conseiller européen, ancien ministre des finances de Jean-Marc Ayrault, tout laisse à penser que les restrictions budgétaires vont s’aggraver bien au-delà des montants prévus. N’oublions que Moscovici, recasé à la commission européenne, a déjà annoncé qu’il prenait sa tâche à cœur pour faire respecter les règles européennes. Du reste, François Hollande et Manuel Valls répètent qu’ils sont respectueux de ces règles mais vont demander l’indulgence de la commission européenne… Nous ne pourrons pas atteindre l’objectif d’un déficit à 3% du PIB mais, sous la pression de la commission européenne, tout va être fait pour s’en rapprocher davantage par de nouvelles mesures antisociales, qui font le bonheur de Pierre Gattaz et du Medef.

    François Hollande n’a pas inversé la courbe du chômage.et veut faire courber l’échine au peuple chaque fois qu’il faudrait faire preuve de convictions politiques, préférant les compromis avec le patronat. Il est incapable de redresser les courbes économiques, pas plus que son entourage. Récemment, Emmanuel Macron a choisi une courbe philosophique. Il souhaite inverser la courbe du doute : "Je ne suis là que pour ça : c'est ma mission, sous l'autorité du Premier ministre", affirme-t-il. Il se donne six mois. De quel doute peut-il s’agit ? Dans six mois, cela correspond aux élections cantonales. S’agit-il du doute des électeurs qui ne voteront plus pour le PS ? Ou bien du doute des instances européennes sur le cap libéral choisi par François Hollande et Valls ? Il doit y avoir un peu des deux. Voilà donc Emmanuel Macron, jamais élu, pur produit de la technocratie, dans le rôle de nouveau vizir sous les yeux du calife (encore un bon mot de Mélenchon), qui continue à se farder en homme de gauche. La courbe du doute ? Nous sommes dans la communication et non pas dans la réalité économique. Les idéaux de gauche ne sont qu’un vernis sur leurs discours et vite oubliés dans leurs actes.

    L’Assemblée nationale vient d’entamer la discussion du projet de loi de finances (PLF) pour 2015 ainsi que du projet de loi de programmation des finances publiques 2014-2019. Aujourd’hui est la date butoir pour la transmission  des projets nationaux de budget à la Commission européenne qui va évaluer l’effort fait par la France en« déficit excessif » et pourra envoyer un « avis négatif » d’ici la fin du mois d’octobre. Ensuite les ministres des Finances se réuniront fin Novembre pour désigner les mauvais élèves.

    Michel Sapin l’a réaffirmé dans l’Hémicycle, il n’y aura pas d’augmentation d’impôts en 2015, après une pression fiscale de 4 ans et il a confirmé  la suppression de la première tranche d’impôt à 5,5 %, malgré l’opposition du PRG qui a menacé de quitter le gouvernement. Cette suppression doit être couplée avec une revalorisation de la décote et l’abaissement parallèle de l’entrée dans la tranche à 14 %. Elle est censée bénéficier à 9 millions de foyers fiscaux, pour un coût estimé à un peu moins de 3,2 milliards d’euros.

    Grâce aux 50 milliards d’économie, au le CICE et au pacte de responsabilité, le gouvernement compte sur la reprise des investissements. Alors que les deux premiers semestres 2014 enregistrent un recul de 0,7% et 0,8%, l’espérance est placée à plus 0,9% d’investissements. Nous subissons une gestion comptable et financière, coupée des réalités sociales. Les politiques se déterminent en fonction de courbes, de pourcentages, de milliards d’euros, d’intérêts bancaires… Ils polémiquent sur le montant de l’ardoise à faire payer au peuple et non pas sur les moyens de sortir de la crise définitivement. Il est établi une fois pour toute que le libéralisme économique et le capitalisme étaient le présent et l’avenir de l’Humanité et c’est à elle de s’adapter. Il n’y a pu de débats d’idées, plus de valeurs à défendre en dehors de l’Euro.  Il n’y a plus de tabou, plus de totems sociaux pourtant édifiés de longue lutte. L’avenir serait derrière nous. Il faudrait, dans l’ordre capitalisme, revenir au passé en remettant en cause tous les acquis sociaux, en nous faisant perdre chaque jour davantage la maîtrise de nos existences. Ils veulent nous soumettre à la violence économique qu’ils nous font déjà subir, nous faire l’approuver. La droite a construit une Europe de la Finance et du patronat. La Gauche devrait travailler à en modifier les règles. Force est de constater que François Hollande n’a pas montrer la détermination à construire une Europe des peuples et ne fait que se conformer aux règles budgétaires d’une Europe des finances qui prolonge la crise au bénéfice des plus riches. Force est de constater que François Hollande, Manuel Valls et consorts ont brouillé l’image de la Gauche en menant une politique de droite qui justifie la contraction UMPS utilisée par le Front National dans sa stratégie hypocrite et cynique de récupération des combats de la Gauche pour en détourner les électeurs vers son fonds de commerce : la xénophobie.

    Le budget 2014 est un budget démagogique de crise, un budget attentiste, contracté sur un déficit qui ne peut être réduit sans imposer une politique d’austérité encore plus insupportable et contre-productive. Il est dans le droit fil de l’abandon du socialisme pour une social-démocratie libérale proche du patronat. Il abandonne le social, la culture et l’écologie.

    On a compris que la transition écologique n’est pas une urgence budgétaire. On se souvient du limogeage de la ministre de l’écologie Delphine Batho qui avait osé exprimer sa déception de voir que le budget de son ministère avait été le plus atteint par la rigueur de Jean-Marc Ayrault. Aujourd’hui Ségolène Royal ne sait pas encore par quelle ponction fiscale, l’écotaxe va être remplacée. Son idée de taxer les sociétés d’autoroutes et de les rendre gratuites le week-end  n’a pas fait long feu à Matignon.

    On sait que la politique de réduction du déficit conduit aussi à des réductions de la contribution de l’Etat aux finances locales. Nos impôts locaux ne vont pas cessé d’augmenter, malgré la réforme des régions mal perçue par bon nombre de provinciaux et leurs élus.  

    Les Solfériniens ont découvert sous la présidence de François Mitterrand l’Amérique avec le néolibéralisme. Dans une interview donnée 9 juin 2011 à Média libre, Jean-Pierre Chevènement rappelait les premières étapes qui nous ont conduites où nous en sommes :

    « L’Acte unique européen, négocié par Roland Dumas, et la libération totale des mouvements de capitaux, y compris vis-à-vis de pays tiers, ou l’abandon de la clause d’harmonisation fiscale préalable qui figurait dans le traité de Luxembourg. Ou encore le Matif [Marché à terme international de France], créé en 1984, et la loi de libéralisation financière, en 1985. Tout cela était une manière de mettre Margaret Thatcher au cœur de la construction européenne, d’accepter d’abandonner l’Europe, pieds et poings liés, au capitalisme financier. En critiquant ces choix, je n’ignore pas l’existence du monde extérieur, mais on n’était pas obligé d’appliquer toutes les règles de la doxa néolibérale. On aurait pu maintenir quelque chose ressemblant à une économie mixte. L’Etat pouvait garder la maîtrise de quelques mécanismes de régulation essentiels. L’idéologie néolibérale a fait admettre comme vérité d’évangile que, grâce à la désintermédiation bancaire, les entreprises s’alimenteraient à plus faible coût sur les marchés financiers. L’entrée dans une mécanique irréversible en souscrivant à toutes les dérégulations prévues par l’Acte unique, la libéralisation des mouvements de capitaux, l’interdiction des politiques industrielles et des aides d’Etat, l’introduction de la concurrence dans les services publics, tout cela, personne ne nous le demandait vraiment ». Aujourd’hui, si la référence à Thatcher reste occultée, Sarkozy s’est accouplé politiquement à Angela Merkel et François Hollande suit l’exemple de Gerhard Schroeder. Le modèle libéral anglo-saxon est un moule obligé.

    tirole

    Un Français a obtenu le prix Nobel de l’économie 2014. Jean Tirole est décrit par le collectif Attac comme un néolibéral dogmatique « pour lequel la fonction économique essentielle de l'État est d'étendre la logique des marchés à l'ensemble des domaines de la vie sociale". Laurent Mauduit, le cofondateur du site d'information Médiapart le décrit lui comme "l'un des principaux promoteurs en France de l'OPA du monde de la finance sur l'enseignement et la recherche économique de pointe à l'université" dans un billet intitulé "Jean Tirole, le prix Nobel des imposteurs de l'économie"… Laurent Mauduit commence son article par : « C’est sans grande surprise, un concert de louanges qui a accueilli l’attribution du « prix de la Banque de Suède en sciences économiques en l’honneur d’Alfred Nobel » - improprement appelé prix Nobel d’économie - au Français Jean Tirole. Du ministre de l’économie, Emmanuel Macron, jusqu’à Jacques Attali, en passant par Najat Vallaud-Belkacem ou encore Valérie Pécresse, ce sont des applaudissements venus de tous les horizons qui ont salué le président et fondateur de l’École d’économie de Toulouse, par ailleurs professeur invité au célèbre Massachusetts Institute of Technology… »  Jean Tirole aime les paradoxes comme « à force de trop protéger les salariés, on ne les protège plus du tout » et c’est sur ce postulat qu’il propose sa réforme du travail.

    Aujourd’hui, l’une des têtes pensantes du capitalisme actionnarial est Jean Tirole, pour quil’entreprise n’a d’autre vocation que de maximiser les dividendes des actionnaires, et les autres parties prenantes doivent s’en remettre à la providence de l’Etat ! D’autres économistes sont tenus à l’écart des projecteurs de l’actualité, comme notamment les économistes atterrés, parce qu’ils défendent des alternatives économiques que l’impasse capitaliste de la doxa libérale. Site « Economistes atterrés » en cliquant ICI.

    Il est évident que le prix Nobel d’économie est réservé à la pensée économique unique qui fait du libéralisme, une doxa rejetant toute idée d’égalité, de partage et de solidarité. C’est aussi à travers ce prix prestigieux de l’économie que les pensées de la classe dominante restent les pensées dominantes. La classe qui détient la puissance dominante matérielle de la société reste la puissance dominante spirituelle à travers la presse et une légion de chercheurs patentés. Elle a aussi son prix de l’économie libérale.

    La doxa politique libérale veut que le budget de la France ne soit qu’un rouage de l’économie de marché et du libre-échange. Le parlement et la commission européenne iront finalement dans le même sens, celui de la réduction du déficit. Les jeux sont faits, rien ne va plus. On va encore nous expliquer que, dans l’austérité baptisée « rigueur budgétaire », se trouve notre salut. Finalement l’économie libérale pour le peuple, ce sera encore « à qui perd gagne ». Pour les plus riches et les spéculateurs, c’est « toujours gagnant ».

    U barbutu

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  • kobane

    Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont attaqué l’Irak pour destituer Saddam Hussein sur le faux prétexte de l’arme nucléaire. Le 11 septembre avait été le prétexte à l’intervention en Afghanistan contre les Talibans et Ben Laden. Pour la Lybie, la France a été l’élément moteur de l’intervention sous la présidence de Sarkozy, soupçonné aujourd’hui d’avoir bénéficié de l’aide financière de Kadhafi à sa campagne électorale de 2007…  Aujourd’hui, l’Etat islamique semble la conséquence de toutes ces interventions et de l’aide apportée à la rébellion en Syrie et en Lybie. Il aura fallu des égorgements filmés pour qu’une coalition amenée par les Etats-Unis organise des frappes aériennes contre un pseudo Etat islamique sanguinaire et suicidaire. Les frappes aériennes ne sont pas suffisantes et tous les spécialistes le clament. Malgré cela, les nations dites civilisées font le service minimum pendant que des populations sont massacrées. La réaction a surtout été tardive et les jihadistes ont pu se déchaîner, accaparer territoires, richesses et armes, tout en se livrant à des pogroms sur les Kurdes, les Chrétiens et les Azeris. 

    Aujourd’hui, les Kurdes se retrouvent seuls pour contenir des bandes d’assassins suréquipés qui ont fait de Kobane une bataille décisive pour contrôler la région et s’implanter durablement. Le siège de Kobane en Syrie, près de la frontière turque, a mis sous les projecteurs le rôle cynique joué par l’Etat ottoman et son président Erdogan. Non seulement, la Turquie est restée faussement neutre dans ce conflit, sous prétexte de sauver la vie de ses otages (qui n’étaient pas directement menacés) mais elle est le passage libre des jihadistes venus de tous les continents pour grossir les rangs de l’Etat islamique. Pire, les tanks turcs assistent au siège de Kobane, non pas pour sauver des vies humaines mais pour empêcher les Kurdes turcs d’aller combattre aux côtés de leurs frères syriens. Des manifestations de Kurdes sont réprimés durement en Turquie et la police turque a tué des manifestants et fait de nombreuses arrestations. On tue des Kurdes des deux côtés de la frontière.  Les Kurdes se retrouvent ainsi entre l’Etat turc qui les opprime et les réprime depuis des décennies et maintenant les jihadistes qui les massacrent. Les seuls vrais combattants kurdes sont ceux du mouvement de libération kurde PKK en turquie et les peshmergas irakiens. Le PKK, à la demande de la Turquie, a été mis sur la liste des groupes terroristes par les Etats-Unis, alors qu'il s'agit d'un problème intérieur turc et identitaire.

    Malgré les frappes aériennes et la fourniture d’armes qui n’arrivent pas entre les mains de tous ceux qui résistent aux jihadistes, ce conflit révèle les responsabilités des Etats-Unis et de ses alliés dans la situation tragique où se trouvent des communautés, mais aussi le rôle ambigu de l’Etat turc entre les mains d’un pouvoir islamiste et ultranationaliste qui refuse de reconnaître le génocide arménien. L’opinion publique internationale devra comprendre que la Turquie aura changé lorsque l’Etat turc reconnaîtra ce génocide.

    L’état islamique doit être combattu par une large coalition qui met les moyens aériens et terrestres pour sauver d’abord Kobane. La Turquie doit être sanctionnée pour non assistance à personne en danger, si elle continue à mener une politique internationale dont la marque est le « cynisme ». Le PKK doit être retiré de la liste des mouvements terroristes. La Turquie n’a plus d’otages puisqu’elle les a récupérés contre la libération de jihadistes. Malgré cela, ses troupes assistent avec des jumelles au siège de Kobane où se livre une bataille entre des jihadistes, surarmés et entraînés, contre les habitants de ce bourg peuplé en majorité par des Kurdes syriens.

    Si Bachar El-assad reste un dictateur retranché derrière ce qui reste de son armée, il représente un moindre danger pour le peuple syrien, lorsque l’on voit ce que font les jihadistes qui se sont attaqués d’abord aux rebelles démocrates qui avaient initié la rébellion contre le dictateur, puis à tous les communautés de ceux qu’ils désignent comme des infidèles. Il est clair que  réduire l’EI ne renforcera pas Bachar El Assad mais sauvera ce qu’il reste des peuples syrien et irakien.

    En proférant des menaces et en décapitant des Américains, des Britanniques et un Français, l'EI a cru effrayer le Monde entier et recruter tous les cinglés de la terre. Ses meneurs et ses bourreaux n’ont fait que renforcer notre dégoût et la réprobation unanime. Les assassinats médiatisés ne doivent pas occulter les massacres atroces perpétrés loin des caméras et qui ne font l’objet que de rares images. Le plus grand nombre des victimes est constitué de gens du peuple syrien et du peuple Irakien, des gens de différentes communautés, des gens tués pour leurs appartenances religieuses ou ethniques.

    Si Kobane tombe entre les mains des jihadistes, les nations porteront la responsabilité des massacres et, en premier lieu, la Turquie et les Etats-Unis. Souvenez-vous de Srebrenica en ex-Yougoslavie ? Va-t-on vivre une nouvelle honte de l’humanité. A Srebenica, les troupes serbes de Bosnie avaient tué 8000 Musulmans en 1995, en présence des forces de l’ONU qui devaient protéger les populations. C’est Staffan de Mistura qui a rappelé cet épisode tragique en ces termes : « Vous vous souvenez de Srebrenica ? Nous, oui, nous n’avons pas oublié et nous ne nous le pardonnerons sans doute jamais », lors d’une conférence de presse à Genève, au cours de laquelle il a exhorté la Turquie à ouvrir sa frontière pour permettre aux volontaires de rejoindre les miliciens kurdes qui défendent Kobané, et ce qu’il reste de sa population. Sinon, a-t-il averti, si la ville tombe aux mains des djihadistes, « les civils seront très probablement massacrés ». « Quand il y a une menace imminente contre les civils, nous ne pouvons pas, nous ne devons pas, rester silencieux », a clamé l’envoyé spécial des Nations Unis en Syrie.

    A Kobane, les Etats des Nations Unies se mettront-ils une fois encore au ban de l’humanité ? Les frappes aériennes ne suffiront pas à justifier leur manque d’implication pour sauver des vies humaines.  Pour l’Etat Turc négationniste, il pourrait faire un premier pas humaniste pour retrouver son honneur perdu en 1915. Sa passivité ne plaide pas en sa faveur et dévoile sa réalité cachée derrière le lobbying qu’il déploie pour paraître fréquentable, notamment aux yeux des Européens.

    En France et en Allemagne notamment, les Kurdes, soutenus par d’autres communautés, ont manifesté pour lancer un « SOS ». Selon une étude réalisée en 2006 par Rusen Werdi (experte de l’institut kurde de Paris), les Kurdes représentaient une communauté de plus de 150.000 personnes réparties sur tout le territoire français, avec une forte concentration en Île-de-France, en Alsace, en Lorraine et dans les Bouches-du-Rhône. Elle était formée de près de 90% de Kurdes de Turquie. On comptait environ 6500 Kurdes iraniens et 4800 Kurdes irakiens. Le reste était formé de Kurdes de Syrie, du Liban et des ex-républiques soviétiques du Caucase. Les premiers migrants kurdes sont arrivés dans le cadre des accords bilatéraux entre la France et la Turquie signés en 1965. Ces immigrés - une main-d'oeuvre masculine principalement - ont quitté leur terre pour des raisons économiques et ont longtemps occulté par habitude leur «kurdité». Les événements politiques dans les différents pays (révolution islamique en Iran en 1979, coup d'Etat militaire en Turquie en 1980...) ont ensuite précipité l'arrivée massive des Kurdes en Europe et notamment en France. L'ouverture de la France à cette immigration a notamment reposé sur l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, réputée plus sensible à la question kurde. Depuis lors, l’exil des Kurdes n’a fait que s’amplifier d’abord à cause de la répression policière dont ils font l’objet en Turquie et par les agressions dont ils sont victimes en Irak et en Syrie.

    Au Proche-Orient, les populations kurdes sont principalement implantées dans le Nord de l’Irak, et de part et d’autre de la frontière turco-syrienne.

    Le Kurdistan (signifiant littéralement « Pays des Kurdes » ; en kurde : Kurdewarî, anciennement transcrit Kurdistan, Kurdistan, kurdi) est une région géographique et culturelle d'Asie occidentale, majoritairement peuplée par les Kurdes. Cette région s'étend dans le sud-est de la Turquie, dans le nord-est de l'Irak, dans le nord-ouest de l'Iran et sur deux petites régions au nord-est et au nord-ouest de la Syrie1. Sur ces quatre pays, seuls deux reconnaissent officiellement une région sous la dénomination de « Kurdistan » : l'Iran avec sa province du Kurdistan et l'Irak avec sa région autonome du Kurdistan. Les Kurdes représentent une importante minorité en Turquie, 20 % de la population, mais le kémalisme menace depuis la création de l'État turc l'identité kurde notamment par le déni total de son existence, l'interdiction de la langue kurde ou les répressions permanentes par l'armée turque. En 1978, Abdullah Öcalan fonde le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), union du nationalisme séparatiste kurde et du marxisme-léninisme. Voulant passer à l'action armée, ses membres subissent la répression qui suit le coup d'État du 12 septembre 1980. L'insurrection du PKK débute véritablement en août 1984 dans la Région de l'Anatolie du sud-est. L'état d'urgence s'étend au fur et à mesure à l'ensemble de la région et à quelques provinces voisines.

    Durant la décennie 1990, le gouvernement turc reconnaît finalement l'identité kurde, promet un investissement économique dans la région et offre aux Kurdes la possibilité de s'organiser politiquement légalement, tout en menant des opérations offensives contre le PKK, jusque dans son sanctuaire irakien. L'organisation étend son action en Europe et vise directement les touristes (deuxième ressource du pays). Ses demandes de pourparlers sont toutes rejetées, l'armée menant une stratégie contre-insurrectionnelle tant dans le Kurdistan turc qu'irakien.

    Le 15 février 1999, Abdullah Öcalan est capturé à Nairobi. Un an plus tard, le PKK annonce un cessez-le-feu. Toutefois, ce dernier annonce mettre fin à son cessez-le-feu le 1er juin 2004. Le gouvernement turc estime que les membres de l'organisation seraient de l'ordre de 3 000 à 4 000 rebelles (en 2004), opérant principalement dans le nord de l'Irak.

    Depuis 2004, l'armée de l'air turque mène des bombardements contre les bases du PKK en Irak en réponse aux attentats perpétrés sur le sol turc. Elle affirme ainsi avoir tué près de 100 rebelles en août 2011 lors de raids transfrontaliers5. En 2012, la situation n'est toujours pas stabilisée.

    [source Wikipédia]

    Le 21 mars 2013, le chef du PKK, Abdullah Öcalan a appelé à la signature d'un cessez-le-feu historique avec la Turquie, qui redoute toujours une unification des turkistans turc et irakien et a obtenu des Etats-Unis le classement du PKK dans les mouvements terroristes de notre planète. Doit-on penser que les assassinats des Kurdes de Syrie et d’Irak arrangent les affaires intérieures turques ? Doit-on penser que les assassinats de chrétiens et plus particulièrement arméniens réjouissent les ultranationalistes islamistes turcs et leurs représentants au pouvoir ? 

    Aujourd’hui à 13 heures : Les jihadistes ont pris la moitié de Kobane et encerclent la ville. Jusqu'à 700 civils se trouvent encore dans le centre-ville, dont une majorité de personnes âgées, et entre 10000 à 13000 sont rassemblés tout près de la frontière. Depuis le début de l'offensive dans la région, plus de 550 personnes, en majorité des combattants, ont péri et quelque 70 villages sont tombés aux mains de l'EI.  La situation est désespérée et les combattants kurdes vont être à cours de munitions. Pendant ce temps les tanks turcs regardent le train de l’histoire passer.

     Fucone

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  • Patrick Cohen n’aime pas Jean-Luc Mélenchon. Cela transparaît par le ton qu’il prend pour poser des questions et sa moue méprisante lors des gros plans faits sur lui lorsque Mélenchon répond.

    Par la volonté de la presse libérale, Jean-Luc Mélenchon est le seul représentant visible et audible  du Front de gauche, en même temps qu’il est celui à abattre. C’est plus facile d’attaquer un homme ciblé que les mélenchon_cohen2idées qu’il porte. Il répond, ne tourne pas autour du pot comme d’autres qui se prétendent de gauche au parti socialiste. Pas de racisme chez lui, pas d’ostracisme ou de xénophobie. Cela agace. On veut le faire passer pour un sanguin et un  futur dictateur. Lorsqu’il passe à la télé, on le fait monter sur le ring audiovisuel pour le faire combattre. On lui cherche querelle alors qu’il est un passionné qui, il est vrai, peut sortir de ses gongs lorsqu’il est face à la mauvaise foi et au mensonge. Jean-Luc Mélenchon a l’énergie des Méditerranéens que nous sommes. Les pisse-froid de la presse parisienne ne lui pardonnent pas.  On a déjà constaté que Partick Cohen ne réserve pas le même traitement à tous ses invités. Il s’est même montré plutôt gentil avec Marine Le Pen qu’il s’était ingénié à rassurer et à magnifier lors d’une interview début 2013, alors que la veille il avait agressé Mélenchon dès la première question. Cet animateur réserve un traitement spécial au représentant du Front de gauche. Le récidiviste Patrick Cohen  a, une fois encore, tout fait pour le déstabiliser mais, au final, merci à France Inter de donner, grâce aux tweets, un échantillon des ragots généralement colportés sur Mélenchon et notamment sur son train de vie. Et puis, Jean-Luc Mélenchon n’a pas peur de Patrick Cohen et sait maintenant à quoi s’attendre. Il lui faut passer par là ou renoncer aux médias.

    Nous avons relevé un échange significatif du rôle de chien de garde social-libéral joué par Patrick Cohen lorsqu’il a prétendu que le CICE a bénéficié d’avantage aux petites et moyennes entreprises qu’aux grandes. Pourtant, au global on parle de 10 milliards annuels dont 60 % vont aux Entreprises de Tailles Intermédiaires (500 K€ par entreprise) et aux Grands entreprises (12 M€ par entreprise) Ca change de la présentation partiale de M. Cohen, non ? Jean-Luc Mélenchon lui a répliqué ironiquement : « C’est vous qui le dites, il faut bien que le point de vue gouvernemental soit défendu. » Pour des économistes, Hollande et le gouvernement devront renoncer bientôt au CICE.  Dans un article récent de libération, Thomas Piketty parle d’une « véritable verrue, incarnant jusqu’à la caricature l’incapacité du pouvoir en place à engager une réforme ambitieuse de notre modèle fiscal et social ». Beaucoup reconnaissent l’inefficacité de ce crédit d’impôt sur l’emploi et préconisent son retrait dès 2015, puisqu’en 2014 il est déjà dû et donc non révisable. Si le chômage augmente, les dividendes aux actionnaires aussi.

    L’animateur est resté avec plus d’insistance sur le Venezuela et la répression récente de manifestations dans ce pays. Jean-Luc Mélenchon a fini par dire qu’il n’était pas vénézuélien tellement l’insistance était visiblement accusatoire de son soutien au régime de Chavez, puis il a enchaîné sur le référendum révocatoire présent au Venezuela et qui est dans le projet d’une 6ème République. Patrick Cohen voulait faire une démonstration par un syllogisme : Chavez était un dictateur, Mélenchon a soutenu Chavez, donc Mélenchon est un dictateur. C’est simpliste, réducteur et de mauvaise foi mais l’animateur grincheux ne recule devant rien.


    "On ne peut pas vivre heureux durablement avec... par franceinter

    Jean-Luc Mélenchon a dû expliquer sa comparaison entre l’affaire Kerviel et l’affaire Dreyfus. Il l’a faite pour insister sur l’innocence de l'ex-trader à laquelle il croit. Il l’a faite en référence à la défense des droits de l’Homme. Il est revenu sur l’affaire Kerviel et sur le comportement de l’Etat qui a renfloué la banque sans démontrer la malversation attribuée à Kerviel seul. Patrick Cohen a occulté le rôle de la banque pour critiquer le soutien de Mélenchon au trader et alimenter la désapprobation de ceux qui ont vu dans la comparaison avec Dreyfus, une injure à la mémoire du soldat juif. Comme si l’affaire Kerviel devenait une affaire politique Mélenchon, alors qu’elle est une affaire bancaire devenue une affaire d’Etat. Peut-être que Mélenchon en a trop fait ? Toutefois, étant convaincu de l’innocence de Jérôme Kerviel, on ne pourra pas lui reprocher de ne pas en avoir fait assez. Les épisodes judiciaires et politiques de cette affaire politico-financière permettent de s’interroger sur la culpabilité réelle de l’ex-trader, d’abord condamné à rembourser près de 5 milliards d’euros, préjudice de la banque dans des opérations spéculatives à hauts risques qu’il aurait menées au nez et à la barbe de son employeur. Jean-Luc Mélenchon s’est interrogé…  Les pertes reprochées à Jérôme Kerviel existent-elles vraiment ? Pourquoi le juge a-t-il refusé systématiquement toute expertise indépendante de ces pertes ? Pourquoi a–t-il choisi de croire sur parole la banque ? Pourquoi la ministre Christine Lagarde a-t-elle fait verser à la banque un milliard 700 millions de dédommagement, alors que la condamnation de Jérôme Kerviel, qui était la condition de ce versement, n’était pas définitive ? Pourquoi ce dédommagement a–t-il été versé alors que le défaut de surveillance de la banque sur son employé est attestée par l’organisme professionnel bancaire qui en est chargé, ce qui interdisait tout dédommagement de la part de l’Etat ?... Et ces questions en amènent une autre : la condamnation de Jérôme Kerviel n’a-t-elle servie qu’à innocenter la banque ? Qui ne se l’est pas posée ? Aujourd’hui Jérôme Kerviel ne remboursera pas les 5 milliards mais il a été condamné à 3 ans fermes de prison. Jean-Luc Mélenchon s’est expliqué longuement sur son soutien ICI.

    Quittons France Inter et passons sur la chaîne FR2…

    attali_zemmour

    Hier l’émission « Ce soir ou jamais » avait pour thème « Augmentation des inégalités ? Crise des solidarités ? Fin du modèle social français ? »  Les questions méritaient d’être posées mais un invité a dévoyé l’émission : Eric Zemmour.  Il est omniprésent sur toutes les chaînes qui font la promotion gratuite de son opus qui veut réhabiliter le régime de Vichy et la France de l’occupation. Ce polémiste d’extrême-droite apporte de l’eau sale au moulin de groupes fascisants comme celui qui est allé récemment profaner à Marseille la statue de Missak Manouchian en déversant un flot de contre-vérités révisionnistes faisant de la milice des héros et du groupe de l'affiche rouge des terroristes. Zemmour veut intellectualiser et historiciser les thèmes primaires de l’extrême-droite. 

    On connaît l’émission de Frédéric Taddei, une émission pleine de pièges. Hier le piège se nommait Zemmour à qui l’on a taillé une émission sur mesure. Ce n’étaient plus les thèmes qui était au centre des débats mais Eric Zemmour qui, comme à son habitude, tentait de s’accaparer le micro, usant de la même technique qui est de d’amadouer d’abord chaque interlocuteur en disant les accords qu’il partage avec chacun avant de les provoquer et de faire passer son discours nauséabond. La provocation d’extrême-droite est son fonds de commerce et ça marche, puisque son livre se vend bien avec l’aide de tous ses confrères de l’audiovisuel. On utilise Zemmour comme on utilisait Tapie : pour l’audimat. Peu importe les thèmes abordés, il fait le spectacle, car c’est cela qu’on attend de lui et c’est pour cela qu’il est omniprésent sur les chaînes de télévision. Pauvre presse audiovisuelle !

    Frédéric Taddei a soigneusement choisi les interlocuteurs d’Eric Zemmour, qui était excité comme une puce. Il avait de quoi donner quelques démangeaisons aux autres invités. D’abord à Jacques Attali, l'archétype du socialisme énarchique et pédant qui oscille entre économie et philosophie, dans de doctes démonstrations qui entrent par une oreille et ressortent par l’autre pour se diluer dans les nimbes de sa pensée consensuelle. Il se parle à lui-même sans s’entendre. Il prêche pour l’individualisme et chacun ne doit compter que sur lui-même.

    Qui sont les autres ? François Dubet,  sociologue qui plaide pour une école renouant avec l’Égalité réelle. Il est l'un des premiers intellectuels de gauche du "social-libéralisme".  Cynthia Fleury, philosophe permanente de l’émission si peu en rapport avec les causes qu’elle défend et qui sont à l’opposé des provocations de Zemmour.  Elle est restée dans son rôle de philosophe en ramenant le débat à des concepts. Philippe Nemo  l'invité masqué comme on les aime à "CSOJ" qui fait écho à Zemmour sur bien des points, ayant notamment théorisé autour de la Révolution française, génitrice de la gauche "1793", elle-même responsable de bien des maux, entre autres la religion de gauche, le laïcisme, et le vote des pleins pouvoirs à Pétain, en 1940. Il a commis un ouvrage intitulé « La France aveuglée par le socialisme » : tout un programme ! Il suggère une « Union occidentale » qui regrouperait l’Europe occidentale, le Canada et les États-Unis, au nom de la « civilisation occidentale » qu’il s’invente. A côté de Nemo, Zemmour apparaît comme modéré. Sa présence est une manœuvre de plus pour « respectabiliser » le polémiste placé au centre de l’émission. Le dédiabolisation de l’extrême-droite suit son cours médiatique.

    Enfin, Clémentine Autain, co-directrice de la revue Regards et membre du Front de gauche au sein d’ENSEMBLE/FASE,  a rejoint le groupe en cours d’émission. C’est l'adversaire de gauche idéale pour Zemmour, après son tour de chauffe. Elle incarne l'archétype de la féministe de gauche que Zemmour dénonce dans son livre. Elle est passée par le parti communiste.  Il a, dans son sac à malices, une série d’arguments éculés pour l’agresser. Il a déjà démontré dans le passé tout le mal qu’il pense de ce qu’elle représente. On sait qu’il n’est pas, à contrario, apprécié par Clémentine Autain en tant que femme de gauche et féministe. On la comprend.

    On se souvient que Frédéric Taddei (champion de la liberté d’expression) avait invité l’infréquentable  Dieudonné qui n’avait pas besoin de publicité, tout comme Eric Zemmour. Cet animateur cherche à faire de l’audience et ses émissions apparaissent minutieusement préparées, c’est-à-dire orientées. Le prétexte de la liberté d’expression est bien utile. Il est possible de faire un décryptage des émissions politiques avant de les voir et, avec quelques clés, on est rarement contredit sur ce décryptage. C’était encore le cas hier soir : Eric Zemmour a eu la tribune qu’il pouvait espérer pour représenter ce que le journal « Libération » appelle la France rance dans sa Une du 11/10/2014.. L’article est en ligne ICI ( abonnement payant)

    Nous n’avons pas suivi l’émission jusqu’à son terme, tant elle s’est avérée ennuyeuse grâce à Jacques Attali et polluée par Eric Zemmour et Phlippe Nemo. On peut parler de machination médiatique et il n’en est ressorti rien de positif dans un débat de mots qui, si l’on en croit le slogan du sponsor gérant d’épargne, devait nous faire prendre de la hauteur, sans doute pour nous mettre la tête dans les nuages. 

    clémentine1

    Toutefois vers la 48ème minute, Clémentine Autain a réagi à des propos ahurissants tenus par l’ineffable Némo, qui n’a rien à voir avec le capitaine de Jules Vernes. Elle a défendu sa propre analyse sur les questions posées, en portant les idées qu’elle partage avec les militants du Front de gauche. Le lien de l’émission est ICI.

    Dans le mot machination,  il y a machine. Patrick Cohen et Eric Zemmour sont les rouages de cette machine médiatique au service de l’UMPS et du Front national. Des rouages grincheux mais bien huilés. Leur mission est d’exclure du jeu politique toutes les mouvements créés en dehors de l’UMP, du PS et du Front National. La démocratie reposait sur plusieurs pouvoirs dont le pouvoir médiatique en tant qu’anti-pouvoir.  Il ne l’est plus car il fonctionne comme une machine de propagande politique qui dépend non pas d’un lectorat mais de subventions, de capitaux et du commerce publicitaire. Dans le service public, ce sont les relations politiques des uns et des autres qui influencent les lignes éditoriales. Les intervenants viennent en grande majorité de la presse libérale. Des économistes patentés apportent la pensée unique du libre échange et du marché libéral de l’offre. Heureusement l’Internet a ouvert des tribunes à toutes et à tous, mais cela ne concurrence pas le paysage audiovisuel français immuable et qui dispose d’une fenêtre facile d’accès dans chaque foyer. La multiplication des chaînes n’a malheureusement fait que multiplier  une information formatée. Les grandes radios ne sont que des succursales de ces chaînes et on y entend le plus souvent les mêmes animateurs ou leurs clones.   

    Pour faire écho au livre présenté par François Dubet « La préférence pour l’inégalité », aujourd’hui, une question nous taraude: les français, dans leur immense majorité, veulent-ils un système équitable qui leur fasse du bien ? Jean-Luc Mélenchon est favorable au vote obligatoire et, à notre sens, cela permettrait de répondre à cette question. On se souvient que,  à l'après-guerre, la sécurité sociale a été établie pour tous (hormis certaines exceptions comme les paysans qui n'en n'ont pas voulu...), le Conseil National de la Résistance étant passé par là. Peu de temps après, le peuple français votait à droite. Après 68, idem. Le français de base dans la panade, préfère-t-il que tout le monde soit à son niveau plutôt que l'inverse ? C’est pourtant cela que la propagande libérale veut leur faire entrer dans la tête, en diabolisant la gauche canal historique, celle du Front populaire et du Conseil national de la résistance, celle des ses leaders disparus comme Léon Blum ou  Jean  Jaurès. Le premier avait été agressé sauvagement et le deuxième assassiné en leur temps, à la suite de lynchages médiatiques organisés par la presse de droite et d’extrême-droite qui déversait une idéologie xénophobe et ultranationaliste qu’Eric Zemmour et d’autres veulent réactualiser dans un contexte social et politique qui semble leur être favorable,  la presse audiovisuelle les y aidant.

    U Barbutu

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  • ségolène1

    Les menaces de grève et de blocage des patrons d’entreprises de transport sont plus efficaces que les actions des salariés. Ils n’ont même plus besoin de sortir leurs bonnets rouges. La ministre de l'Ecologie, Ségolène royal, a d’abord reporter « sine die »  l'écotaxe, et ensuite proposer de compenser l’abandon de cette taxe en la compensant par une autre sur les sociétés d'autoroutes, créant un nouveau couac dans le gouvernement puisque son collègue des Finances, Michel Sapin, s’est montré sceptique, compte tenu des contrats avantageux dont bénéficient les sociétés autoroutières qui vont répercuter la nouvelle taxe sur les tarifs des péages. Ségolène Royal est renvoyée dans les cordes et la politique écologique du gouvernement recule encore.

    Toutefois la prolongation des concessions autoroutières n’est pas encore envisagée. Il faut dire que la rentabilité de ces sociétés concessionnaires a atteint en 2013 entre 20 et 24%, un profit sur lequel Ségolène Royal veut prélever une nouvelle taxe. Si on en croit Michel Sapin, ce ne sera possible qu’après la fin des contrats en cours qui autoriseraient les concessionnaires à répercuter toutes nouvelles charges, y compris fiscale, sur les usagers. Donc, rien à faire malgré une rentabilité exceptionnelle qui, selon l’Etat, serait « largement déconnectée de leurs coûts et disproportionnée par rapport au risque de leur activité, [et]assimilable à une rente"!

    Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a été chargé d’étudier le dossier « autoroute » et devrait prochainement  remettre des "propositions concrètes" au chef du gouvernement.

    On ne se fait aucune illusion sur les conséquences de l’abandon de l’écotaxe sur les transports routiers. Malgré le coût déjà élevé des autoroutes et les profits réalisés par les sociétés concessionnaires, on ne s’attend qu’à des solutions libérales, alors qu’une nationalisation du réseau autoroutier principal s’impose, même si les petits autoroutes restent au secteur privé. Aux Etats-Unis les grandes autoroutes sont construites et gérées par l’Administration. Pour une fois, on devrait s’inspirer du modèle américain que l’on nous ressert uniquement comme une soupe ultralibérale.  

    Finalement Ségolène Royal a enterré l’écotaxe devant une fronde patronale et droitière. L’application de la loi est reportée « sine die », cela veut dire « sans date » ou, si vous préférez, à la St Glinglin. La ministre de l’écologie a déplacé le problème vers les sociétés d’autoroutes dont les contrats en cours laissent envisager que, « in fine », l’usager et le contribuable paieront la taxe. Aux recettes abandonnées, il faut ajouter le dédommagement de la Société Ecomouv qui a investi dans la mise en place de l’écotaxe et devait récupérer 40% des entrées financières envisagées. L’écotaxe n’a rien rapporté et aura coûté très cher.

    La mise en œuvre de l’écotaxe a fait l’objet d’une enquête sénatoriale et un rapport a été publié qualifiant le contrat Ecomouv’ d’exceptionnel.  Dans la conclusion des sénateurs, on relève : « La décision prise en octobre 2013 de suspendre l'écotaxe, pour des raisons d'ordre public, a créé une situation juridiquement complexe, mais qu'Écomouv', aux prises avec des difficultés de stabilisation du système qu'elle avait intérêt à ne pas mettre en avant, a acceptée et mise à profit pour prolonger les tests de vérification et de mise au point en cours. Indéniablement, cette décision a joué sur l'engagement des entreprises de transport notamment, qui se sont positionnées en situation d'attente au regard des opérations d'enregistrement en cours. Mais ce point était loin d'être le seul à devoir faire l'objet de corrections et de tests. Même s'il est important aujourd'hui de retrouver de la transparence et des certitudes sur l'avenir de l'écotaxe et du dispositif mis au point par Écomouv', tant pour la société elle-même et ses financeurs que pour les redevables et les SHT, on ne saurait affirmer que le dispositif était totalement opérationnel le 1er janvier 2014. En tout état de cause, la suspension de l'écotaxe est une décision politique sans aucun fondement juridique. Dès lors que l'écotaxe a été votée par le Parlement, elle ne saurait être modifiée ou, a fortiori, supprimée sans qu'il soit à nouveau saisi… » ( le rapport en cliquant ICI)

    Si nous nous plaçons sur le plan du fonctionnement démocratique de nos institutions, l’écotaxe a été initiée par Sarkozy, Fillon and Co. Après un Grenelle de l'enivronnement ( d'aucuns parlent d'un "gros nul" de l'environement), elle a été votée avec une large majorité par la Droite et  les socialistes. Curieusement les patrons des transports routiers auront donc empêché l’application d’une loi dite républicaine, sous la présidence de François Hollande. Les manifestations des bonnets rouges ont éclaté, comme une bombe à retardement dont la mèche a été allumée par Sarkozy et l’UMP.

    Si le recours à une société privée pour encaisser une taxe douanière apparaît scandaleux et coûteux, on peut se poser la question de la compétence des gouvernements successifs qui ont voulu mettre en place cette taxe. On peut aussi s’interroger sur le large vote  d’une loi écologique qui a fait consensus et qui est « reportée sine die » par le Ministre de l’écologie.

    ségolène2

    Sur l’écotaxe, Ségolène Royal oublie qu’en 2007, une mesure similaire était dans son programme présidentiel et qu’en 2010, elle a reproché à Fillon de reporter l’écotaxe qui devait rapporter 1,2 milliards de recettes fiscales. Fin 2013, une vidéo « désintox », production ARTE / 2P2L / Libération,  rappelait les échos contradictoires passés de notre actuelle ministre de l'écologie.

    On ne peut que remarquer les reculades du gouvernement devant le patronat alors que Manuel Valls veut imposer des réformes antisociales aux salariés et aux chômeurs. Les seuils sociaux sont remis en cause. C’est une revendication du patronat. Le système d’indemnisation des chômeurs est dans le collimateur du Ministre du travail… etc. On ne va pas faire l’inventaire car le liste de cette politique antisociale  ne cesse de s’allonger   On savait qu’il vaut mieux être patron que salarié mais, dans le cas où on voudrait un peu changer la donne, on nous rappelle qu’il ne faut pas se faire d’illusion même avec des socio-libéraux qui s’affirment chaque jour plus libéraux que sociaux.

    Ecotaxe ? Ite missa est !  La messe est dite par Ségolène Royal : l’écotaxe est renvoyée aux calendes grecques. Ceux qui ignorent les formules latines (ou en perdent leur latin)  auront appris la signification de « sine die » en sachant que cette formule en cachait une autre « in fine ». Et dire que jadis, il fallait parler latin pour être médecin… ou plutôt un charlatan qui vend de faux antidotes. La médecine a évolué mais la politique non : pour arriver à de hautes responsabilités, il doit falloir prêter le serment d’hypocrite[1].  

    Fucone



    [1] Sachez que  le latin hypocrita, est issu du grec hypokritès,  comme le serment d’hypocrate. vient des Grecs.

     

     

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  • ledp

    Jean-Luc Mélenchon s’est mis momentanément en marge des bruits et de la fureur. Il revient dans le champ médiatique ( qu’il n’avait pas totalement quitté, il est vrai) au moment où la Droite a fait sa manifestation pour rien, alors que les frondeurs divisés du parti socialiste ont organisé  trois réunions concurrentes pour, disent-ils, rassembler la Gauche. Il revient alors que sa pétition pour une 6ème république a déjà récolté plus de 40.000 signatures.  Dans ce temps de réflexion qu’il s’est donné, il a écrit un nouvel opus politique. « La financiarisation de l’économie a créé une nouvelle polarité qui n’est pas réductible à la gauche et à la droite. Désormais, il y a l'oligarchie d’un côté et le peuple de l’autre. Cette redistribution du champ politique m’a fait conclure que le système n’a pas peur de la gauche, car il la digère toujours. Le système a peur du peuple ! »  a déclaré le candidat du Front de gauche aux élections présidentielles de 2012 dans une interview donnée au Nouvel Obs.

    C’est à partir de ce constat que se comprend le titre L'ère du peuple, le nouveau livre de Jean-Luc Mélenchon, sorti en librairie.

    U barbutu

    Présentation sur le blog de Jean-Luc Mélenchon 

    « Que François Hollande soit menteur, fourbe, servile et que son projet soit glauque, est-ce une raison pour nous condamner à ne penser qu'à lui et au risque de la disparition de l'idée de gauche qu'il a usurpée ?

    Je propose de voir plus loin que l'horizon désespérant du présent. Regardons le monde fascinant qui s'est constitué sous nos yeux, en quelques décennies.

    Un monde plein d'êtres humains, couvert de villes, où l'occupation de la mer elle-même a débuté. Mais un monde engagé dans un changement climatique irréversible et un bouleversement de la hiérarchie des puissances qui menacent l'existence même de la civilisation humaine.

    Un monde où surgit un acteur nouveau : le peuple.

    Les puissants se moquent de lui, le méprisent, lui bourrent le crâne et insultent tous ceux qui lui donnent la priorité.

    Mais si les puissants n'ont plus peur de la gauche édentée par Hollande, ils ont plus peur que jamais du peuple. Sa révolution citoyenne peut tout changer, en commençant par faire entrer la France dans la 6e République. »

    Fayard - 160 pages - 10 euros

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  • Sauf à être historien, on peut se foutre de ce qui s’est passé en Chine, en Mauritanie et au Pays de Galle l’année 75 après JC. En France le nombre "75" fait penser à Paris, mais, depuis l'élection de François Hollande, lorsqu’on en fait un pourcentage, il est révélateur de la politique menée par le gouvernement Valls et constitue l’une des plus grosses fausses promesses du candidat Hollande. Elle est emblématique de son mépris pour l’électorat de gauche qu’il a trompé.   

    hollande_londresValls_city

    Manuel Valls a choisi Londres et la City pour faire allégeance à la Finance. C’est à l’Etranger qu’il a assumé pleinement son libéralisme et l’abandon du socialisme qui n’aura été pour lui qu’une étiquette politique pour faire carrière. C’est à l’étranger qu’il annonce des mesures qui vont toucher les chômeurs. C’est à l’étranger qu’il annonce l’abandon de la taxe de 75% qui était censée faire contribuer les plus riches à la réduction du déficit… Manuel Valls est allé s’agenouiller sur le tapis rouge de David Cameron qui avait déclaré : « Quand la France instituera un taux de 75% pour la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu, nous déroulerons le tapis rouge aux entreprises françaises ». Quelle humiliation supplémentaire après le voyage de François Hollande qui, le 29 février 2012 ( deux jours après son annonce de la taxe à 75% et son fameux « mon ennemi c’est le monde de la Finance »)  s’était précipité rassurer son ennemi de la finance à Londres en disant : « J am not dangerous ! ».  Valls est allé plus loin avec « J am pro business ».  Tous les deux ont mis leurs montres à l’heure de Big Ben. Ils font tous les deux le même son de cloche. Le « social » ce n’est pas leur tasse de thé.

    Hollande et Valls aiment les anaphores. On pourrait leur en donner de l’anaphore sur tout ce qu’on peut leur reprocher ! On ne le fera pas car ils nous ont rendu cette figure de style insupportable. Clémentine Autain l’a dit aujourd’hui dans une interview donnée à Lea Salame sur France Inter : Manuel Valls n’est pas le socialiste moderne qu’il prétend être mais il s’affiche comme un homme de la droite traditionnelle qui se moule dans les normes dominantes, les normes du marché, la 5ème République à bout de souffle.

    Cette taxe de 75% était une promesse qui s’est révélée être un acte législatif impossible puisque son vote a été retoqué par  le Conseil constitutionnel. La loi a été ensuite modifiée pour faire payer la taxe aux entreprises plutôt qu’aux individus ayant des rémunérations annuelles au dessus d’un million d’euros. Pour exemple, ce sont les clubs de football qui devaient payer cette taxe sur les hauts salaires des joueurs. Une taxe éphémère. Jean-Marc Ayrault et François Hollande avaient insisté sur son caractère exceptionnel, donc provisoire. Manuel Valls a annoncé aux Anglais qu’elle sera supprimée à partir du 1er janvier 2015 : « Je sais que cette taxe a fait grand bruit ici [au Royaume-Uni], et surtout notre décision de taxer les salaires très élevés. Mais beaucoup de gens oublient de dire que c'était temporaire. Ça n'existera plus au 1er janvier 2015 ».  A croire que son auditoire à la City était plus concerné que le quidam français. C’est aussi à la City qu’il a annoncé la révision des indemnités de chômage d’un système français trop généreux. Le perfide Manuel Valls fait donc des annonces de politique intérieure en priorité à la City de la Perfide Albion.

    On se souvient que, dans son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, il a annoncé des baisses d’impôts pour les plus pauvres et une prime exceptionnelle pour les petites retraites. Cela s’est transformé en une réalité dérisoire si on compare ce train de la misère qui cachait le train de la richesse. Un train de mesure en cachait un autre. Comme on le dit en Corse « de la morue pour le peuple » et du caviar pour les plus riches. Il sera intéressant de connaître les montants des cadeaux fiscaux faits aux pauvres et de ceux faits aux riches. Cette taxe devait concerner 470 entreprises (dont des clubs de foot) et un millier de dirigeants ou salariés selon les chiffres du Budget. Quelques millions d’euros à ajouter au 40 milliards de crédit d’impôts aux entreprises qui pourront payer les gros salaires sans s’acquitter de cette taxe qui ressemble à un tour de passe-passe politique affligeant. Il faut dire que, dans ses interventions sur cette taxe, François Hollande n’en était pas à une volte face près, notamment envers les clubs de foot. En janvier 2012, il s’engage auprès d’eux à ne pas augmenter leurs taxes. Pendant la campagne, pour être élu, il sort cette taxe comme joker de gauche avec son fameux « mon ennemi, c’est le monde de la finance ». En 2013, ce ne sont plus les bénéficiaires de hauts revenus qui sont visés mais les entreprises qui les rémunèrent (dont les clubs de foot)… tout cela en passant par la première loi retoquée par le conseil constitutionnel. Janvier 2015, suite et fin !

    La scène politique française est occupée par des problèmes internationaux et des débats sociétaux comme le mariage pour tous et la GPA. Pendant ce temps, notre premier ministre va parler de politique intérieure à l’Etranger, en Allemagne et, en Angleterre, sur l’extrade d’un lieu hautement symbolique du monde de la Finance. Il rend compte de la politique intérieure de la France à Merkel et Cameron, tout en méprisant ce qui reste de la gauche au parti socialiste. Pendant ce temps Hollande ne parle plus que de sujets internationaux en France. Décidément, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond à Matignon et à l’Elysée.  Est-ce le retour de Sarkozy qui déboussole le pouvoir solférinien ?  Sans aucun doute, ce come-back programmé n’ouvre pas le débat politique mais l’enferme plutôt dans une campagne de propagande médiatique libérale et ultralibérale qui se déchaîne. Tout y passe : la fonction publique, la sécurité sociale, le syndicalisme, le chômage, les allocations familiales… On connaît la méthode de Sarko. Il apporte en continu de la « matière » aux journalistes – notamment aux chaines télé, et surtout celles qui donnent l’information en continu. Il a remis sur le tapis « travailler plus pour gagner plus », veut rétablir les heures supplémentaires défiscalisés, aggraver la politique d’austérité… Alors Manuel Valls lui emboîte le pas, pendant que François Hollande lui sert de puching-ball, histoire d’ancrer l’idée d’une revanche en 2017 : une idée qui plaît à la presse pour des raisons politiques ou bien par besoin de politique-spectacle. Qu’ils se fassent la belle en 2017, qu’ils se tirent ailleurs qu’à Elysée. On peut en dire autant pour les autres : Fillon, Juppé, Ayrault, Valls and co… qu’ils se tirent ailleurs qu’à Matignon ou dans un ministère. Qu’ils se tirent avant que le Front national ne s’y installe grâce à eux.

    On aimerait  mettre fin à l’amalgame UMPS, utile au Front National. On aimerait bien que les socialistes de façade ne représentent pas la Gauche en traitant d’extrémistes ceux qui défendent les valeurs qu’ils trahissent au nom du libéralisme économique. Nous ne sommes pas au bout des manipulations. Aujourd’hui, sur une radio (que je ne nomme pas pour ne pas lui faire de publicité), j’ai entendu un propagandiste de la Droite ultralibérale dire que des Français quittent la Sécurité Sociale pour contracter des assurances privées à l’Etranger… C’est lui qui le dit et il faut le croire sur parole, sans témoignage ni statistique. On ignore tout de l’ampleur d’un tel phénomène qui le ravit. Cet animateur a parlé de liberté de choisir, histoire de mêler le mot « liberté » à celui de libéralisme économique qui exclue le beau mot de « solidarité ». Quelle liberté de choix ont le chômeur, le smicard, le SDF, le petit retraité… ? On ne se fait plus d’illusion sur cette presse de nantis qui parlent de tout sans rien savoir. A chacun de ne pas se laisser polluer, contaminer par cet individualisme égoïste tant répandu chez ceux qui profitent du Système et qui ont leurs relais dans la presse. 

    François Hollande et Manuel Valls suivent un cap libéral malgré des côtes de popularité en berne. Ils s’obstinent à aller contre l’opinion et surtout celle des électeurs de gauche. Peut-être pensent-ils, comme le président de l’assemblée nationale qui a déclaré aujourd’hui sur les ondes de France inter : « Dans l'opinion, si vous voyez les positions dominantes, on rétablirait la peine de mort et on virerait tous les immigrés… » Quelle conception de la démocratie ! Quel mépris pour le peuple ! C’est le même Claude Bartolone qui s’oppose à la transparence du patrimoine et des revenus de nos élus, sous prétexte que ce serait de la « démocratie de paparazzi ». Décidément certains élus socialistes et prétendument de gauche se comportent comme une élite intouchable. ? L’immunité ne leur suffit pas. Il leur faut aussi le secret bancaire.  On ne peut plus s’étonner de rien mais, pour autant, il ne faut pas tout accepter.

    Vivement une 6ème république avec de nouvelles règles constitutionnelles qui nous mettent à l’abri d’une république bananière qui pourrait demain rétablir la peine de mort et virer les immigrés de France lorsque la fracture sociale sera devenue insupportable. Demain, il suffira que les électeurs du Front national soient la plume qui fasse pencher la balance électorale du côté d’un Sarkozy pour  annihiler des décennies de progrès social  et d’évolution vers une société plus fraternelle, plus égalitaire, plus libre et donc plus solidaire. François Hollande n’a mis en place aucune alternative politique de gauche. Il s’est engagé dans une alternance libérale dont Manuel Valls est le champion en titre, malgré une campagne présidentielle qui avait pourtant donné des gages à la gauche et en particulier aux 4 millions d’électeurs du Front de gauche. François Hollande et Manuel Valls porteront l’entière responsabilité du retour de la droite et de la montée du Front National, scénario prévisible si les abstentionnistes voient augmenter leurs rangs. Ils portent l’entière responsabilité de la division au parti socialiste et d’une opposition de gauche qui n’est pas près d’oublier comment ils l’ont traitée.

    Pidone

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