• Clémentine Autain sur France Inter.... Elle était l'invitée de Léa Salame qui l'a accueillie avec la phrase de Manuel Valls : "I am pro business!"


    Clémentine Autain : "Valls est un homme de... par franceinter

    Google Bookmarks

    votre commentaire
  • manif_tous

    La droite réactionnaire est à nouveau descendue dans la rue à Paris avec à la tête de l’organisation de la manifestation quelques culs bénis « emparticulé(e)s » qui s’érigent en gardien(ne)s du temple. Nous pensons à Ludovine de La Rochère (Ludovine Dutheil de La Rochère, née Ludovine Mégret d'Étigny de Sérilly… ça ne s’invente pas) et autre jouvenceau  Gonzague de Chanterac, qui gère les réseaux sociaux de ce club aristocratique et réactionnaire qu’est la « manif pour tous ».  Parmi les porte-parole, on trouve, pour exemple, Tugdual Derville, délégué général de l’association Alliance VITA. Il est impliqué dans l'opposition à l'euthanasie, l'avortement. Il est contre le mariage et l'adoption par les couples de même sexe, dans l'optique de ce qu'il nomme le « respect de la dignité humaine». On se souvient de Béatrice Bourges, alias Brigitte Barjot, sortie de l’entourage de Charles Pasqua et récemment expulsée d’un logement social abusivement occupé. Voilà les têtes médiatisées de la manifestation contre tout pour quelques uns.

    Alors que d’autres veulent imposer la sharia de façon barbare, nous avons aussi en France des moralistes intégristes qui opposent à la loi républicaine la morale religieuse, aristocratique et bourgeoise. Ces moralistes patenté(e)s ont pris l’habitude de venir faire des maelstroms dans le fleuve tranquille de l’évolution des mœurs pour en ralentir le cours.

    Il est un fait que notre capitaine de pédalo et son quartier-maître actuel ont préféré pratiquer le rétropédalage sur des sujets comme la PMA (Procréation Médicalement assistée) et la GMA (Gestation Médicalement assistée). Il faut dire qu’ils avaient fait l’erreur de les associer au « mariage pour tous » qui n’a pas été emporté par la vague homophobe alors que la GMA vient d’y être engloutie. Pourquoi avoir laissé ainsi entendre que la GMA intéresse surtout les homosexuel(le)s, alors qu’elle concerne tous les couples qui ne peuvent pas avoir d’enfants ? Il aurait dû n’être question que de l’extension de la PMA aux couples homosexuels. PMA et GPA n’auraient pas dû être liés dans le projet de la loi Taubira. Cette erreur est un manque de réflexion sur des sujets séparés intéressant la politique familiale. Cette erreur involontaire ou volontaire a donné de l’eau au moulin de la droite et de l’extrême-droite pour continuer à s’attaquer au mariage pour tous et à la GPA, sans dissocier les deux sujets.

    La loi Taubira est passée aux forceps et a permis à la droite de ressouder la partie extrême de son électorat. Des politiciens de droite et d’extrême-droite annoncent que, de retour au pouvoir, ils l’abrogeront ou, au minima,  la modifieront de façon à la verrouiller en empêchant le recours à la PMA par les couples homosexuels et à la GMA pour tous les couples. Manuel Valls, favorable à la GMA pour les besoins de sa candidature aux Primaires socialistes, vient de se déclarer, au nom du gouvernement et du Chef de l’Etat, totalement opposé à sa légalisation. Nous savons que le sujet a fait débat au sein du parti socialiste et que des députés socialistes n’ont même pas voté la loi Taubira. Le débat est légitime et l’interdiction se discute. 

    C’est surtout la GMA qui prête à polémique. Le principal argument contre cette pratique légale dans d’autres pays est la marchandisation des ventres des mères porteuses. On pourrait aussi évoquer tous les orphelins ou enfants abandonnés en attente d’une adoption qui serait un acte plus généreux que le désir de procréer et de perpétuer un ADN. Toutefois, nous avons du mal à discerner le trouble de l’ordre public que provoquerait la légalisation de la GMA. Le recours à la GMA et la PMA sont des choix personnels qui ne portent pas atteinte aux familles non concernées comme le mariage pour tous n’a pas porté atteinte aux mariages des hétérosexuels. Par ailleurs, il existe déjà des trafics d’enfants à travers les procédures d’adoption. Faut-il interdire l’adoption ? Bien sûr que non ! Seul son contrôle est nécessaire pour éviter tout trafic, comme il serait nécessaire de contrôler la procédure de la GMA pour les mêmes raisons.  

    La PMA est autorisée pour les couples de même sexe dans sept pays européens : la Belgique, le Danemark (pour les femmes mariées uniquement), l'Espagne, la Finlande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède. La GPA est possible dans sept pays européens. En Belgique, aux Pays-Bas, en Pologne et en Slovaquie, aucune législation ne l'interdit, ce qui l'autorise de fait. La GPA a été légalisée en Roumanie, mais aussi en Irlande (où une loi protège cependant l'embryon) et au Royaume-Uni (où il est interdit de pratiquer des GPA « à titre onéreux » ou via une exploitation forcée).

    PMA et la GMA sont des sujets qui font l’objet d’une récupération politique, alors qu’ils méritent un débat démocratique sur la base des libertés individuelles. Le seul argument social, c’est-à-dire d’intérêt général, est celui du nombre des enfants en attente d’adoption.  Ceux-là sont nés et la GMA ne doit pas réduire le nombre des adoptions, en sachant que les procédures pour adopter sont difficiles, longues et onéreuses. Le pire des arguments est celui avancé par Valérie Pecresse dans un face à face affligeant avec Olivier Le Foll. Elle est contre la GMA (comme ses mentors) et a fait valoir que les femmes allaient pouvoir se faire greffer un utérus comme cela a été réalisé à titre expérimental en Suède. Cette ancienne Ministre de Fillon et de Sarkozy (entre les deux son cœur balance aujourd’hui) devrait se faire greffer un brin de décence dans son cerveau de politicarde à l’affut d’un nouveau poste ministériel. Elle s’est affichée dans le clan Fillon et soutient Sarkozy dans sa campagne pour la présidence de l’UMP qui ressemble à une campagne à la présidence de la République. Son argument est le comble de la connerie dans un débat sérieux qui touche 2.000 enfants qui seraient concernés en France par la question de la reconnaissance de la filiation des enfants de Français nés d'une GPA effectuée à l'étranger. Le sujet est sérieux aussi lorsqu’on évoque au risque d’eugénisme engendré par les manipulations génétiques et les dons de sperme dans le cadre de la PMA. Si les risques et la marchandisation doivent être écartés, les libertés individuelles ne doivent pas être soumises aux diktats des intégristes moralisateurs. C’est le rôle des gouvernants et des élus du peuple d'accompagner l'évolution des moeurs par des lois en accord avec les libertés individuelles.

    Si le slogan du « mariage pour tous » illustrait une extension des droits, celui de la « manifestation pour tous » apparaît comme un abus de représentativité, puisqu’elle ne concerne qu’une frange réactionnaire de la population. Il suffit de les entendre s’exprimer : moi je veux… moi je ne veux pas… je défends nos enfants… C’est de leur éducation que dépendent les leurs. Qu'ils ne se préoccupent pas de l'éducation de tous les enfants. Les enfants ont besoin d'un père et d'une mère, disent-ils. Un slogan simpliste et réducteur, lorsque l'on pense à la diversité des situations des enfants dans le monde. Faut-il interdire le divorse et le veuvage? Un orphelin n'a-t-il aucun espoir d'être un adulte heureux? Combien de gens ne se reconnaissent pas dans ce « pour tous » qui rejette les homosexuels et les enfants nés grâce à la GPA ? On peut être contre la GPA et la PMA à titre personnel et ne pas exiger de les interdire. On peut être hétérosexuel(le), sans stigmatiser les homosexuel et les exclure « des droits pour tous ». On peut être catholique, juif et musulman et ne pas imposer sa morale aux autres. C’est aussi de cela dont il s’agit.

    Voilà comment un sujet touchant des êtres humains est manipulé par ambitions personnelles ou pour diviser les gens et flatter un électorat. Les organisateurs et une certaine presse s’ingénient à gonfler leurs effectifs de façon astronomique. Lors de la première manifestation, ils ont annoncé un chiffre de 1,4 millions de manifestants rassemblés à Paris le 24 mars. La police en a annoncé 300.000…  1,4 millions ? En 2009, cela représentait la moitié de la population parisienne intra-muros qui aurait été réuni sur 3% de la surface de la capitale. Dimanche dernier, Selon les organisateurs, le cortège a rassemblé 500 000 personnes à Paris, et 30 000 à Bordeaux. Pour la préfecture, en revanche, les manifestants n'étaient que 70 000 dans la capitale et 7 500 en Aquitaine. Le constat que l’on peut faire est que ces manifestations de la droite la plus réactionnaire ont la faveur d’une presse qui néglige les conflits sociaux. Pire, elles influencent un Chef de l’Etat et un gouvernement davantage que les 4 millions d’électeurs qui ont voté Front le gauche au premier tour des Présidentielles 2012.

    Valls_city

    La « manifestation contre tout » est une manipulation de plus pour tous. Elle n’a pas de sens puisque la GMA ne sera pas légalisé sous le quinquennat de François Hollande. Elle demande l’interdiction de ce qui est déjà interdit et le mariage pour tous a fait l’objet d’une loi, donc d’un vote démocratique dans le cadre de la constitution française. Les débats médiatiques sur le mariage pour tous, la GMA, l’Etat islamique, le Mali, l’arrivée en France du virus Ebola et le retour concomitant de Sarkozy ne doivent pas détourner le plus grand nombre des conséquences sociales des politiques libérales menées et promises. Au sein du gouvernement, après l’interview censurée de François Rebsamen qui avait déjà stigmatisé les chômeurs et venait de dévoiler  à un journaliste de Miroir ses convictions très libérales, Manuel Valls est allé à Londres pour réaffirmer son cap résolument libéral et ses intentions de réformer le code du travail et fait nouveau : le système d’indemnisation des chômeurs jugé trop généreux. On peut penser que les propos du Ministre du travail sur le contrôle plus strict des chômeurs ont été tenus dans le contexte de discussions gouvernementales sur le sujet. Révision des 35 heures et des seuils sociaux, durcissement du système d’indemnisation des chômeurs… voilà ce qui se trame à Matignon et à l’Elysée.

    La solution du chômage a été trouvée : puisque la politique menée n’inverse pas la courbe du chômage, il faut supprimer des chômeurs des listes des Assedic et ne plus les indemniser. La politique des boucs émissaires et des populistes, chère à Sarkozy, refait surface avec Manuel Valls : les fonctionnaires, les chômeurs, les assurés sociaux, les commandants de bord d’Air France, les marins de la SNCM, la CGT, le Front de gauche… etc.  

    Vive l’Allemagne et l’Angleterre ! Manuel Valls a évoqué l’exemple anglais du système d’indemnisation du chômage. Margaret Thatcher, Gerhard Fritz Kurt Schröder… voilà ses modèles !  La casse sociale anglaise et l’austérité allemande ! Il a trouvé des échos favorables en France parmi les Solfériniens mais aussi parmi des élus UMP comme Eric Woerth. C’est un comble. Marine Le Pen aura beau jeu de dénoncer l’UMPS.  

    On finit par se poser la question : est-ce que Manuel Valls va être un candidat aux primaires de l’UMP, si François Hollande veut récidiver au PS ?

    U Barbutu

    Google Bookmarks

    votre commentaire
  • Ou l'art de la compromission

    Valls_city

    Manuel Valls dit à qui veut l’entendre qu’il est socialiste. Et il s’efforce de le prouver à chaque instant. Mais de quel socialisme parle-t-il ? De celui qui combat le capitalisme, la finance et veut changer le monde, dans l’intérêt du plus grand nombre ? Ou bien de ce socialisme mou, revu et corrigé à la mode Blair, Schroeder et compagnie, à la solde du capitalisme ? Il y a une réalité et notre premier ministre ne peut plus la nier. Il n’est pas socialiste. L’a-t-il été un jour ? Comme d’ailleurs un grand nombre de caciques du Parti socialiste. Il est bon de rappeler quelques exemples significatifs. Manuel Valls n’a jamais caché son attirance pour le social-libéralisme. Il s’est même prononcé pour la transformation du parti en Parti démocrate à la sauce américaine ou renzienne, mieux adapté – selon lui – aux réalités de notre temps. Depuis qu’il est à la tête du gouvernement, il multiple les déclarations qui ne laissent aucun doute sur sa vraie nature et ses ambitions. Ainsi, il s’en est allé à l’Université d’été du Medef à Jouy en Jojas où il a reçu une fantastique ovation. Et les félicitations de Pierre Gattaz, tout ravi. A Berlin, il a présenté sa copie au professeur Merkel pour y obtenir une bonne note. Ou encore, il s’est fendu d’un « Ich liebe die underehmen », « J’aime l’entreprise » devant les représentants de la puissante fédération patronale de l’industrie. Le dernier exemple vaut son pesant d’or. Pas plus tard que ce lundi 6 octobre, il a visité le temple de la finance européenne, voire mondiale : la City à Londres. Là, notre premier ministre a prononcé un discours dans la meilleure tradition des laudateurs de l’ultra-libéralisme. Il s’est exclamé, sans rire : « My gouvernment is pro-business ! » On a envie de crier : « Il est devenu fou. Jaurès revient ! » Il ne reste plus qu’à notre homme d’aller à Wall Street pour y trouver sa consécration : celle du meilleur fayot de service.

    Devant une telle pantalonnade, on a envie de crier : « Ca suffit ». Un tel comportement et la politique d’austérité et de régression sociale qu’il mène sous la baguette de François Hollande jettent un peu plus le discrédit sur l’ensemble de la gauche, y compris sur le Front de gauche, au grand ravissement de la droite, pourtant empêtrée dans les affaires et du Front national. Cette situation devient insupportable. Il faut plus que jamais dénoncer cette mascarade mortelle et proposer aux Français une vraie alternative de gauche, avec des propositions de gauche, avec de vrais gens de gauche. Que tout ce beau monde dégage.

    Maria Maddalena Lanteri

    Google Bookmarks

    votre commentaire
  • prince_machiavel

     

    Un site de critique théâtrale « Au balcon.fr » pose les questions suivantes :

    Pourquoi François Hollande et Nicolas Sarkozy sont-ils si impopulaires ? Comment ont-ils gagné l’élection présidentielle ? Pourquoi sommes-nous d’éternels insatisfaits en matière de politique ?

    Pour répondre à ces questions, deux pièces de théâtre sont proposées parmi lesquelles une adaptation du Prince de Nicolas Machiavel. Nicolas ! Il s’agit bien du prénom de Macchiavel et cela mérite de parler d’un autre Nicolas qui vient d’orchestrer son retour et affiche sa ferme intention de se représenter aux élections présidentielles de 2017.

    La pièce de Laurent Gutmann est intitulée« Le Prince, tous les hommes sont méchants ».  L’auteur y reprend les grands préceptes de Machiavel, homme politique et écrivain florentin du XVIème siècle. Nous vous proposons une vidéo de présentation.

    Cinq cents ans se sont écoulés et, si cette doctrine d’une politique machiavélique est vieille, force est de constater qu’elle a toujours ses adeptes au détriment des bonnes mœurs. L’actualité judiciaire en témoigne. Les discours cyniques et manipulatoires se succèdent. Du texte philosophique de Machiavel, les politicards ont retenu ce que l’on appelle couramment le machiavélisme : une conception de la politique prônant la conquête et la conservation du pouvoir par tous les moyens, y compris la manipulation dans le plus grand mépris du peuple. Ce machiavélisme, ils le mettent au service de leurs ambitions et des puissants lobbies qui leur permettent la conquête du pouvoir.

    Au-delà du partage du prénom « Nicolas » avec Machiavel, Sarkozy a fait du machiavélisme son unique mode de conquête du pouvoir.  Comme l’autre Nicolas, il pense que tous les hommes sont méchants et, tout en prônant le rassemblement, il attise les divisions pour s’en servir. Il ne le fait pas sans s’aider des sondages et des statistiques. Prenons un exemple simple : sa proposition de mettre fin au statut des fonctionnaires et de les recruter avec des CDD de cinq ans. Immédiatement, la presse libérale sort un sondage qui démontre que la majorité des Français l’approuvent, bien sûr après une campagne préalable de fonctionnaires bashing. Comment s’étonner que, ensuite, des propositions sur le modèle ultralibéral américain fassent leur chemin balisé par la presse capitaliste. Le secteur public représente moins de 6 millions de fonctionnaires alors que le secteur privé compte près de 27 millions d’emplois. L’enjeu est clair : en tapant sur le secteur public, Sarkozy compte sur les 27 millions de salariés du secteur privé, tout en leur préparant des reformes du Code du travail qui mettra fin au Cdi aux 35 heures. Quel est son calcul machiavélique ? Comme Machiavel, il pense que tous les hommes sont méchants et qu’il suffit de faire appel à des sentiments négatifs comme la jalousie. Il pense qu’il suffit de monter le propriétaire envieux d’une Clio contre celui qui a pu se payer une Mégane, pour ensuite mettre tous les salariés au pas. Il monte le plus grand nombre contre des boucs émissaires faciles. Il pense qu’en livrant les fonctionnaires (dont le nombre se réduit sous des politiques d’austérité)  à la vindicte des salariés du privé en CDD ou au chômage, il se sert habilement de la nature humaine pour se faire élire et, ensuite, appliquer une politique ultralibérale qui pénalisera tous les salariés au profit du patronat et des spéculateurs. Autres exemple : il est devenu partisan de l’extraction du gaz de schiste, dont nul n’ignore le lobbying pratiqué par les grandes compagnies pétrolières et gazières. Il veut convaincre que cette prise de position anti-écologique lui est dictée par le souci de créer des emplois, alors que la transition écologique en matière de ressources énergétique est tout aussi créatrice d’emplois et d’indépendance énergétique. Nul n’ignore les dégâts écologiques que l’extraction du gaz de schiste provoque. Il suffit d’aller faire un tour au Etats-Unis pour s’en convaincre. Même son choix d’avancer sa campagne aux élections présidentielles en passant par la présidence de l’UMP  relève d’un calcul machiavélique. Il a voulu couper l’herbe sous les pieds de Juppé et Fillon, tout en se plaçant dans une position présidentiable qui, doit-il penser, le mettra à l’abri des multiples procédures judiciaires si les sondages lui sont favorables. Les journalistes n’arrêtent pas de vanter son habileté politique et à force d’habileté, il y aura bien un moment ou « trop, c’est trop ».  Nous pensons que le moment est arrivé, car sa prétendue habileté ne fait que mettre en évidence son cynisme et son hypocrisie qui renvoie l’éclat trompeur de celui qui mérite plus le mépris que les louanges.   

    Tout le monde a compris que Nicolas Sarkozy n’a pas changé et, pour reprendre une formule de Machiavel, il ne  chemine qu'entraîné par la force de son naturel.  Il  joue sa carte personnelle en s’entourant d’une garde prétorienne aux dents longues. Cela nous amène à la deuxième pièce de théâtre citée qui donne un aperçu peu flatteur des coulisses de la politique : Les cartes du pouvoir, De Farraguth North de Beau Willimon, mis en scène par Ladislas Chollat

    Jusqu’où les politiques sont-ils prêts à aller pour conquérir le pouvoir ? Défendent-ils des idées ou se battent-ils pour leurs ambitions personnelles ? Faut-il mettre ses principes de côté pour gagner une élection ?

    Synopsis : Stephen Bellamy, attaché de presse et conseiller de campagne du gouverneur Morris est jeune, séduisant, brillant, ambitieux et déjà très expérimenté. Il prépare les primaires de la présidence américaine, sous la tutelle de Paul Zara, directeur de campagne incontournable qu'il admire et dont il a toute la confiance. Tous deux, profondément convaincus de leurs idéaux politiques et sociaux, s'engagent honnêtement, avec une solidarité indéfectible dans ce combat électoral. Mais il faut gagner... Dans le jeu des Cartes du Pouvoir, la trahison est-elle inéluctable ?

    Les Cartes du Pouvoir est l'adaptation française de la pièce de théâtre Farragut North écrite par Beau Willimon et sortie en 2008. Elle est tirée de l'histoire vraie de l’ancien gouverneur américain Howard Dean. Elle a été adaptée au cinéma : un film qui a récemment fait l'ouverture de la Mostra de Venise « Les Marches du Pouvoir » (The Ides of Marchs, 2011) réalisé par et avec George Clooney de Nespresso. Voici une vidéo de présentation…

    Sous une allure sympathique, BC BG, peut se cacher un vrai pourri, cynique, imbu de sa personne, imbuvable, égoïste, manipulateur, intéressé, colérique… En un mot « détestable » ! C’est l’un des personnages de la pièce, joué par Raphaël Personnaz. On entre dans ce petit monde de la politique fait aussi d’attachés de presse et de journalistes aux dents qui rayent le parquet. Nous plongeons au cœur d'un monde où tous les coups sont permis tant que l'on ne se fait pas prendre. Cela vous fait-il penser à quelqu’un en particulier et à quelques uns en général ?

    Sarkozy et Hollande partagent un aspect du machiavélisme. Après avoir accéder machiavéliquement au pouvoir, ils veulent se maintenir dans une situation ouverte à tous les retournements. « Si tu savais changer ton caractère, quand changent les circonstances, ta fortune ne changerait point », écrivit Machiavel. Ils ont retenu la leçon, comme ils en ont retenu une autre : « Un prince bien avisé ne doit point accomplir sa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible, et que les raisons qui l’ont déterminé à promettre n’existent plus. » Mais, pour ne pas laisser voir cette perfidie, il doit aussi « posséder parfaitement l’art et de simuler et de dissimuler ». Son hypocrisie doit le faire paraître « tout plein de douceur, de sincérité, d’humanité, d’honneur, et principalement de religion ». Pour la religion, nos deux candidats du deuxième tour en 2012 ont changé d’avis et se prononcent aujourd’hui pour l’interdiction du recours aux mères porteuses. L’humanisme n’est chez eux qu’un ingrédient dans les discours de campagne électorale. L’honneur ? Il aurait fallu qu’ils honorent leur mandat de Chef d’Etat au lieu que ce soit le titre de Président de la république qui les honore à tort. Pour ce qui est de la sincérité, elle est un calcul comme un autre, pour reprendre un extrait de « Becket ou l’honneur de Dieu » (Jean Anouilh). La douceur ? Celle du gant de velours ou, en osant une trivialité, de la vaseline.

    Sarkozy et Hollande ont sans doute oublié ce que disait Rousseau de Nicolas Machiavel : « En feignant de donner des leçons aux rois, il en a donné de grandes aux peuples. Le Prince est le livre des républicains ». Les républicains en ont une autre lecture qu’eux et pensent qu’il ne faut pas sous-estimer l’intelligence du peuple, au point de le manipuler deux fois. La France gagnerait à ne plus faire de la présidence de la république l’enjeu de politiciens qui n’ont retenu de Machiavel que les manigances, les manipulations et le mépris du peuple.

    Nous sommes au XXIème siècle et leur maître à penser vivait en d’autres temps et sous d’autres cieux. Nicolas Sarkozy est un prince-président déchu démocratiquement après un quinquennat. Il veut que les fonctionnaires soient recrutés avec un CDD de cinq ans. Il faut rappeler qu’un CDD de Président de la république coûte ensuite à la France entre 1,5 et 2 millions d’euros par an à vie au profit de chacun d’eux. Nous entretenons à grands frais Chirac, Giscard d’Estains et Sarkozy, bientôt un quatrième Hollande. Qui ne rêve pas d’un CDD pareil. Nous proposons que le Président de la république ne fasse qu’un seul quinquennat et que des réformes constitutionnelles nous sortent de cette république bananière plazcée sous la présidence d’un monarque élu. Cela nous mettrait aussi à l’abri d’une éventuelle monarchie familiale, lorsque l’on s’aperçoit, du côté du FN, que Le Pen a installé sa lignée. Après Jean-Marie, nous avons Marine et, après Marine, il y a Marion. Deux nouvelles générations sont déjà en place alors que Marine joue la reine d’Angleterre, affublée de son prince qu’on ne sort pas du FN en la personne de Louis Aliot.

    Si l’on revient sur les élections présidentielles depuis 2002, on doit reconnaître que Machiavel avait raison lorsqu’il a écrit : « « En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal.» C’est valable aussi pour le choix des candidats soumis aux électeurs. En outre, je réalise que si le mandat du président de la république était un quinquennat unique, nous n’aurions pas aujourd’hui à tirer sur une ambulance et un fourgon cellulaire, pour refuser une alternance arbitrée par l’extrême-droite. On finit par se lasser de tout. Cela fait sans doute partie de leur calcul si l’on réfléchit à la montée vertigineuse de l’abstentionnisme.

    Les Français en ont sans doute leur claque de cette clique de politiciens qui devraient prendre leurs cliques et leurs caques et disparaître, pour que l’on puisse s’exclamer : bon débarras ! Malheureusement ils ont déjà leurs jeunes vieux aux portes du pouvoir, des jeunes « politicaillons » triés sur le volet du conservatisme réactionnaire et de l’ultralibéralisme. Inutile de donner des noms, ils se font connaître.

    Battone

    Google Bookmarks

    votre commentaire
  • mai15_FP

    Dans  la propagande libérale, des boucs émissaires de la Crise reviennent de façon récurrente. Au hit parade du social  bashing, les fonctionnaires arrivent en tête. Tout y passe : leur sécurité de l’emploi, leur nombre,  leur retraite…  Dès ses premiers meetings,  le Sarkozy nouveau a relancé les hostilités en s’attaquant à leur statut, dans des rassemblements d'ovidés sous hypnose devant sa tête d'enfant malade qui s'essaye à un rictus fiévreux. Il propose des  CDD de cinq ans pour les fonctionnaires : un quinquennat en quelque sorte. Pourquoi pas de l’Intérim ? Une agence nationale d’intérim gérant les postes à la semaine, voire au jour le jour ? Aujourd’hui, en Seine Saint de Denis, c’est l’agence pour l’emploi qui recrute des professeurs d’école sans aucune formation pédagogique et une anesthésiste recrutée en CDD par la maternité d’Orhez a été incarcérée à la suite du décès d’une patiente. On mesure ce que deviendra le service public soumis à la rentabilité financière. L’anesthésiste avait une alcoolémie de 2,4 gr/litre et donc était en état d’ébriété lors de l’accouchement par césarienne. Elle est décrite comme une mercenaire médicale belge qui a multiplié les CDD un peu de partout. Cette maternité est sous la menace d’une fermeture faute de moyens. Nous assistons au démantèlement progressif des services de  proximité, en même temps que celui de la fonction publique. Concernant la Belgique, il faut ouvrir une parenthèse et rappeler qu’il n’y a pas de numerus clausus dans les études médicales et cela attire des étudiants français de familles aisées. Le manque de médecins et le recours à des médecins étrangers en milieu hospitalier en France serait le résultat d’une politique de contrôle du nombre des étudiants en médecine qui passent un examen à numérus clausus en première année à l’issue duquel  le dernier reçu a 14 de moyenne, alors qu’en Belgique le porte-monnaie des parents et un petit 10 suffisent. Le recours à des médecins étrangers permet de leur verser des salaires plus bas dans le cadre de CDD.  

    Les ultralibéraux ont remis le énième couvert sur les avantages des agents de la fonction publique en toute mauvaise foi, en diffusant des mensonges par omissions et amalgames. Ces parangons de l’anti-fiscalité et de l’ultralibéralisme sont le plus souvent des cadres supérieurs, des journalistes trop bien payés, des experts autoproclamés au service de lobbies, des profiteurs qui veulent faire oublier leurs propres privilèges exorbitants à l’ensemble des salariés du secteur privé. Alors ils désignent aux petits salariés et aux chômeurs l’ennemi tout trouvé : le fonctionnaire. Ils essaient de faire oublier qu’au sein des entreprises, y compris de presse, les cadres supérieurs et leur direction ont la possibilité de partir à la retraite plus tôt que les autres par des petits arrangements avec les directions et le recours à des formations après 57 ans pour des reconversions qui leur permettront de compléter leurs retraites par une nouvelle activité, de s’enrichir davantage. En ce qui concerne les salaires, ils veulent faire oublier leurs primes, leurs treizième, quatorzième mois... leur intéressement au chiffre d’affaires. Il est évident que le fonctionnaire est un bouc émissaire facile, plus facile que les actionnaires dont les dividendes ne cessent d’augmenter.  Tous ces profiteurs ont trouvé des porte-voix au sein des élus parmi ces députés et sénateurs qui se sont octroyé des salaires, primes, autres largesses et conditions de retraites scandaleuses. Par ailleurs, est-ce qu’un journal publiera un jour les conditions de départ à la retraite des journalistes en place et autres rédacteurs en CDI, alors que de jeunes journalistes restent pigistes ou ne signent que des CDD de courtes durées, vivant comme des intermittents du spectacle? Est-ce qu’un jour, sera publiée la liste de tous ceux qui profitent de subventions et stigmatisent les dépenses liées à la fonction publique ?

    Salariés du Privé et du public, ne se trompons pas de cible et de combat. La remise en cause du statut des fonctionnaires est le corollaire de la remise en cause du CDI et des 35 heures dans le secteur privé. Tout est fait pour plonger tous les salariés dans la précarité. C’est le but d’ une manipulation de la droite ultralibérale qui veut faire payer au peuple la crise et l’enrichissement des plus riches. Diviser pour régner ! On connaît la devise. Et par ailleurs l’union des Ultralibéraux  du capitalisme, de la presse et de la politique fait leur force avec la complicité active de certaines officines d’étude et de réflexion (comme l’Ifrap, prétendu Think tank de la société civile) qui ne sont que des émanations des lobbies financiers   

    Le plus cynique et le plus intolérable, c’est que des politiques veulent se servir du chômage et de la crise pour brader des domaines de la fonction publique aux investisseurs. C’est le cas notamment pour les transports, la santé… Seuls le maintien de l’ordre, la justice et l’éducation nationale seraient préservées. Toutefois, il s’agit là encore d’un mensonge pour ne pas affoler le quidam et se préserver des partisans parmi les policiers et les enseignants. La diminution du nombre des fonctionnaires et des moyens ouvriront des perspectives aux agences privées de sécurité et au établissement scolaires privés. Par ailleurs, il se pourrait aussi que, selon le modèle américain, les prisons passent dans le secteur privé. Les  appétits des compagnies d’assurance privées mettent en péril notre système de sécurité sociale et de caisses de retraite. C’est valable pour tout ce qui touche à la santé.

    La défense du service public est essentielle pour préserver le modèle social français. Pour défendre le service public, il faut défendre le statut des fonctionnaires. Le combat est le même pour la grande majorité des salariés qu’ils soient dans le secteur privé ou dans le secteur public. Ils ne doivent pas se laisser diviser mais plutôt œuvrer pour que les avantages des uns profitent aux autres, plutôt que se laisser engloutir dans une spirale ultralibérale antisociale d’une propagande qui défend les intérêts des plus riches. Il faut lutter contre tous les projets qui installent la précarité des salariés. Les propagandistes de l’ultralibéralisme ne parlent jamais de l’humain, sauf pour monter les uns contre les autres. Cela devrait tous nous interpeler.

     Fucone

    Pour ceux qui parlent des fonctionnaires sans les connaître ou attaquent délibérément leur statut pour servir la propagande ultralibérale, nous proposons la lecture d’un livre qui tente de répondre à toutes les questions : En finir avec les idées fausses sur les fonctionnaires et la fonction publique, écrit par Bernadette Groison.

    Présentation du livre :

    "Plus la crise économique et sociale se prolonge, plus les discours divisant les citoyens se multiplient. Alors que la croissance est en panne, que l'on parle beaucoup du déficit public, on entend dire que ce serait « la faute des fonctionnaires ». Les agents de la fonction publique de l'État (et particulièrement les enseignants et les personnels de l'éducation), ceux des collectivités territoriales et des hôpitaux, qui représentent au total plus de 5 millions de personnes en France, seraient « trop nombreux », « pas assez efficaces ». Ils seraient « mieux payés que les salariés du privé », « préservés de la précarité » et « privilégiés grâce la garantie de l'emploi » dont ils bénéficient. L'État et les collectivités qui les emploient seraient un « millefeuille indigeste responsable du gaspillage des deniers publics ».

    Comment stopper la propagation de ces poncifs aussi inexacts que nocifs ? Qui sait ce qu’est un fonctionnaire ? Que sait-on des agents précaires ? Comment et combien sont-ils payés ? Où travaillent-ils ? Comment sont-ils recrutés ? Services publics, fonction publique, n’est-ce pas un peu la même chose ? Qui sait qu’un fonctionnaire sur cinq n’a pas la sécurité de l’emploi, que l’on peut travailler dans la fonction publique et vivre en-dessous du seuil de pauvreté, qu’au même niveau d’études, un professeur gagne 30 % de salaires en moins qu’un ingénieur dans le privé… et que la société a besoin de l’investissement public pour préparer un avenir du bien vivre pour tous…" 

    Bernadette Groison a écrit ce livre pour répondre à 83 questions de ce type, "fournir une réponse argumentée aux campagnes de dénigrement des fonctionnaires, au « fonctionnaire bashing » et pour rétablir des vérités - sans complaisance et sans masquer les réalités, en s'appuyant sur des sources précises et fiables. Car si l’on tient à la fonction publique, il faut savoir l’expliquer telle qu’elle est, parler des fonctionnaires tels qu’ils sont."

    Google Bookmarks

    votre commentaire
  • Récit d’un génocide répété

    Par Ziad Medoukh

     

    C’est difficile pour moi, Palestinien de Gaza, de parler, de témoigner et de retracer cette nouvelle offensive militaire israélienne  qui a duré plus de 50 jours en juillet-août 2014. C’était terrible! J’aurais besoin de pages et de pages pour décrire ce carnage, ces crimes et ces massacres israéliens contre les civils de Gaza. Mais je vais essayer le plus succinctement possible de narrer une partie de mon vécu pendant les événements horribles qu'a subi  toute la population de la bande de Gaza.

    Je ne vous cache pas que, bien que les bombardements soient arrêtés depuis plus d’un mois,  je suis  toujours, comme tout mon peuple, sous le choc, et que je ne réalise pas que je suis encore  vivant, car c’était vraiment un  génocide,  personne n’était à l’abri, et  tout le monde attendait son tour d’être tué  par le missile d’un avion militaire israélien ou l’obus d’un char ou d'un tank.

    Personnellement, je n’attendais pas le début de cette agression  commencée le 8 juillet, car on était en plein mois de Ramadan, un mois sacré avec des rituels spéciaux. Mais,  avec ce gouvernement d’extrême droite et cette occupation israélienne illégale, rien n’est sacré. Ils attaquent  à n’importe quel moment.

    Je me souviens du début de cette agression, le mardi 8 juillet 2014, vers 11h. J'étais au département de français de l'université avec  mes étudiants et une solidaire française. Ils échangeaient avec elle, quand, soudain, les bombardements ont commencé, on a décidé de continuer bien que l’université ait évacué ses étudiants. On est resté jusqu’à 12h, puis on a quitté à cause de  l’intensification des tirs. Je suis retourné à mon domicile. Sur le chemin, des ambulances et le bruit des missiles qui tombaient partout. En arrivant chez moi, j’ai demandé des nouvelles de tout le monde. En fait, les écoles avaient déjà été évacuées et chacun était rentré chez soi.

    Dans l’après-midi,  premier appel téléphonique d’un journaliste français qui voulait des témoignages directs, puis j'ai commencé à envoyer le premier bilan du début de cette nouvelle agression israélienne aux amis et aux solidaires, sur internet et sur Facebook, une première nuit terrible suivie de 49 jours encore plus difficiles: le début de la troisième offensive militaire israélienne contre la bande de Gaza en 5 ans!...

    Cette offensive militaire contre notre peuple était différente de celles de 2008 et de 2012, bien que la guerre c’est la guerre, mais la particularité de cette attaque se résume en 7 points :

     - Sa longue durée, plus de 50 jours de bombardements et d’attaques sanglantes, l’armée d'occupation a mené plus de 7000 raids.

       - Le nombre de victimes, 2200 morts palestiniens, parmi eux plus de 500 enfants, et 11000 blessés.

       - La destruction massive,  notamment  des quartiers entiers effacés de la carte, partout des tours et des centres commerciaux détruits  

    - Les attaques sanglantes qui ont visé des écoles abritant les réfugiés, le centre de la ville de Gaza soit disant sécurisée,  où  personne dans  aucun lieu n'était à l’abri.

    - La résistance militaire palestinienne acharnée, les factions ont lancé des roquettes jusqu’à la dernière minute avant le cessez le feu

    - La résistance exemplaire de notre population civile, solidarité familiale et unité nationale.

    - La forte mobilisation internationale et les manifestations de soutien à la population de Gaza et contre les crimes israéliens, partout dans le monde.

    Pendant cette guerre, l’armée de l’occupation a semé la terreur  et l’horreur dans une région qui subit déjà un blocus inhumain et illégal, depuis plus de sept ans.

    Le véritable objectif israélien est de casser la volonté remarquable de cette population civile résistante qui, malgré ce  blocus et deux guerres passées, continue de résister et d’exister.

    Pour moi, j’ai vécu cet événement  comme toute ma population avec un quotidien particulier : bombardements- missiles qui tombent toutes les trois quatre minutes-attaques-peur-inquiétude- pénurie d’électricité et d’eau-isolement-manque de médicaments et de produits alimentaires.

    Mais avec cette particularité que  j’ai été sous pression et débordé.  Primait  mon devoir de rédiger un compte rendu quotidien et un bilan de l’agression israélienne et de l’envoyer via internet et les réseaux sociaux à tous les amis solidaires, aux associations de soutien à la Palestine et aux médias francophones, une tâche difficile, notamment à cause des coupures d’électricité permanentes et de la situation de guerre. Il faut ajouter à cela mes témoignages de tous les jours, voire de toutes les heures à plusieurs chaînes de radio, de télévision  et aux journaux francophones qui me sollicitaient sans cesse. Sans exagération, je devais répondre par jour à 30 à 40 appels téléphoniques qui venaient de tous les pays francophones.

    Je peux dire que durant cette guerre, ma seule joie était le retour du courant électrique, ne serait-ce que deux ou trois heures par jour, pour envoyer les nouvelles et charger mon portable. C’était très important pour moi ce bilan quotidien, car je tiens beaucoup à la solidarité populaire avec notre cause de justice, notamment devant  le silence complice de la communauté internationale officielle et la brutalité  de l’agression israélienne.

    Quand le courant électrique revenait  à n’importe quel moment de la journée, le matin, le soir, à l’aube, même à 2h ou 3h du matin, un état d’urgence était  décrété chez moi, personne dans la maison n’avait le droit de me parler ou de me demander quoi que ce soit, la priorité était d’envoyer mon compte rendu, et j’ai laissé tomber beaucoup d’obligations familiales, car je suis convaincu de l’importance de cette solidarité internationale. Je voulais informer sur notre quotidien et le bilan de l’agression. Je profitais au maximum du courant électrique Je  regroupais les photos et les informations de plusieurs sites  et sources médicales pour les envoyer, je n’avais pas le temps de m’occuper de mes enfants et de ma famille, et même quand on a reçu chez nous des familles et des proches qui venaient d’autres régions menacées, ils n'osaient  me parler quand l'électricité revenait

    Pendant les premiers 24 jours du carnage israélien, j’ai réussi à envoyer mon bilan quotidien à des milliers de personnes, et même si je n’avais pas le temps de lire et de répondre à tous les messages qu'ils m’adressaient, combien  j’ai été conforté de savoir le soutien sans relâche de ces gens de bonne volonté. Et maintes fois,  malgré le risque et les bombes qui tombaient, je suis allé chez des voisins et chez des amis qui avaient de l’électricité pour envoyer mon bilan journalier, car je voulais que tout le monde connaisse  notre souffrance et notre douleur suite à ce  nouveau génocide israélien.

    Vous ne pouvez  imaginer ma tristesse et ma frustration quand la centrale électrique de Gaza a été totalement  détruite par l’aviation  israélienne fin juillet 2014. Pendant 8 jours, aucun foyer de Gaza n'a eu d’électricité, j’étais isolé, je ne pouvais pas sortir de chez moi, car c’était la ville de Gaza qui était visée. Heureusement qu’il y avait le portable , les amis m’appelaient, je ne voulais pas répondre afin de  ne pas décharger  ma batterie   mais les dizaines d’appels de ceux qui s’inquiétaient pour moi, eux et des centaines de personnes qui demandaient de mes nouvelles, m’ont rassuré. Cinq amis de France, Belgique, Algérie et Maroc  ont décidé de m’appeler tous les jours pour avoir des informations sur moi  et sur la situation à Gaza, afin de rassurer sur internet les autres amis  qui étaient très inquiets de mon silence.

    Le moment le plus difficile durant cette agression fut quand je ne pus  sortir de chez moi pendant une semaine, quand le centre de la ville de Gaza soit disant sécurisé fut bombardé- même mon quartier a été visé ,  3 maisons ont été détruites, et 4 voisins tués- Le seul endroit où je pouvais aller était la maison de mon voisin qui a un générateur, pour charger mon portable,  trente minutes seulement tous les deux jours. Mon voisin comme beaucoup de mes amis me parlait souvent de cette mobilisation pour Gaza, notamment en France, et de la volonté des gens de manifester dans les rues, malgré l’interdiction officielle.

    Pendant les 50 jours, je n’ai pas dormi, même pas deux heures par jour,  j’ai  quelquefois passé deux ou trois jours sans dormir, pas seulement par inquiétude de ces bombardements aveugles, mais pour répondre aux appels téléphoniques qui venaient de beaucoup de pays, en particulier du Québec, avec le décalage horaire.

    Pendant cette agression israélienne, j’avais comme tout mon peuple plusieurs sentiments : fierté, confiance, force, courage, peur, inquiétude et soulagement.

    Mon quotidien durant cette guerre a été très difficile et très particulier : aller au marché tous les deux, trois jours avec beaucoup de risques,  acheter de quoi nourrir ma famille,  demander des nouvelles aux voisins, appeler les amis et les proches quand il y avait des bombardements dans leurs quartiers, puis rester tout le temps chez moi pour suivre les informations,  notamment à partir des radios qui fonctionnent à l'aide de  batterie, et quand le courant électrique revenait, l’installation devant mon ordinateur pour écrire mon bilan et  garder le contact avec le monde. Cette situation m'était particulière car je n’ai pas l’habitude de rester chez moi, je restais souvent  tard au département de français.  J’ai profité des jours de trêve pour aller à mon travail  préparer la rentrée prochaine.

    Lors de l’écriture de mes témoignages quotidiens et de leur envoi à mon réseau, trois éléments m’ont marqué :

    - J’étais   gêné quand les amis et les solidaires me remerciaient,  je n’avais pas besoin de remerciements, je faisais mon devoir d’informer, et ce n'est rien par rapport aux sacrifices de nos martyrs et de nos blessés qui ont donné de leur sang pour que vive la Palestine et pour que Gaza reste digne, l’information fait partie de la résistance.

    - Le soutien de ces amis et solidaires à Ziad Medoukh, c’était un soutien à Gaza, ce sentiment me rendait fier, mais responsable devant ces milliers de personnes  que je devais  informer au jour le  jour sur la situation

    - Le regret de ne  pas avoir le temps de répondre à tous les messages: j’ai découvert plus de 20000 messages sur ma boite email et sur Facebook venant de centaines d’amis et de solidaires.

    Un aspect très positif, j’ai gagné beaucoup de nouveaux amis- plus de 3000 nouveaux  qui m’ont ajouté sur Facebook-, j’ai découvert des personnes extraordinaires, de vrais solidaires, des gens de bonne volonté, qui veulent soutenir Gaza et la Palestine. Ces personnes de beaucoup de pays étaient très inquiètes quand je ne pouvais pas envoyer mon bilan, leurs messages si sincères et si proches me rendent plus déterminé que jamais, ces gens ont gardé le contact avec moi et on continue d'échanger.

    J’ai parlé en direct  à 15 manifestations en France et en Suisse, les cris des solidaires du slogan «  Palestine vivra, Palestine vaincra !»  Me rendent fort et m’encouragent  à résister, car derrière nous il y a des millions de personnes dans le monde qui expriment leur colère contre les crimes israéliens et pour soutenir les Palestiniens de Gaza.

    Un aspect qui m'a  frappé  dans les appels et les messages de beaucoup de personnes de différentes nationalités et de différentes confessions est que tout le monde prie pour moi : les amis musulmans, les chrétiens, les juifs, même les non croyants et les athées, j’ai été très ému par le nombre de messages mais surtout par leur contenu. Parmi ceux  qui m’ont vraiment touché   :

    « Et j'écrirai votre nom Ziad Medoukh et celui de Gaza dans une prière spéciale pour  vous, que les sources d'eau pure jaillissent en grand nombre à Gaza. »

     « Je l'ai écouté hier, en pleine circulation... j'ai failli emboutir la voiture qui était devant moi. Entendre le témoignage de Ziad Medoukh, alors que j'ai plutôt l'habitude de le lire... Entendre sa voix triste énoncer l'horreur absolue... »

    « Je ne souffle que quand tu nous écris Ziad Medoukh, mais à mon grand malheur dès que je te  lis je suis encore plus anéantie. »

    «  Avec toi, Ziad  j'ai eu peur, avec toi, j'ai pleuré, avec toi, j'ai espéré ! »

    « Nous sommes tous des Palestiniens,  nous sommes tous des Gazaouis. »

    Parmi les moments douloureux de cette guerre, celui où  j’ai composé mon poème : « Ne pleure pas maman si je tombe en martyr. » J’attendais mon tour comme tous les civils de Gaza, avec les bombardements intensifs et aveugles. Ce poème a suscité beaucoup de réactions chez mes amis  malgré sa tristesse, mais il montre l’état d’esprit de ce danger qui touche tout le  monde à Gaza.

    J’ai profité de la trêve pour aller au département  préparer la rentrée prochaine et  établir un programme de soutien pour  mes étudiants. A  propos de ceux-ci, j’ai été fier d’eux : ils ont écrit et informé leurs amis sur les réseaux sociaux de  ce que se passe à Gaza, ces  jeunes étudiants de 19-20 ans qui témoignaient tous les jours, écrivaient  des articles et répondaient aux questions des journalistes malgré une situation de guerre, et malgré leurs deux ou trois ans de français, quel courage !

    J’ai pleuré plusieurs fois, je me suis  senti impuissant devant les corps des enfants massacrés, mais je n’ai jamais montré mes larmes ni à ma famille, ni aux amis quand ils m’appelaient pour avoir de mes nouvelles, eux qui pleuraient au téléphone.

    En dépit de notre vécu tragique pendant ces 50 jours de terreur où  Gaza a supporté l’insupportable,  les deux éléments qui m’ont rassuré sont :

    - la volonté remarquable et la patience exemplaire de notre population civile malgré l’ampleur de cette guerre.

    - la mobilisation internationale et le soutien populaire partout dans le monde, toute la population a apprécié cette solidarité qui a participé à faire pression contre les gouvernements.

    On peut dire qu’aucun objectif israélien de cette nouvelle offensive n’a été réalisé, notre population digne est toujours débout.

    Un mois après l’arrêt de cette nouvelle agression, de ce nouveau génocide contre notre peuple, rien n’a changé à Gaza, le blocus est toujours là. Tant que les crimes israéliens ne sont pas jugés et tant que dure l’impunité d’Israël, un nouveau génocide se prépare.

    La forte mobilisation pour Gaza partout dans le monde pendant l’agression israélienne, très appréciée par notre population civile, devrait être poursuivie, car, avant et après cette agression, la situation est toujours marquée par le blocus israélien, la fermeture des frontières et l’interdiction d’acheminer beaucoup de produits et de matériel.

    Après tout,  malgré toutes les pertes humaines et la destruction massive,   malgré ces 50 jours de terreur, je suis plus que jamais déterminé  à continuer ma résistance quotidienne dans la bande de Gaza à travers l’éducation et le travail avec mes jeunes pour une ouverture sur le monde, avec le soutien des solidaires de notre cause juste pour une Palestine de liberté et de paix durable, une paix qui passera avant tout par la justice.

     

     

     

    Google Bookmarks

    votre commentaire