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    Où est la vraie gauche lors des prochaines élections municipales ? *

     

    Simon Renucci a présenté sa liste « Unis pour Ajaccio, Uniti pà l’avvene », pour les prochaines Municipales. Pas n’importe où. Devant la statue de Napoléon Bonaparte, au Casone ! Le lieu est certes symbolique. Mais qu’il soit permis de dire que ce n’est pas le lieu idéal pour une liste qui se veut large et démocratique. En effet qu’avait de démocratique le régime impérial ? Quel a été son bilan ? Un désastre pour la France d’alors et l’Europe. Des champs de ruines, des millions de morts, etc.

    Revenons à la fameuse liste d’ouverture qu’on pourrait qualifier de lista arcubalenu tant il est vrai qu’elle recouvre toutes les couleurs du spectre. A quelques exceptions près. On y retrouve des gens de gauche, des sociaux-démocrates, des socialistes, des écologistes, des représentants du Parti communiste, des sans partis, des nationalistes et même des gens de droite, déclarés. Une sorte de grande coalition locale. Elle s’est bâtie après moultes consultations, pour le moins laborieuses. Le Parti de gauche et Manca alternativa ont même été contactés, mais ont récusé l’idée d’intégrer et de soutenir une telle liste. Pour plusieurs raisons. Cette liste ne s’appuie sur aucun programme – du moins jusqu’à ce jour. La seule préoccupation étant de récupérer la Municipalité d’Ajaccio. Comment peut-on aller devant les électeurs sans programme ? Doit-on se contenter de parler de fraudes ? Les ambitions personnelles passeraient-elles avant les préoccupations des habitants de la ville ? La question mérite d’être posée. Au fait, Simon Renucci et ses colistiers ont-ils parlé une seule fois des conséquences de la politique de Hollande sur une ville comme Ajaccio et de la réduction drastique des dotations de l’Etat ? On peut tendre l’oreille, pas d’échos.

    Par ailleurs, on regrettera la présence de représentants du Parti communiste sur cette lista arcubalenu. Ce dernier ayant refusé, une fois de plus, de bâtir avec Manca alternativa et le Parti de gauche une liste authentiquement de gauche, avec un programme de gauche au service de la population, une liste fondée sur la transparence et la clarté. Sans compromission. Pour l’occasion, d’aucuns nous refont le coup du vote utile. Faut-il avoir la mémoire courte ? L’argument plutôt Renucci que Marchangeli ne tient pas la route. Sans remonter à Jésus Christ, prenons l’exemple des dernières élections présidentielles. Plutôt Hollande que Sarkozy, nous disait-on. Bien. Hollande a été élu grâce en partie aux voix des électeurs du Front de gauche. Résultat. La politique menée par le pouvoir socialiste s’est inscrite parfaitement dans la logique de celle développée par Sarkozy. La crise n’est pas résolue. Le chômage s’aggrave et les mesures d’austérité se multiplient, sans parler de la remise en question des acquis sociaux et du code du travail tandis que la spéculation financière triomphe.

    Les responsables locaux du parti communiste n’ont pas apparemment tiré les enseignements des élections de mars dernier qui ont été également un vote sanction contre la politique de François Hollande et de son gouvernement, y compris à Ajaccio. Le Front de gauche en a subi lourdement les conséquences. Disons-le, ce qui se passe dans le cadre de la préparation des prochaines municipales va renforcer le désarroi de nombreux électeurs de gauche. Sans jouer aux Cassandre, on peut avancer l’idée que le syndrome italien nous guette et nous menace. Quel est ce syndrome ? La liquidation pure et simple de la vraie gauche ou du moins de sa réduction à l’état de groupuscules, sans réel avenir.

    Encore un mot. Les responsables locaux du Parti communiste ont pris une décision que nous ne partageons aucunement. Mais c’est leur choix. Ils iront donc à la bataille électorale sous la bannière Renucci, le drapeau dans la poche. En aucun cas, ils ne sauraient se prévaloir de l’étiquette du Front de gauche lequel - faut-il le rappeler – comprend également le Parti de gauche et Manca alternativa.

    Maria Maddalena Lanteri

     

    * Cet article n’engage que son auteur

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  • mélenchon_zemmour

     

    Eric Zemmour n’en est pas à un mensonge près lorsqu’il se lance dans de grandes démonstrations qui s’adressent à une opinion publique déboussolée par la crise, terrorisée par le terrorisme des djihadistes. Sur RTL, il est venu refaire le monde face à Jean-Luc Mélenchon. Il faut dire que l’animateur de l’émission a préparé le terrain, dès qu'il fut à l'antenne, avec l’affaire des crèches interdites

    Eric zemmour, en bonimenteur patenté du PAF, a raconté une anecdote qui devait toucher, selon lui, Jean-Luc Mélenchon et, bien sûr, le Front de gauche. Une mère de famille voilée ne pourrait pas accompagner sa fille dans une école de Bagnolet. Elle s’en serait ouverte auprès d’une élue, en arguant de sa nationalité française et se serait vu répondre  par l’élue locale agacée: "Eh bien, ça ne se voit pas que vous êtes française avec votre voile !". Maintenant le suspense, Eric Zemmour clôt son histoire comme un coup de théâtre (et l’air goguenard) en citant l’élue : "Cette dame s’appelle Karine Lombardo et elle est élue Front de gauche. Elle est maire adjointe à l’Éducation ". Ne connaissant pas cette élue, Jean-Luc Mélenchon fut d’abord surpris et le bonimenteur d’extrême-droite a enfoncé le clou : "cette réaction de quelqu’un de chez vous, c’est la réaction de la France". La manœuvre est grossière et, vérification faite, Jean-Luc Mélenchon revient (à 30 mn25 de l’enregistrement) sur le mensonge :

    "J’ai une mise au point à faire. Karine Lombardo qui a été évoquée tout à l’heure comme élue de Bagnolet n’est pas Front de gauche mais socialiste." Et Zemmour relit sa fiche et son traquenard : "Moi, c’est écrit Front de gauche" répond Zemmour qui s'en fiche. Bernard Poirette, l’animateur de RTL, sent l’embrouille et bredouille :"Il y a une erreur quelque part"  Bien sûr ce dernier enchaîne sur d’autres questions pour ne pas trop s’attarder sur un mensonge éventé en direct.  Si Eric Zemmour a appelé jadis Jean-Luc Mélenchon « le tigre de papier », ce coq d’opérette a toutefois reçu un coup de griffe qui a fait perdre quelques plumes à son panache de polémiste.

    Une fois encore, Eric Zemmour  a bénéficié de la complaisance de ses confrères pour faire preuve de culot et déformer la réalité d’une anecdote pour déstabiliser son interlocuteur et gagner les auditeurs à son idéologie xénophobe et islamophobe tout en voulant décrédibiliser le front de gauche. Il a voulu démontrer que le voile exaspère aussi des élues du Front de gauche. Il n’a même pas vérifié son information tant elle correspondait à ce qu’il voulait démontrer. Pourtant Madame Karine Lombardo est la quatorzième adjointe sur la liste PS de Tony di Martino, maire de Bagnolet et ce n’est pas une information difficile à obtenir.

    Éric Zemmour, qui met toujours en avant son éthique de journaliste, prend pour argent comptant des mensonges. Qui peut encore penser qu’il est crédible ? Jean-Luc Mélenchon n’a pas été décrédibilisé. Au contraire, cela l’a galvanisé et il a su trouvé quelques belles phrases reprise sur Twitter à l’adresse de Zemmour comme : "Ce que vous n'aimez pas dans l'Europe Libérale, c'est l'Europe ? Et bien moi, c'est le Libéralisme ! "

    Bien sûr ce n’était pas le premier mensonge de Zemmour. Il avait déjà relayé la fausse rumeur de la théorie du genre à l’école sur i>TELE .  On sait que l’une de ses sources est Alain Soral. Nous ne reviendrons pas sur son best seller politique qui est une injure à la philosophie et à la littérature. Il faut s’appeler Eric Zemmour et bénéficié de nombreuses complaisance pour réhabiliter Pétain en sauveur de Juifs et plaider pour la misogynie et l’islamophobie. Pour la misogynie, rappelons qu’en dehors des idées qu’il partage avec l’islamiste turc Erdogan sur la place de la femme dans la société (à la maison évidemment), il fait partie des 343 signataires (salauds et contents de le faire savoir) d’une pétition contre la pénalisation des clients de prostituées. Pour la xénophobie et l’islamophobie, il propage la peur du « grand remplacement », thèse de l’idéologue d’extrême droite Renaud Camus, reprise par tous les groupuscules de l’extrême-droite européenne dernièrement lors d’un meeting à Nanterre ( le 22 novembre dernier). Il a dit à Mélenchon : « de plus en plus de Français ont le sentiment de ne pas être en France ».

    A force de mensonges pour démontrer l’indémontrable et distiller ses idées nauséabondes, il finira par prêcher dans le désert. La meilleure façon de le faire disparaître du PAF sera de boycotter les émissions qui l’accueillent régulièrement comme le messie. Ce bonimenteur va finir par se prendre pour un dieu de l’audimat.

    Battone


    Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon : le débat... par rtl-fr

    Articles liés sur notre blog:

    http://www.mancalternativa.com/actualites/petain-voila-zemmour,a5275560.html

    http://www.mancalternativa.com/puttaghji/le-cynique-bonimenteur,a5196100.html

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  • philippot2

    Closer vient de mettre le Front national devant ses réalités idéologiques en dévoilant l’homosexualité d’un de ses cadres et pas des moindres puisqu’il s’agit de Florian Philippot. Certes le procédé est exécrable et indigne, mais il s’agit d’une presse people qui n’est pas du journalisme. Toutefois il rappelle l’utilisation de tracts diffamatoires pendant les campagnes électorales qui font partie des pratiques de l’extrême-droite. C’est aussi l’extrême-droite qui affiche son homophobie et certains groupuscules vont même jusqu’à des violences contre des établissements fréquentés par des gays.  La question qui se pose est : est-ce que Florian Philippot va subir le même traitement que Maxence Buttey, conseiller municipal FN à Noisy-le-Grand, converti à l’islam et exclus du parti pour du prosélytisme religieux qu’il réfute. On pourra difficilement accuser Florian Philippot de prosélytisme homosexuel, même si sa discrétion n’a pas empêché la révélation de son homosexualité qu’il n’a jamais lui-même affichée ni revendiquée.

    La révélation de l’homosexualité de Florian Philippot ne soulève finalement qu’un problème personnel : est-elle compatible avec son appartenance politique ? Elle rejoint l’autre question posée par le cas Butley : la religion musulmane est-elle compatible avec l’appartenance au FN ? Dans la mesure où la révélation de l’homosexualité de Florian Philippot n’était pas souhaitée par lui-même, on ne peut que condamner l’atteinte à la vie privée. Par contre, dans une société où l’homophobie est condamnée unanimement, nous ne voyons pas dans quelle mesure cette sexualité assumée pose problème. On revient donc à l’appartenance de Florian Philippot à l’extrême-droite où le culte de la virilité entretient l’homophobie de nombreux militants et sympathisants.  C’est à l’extrême-droite que l’on trouve les adversaires les plus radicaux du mariage pour tous. Dans ce contexte idéologique, Florian Philippot aurait fait preuve de courage politique en faisant lui-même sa sortie du placard. Qu’il ne l’ait pas fait laisse supposer qu’il n’assume pas son homosexualité dans une société qui a pourtant progressé en droit sur les tabous sexuels. Il faut croire qu’il est l’un des cadres d’un  parti qui, malgré les simagrées de normalisation idéologique, reste en grande majorité homophobe.

    Pauvre Florian Philippot ! Quelle souffrance devait-il endurer dans ce milieu homophobe ! Malgré sa percée médiatique, on comprend mieux qu’il n’arrive pas à s’imposer au sein des dirigeants du FN. Quel est son avenir politique maintenant ? Tampis pour lui ! Si on ne choisit pas sa famille, on choisit ses amis. C’est aussi valable en politique.  Gaulliste et homosexuel ! Est-ce vraiment soluble dans l’extrême-droite et le lepénisme ? On se pose la question. Heureusement ce garçon n’est pas en plus noir et musulman, issu de l’immigration.   Là, il n’aurait peut-être pas atteint le niveau de cadre.

    Les torchons comme Closer, Voici ou Gala sont des fouilleurs de poubelles et des voleurs d’images. C’est dit ! Toutefois leurs scoops sont repris hypocritement par la presse bien pensante. Alors, on allait pas se gêner car il faut reconnaître que cela met parfois des politiciens devant leurs contradictions et leur manque de courage. Cela soulève aussi parfois des questions qui méritent d’être posées, même si ce type d’information est à prendre avec des pincettes et en se bouchant le nez. C’est tout de même plus moral que de justifier l’usage de la torture tout en affirmant son dégoût comme l’a fait Maître Gilbert Collard. .

    U barbutu 

    P.S : Une annonce nous avait échappé: L'ancien responsable UMP et fondateur de GayLib, Sébastien Chenu, rejoint Marine Le Pen. Florian Filippot va se sentir moins seul. 

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  • valls_loimacron

    Manuel Valls a choisi la fondation Jean Jaurès pour défendre hier la loi Macron avalisée par son gouvernement avant le débat à l’Assemblée nationale. La loi sur « la croissance et l’activité » doit libérer l’économie française. La fondation Jean Jaurès est proche du parti socialiste et les intervenants devaient débattre sur le thème de l’égalité. Mais Manuel Valls a parlé de libéralisme avec des phrases lancées comme des slogans : « sortir du logiciel des trente glorieuses », « ne pas aller chercher les réponses de demain dans les armoires du passé et les archives de l’histoire ».  On sait qu’il veut supprimer le socialisme du parti socialiste et, hier, il fustigeait encore une gauche qu’il qualifie de « passéiste » sous l’effigie de Jean Jaurès.  Il persiste et signe dans sa politique libérale qui divise la gauche et le parti socialiste. Il est un psychorigide et tout le montre chez lui. Il parle beaucoup de concertation sociale. Il dit qu’il écoute mais n’infléchit en rien sa politique. Les critiques et les revendications lui rentrent par une oreille et ressortent par l’autre. Il s’est mis sur des rails, terminus les Présidentielles. Dans une vision néo-gaullienne des Français, il voudrait que nous regardions passer son train de réformes comme les veaux le font près de la voie ferrée. De la métaphore des rails, passons naturellement à celle des droites parallèles. Le premier ministre met le dialogue social en parallèle avec son monologue libéral selon une géométrie politique qui fait qu’ils ne se rejoignent jamais. Trêve de métaphores ! Ne nous  lançons pas aussi dans l’anaphore, figure de style dévoyée par les promesses non tenues de François Hollande qui use et abuse de toutes les ficelles de la rhétorique dans ses discours.

    Sans doute la rumeur de son départ du gouvernement après les élections de mars 2015 explique-t-elle le soin que Manuel Valls met à donner des signes de force et de cohérence. Il essaie de rassembler autour de lui tous ceux qui ne sont pas encore ouvertement frondeurs. Il a réuni récemment des parlementaires socialistes triés sur le volet autour d’un « apéritif amical » et le voilà hier à la fondation Jean Jaurès où il devait parler de l’égalité et où il a parlé surtout de « libéralisme ». Qu’a-t-il dit sur le thème du jour :  « Pour beaucoup de nos concitoyens, l'égalité est devenue un mythe, un mirage, une promesse non tenue de la République » pour ajouter ensuite que, à cause de cela, la gauche, s’est rendue « inaudible » et doit « changer », reprenant ce qu’il avait déjà dit en août, lors de son discours de clôture de l'université d'été du PS à La Rochelle, puis le 16 septembre devant l'Assemblée nationale, lors de sa seconde déclaration de politique générale.

    Donc le « changement maintenant », ce n’est plus le changement de politique annoncé par François Hollande en 2012 mais le changement de la gauche qui doit contribuer à la pérennité d’une alternance libérale en  se désocialisant. La gauche doit se réinventer, selon Manuel Valls et il explique : « L'idéal de l'égalité est éternel, mais nous devons envisager de nouveaux moyens, de nouvelles façons d'agir pour l'atteindre ». Il a même trouvé un nom de remède-miracle : la « pré-distribution ». Il la définit ainsi : « Alors que la redistribution se contente de revenir a posteriori sur les inégalités, je crois que nous devons orienter notre modèle vers la pré-distribution, c'est-à-dire : prévenir les inégalités ».  Le concept a fondé par un think tank britannique en 2011, il est aujourd'hui porté principalement en Europe par Ed Miliband, le chef du parti travailliste britannique (Labour).  Donc « mieux vaut prévenir que guérir ».  On peut difficilement aller plus loin dans le cynisme d’un conservateur déguisé en progressiste. Il sait que les inégalités se sont aggravées avec la crise. L’écart s’est creusé entre les riches et les pauvres. Il ne faut donc pas revenir sur les inégalités et simplement prévenir qu’elles ne s’aggravent pas davantage.

    Manuel Valls ne s’attaque pas aux privilèges et aux monopoles mais veut les figer, les contenir par le jeu de la concurrence, si nous comprenons bien sa pré-distribution. C’est sans doute ce qu’Emmanuel Macron a voulu concrétiser en élargissant l’accès à certaines professions réglementées comme celles d’avocats, de notaires, d’huissier et de commissaires-priseurs. Dans ces secteurs, l’idée n’est pas idiote en elle-même mais c’est oublier le caractère fortement corporatif de ces professions libérales lucratives qui ne veulent pas trop de concurrence dans leurs secteurs respectifs. Finalement, dans un régime libéral, la dérégulation c’est pour les salariés mais surtout pas pour les professions réglementées qui votent en majorité à droite. Le train de vie dans toutes ces professions est lié à une sorte de numérus clausus que l’on retrouve aussi dans les études médicales : en limitant le nombre de réussites et donc le nombre de nouveaux médecins, les mandarins préservent leur pré gardé. Voilà une mesure libérale qui n’ira pas à son terme.

    Le projet de loi doit «redonner de la vitalité à l'économie française» et «n'enlève rien à personne», a assuré Macron, qui a martelé être guidé par le «pragmatisme». Articulé en trois chapitres – «libérer», «investir» et «travailler» – il entend, en vrac, baisser les tarifs des notaires, permettre de traverser la France en bus, ouvrir davantage de commerces le dimanche, soutenir les start-up, accélérer les procédures aux prud'hommes, mettre plus de concurrence dans la grande distribution ou encore s'attaquer aux délais pour passer le permis de conduire. La loi Macron est une sorte d’inventaire à la Prévert de mesures tous azimuts parmi lesquelles un assouplissement de l’interdiction du travail dominical qui divise un peu plus le parti socialiste. Martine Aubry est sortie de sa réserve pour critiquer vivement ce renoncement à ce que le parti socialiste avait combattu sous le quinquennat de Sarkozy. A l’époque une dizaine des ministres actuels s’étaient élevé contre une telle idée et pas des moindres puisqu’on y trouve Rebsamen, actuel ministre du travail. Ce dernier, agacé par le rappel de sa position antérieure,  a expliqué devant une caméra, sans rien expliquer, que le projet socialiste était différent de celui qu’il avait jadis rejeté… une pirouette et puis s’en va ! Voici ce que Martine Aubry a dit : «Ce n'est pas une réforme subalterne, c'est un moment de vérité autour de la seule question qui vaille : dans quelle société voulons-nous vivre ? Veut-on faire de la consommation - encore plus qu'aujourd'hui - l'alpha et l'oméga de notre société ? La gauche n'a-t-elle désormais à proposer comme organisation de la vie que la promenade du dimanche au centre commercial et l'accumulation de biens de grande consommation ? Le dimanche doit être un temps réservé pour soi et pour les autres». Elle ajoutait : «Je me suis toujours engagée pour un dimanche réservé à la vie : vie personnelle, vie collective. Aujourd'hui, je suis fermement opposée au passage de 5 à 12 dimanches ouverts par an. Je combattrai cette régression pour notre société au niveau national, comme dans ma ville». C’est clair et cohérent avec ses prises de position antérieures, ce qui n’est pas le cas pour des membres du gouvernement associés à cette régression.

    On se demande ce qu’il va rester de la loi Macron au bout du compte… sans doute pas grand-chose et surtout pas ce qu’il pouvait y avoir de bon. A Matignon, c’est un peu comme dans un mauvais restaurant, on vous présente un menu et puis on vous sert à la carte des plats indigestes. De toute façon, on sait que le gouvernement actuel ne combat pas les inégalités et qu’il ne changera pas de cap. Quant à la croissance, l’austérité ne fait que la freiner et, si l’on en croît l’augmentation importante des dividendes distribués aux actionnaires en 2014, les crédits d’impôts au patronat n’auront  aucun effet sur le chômage qui continue à s’aggraver. La précarité est devenue la règle dans la réalité des emplois offerts puisque l’on ne recense que 20% de CDI en moyenne. C’est pour cela que le Medef refuse toute contrepartie en emplois et fait monter les enchères en expliquant que les milliards consacrés aux entreprises sont insuffisants et qu’il faut encore plus de dérégulation.

    Les provocations de Pierre Gattaz (dont la dernière est la demande de supprimer l’ISF) s’inscrivent dans une stratégie patronale favorisée par la politique menée sous la pression du patronat et de la chancelière allemande au sein de l’Europe.  Après en avoir bu la moitié, le patronat voit toujours son verre à moitié vide et tous les gouvernements les resservent au nom du libéralisme, de la compétitivité et de la croissance qui sont les remèdes toujours inefficaces à un chômage devenu endémique en devenant un objet de chantage social. Alors Manuel Valls nous dit qu’il faut sortir du logiciel des trente glorieuses. Il répète ainsi ce que dit la droite depuis longtemps pour signifier la fin de l’état-providence, qui ressemble plus à une volonté d’euthanasier la gauche. Manuel Valls et Emmanuel Macron font échos aux phrases toutes faites, qui tournent en boucle dans les médias ou émaillent les discours de la plupart des ministres et dirigeants patronaux. Ces « vérités » pointant les pseudo-rigidités du marché du travail ou les lourdeurs de la France servent à légitimer les coups de boutoir libéraux.

    U barbutu  

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  • Notre rédaction a reçu une traduction non-officielle du communiqué de presse publié ce jour par le Département des Négociations, OLP, en Palestine. Nous la publions in extenso pour vous informer…

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    Déclaration du Dr Erakat au sujet de l’assassinat du Ministre Abu Ein : «  Nous implorons la communauté internationale de mettre un terme aux crimes commis quotidiennement par Israël sur notre peuple »

    Le membre du Comité exécutif de l’OLP et Chef palestinien des Négociations, le Dr Saeb Erakat, a fermement condamné l’assassinat du Ministre Ziad Abu Ein par les forces d’occupation israéliennes. « L’assassinat du Ministre Abu Ein est un nouvel exemple des actions vicieuses et arrogantes commises par Israël à l’encontre des Palestiniens ».

    « Notre frère Ziad a été tué alors qu’il commémorait la Journée internationale des Droits de l’homme en plantant des oliviers, pour symboliser l’espoir de paix et de justice. Il s’agit là d’une claire illustration de la manière dont les garanties données par la communauté internationale à la culture israélienne de l’impunité conduisent à la poursuite de crimes contre le peuple palestinien », a affirmé le Dr Erakat. « Il y a quelques mois, nous avons demandé à ce qu’une protection internationale nous soit apportée par les Nations Unies. Il en va de la responsabilité de la communauté internationale de protéger un peuple sans défense, vivant sous une occupation prolongée, exposée aux crimes d’un gouvernement israélien mené par des colons et des extrémistes ».

    Cette nouvelle attaque israélienne s’est déroulée à la mi-journée, dans le village palestinien de Turmusaya, au nord-est de Ramallah, alors que le Ministre Ziad Abu Ein participait à une marche non-violentek, à l’occasion de la Journée internationale pour les Droits de l’homme. La marche devait se terminer par la plantation d’oliviers dans les environs, dans une zone régulièrement prise pour cible par la violence et la terreur imposées par les colons israéliens. Ici, les colonies de Shilo, d’Eli et de Ma’ale Levona surplombent le village.

    Le Ministre Abu Ein était en charge du dossier des Colonies et du Mur d’annexion, et faisait figure de membre éminent du Conseil révolutionnaire du Fatah.

    Le Dr Erakat a ajouté : « Le gouvernement israélien est pleinement responsable du meurtre du Ministre Abu Ein, et des crimes systématiques commis contre le peuple palestinien. Ce nouvel assassinat aura de lourdes conséquences. La direction palestinienne travaille à l’heure actuelle à sa réponse ». Le Dr Erakat a finalement conclu ainsi : « La communauté internationale doit honorer ses responsabilités, et protéger le peuple palestinien en mettant un terme aux crimes israéliens et à son occupation continue ».

    Noha Rashmawi

    > Chef de Cabinet de L’Ambassadeur

    > Mission de la Palestine En France

    > 14 rue commandant Léandri

    > 75015 Paris

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  • 284762_vignette_StopTortureBannerIntro-v2

    On apprend que Serge Lazarevic, dernier otage français libéré, aurait subi des tortures. Et justement Marine Le Pen, digne fille de son père, a déclaré que la torture était un mal nécessaire lorsqu’elle a été Interrogée (pas sous le torture) par BFM-TV et RMC sur le rapport américain détaillant des sévices infligés par la CIA à des personnes suspectées de terrorisme. L’'eurodéputée eurosceptique a déclaré : « Moi, je ne condamne pas (...). Sur ces sujets-là, il est assez facile de venir sur un plateau de télévision pour dire : “Ouh la la ! C'est mal”. » et elle a ajouté sur l’usage de la question de l’usage ou de la torture : « Oui, oui, bien sûr, cela a été utilisé dans l'Histoire. Je crois que les gens qui s'occupent de terroristes et accessoirement de leur tirer des informations qui permettent de sauver des vies civiles sont des gens qui sont responsables ».

    Il faut toute de même rappeler que Marine Le Pen est avocate et qu’elle a reçu le soutien d’un autre avocat frontiste en la personne de Maître Gilbert Collard, défenseur du militaire français tortionnaire Auzarés. Nous sommes loin de la défense des droits de l’homme et de l’intégrité physique des prévenus. Alors, pour convaincre, ils nous sortent la version barbare de la morale kantienne : il vaut mieux savoir se salir les mains que de n’avoir pas de mains. Et puis, ils font appel à la peur de chacun : « bombe – tic-tac tic-tac tic-tac – doit exploser dans une heure ou deux et accessoirement peut faire 200 ou 300 victimes civiles », « il est utile de faire parler la personne ». C’est Maître Marine Le Pen qui le dit et Maître Collard ajoute : « C'est vrai que la torture doit être le recours ultime quand il faut sauver des vies, la torture pour la torture c'est ignoble, mais cette espèce de lâcheté qui consiste à dire 'Tant pis que les innocents meurent pourvu que j'aie les mains propres... Si pour sauver vingt, ou dix, ou deux ou une vie, je dois malmener un tortionnaire, je le fais, je le fais avec dégoût, mais ces choix sont absolument courageux ». Il va encore plus loin en personnalisant la peur et pour arracher l’aveu : si la vie d’un de mes proches était en jeu, je torturerai. Et puis, on peut dès lors aller encore plus loin, si mon proche meurt, je tue l’assassin et justifier ainsi le retour à la peine de mort selon l’article 12 du code pénal abrogé par la loi Badinter : « Tout condamné à mort aura la tête tranché ».

    On devrait demander à Monsieur Serge Lazarevic son avis sur le sujet. Ses tortionnaires pensaient-il avoir de bonnes raisons de le torturer et les torture étaient-elles gratuites ? S’il l’avait jugé coupable d’un crime quelconque, aurait-il été justifié qu’ils lui tranchent la tête ? Je le sais : la comparaison paraît incongrue. Pourtant c’est bien à un retour à la barbarie d’Etat que le Front National aspire. Comment peut-on justifier des tortures alors qu’Amnesty international en dénonce par milliers ? Comment peut-on encore vouloir revenir à la peine de mort, alors qu’aux Etats-Unis des condamnés à mort l’ont été par erreur ou acharnement politico-judiciaire ? La torture courageuse à laquelle Maître Collard fait référence, c’est celle de la guerre d’Algérie mais aussi celle de Franco, de Pinochet, de Videllla, de Kadhafi… de tous les dictateurs qui se trouvent des ennemis intérieurs. Amnesty International a publié un document accablant sur les tortures en Chine. Dans de nombreux pays, elle est resté un mode d’interrogatoire pratiqué légalement.

    Comment peut-on dissocier les actes de tortures en gratuits ou justifiés lorsque l’on a revêtu la robe d’avocat, alors que l’on est conduit à vérifier l’état de santé des mis en cause lors des gardes à vue ? C’est une question qu’il faudrait poser à l’ordre des avocats. Comment peut-on justifier la tortue lorsque l’on est une femme ou un homme politique responsable dans une démocratie qui fait partie des instances nationales ayant à juger des crimes contre l’humanité et les droits de l’homme ? La cour européenne des droits de l’homme pourrait répondre à cette question.

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    Une fois encore, Marine Le Pen fait appel à l’affect des électeurs, à leurs peurs, à la paranoïa ambiante. Elle s’inscrit dans la tradition lepéniste.  Elle répète ce que son père a dit et redit à maintes reprises sur l’utilisation nécessaire de la torture, notamment pendant la guerre d’Algérie. Accusé lui-même en 2002, d’avoir participé à des séances de tortures, il avait déclaré : « C'est un terme très vague la torture. Ça commence où ? Ça finit où ? Les procédés d'interrogatoires musclés se trouvaient justifiés par le secret, qui était l'arme principale des terroristes. » Dans une interview donnée à un quotidien israélien, il avait ajouté : « C'est très facile d'être critique quand on est assis dans son fauteuil. (…) Nous n'avons pas écrasé les terroristes en étant gentils avec eux. La guerre contre le terrorisme est une chose brutale ». En remontant plus loin dans le temps,  en 1987, il affirmait dans un article du Monde : « S'il faut torturer un homme pour en sauver cent, user de violences pour découvrir un nid de bombes, la torture est inévitable. »

    C’est exactement ce que disent Marine Le Pen  et Gilbert Collard. Et l’on nous bassine avec la dédiabolisation du Front national qui, pourtant en écoutant bien, n’a pas varié d’un iota sur des sujets qui touchent aux droits de l’homme et du citoyen.

    La torture estropie et tue des innocents qui n’ont rien à dénoncer ou à avouer. Alors, rappelons que, depuis longtemps, des hommes ont dénoncé la torture. En remontant au Moyen-âge, il est bon de relire un texte de Montaigne :

    C’est une dangereuse invention que celle des tortures et il semble que c’est plutôt une mise à l’épreuve de la capacité de souffrir qu’une mise à l’épreuve de la vérité. Celui qui peut les supporter cache la vérité. Celui qui peut les supporter cache la vérité et il en va de même… pour celui qui ne peut pas les supporter. Car pourquoi la douleur me fera-t-elle plutôt confesser ce qui est qu’elle ne me forcera à dire ce qui n’est pas ? Réciproquement, si celui qui n’a pas fait ce dont on l’accuse peut trouver en lui la force de supporter ces tourments, pourquoi un coupable ne trouverait-il pas une telle force puisqu’il peut, en contre partie, s’assurer la vie sauve ? Je pense que le fondement de cette invention est la prise en considération de l’effort de la conscience. Car, dans le cas du coupable, il semble qu’elle serve d’adjuvant à la torture pour lui faire confesser sa faute, et qu’elle l’affaiblisse, et dans l’autre cas, qu’elle fortifie l’innocent contre la torture. À vrai dire, c’est un moyen plein d’incertitude et de danger.

    Que ne dirait-on, que ne ferait-on pour échapper à d’aussi vives douleurs ?

    Etiam innocentes cogit mentiri dolor [1].

    Il arrive que celui que le juge a torturé afin de ne pas le faire mourir innocent, il le fasse mourir et innocent et torturé. À cause de la torture des milliers de gens se sont chargés de fausses confessions. Parmi ceux-là, je place Philotas, considérant les circonstances du procès que lui fit Alexandre et la progression des tortures auxquelles il fut soumis.

    Toujours est-il que la torture est réputée le moindre mal que l’humaine faiblesse ait pu inventer.

    Invention bien inhumaine et bien inutile, à mon sens ! Plusieurs nations, moins barbares en cela que la grecque et la romaine qui les tiennent pour barbares, estiment horrible et cruel de tourmenter et de désarticuler un homme dont la faute est encore douteuse. Qu’en peut-il, lui, de votre ignorance ? N’êtes-vous pas injustes vous qui, pour ne pas le tuer sans raison, lui faites pis que le tuer ? La preuve en est bien ainsi, la voici : voyez le nombre de fois où un homme préfère mourir sans raison que subir cette procédure d’information pire que le supplice que souvent, par sa cruauté, elle avance et accomplit.

    Je ne sais d’où je tiens ce conte, mais il rapporte exactement la conscience de notre justice. Une villageoise accusait devant un général d’armée, grand justicier, un soldat d’avoir arraché à ses petits enfants le peu de bouillie qu’il lui restait pour les nourrir, l’armée ayant ravagé tous les villages des environs. De preuve, il n’y en avait point. Le général, après avoir sommé la femme de bien regarder à ce qu’elle disait, d’autant qu’en cas de mensonge elle serait coupable de son accusation, fit, comme elle persistait, ouvrir le ventre au soldat pour connaître la vérité. Il se trouva que la femme avait raison. La condamnation avait tenu lieu d’instruction.

    Girandulone



    [1] La souffrance force à mentir même les innocents.

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  • droitsdel'homme

    François Hollande veut donner l’illusion qu’il pèse sur les affaires du Monde pour oublier l’annus horribili qui l’a vu sans cesse descendre toujours plus bas dans les sondages. S’il y avait des primaires socialistes, il ne recueillerait que 7% des suffrages derrière Valls, Aubry, Montebourg et même Ségolène Royal. La gestion lamentable de sa vie privée et sa politique calamiteuse l’ont descendu là où il est. Pour en sortir, il gesticule.  Le 15 septembre dernier, il a réuni à Paris une « grande conférence internationale pour la paix et la sécurité en Irak », pendant qu’il restait apathique sur ce qui se passait à Gaza. Ses seules vraies victoires sont les libérations d’otages, malgré quelques défaites et quelques morts trop vite oubliés.

    Le bilan de Sarkozy était abyssal. Il nous a conduits au bord du gouffre et François Hollande nous fait faire un pas en avant. Le journaliste René Naba a dressé un petit inventaire de la situation dans un article publié sur le site Madaniya : Du déshonneur de Gaza, au revers de Syrie, à la stigmatisation génocidaire au Rwanda, la Crimée perdue, une dette publique de l’ordre de 2.000 milliards de dollars, un triple  camouflet électoral présidentiel, couplé d’une cuisante humiliation aux élections européennes avec la promotion de la France au titre peu envieux de «champion d’Europe de pays le plus xénophobe» dans la foulée du triomphe du Front National, une popularité au plus bas, une économie anémiée, la France a offert le spectacle d’une diplomatie déconnectée des nouveaux rapports de puissance.

    A force de pratiquer une morale à géométrie variable, on perd toute crédibilité. Bachar Al-Assad est pointé du doigt comme étant un dictateur sanguinaire, ne méritant pas d’être sur terre et il importe d’abattre son régime rapidement, selon les termes employés par Fabius en juillet 2012. Cela n’empêche pas nos gouvernants de s’appuyer sur ce que l’on nomme encore la Françafrique et quelques dictateurs comme le Tchadien Driss Déby.  Bachar Al-Assad est toujours là et la Syrie est en partie livrée à l’anarchie et la barbarie de rebelles islamistes à qui François Hollande projetait de livrer des armes, comme Sarkozy l’avait fait en Lybie.

    Quelle image offre la France au Monde ?  Passons sur le scooter présidentiel, il reste le livre de Valérie Trierweiler. Du côté de Sarkozy, il y a tous les scandales liés aux financements de ses campagnes présidentielles : Kadhafi et ensuite Bygmalion. On ne compte plus les scandales politiques en tous genres : rétro-commissions Karachi, DSK, Cahuzac…etc.  La France est plongée dans le chaos moral et  veut encore se poser en prescripteur des droits de l’homme. Des journalistes indépendants nous interrogent : La classe politique française constitue-t-elle vraiment un exemple? Son alliance avec les forces les plus répressives et les plus régressives du Monde arabe, un exemple à suivre? La France dispose-t-elle encore de l’autorité morale pour prescrire le bien ou le mal? La France est-elle encore un exemple?

    Pour reprendre l’article de René Naba déjà cité, il y fait le constat qui suit :

    Mauvais calculs sur base de mauvaises alliances, sur fond de morgue et de suffisance, la bataille de Damas s’inscrira rétrospectivement dans la lignée des grands désastres militaires français qui ont jalonné l’histoire de la conquête française du Levant depuis trois siècles, du coup de Trafalgar, au XVIII me siècle, à l’agression tripartite de Suez, en 1956, à l’entourloupe de la Syrie, en 2011-2014. Revers majeur de la France, elle illustre le degré zéro de la politique française, un naufrage stratégique irrémédiable d’un pays qui se targue de la rationalité cartésienne.

    L’histoire retiendra que la France, artisan du démembrement de la Syrie dans la décennie 1930, aura été l’un des pays les plus actifs dans sa désarticulation, soixante-dix ans plus tard. Un retour du refoulé du fait de son passif post colonial non purgé et de la surprenante survivance d’une «mentalité de colonisé» parmi les binationaux franco syriens de l’opposition, d’une manière plus générale au sein d’une fraction des binationaux franco arabes.

    Près de cent ans après le démembrement de la Syrie, la malédiction d’Iskandaroune (Alexandrette), tel un lointain effet boomerang, frappe de plein fouet l’ordonnateur de ce saccage, la caution de tous les vandales contemporains… Des stèles de Tombouctou, aux fresques millénaires de Libye, aux vestiges archéologiques de Syrie, conséquences de péripéties guerrières encouragées par la France.

    La Syrie pour la France aura été son Trafalgar du XXI me siècle. La France a cessé de faire illusion. La sanction de sa posture aporétique.

    Oh ! Combien de marins, combien de capitaines

    Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,

    Dans ce morne horizon se sont évanouis!

    Combien ont disparu, dure et triste fortune!

    Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,

    Sous l’aveugle océan à jamais enfouis !

    Victor Hugo (1802-1885) Oceano Nox

    Décidément Hollande n’échappe pas aux métaphores marines et le capitaine de pédalo n’est jamais loin des commentaires. Aujourd’hui, nous n’avons plus d’otage français dans le Monde. Le dernier vient d’être libéré. C’est une grande joie. Pour autant, quelle sera la politique française dans  la région où il avait été enlevé et où l’entreprise Areva puise son uranium ? Certes l’urgence est humanitaire et le danger terroriste pas définitivement écarté au Mali mais cela n’empêche pas de reposer la question du pillage des ressources minières des pays africains et des dictatures qui y sont entretenues par un néo-colonialisme partout présent. Comment peut-on traiter avec des dictateurs et ensuite les désigner à la vindicte internationale ? Hier, il s’agissait de Saddam Hussein, de Kadhafi, de Ben Ali, de Moubarak… Aujourd’hui de Bachar Al-Assad. Qui d’autre demain ?  Le Turc Erdogan ? l’Azéri Heydar Aliev ? La liste est malheureusement longue et tous les dictateurs ne sont pas traités à la même enseigne contrairement aux promesses faites par le candidat Hollande en 2012… Le Moyen-Orient et l’Afrique sont des zones de guerre et de non-droit. On se pose toujours la question liée à l’Histoire du colonialisme et du capitalisme: la faute à qui ? Si la déclaration des droits de l’homme n’est qu’une déclaration de principes bafoués par ceux qui s’y réfèrent, comment s’étonner que d’aucuns préfèrent le coran, la bible ou la torah ?

    En 2012, François Hollande aurait pu changer de cap. La constitution de la cinquième république lui en donnait les pouvoirs. Au lieu de choisir une alternative humaniste au  cynisme politique en vigueur, il n’a pas montré le courage politique du changement qu’il avait promis à ses électeurs. Martine Aubry avait parlé de « gauche molle » et il n’a même plus été question de gauche. L’homme des compromis s’est « compromis » dans une politique à court terme en n’atteignant aucun de ses objectifs économiques, puisqu’il ne s’est agi que de cela. Sa stratégie libérale a fait de lui le piètre successeur de la politique déjà menée par son piètre prédécesseur. Ses gesticulations sur la scène internationale ne sont pas de nature à redorer son blason.    Il a contribué à l’idée que se font des Français de plus en plus nombreux : les élections ne sont que des parodies démocratiques qui utilisent les mots de peuple, nation, démocratie, république, patrie, souveraineté, liberté, fraternité, égalité et droits de l’homme. Autant de concepts humanistes qui cachent le cynisme des gouvernants dont ils ne constituent qu’un enduit de façade. Tout se trame dans les coulisses du pouvoir et concourt à maintenir l’ordre établi au prix de tous les désordres utiles. De ces désordres, le Front national est là pour en tirer profit. Il réclame aujourd'hui le rétablissement de la peine de mort et, à travers Marine Le Pen et l'avocat frontiste Collard, justifie la torture.

    Pidone

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