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600 milliards qui manquent à la France...
Antoine Peillon, grand reporteur à la Croix est le frère de Vincent ministre actuel de l’éducation nationale. Il vient de publier un entretien avec un banquier suisse prêt à aider la justice française. L’article est du 20 mars dernier. Lorsqu’il a demandé au banquier si l’information judiciaire ouverte dans l’affaire Cahuzac avait une chance d’aboutir, ce dernier lui a répondu : « Une enquête judiciaire qui entraînerait une investigation poussée chez le groupe Reyl représenterait un grand coup de pied dans la fourmilière, car il y a d’autres personnalités que Jérôme Cahuzac, et tout aussi sensibles, qui sont gérés chez eux. On découvrirait alors un vrai secret d’État et un vrai scandale républicain, c’est-à-dire l’utilisation des places financières offshore par des hommes politiques français, de gauche et de droite, depuis de nombreuses années. Et pas seulement dans le cadre d’opérations de financement politique qui ont fait la une des médias, mais vraiment à des fins personnelles ».
Antoine Peillon est l’auteur d’un ouvrage Ces 600 milliards qui manquent à la France : Enquête au coeur de l'évasion fiscale, Antoine Peillon, Points, novembre 2012, 184 pages, 6,30 euros, isbn 13 : 978-2757830901.
4ème de couverture:
600 milliards d’euros : c’est la somme astronomique qui se cache depuis des décennies dans les paradis fiscaux, soit près de 10% du patrimoine des Français. Comment cette évasion fiscale massive a-t-elle été rendue possible ? Et pourquoi l’évasion de ce patrimoine fait-elle l’objet d’une telle omerta judiciaire, alors que les institutions de contrôle, la police, la justice, la douane, les services de renseignements, etc. en possèdent l’essentiel des preuves ? Quand on connaît la situation des comptes publics de la France, la question mérite d’être posée…
Exploitant une somme impressionnante de données ultraconfidentielles, l’auteur de ce livre met pour la première fois au jour l’étendue, les circuits, les mécanismes secrets de cette gigantesque fraude fiscale. Il montre quelles techniques sophistiquées - et parfaitement illégales - utilise une grande banque étrangère pour opérer sur le territoire français, pour approcher les fortunes privées, celles du showbiz, du sport et des affaires. S’appuyant sur des témoignages exceptionnels, il révèle comment s’organise l’impunité de tous ceux qui participent à ce système qui soustrait à la France une part colossale de sa richesse nationale. Où l’on croise alors d’autres réseaux et circuits de financement, politiques cette fois…
On peut penser que Vincent a lu le livre d’Antoine et qu’Antoine, spécialiste de la fraude fiscale disposant d’un blog chez Médiapart, a bien dû informer son frère Vincent , ministre qui aurait pu se forger une conviction sur l’affaire Cahuzac. Sans doute le ministre de l’éducation nationale aurait dû offrir le livre au Président et à son chef de gouvernement pour les sensibiliser sur la lutte contre la fraude fiscale. Il faut croire que le Ministre de l’éducation nationale ne lit pas les ouvrages de son frère et qu’ils sont fâchés.
Mais revenons au livre et à ce qui a suivi sa parution…
Le 12 avril 2012, trois semaines après la première parution du livre qui a par la suite été réédité, le Parquet de Paris désignait un juge d’instruction pour mener une information judiciaire sur l’évasion fiscale en France… Et c’est tout. Un Eeffet d’annonce sans suite.
Le 17 avril 2012, ce même Antoine Peillon était auditionné par la commission d’enquête sénatoriale sur l’évasion fiscale. L’auteur exposa ce que tout le monde savait : la police et la Justice françaises disposaient d’une masse invraisemblable d’informations sur la question sans jamais rien faire.
Et pour cause : le 23 mai 2012, le Juge saisi du dossier témoignait à son tour devant la même commission sénatoriale, pour révéler l’existence d’un verrou politique : il devait attendre une plainte du Ministre du Budget (le nouveau, Cahuzac) pour instruire officiellement son enquête. Jamais aucun ministre du Budget, en France, ne s’était soucié de porter plainte contre l’évasion fiscale.
Antoine Peillon est mis sous protection policière en mai 2012 après avoir enquêté sur l'évasion fiscale et reçu plusieurs menaces.
Le 3 juillet 2012, Jean-Marc Ayrault promettait de régler une fois pour toute la question de l‘évasion fiscale.
Le 24 juillet 2012, la commission d’enquête sénatoriale livrait ses conclusions : 50 milliards font illicitement défaut au Budget de la France. La commission a fait 59 propositions pour contrôler cette évasion fiscale. Le rapport de ladite commission devait être remis au Ministre de l’économie (Mosconi) et proposé à l’Assemblée nationale dans le cadre du débat budgétaire. Depuis lors ?...
- Marianne ne vois-tu rien venir ?
- Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie…
Quelles sont les news de l’affaire Cahuzac ? Qu’apprend-on aujourd’hui ? Jean-Jacques Augier, homme d'affaires et trésorier de la campagne de François Hollande en 2012, est actionnaire de deux sociétés offshore basées dans les îles Caïman, un paradis fiscal, selon des informations publiées aujourd’hui par Le Monde, sur la base de documents transmis au quotidien par des journalistes américains de l'International consortium of investigative journalists (ICIJ), sis à Washington et concernant les îles Vierges britanniques, les îles Cook et d'autres paradis fiscaux. Jean-Jacques Augier figure parmi les actionnaires de la société International Bookstores Limited, créée en 2005 aux îles Caïman. Ce proche de François Hollande a confirmé au Monde les information ajoutant. Je n'ai "ni compte bancaire personnel ouvert aux Caïmans ni investissement personnel direct dans ce territoire...J'ai investi dans cette société par l'intermédiaire de la filiale d'Eurane en Chine, Capital Concorde Limited, un holding qui gère toutes mes affaires chinoises (...). L'investissement dans International Bookstores apparaît au bilan de cette filiale. Rien n'est illégal."
Le trésorier de François Holande a investi en Chine et dans des paradis fiscaux. Chacun appréciera. Selon une estimation du cabinet de conseil McKinsey, cité par le Guardian, qui a collaboré avec l'ICIJ sur cette affaire, le montant des fonds dissimulés dans les paradis fiscaux du monde entier pourrait atteindre 24 000 milliards d'euros.
Nous conseillons à François Hollande et Jean-Marc Ayrault la lecture de l’ouvrage d’Antoine Peillon si leur ministre de l’éducation nationale ne le leur a pas encore offert et d’en tirer toutes les leçons pour que la république reste un bien précieux et ne finisse pas dans un coffre suisse.
Hier, Antoine Peillon a été sollicité par des chaînes télévisées et a expliqué que le montant de 600.000 € avancé par Jérôme Cahuzac lui paraissait insuffisant pour un montage financier offshore. Et il commente l’enquête : "Nous procédons par étape. La justice a d'abord été mobilisée. Hier nous avons eu les premiers aveux qui portent sur 600.000 euros, l'essentiel c'est que l'on parle enfin de comptes non déclarés en Suisse et à Singapour. L'investigation des juges d'instruction nous réserve encore d'importantes surprises." Selon ce journaliste, plusieurs millions d’euros auraient pu atterrir sur les comptes de Cahuzac en Suisse et à Singapour. On apprend par ailleurs que c’est un proche de Marine Le Pen qui avait ouvert le compte et que Jérôme Cahuzac avait, dans ses amis, des anciens du mouvement d’extrême-droite GUD.
C’est sûr, nous ne sommes pas au bout des surprises avec Jérôme Cahuzac. Il était apprécié à droite. Il avait dit en pleine tourmente Eric Woerth « il n’y a pas d’affaire Woerth » et ce dernier lui a renvoyé l’ascenseur en disant « Cahuzac est un type bien ».
On constate que les hommes politiques au pouvoir n’ont jamais eu la volonté de lutter contre la fraude fiscale et l’utilisation des paradis fiscaux. Pourquoi ? Parce qu’ils en sont les utilisateurs notamment pour les financements de campagnes électorales lorsque ce n’est pas pour un enrichissement personnel.
On a inscrit dans la Constitution la règle d’or, mais on refuse de mettre un terme à la fraude fiscale. Une fraude qui est l’un des facteurs majeurs de la crise économique, avec au cœur de ces agissements l’UBS, banque suisse, grand artisan de l’évasion fiscale dans le monde. A qui profite la fraude en France ?
Pidone
Tags : Cahuzac, Peillon, Hollande, Ayrault, Fraude, impôts, paradis, fiscaux
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