La Marcha del cambio

Ce samedi 31 janvier 2015, près de trois cent mille personnes (153000 selon certains media), en provenance de toutes les régions d’Espagne, ont convergé vers la Puerta del Sol, à l’appel de Podemos. La Puerta del Sol. Haut lieu symbolique où se réunissaient les Indignados, dès 2011. Cette manifestation programmée depuis plusieurs semaines a pris une autre signification, après la victoire de Syriza en Grèce. Victoire qui au demeurant a été chaleureusement salué par la foule. La Marcha del cambio, la marche du changement, était placée sous le signe d’un mot d’ordre : « Es ahora », c’est l’heure. D’ailleurs, durant toute la manifestation, on a pu entendre un Tic Tac Tic Tac, signifiant urbi e orbi que l’heure du changement avait démarré et que le terme serait la victoire de Podemos aux élections politiques de novembre 2015. Entre temps, il y aura une élection dans la région autonome d’Andalousie et en mai des élections régionales dans le reste du pays. Podemos compte bien devenir la première force politique d’Espagne, comme sembleraient l’indiquer les derniers sondages.

Pablo Yglésias a pris la parole devant une foule joyeuse, déterminée et confiante, surtout composée de jeunes. Un atout formidable pour Podemos. On aimerait voir autant de jeunes en France dans nos manifestations. Ceci est une autre histoire. Yglésias a salué la victoire de Syriza. Un exemple pour l’Espagne. Il a dénoncé la Troïka et les marchés financiers, responsables de la situation dramatique des pays du sud de l’Europe. Pour lui, « ces machins » n’ont aucune légitimité. Il faut revenir à la souveraineté du peuple. Par ailleurs, il fustigé une classe politique corrompue, la casta. Il est grand temps de l’envoyer au rencart. Il a aussi dénoncé l’insolence des plus riches (1% de la population) qui disposent autant de patrimoines que 73% des Espagnols. « La politique doit être au service du peuple et non des intérêts privés », a-t-il martelé. Pour conclure, il a appelé les Espagnols à pousser l'avantage jusqu'à la victoire finale.

Donc grande manifestation. Podemos veut partir à la conquête du pouvoir pour et avec le peuple espagnol.

Au même moment, les dirigeants du Parti socialiste se réunissaient à Valence. Bien évidemment ils sont préoccupés par la victoire de Syriza et de la montée en puissance de Podemos. Ont-ils eu l’occasion de faire leur autocritique et apprécier leur responsabilité dans la situation actuelle du peuple espagnol ? Naguère ils ont été au pouvoir et ont appliqué avec zèle les injonctions de la Troïka. Pas du tout. Ils se sont livrés à une charge violente contre Yglésias, le traitant de populiste, d’irresponsable. On a même entendu une phrase particulièrement savoureuse : « Pablo, moins de cris, moins de voix et plus d’idées ! » Il est vrai que nos socialistes espagnols, à l’instar de leurs homologues français ou grecs ont fait preuve d’une très grande imagination.

Tic Tac Tic Tac.

En route pour le changement. Le vrai.

Maria Maddalena Lanteri