• Le changement, ce n'est pas maintenant...

    Le Front de gauche, les syndicats CGT et FO, mais encore des «frondeurs» socialistes appellent le président  Hollande et son gouvernement à rompre avec la politique d'austérité. L'ancienne ministre écologiste Cécile Duflot est citée dans le Journal du Dimanche et a écrit un livre dans lequel elle explique notamment :  «J'ai cru en François Hollande, en sa capacité de rassemblement. (...) J'ai essayé d'aider le président de la République à tenir ses promesses, de l'inciter à changer la vie des gens, de le pousser à mener une vraie politique de gauche. Et j'ai échoué. Alors je suis partie». Un sentiment partagé par de nombreux électeurs de gauche. Manuel Valls estime, envers et contre tous, que «certains à gauche tiennent des propos irresponsables» et maintient qu’il ne changera pas de cap car le pacte de responsabilité est la solution dont les effets sont imminents grâce à l’allègement des charges salariales. Il fustige aussi l'opposition qui «réclame toujours plus » et  ironise «Nous faisons 50 milliards d'économies. Je serais curieux de savoir comment elle en ferait 50 supplémentaires». Il demande du temps alors que plus de 80% des Français ne font pas confiance à son gouvernement et à Hollande.

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    Hollande et Valls s’enferment dans leur politique d’austérité, alors que, dans un sondage Ifop  (paru dans le Journal du Dimanche) plus de huit Français sur 10 ne font pas confiance à leur gouvernement en matière de politique économique….  pas de relance de la croissance, pas assez de réduction des déficits, pas assez de cadeaux fiscaux, pas assez de créations d’emplois, trop de chômage… Voilà le cap qui est maintenu dans l’attente d’investissements et de création d’emplois. Hollande joue l’éternel optimiste et annonce des lendemains qui chanteront. A force de prendre des vessies pour des lanternes, il se brûle. Il a promis l’inversement de la courbe du chômage puis a vu un retournement avant de constater un frémissement de la croissance. Il consulte les courbes économiques comme un voyant devant sa boule de cristal. Son optimiste commence à être ressenti comme du charlatanisme.  Au dernier bilan, la croissance est nulle et on nous parle même de déflation possible. Que l’on se rassure, nous dit-on paradoxalement, la France n’est pas seule à connaître de nouvelles difficultés et même l’Allemagne marque le pas.

    Sous la houlette de Schröder et de Merkel, la hausse des salaires est restée en retrait par rapport à l'évolution de la productivité allemande depuis plus de dix ans. Le débat sur une hausse des salaires a récemment été ravivé. Le patron de la Bundesbank, Jens Weidmann, a notamment estimé que les salaires avaient une marge de progression de 3 % dans un pays où, par endroits « nous sommes quasiment en situation de plein emploi ». L'Allemagne a appliqué une politique de bas salaires pendant des années, un facteur déterminant pour la compétitivité de ses entreprises. Dans une zone euro toujours en plein marasme économique, l'idée a fait son chemin chez certains Européens selon laquelle un coup de pouce aux salaires allemands profiterait à tous, en corrigeant le différentiel de compétitivité et en stimulant le pouvoir d'achat des foyers du plus grand marché de la zone. La France est coutumière d'appels du pied en ce sens, dernièrement encore de la part du président François Hollande, mais le ralentissement de l'économie allemande au deuxième trimestre contrecarre les velléités de hausses de salaires. La croissance du pays a accusé un recul de 0,2 % entre avril et juin. Dans ce contexte, le patronat allemand a déjà averti que les négociations salariales sectorielles prévues dans les prochains mois « allaient être difficiles ». De quoi tirer une leçon : le patronat ne veut jamais rien lâcher ! Il fait payer la crise et refuse de partager les profits lorsque la situation permet de le faire.

    Qu’y a-t-il de  rassurant dans cet art de déplacer encore et encore les responsabilités en nous expliquant que la crise est mondiale et qu’elle couve toujours ? C’est un peu comme le virus Ebola, la crise endémique progresse plus vite que son remède : l’austérité. Alors faudra-t-il toujours plus d’austérité ? Faudra-t-il toujours plus de bas salaires, plus de précarité, plus de cadeaux fiscaux au patronat et aux investisseurs alors que ces derniers préfèrent spéculer à court terme et exploiter le quart-monde ? C’est le cap de la compétitivité qui est maintenu par Hollande et Valls, sourds à une politique de gauche. C’est toujours l’exemple allemand qui domine l’Europe, avec ses conséquences sociales à long terme. Etre compétitif, c’est-à-dire exporter au plus bas prix, est le seul objectif au détriment des salaires et du pouvoir d’achat des Français mais aussi du service public.

    «La politique que le président de la République a décidé de mettre en œuvre nécessite du temps pour produire des résultats», déclare Valls et il ajoute : «Mais il est hors de question d'en changer. Le pacte de responsabilité et ses 41 millions de baisse du coût du travail vont véritablement entrer en œuvre maintenant».

    « Maintenant », ce mot résonne comme une trahison. « Le changement maintenant » a laissé des traces dans nos mémoires d’électeurs. Valls annonce qu’il est hors de question de changer. Dans le terme « maintenant », fallait-il comprendre « maintien » des privilèges, « main tenant plutôt que tendue » ? Le pacte de responsabilité « va entrer en œuvre maintenant » : 41 millions de baisse du coût du travail pour relancer la croissance et endiguer le chômage… Plus de 50 millions d’économies budgétaires ! Toutefois la relance dépendra de la bonne volonté du patronat dont la responsabilité sera morale mais non contractuelle.

    D’un côté on nous explique que la crise est toujours là et de l’autre que l’austérité est la seule voie responsable. On nous installe dans une fatalité qui s’éternise et dont les seules victimes sont les salariés. Le chômage est devenu un moyen de domination capitaliste. Par le chantage au chômage, les acquis sociaux sont cassés les uns après les autres.

    Le cynisme du patronat allemand, qui s’est enrichi à l’exportation sur le dos des salariés allemands, est le même que celui du patronat français. Ils bâtissent leurs empires et leurs richesses personnelles au détriment des progrès sociaux avec la complicité de gouvernants libéraux par intérêt et non par conviction politique. La porosité idéologique entre des partis comme l’UMP et le PS démontre la dérive d’une classe politique issue d’une même classe sociale. Le coût de plus en plus élevé des campagnes électorales rend les élus redevables envers leurs bienfaiteurs financiers. La crise économique et financière est une aubaine pour les plus riches qui ont intérêt a en tirer le plus de profits tout en jetant dans la précarité les travailleurs.

    L’été n’a pas apporté sa manne économique si l’on en croit les professionnels de l’industrie touristique. La croissance est atone. Le chômage à la hausse. Et la rentrée sera difficile, selon Valls ! Avec Hollande, il en portera toute la responsabilité. Des dossiers vont revenir dans l’actualité comme celui de la SNCM qui concerne la Corse et Marseille. De nouveaux plans de licenciements vont aggraver le chômage. Quelles mesures antisociales nous préparent-ils encore? Quelles nouvelles attaques contre le droit du travail et la fonction publique ? Combien de nouveaux plans sociaux ? Combien de suppressions de fonctionnaires nationaux et territoriaux ?...

    Sur le plan international, François Hollande apparaît, derrière un discours pseudo-humaniste et la multiplication des commémorations,  comme un euro-atlantiste. Ses premières prises de position dans les dossiers ukrainien et syrien ont démontré son alignement trop rapide sur la politique américaine. Par ailleurs, nous pouvons nous interroger sur la montée en puissance des Islamistes en Irak et les interventions tardives du monde dit « civilisé ». Qui arment et financent ceux que l’on nous présente comme des Barbares en train de commettre des atrocités ? Comment ont-ils pu créer un Etat ? Qui sont les plus barbares ? Les Islamistes d’Al-Qaida et de l’Etat Islamique ? Fallait-il intervenir contre les dictateurs de l’Irak et de la Lybie, en installant un chaos plus meurtrier et plus destructeur que les dictatures déchues ? Faut-il renouveler l’expérience en Syrie ? Et dans le conflit ukrainien, n’est-il pas un peu tard pour demander aux forces ukrainiennes de la retenue contre les pro-russes ? Faut-il continuer à cacher la présence de néo-nazis dans les rangs des Ukrainiens et les exactions déjà commises ? La Crimée est-elle historiquement ukrainienne ou russe ? Poutine a-t-il tous les torts ou lui prête-t-on sur toute l’Ukraine des intentions hégémoniques qu’il n’a pas ? Peut-on rester dans une attitude manichéenne dictée par des intérêts économiques ? De quel côté est le mal ? Jusqu’où va nous mener la politique américaine dans les conflits actuels ? L’Otan nous garantit-elle la paix ou nous conduit-elle à la guerre ?  La grande presse va-t-elle continuer à ne produire que de la propagande libérale et atlantiste au lieu de faire son travail d’investigation ?

    Le présent international est incertain sur tous les fronts. La rentrée sociale sera difficile ! Certes ! Elle le sera aussi pour Hollande, Valls et son gouvernement. Jusqu’à quand garderont-ils une majorité-godillot au sein du PS ? Jusqu’à quand desserviront-ils toute la Gauche en trahissant ses idéaux. Jusqu’où imposeront-ils la politique libérale de l’Allemagne et l’euro-atlantisme ?  Deux ans déjà et rien n’a changé. 2017, c’est demain et le pacte de responsabilité entre en vigueur en janvier 2015. Il restera deux ans pour qui ce pacte nous rapproche du système social allemand. Nous aurons apporté aux Allemands le Smic et ils nous auront imposé la précarité et l’austérité. Le pire est que François Hollande ne laisse qu’une alternative anti-européenne aux prochaines élections présidentielles. Il a brouillé l’image de la gauche et favorise en permanence la montée du Front National.

    Valls annonce la tempête et Hollande promet le beau temps. Le capitaine de pédalo pourrait être balayé par un tsunami électoral si l’on en croit le dernier sondage. Il continue à croire aux vertus de la dialectique mais son ramage ne se rapporte pas à son plumage. Il lui donne les allures d’un phénix aux aboies.  Finies les commémorations des grandes guerres, il ne reste que des couronnes fanées comme la rose socialiste. 

    François Hollande a fêté ses soixante ans. Il pourra prendre sa retraite en 2017 ou rejoindre Sarkozy au Barreau de Paris. Il paraît que le métier d’avocat d’affaires est financièrement largement honoré faute d’être honorable pour un ancien président. Il pourra continuer à défendre les banquiers, des patrons et autres ventrepreneurs… à moins qu’il ne préfère ouvrir un cabinet de voyance économique, faute d’avoir été un visionnaire. Le parti socialiste risque de ne pas se remettre du jospinisme et du hollandisme. Ce n’est pas un Manuel Valls et un certain nombre de Solfériniens qui réconcilieront le Parti socialiste avec la Gauche.

    Battone 

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