• Big Brother est dépassé...

    bigbrother

    En 2007, la société française Amesys a  vendu à la Libye un outil baptisé Eagle permettant de capter toute l’activité des Libyens connectés à Internet (soit 350 000 personnes environ). Le contenu des mails, des messageries instantanées, des discussions en VoiP, l’historique de navigation, les recherches Google, les mots de passes, tout pouvait être récupéré, analysé. Ainsi cette société espionnait les citoyens lybiens pour le compte de Kadhafi en utilisant une technique appelé « Deep Packet Inspection (DPI) et a ouvert la voie à la censure  automatisée, à une industrialisation de la surveillance et de la censure que Big Brother, sous la plume de Georges Orwel, n’avait pu imaginer. Le système informatique se contrôle aisément avec une interface parfaitement simple, permettant de géolocaliser des suspects, de récupérer leurs numéros de téléphones, ou encore de reconnaître des mots ou expressions « dangereux » et ce en plusieurs langues (français, arabe, anglais, chinois…)Cette technologie aurait permis aux hommes de Kadhafi de repérer des dissidents, et vous pouvez imaginer l’usage qui en a été fait avec sa  suite tragique.

    C’est encore le sulfureux Ziad Takieddine qui a servi d’intermédiaire dans la vente, et Nicolas Sarkozy, Ministre de l’Intérieur, a servi de « caution » auprès des autorités libyennes quant à la qualité du matériel vendu. Cela voudrait donc dire que le matériel d’Amesys a déjà testé en France. Cette technique pointue que l’on peut croire réservée aux dictateurs est bel et bien conçue en France. On peut s'interroger sur son usage. 

    En 2008,  Wikileaks a publié des documents relatifs à l’Accord commercial anti-contrefaçon. Les négociations ont été menées par 39 pays dont les 27 états européens en dehors de toute procédure démocratique. Cet accord visait tous les fournisseurs d’accès à faire la police de leurs réseaux et des activités des utilisateurs. Cet accord est en partie déjà adopté par la Commission européenne. En France  le projet Hadopi vient s'ajouter à la menace législative sur les libertés fondamentales.

    Les chefs d’état ne supportent plus la liberté d’Internet qui est non discriminatoire puisque tous les points du réseau sont égaux, chacun pouvant publier au même titre qu’un grand groupe, ce qui a permis le développement, avec peu de moyens financiers, d’une presse en ligne indépendante : Madiapart et OWNI pour citer les plus connus et comme notre site Manca alternativa parmi tant d’autres. Les gros groupes comme TFI, Orange et le CNC développent leur lobbying pour que la question de la neutralité des réseaux soit réglée à leur profit par des lois restrictives alors que la commission « industrie » du Parlement européen vient d’adopter une résolution sur cette neutralité. Y mettre fin serait ouvrir la voie aux techniques de surveillance de masse des réseaux qui ont déjà été testées durant le printemps arabe.

    La FIDH et la LDH ont déposé une plainte contre X, mettant en cause Amesys, la filiale de Bull pour « complicité d’actes de torture en Libye », au Tribunal de grande instance de Paris. Auparavant l’association Sherpa avait déjà déposé une première plainte.

    Des techniques sont capables de surveiller, de suivre et d'évaluer les mouvements des personnes, de leurs biens ou autres avoirs. Ces techniques sont utilisées pour suivre les activités de dissidents, de militants des droits de l'homme, de journalistes, de responsables étudiants, de minorités, de responsables syndicaux et d'opposants politiques. Il s'est développé une très vaste gamme de techniques de surveillance, en passant par les lunettes pour vision nocturne, les microphones paraboliques permettant de détecter des conversations à plus d'un kilomètre de distance, les versions laser, capables de surprendre n'importe quelle conversation derrière une fenêtre fermée dans la ligne de mire, la caméra stroboscopique danoise Jai, capable de prendre des centaines de photographies en quelques secondes et de photographier individuellement tous les participants d'une manifestation ou d'un défilé et les systèmes de reconnaissance automatique de véhicules capables de suivre des automobiles à travers les rues d'une ville via un système informatique géographique fonctionnant à base de cartes. De nouvelles technologies, conçues à l'origine pour la défense et les renseignements, se sont, après la guerre, rapidement étendues dans les services chargés du maintien de l'ordre et le secteur privé.

    Les conversations téléphoniques sont écoutées par des oreilles indiscrètes et automatiquement triées par des ordinateurs ultra-puissants. D’énormes radars traquent les ondes à terre ou dans les airs. Des satellites sont capables de filmer et de photographier des objets de quelques centimètres et donc de passer au crible un territoire.

    En France on vient d’annoncer l’implantation d’un grand nombre de caméras dans les grandes villes. Big Brother n’est plus de la fiction. Orwel est même dépassé par la réalité.  Le Net qui est un magnifique espace de liberté peut devenir aussi une nasse sous la surveillance d’un Etat totalitaire. Dans ce domaine, avec le groupe Bull, la France est à la pointe des moyens techniques. Nos Alpha  et Beta dirigeants pourraient demain inventer, comme Aldous Huxley, un Monde paranoïaque dans lequel nous serions  parqués dans des « Réserves à Sauvages » délimitées par de hautes barrières électrifiées, à moins que nous acceptions d’êtres des Gamma, Delta et Ipsilon de leur Etat mondial.

    Signé Pidone

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