• Bon'anima, indù idda hé !

    SAS_lucifer

     

    Comme nous venons de passer la Toussaint et donc la fête des morts, certains défunts que l’on apprécie guère se verront dire : «  Bon’anima indù iddu hè ! » (Bonne âme où qu’il soit !), expression que l’on peut rapprocher à celle de « Qu’il repose en paix ! ». L’expression corse trouve son pendant en Italie. On s’incline devant la mort qui fait taire les ressentiments, avant de libérer les reproches posthumes bien sentis car la bonne âme, si on écoute bien les commentaires mi-figue mi-raisin, pourrait ne pas avoir trouver place au paradis. Un romancier célèbre vient de passer l’arme à gauche. Il a levé le pied. Il a fait le saut à 83 ans. Ses livres dont les couvertures portent les trois lettres S.A.S de Son Altesse Sérénissime Malko Linge, il les écrivait pour divertir, disait-il. Alors il faut rappeler que Gérard Adam de Villiers est le fils de Jacques Boularan de Combajoux, auteur de théâtre sous le pseudonyme de Jacques Deval, et de Valentine Adam de Villiers. La famille Adam de Villiers est une famille bourgeoise d'apparence noble de l'île de La Réunion. L’écrivain a gardé sa particule en choisissant le "de Villiers" de sa mère car sans doute le "Boularan de Comabjoux" de son père n’était pas vendeur. Cet aristocrate des îles colonisés se définissait « résolument à droite, libéral, anticommuniste, anti-islamiste, anticommunautariste, antisocialiste ». Son anticommunisme, il le qualifié de viscéral, autant dire primaire. Son anti-islamisme et son anticommunautarisme n’étaient pas selon lui du racisme, malgré son inspiration extrême-droitière. Ayant fait la guerre d'Algérie comme officier, il travaille plus tard à Minute, Rivarol, Paris-Presse, France-Dimanche et pour le site Atlantico( organe de presse des lobbies ultralibéraux)….à croire que, du côté de sa mère et de la famille Adam de Villiers, il avait une parenté avec le vendéen Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon. Si ce n'est pas le cas, on décèle un cousinage intellectuel.

    La maison Adam de Villiers, ou maison Sanglier, est une maison familiale remarquable de l'île de La Réunion, département d'outre-mer français dans le sud-ouest de l'océan Indien. Située à l'angle des rues Marius-Ary Leblond et Barquisseau, dans le centre-ville de Saint-Pierre, elle est inscrite en totalité à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis le 6 juin 1988. Régulièrement attaqué pour son machisme par les ligues féministes et pour son racisme par celle des droits de l’homme, le rejeton plumitif de la famille n’aura tout de même pas droit au Panthéon de la littérature avec ses produits littéraires et leurs pourcentages de violence et d’érotisme calibrés sans oublier la géopolitique vue par l’auteur et ses fantasmes… Une vision manichéenne de la société dans laquelle les forces du bien sont à droite et à l’extrême-droite contre les forces du mal dont les coupables sont les communistes, les socialistes, les gauchistes, les communautaristes, tous les islamistes...etc. Gérard de Villiers fabriquait quatre ouvrages par an, c’est dire la cadence de sa production marchande.

    Voilà ! Gérard de Villiers feci a zanchetta le 31 octobre à l’issue d’une longue maladie… S.A.S, bon’anima indù iddu hè !

    On a souvent qualifié les romans de cet auteur comme étant une littérature de gare ou littérature ferroviaire, expressions employées pour d’autres romans qui n’ont rien à voir avec les idées politiques du défunt, idées marginales dans la littérature dite noire. Cette autre littérature fait partie du monde du polar et du néo-polar…Parmi ces polardeux, de nombreux sont décédés et nous ne voudrions pas qu’ils se retournent dans leurs tombes si on les assimile à l’inventeur de S.A.S.

      bandeau_corsicapolar

    De SAS passons à un SOS ! Des auteurs corses écrivent des polars et de la littérature noire (ou pas) contre vents et marées, lorsque l’on connaît les difficultés rencontrées par les éditeurs corses en matière de capacité de publication et de diffusion sur le continent mais aussi sur l’île. C’est l’occasion de le dire et de le redire. Est-il normal de trouver plus facilement un SAS ou d’autres romans d’ailleurs lointains chez nos libraires que d'y apercevoir les romans écrits par des Corses ? Et nos média insulaires ? Ne devraient-ils pas tous faire preuve de militantisme culturel au lieu de se faire l’écho des promotions orchestrées de Paris et relayées par une intelligentsia locale autoproclamée et  enferrée dans un académisme prudent ? Un auteur corse doit-il être édité sur le Continent et obtenir un Goncourt  ou le prix de l’Académie pour être lu et commenté dans la presse corse ? Faut-il faire partie d’un clan politique ou d’une obédience ? Voilà des questions qui attendent des actes concrets pour démentir le dicton: "Nul n'est prophète en son pays".

    Tazzone

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