• Ci-git la loi Florange.

    Florange, Gandrange : les présidents passent, les promesses trépassent. Le candidat à la Présidentielle François Hollande avait promis de revenir s'il était élu président et s'était engagé à faire en sorte "qu'une grande firme qui ne veut plus d'une unité de production" soit obligée de la mettre en vente. Président, il avait même annoncé en 2013 la création à Florange d'un Centre public de recherche pour la sidérurgie française, qui devait permettre "d'assurer l'acier de demain". Et il expliquait que "Cette plateforme est publique parce qu'elle vise à garantir l'indépendance de la sidérurgie française", en promettant de revenir chaque année à Florange pour vérifier que les promesses sont tenues.

    On connaît le scénario ! La fermeture définitive des deux derniers hauts-fourneaux lorrains, à Florange (Moselle), les menaces de nationalisation, l'accord avec le gouvernement, le mirage des repreneurs… et enfin une proposition tardive de loi qui devait obliger les entreprises qui comptent plus de 1 000 salariés à rechercher un repreneur, sous peine de pénalités a été finalement soumise au vote de l'Assemblée nationale. On l’a appelée la Loi Florange.

    Que reste-t-il des mois de lutte syndicale et des promesses de François Hollande ? Une stèle sur la trahison de Hollande ? Même pas car elle a été vendue 3000€ sur Ebay. Une loi ? Même pas. Le conseil constitutionnel vient de la censurer pour le motif qu’elle est attentatoire à la liberté d’entreprendre et à la propriété. Des sénateurs et des députés UMP avaient saisi le Conseil constitutionnel après l'adoption définitive de la loi par le Parlement le 24 février dernier. Le symbole n’aura duré qu’un mois jusqu’au 27 mars.  Un employeur n’aura pas l’obligation d'accepter une offre de reprise sérieuse sous l’appréciation du tribunal de commerce et  avec des sanctions à la clé.

    Finalement, on se demande à quoi sert d’élire une majorité à l’Assemblée nationale ? A quoi sert le Sénat ? Le Conseil constitutionnel est là pour empêcher tout progrès et pour retoquer des lois qui déplaisent à la Droite et à des lobbies. On se souvient de la loi sur la pénalisation du négationnisme, la loi Duflot sur le logement, la taxation à 75% des plus riches… On appelle les membres du Conseil constitutionnel les « Sages ». Quelques noms nous instruisent sur leur sagesse : Valery Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy… A la présidence, nous avons Jean-Louis Debré, fils du rédacteur de la constitution de la Cinquième république. Une constitution mise au service du patronat.

    Entre un Conseil constitutionnel à majorité de droite, la Troïka et la commission européenne, on se demande si nous sommes encore en démocratie car ce sont des gens non élus et même battus aux élections présidentielles qui influent sur les décisions politiques. Nous sommes dans une république où les gouvernements ne gouvernent plus et où les élus ont moins de poids que les membres de droit ou nommés d’un conseil érigé en gardien du temple libéral. Nous sommes dans une république où on ne consulte plus ni le peuple ni ses élus sur l’avenir de l’union européenne et les choix faits par des technocrates au service des lobbies et de la Finance. On le voit notamment avec les négociations en cours sur la grand marché transatlantique. L’Union européenne tracte, légifère mais aussi surveille, rappelle à l’ordre et condamne comme dans l’affaire de la SNCM qui fait l’objet d’un acharnement mortifère.

    Finalement le Système convient à notre Président de la République puisqu’il lui permet de se dédouaner de la politique qu’il mène. Lorsqu’il sort des rails libéraux, le Conseil constitutionnel rattrape le coup. D’ailleurs, parti comme il l’est, il ira sans doute rejoindre les « Sages » à la fin de son quinquennat. Au passage, rappelons que nos anciens présidents y perçoivent des indemnités de l’ordre de 10.000€ par mois qui s’ajoutent à leurs autres émoluments.

    On a compris qu’il ne faut pas attendre de François Hollande de référendums et de réforme constitutionnelle. Là, il a encore l’excuse constitutionnelle. Il lui faut 3/5ème des votes au parlement pour reformer la constitution. Le lendemain des élections, il a abandonné des projets de lois qu’il avait promises lors de sa campagne électorale, comme le vote des étrangers aux Municipales. Il n’a proposé aucune réforme touchant aux institutions républicaines pour sortir d’un conservatisme verrouillé par une constitution qui n’est pas digne d’une démocratie moderne et progressiste.

    La censure de la loi Florange est un acte politique qui s’inscrit dans l’ultralibéralisme. Cette censure reconnaît tous les droits au patronat et finalement la loi Florange n’aura servi qu’à cela. Monsieur Lakshmi Narayan Mittal  avait donc le droit de faire ce qu’il a fait au nom de la liberté d’entreprendre et du sanctuaire patrimonial. Une entreprise est la propriété d’un patron, personnel y compris. Ce dernier a le droit d’acheter, de vendre et de jeter tous les éléments d’un bien marchand sans règle ni tracasserie administrative.

    Une nouvelle stèle devrait être posée à Florange : Ici git la réglementation des licenciements.

    Pidone

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