• Ajaccio.

    Samedi 3 mars. Le matin.

    Le soleil répandait une douce chaleur sur la place Foch. « C’est pas malheureux », dit un passant. En effet on sortait d’un hiver rude, avec beaucoup de neige, surtout en montagne. Il fallait remonter à février 1952 pour trouver une situation comparable. Le soleil contribuait également à réchauffer les esprits et les humeurs. Cela se voyait à l’attitude des nombreuses personnes qui se promenaient sur la place Foch, depuis peu transformée en marché. On y venait pour faire ses courses ou rencontrer des amis et papoter. C’est dans ce cadre que Manca alternativa avait décidé de distribuer deux tracts. Un sur « Ne pas subir leur dette ! ». Un autre : « Pourquoi nous voterons et appelons à voter Jean-Luc Mélenchon ». L’accueil réservé était courtois. Nulle trace de rejet, à une exception près. On prenait les tracts souvent avec le sourire. Soit, on les lisait sur place, soit on les pliait soigneusement pour une lecture, au calme, à la maison. Mais jamais on ne se risquait à les jeter sur le sol. Un bon réflexe au-delà de l’appréciation qu’on pouvait avoir sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Certains passants ne répugnaient pas à engager la discussion, à poser des questions et même à dire leurs désaccords.

    Nous livrons ici quelques extraits de ces discussions.

    Plusieurs personnes disaient clairement leur intention de voter Mélenchon, sans problème, ni état d’âme. D’autres approuvaient la candidature, mais en émettent quelques bémols : « J’ai écouté et vu Mélenchon l’autre soir sur Via Stella. Pour l’essentiel, je suis d’accord avec lui, notamment sur l’analyse de la crise et les propositions pour sortir de cette crise. Mais sur les problèmes de la Corse cela me chagrine, en particulier sur l’utilisation des langues régionales. Mélenchon est un peu trop jacobin à mon goût ». « Pour nous aussi, ça nous pose problème », rétorqua un membre de Manca alternativa. « Cela dit, nous retenons tout ce qui peut nous réunir et les points sont nombreux. C’est l’essentiel. On aura le temps par la suite de surmonter nos divergences ». Une dame âgée montra haut et fort son désaccord avec la position du Front de gauche sur les immigrés. « La Corse aux Corses », s’écria-t-elle. « Il faut qu’ils partent ». Argument archi connu, essentiellement viscéral, probablement influencé par les discours haineux et raciste du Front national. On lui fit remarquer  que  les troupes marocaines avaient joué un rôle important dans la libération de la Corse. La vieille dame préféra partir tout en maugréant. D’autres passants montraient leur hostilité au candidat du Front de gauche, mais jamais avec animosité. D’autres encore préféraient passer leur chemin en haussant les épaules, comme pour signifier : « Moi, je m’en fous, j’irai à la pêche, le jour des élections ».

    Il y avait aussi des partisans de François Hollande. Tout en reconnaissant les qualités de Jean-Luc Mélenchon et de son programme ils évoquaient le vote utile. « Il ne faut pas reproduire un nouveau 22 avril 2002 ». On leur fit remarquer que le parti socialiste n’avait jamais fait une analyse sérieuse de la défaite de Lionel Jospin qui à la veille du premier tour s’était risqué à déclarer fort imprudemment que son programme n’était pas socialiste. En outre, que le vote utile à n’importe quel prix et sans garantie n’était pas la meilleure des solutions, d’autant plus que les déclarations de François Hollande au Guardian, à Londres ne sont pas de nature à rassurer l’électorat de gauche.

    Pour les membres de Manca alternativa la matinée de ce samedi se révélait positive. D’autres actions de ce type seront développées pendant toute la campagne électorale pour la présidentielle et les législatives.

    Affaire à suivre.

     

     

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  • Manca alternativa sera présente

    Samedi 3 mars 2012

    à partir de 10 heures

    sur la place Foch à Ajaccio

    Ses adhérents, amis et sympathisants rencontreront les Ajacciens et s’entretiendront avec eux sur la situation politique, économique et sociale de la Corse.

    Ils avanceront les propositions de la Fase (Fédération pour une alternative sociale et écologique) pour sortir le pays de la crise. Ils développeront les raisons qui les amènent à soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle.

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  • Manca alternativa, gauche alternative, invite ses adhérents et amis à participer à une réunion,

    Mercredi 22 février 2012

    à partir de 18 heures

    Bar le Capitole,

    Place Abbatucci  Ajaccio.

    Cette réunion est consacrée aux élections présidentielles et législatives.

    Manca alternativa a décidé depuis maintenant deux mois de soutenir le programme du Front de gauche et la candidature de Jean-Luc Mélenchon et développe chaque jour son point de vue et ses analyses sur son site :

    www.mancalternativa.com

    Au cours de la réunion, il sera débattu des moyens à mettre en oeuvre pour s’inscrire  concrètement dans la campagne électorale.

    Rappelons que Manca alternativa est une organisation indépendante du Front de gauche. Elle rassemble des communistes, des socialistes, des écologistes, des syndicalistes, des militants associatifs. Son objectif est de participer à la création d’une grande organisation résolument ancrée à gauche et luttant pour une vraie alternative au libéralisme.

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  • Nous avons reçu le point de vue d’un internaute sur les déclarations quelque peu tonitruantes de Paul Trojani au sujet du nouveau conflit à la Sncm et à la Cmn. Nous le publions ci-dessous.  

    trojani_modifié-1« Paul Trojani, le président de la chambre de commerce et d’industrie de Haute-Corse s’est fendu d’un communiqué virulent, pour ne pas dire plus, à l’endroit du syndicat des marins Cgt de la Sncm et de la Cmn. Nous en livrons un passage particulièrement significatif d’un certain état d’esprit qui au demeurant pose un véritable problème. «  Le vase ne peut plus déborder, il est cassé ! Comme est cassé ce qui restait de confiance envers ceux qui polluent le quotidien de notre économie. Les opérations de pompage doivent cette fois aller à leur terme et nous devons vider les cuves pleines de pratiques toxiques de la CGT des marins de Marseille pour assainir le service public dont la Corse a besoin, par une initiative parlementaire, par la rédaction du prochain cahier des charges la future DSP, par quelque moyen que ce soit, mais il faut en finir ».
    On pourrait sourire à la lecture de tels propos, mais à la réflexion nous pensons qu’ils sont inquiétants. Quelques remarques. Jusqu’à preuve du contraire les marins de la Sncm et de la Cmn n’ont pas l’habitude de spéculer sur des produits toxiques. Monsieur Trojani devrait plutôt se tourner vers ses amis libéraux et ultralibéraux. Autre expression qui sort du domaine de la décence et porte en elle une forte interrogation : « par quelque moyen que ce soit ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Quel moyen serait utilisé pour mettre au pas les marins ? On aimerait que le président de la chambre de commerce et d’industrie soit un peu plus explicite. La manière forte, par exemple ? Et puis il y a la fin du communiqué: « il faut en finir ». Où se croit donc Monsieur Trojani ? Nous sommes encore dans une démocratie avec ses lois et ses règles et non pas dans une région de non droit. Ce genre de propos s’inscrit dans un contexte de haine sociale et contribue à l’alimenter. Il n’est pas étonnant que les idées du Front national se développent, y compris en Corse. Nous conseillons à ce monsieur de corriger son langage et de revenir à de meilleurs sentiments. Il devrait savoir que sans l’action tenace des marins il n’y aurait plus aujourd’hui de Sncm et de Cmn. Seule subsiterait la Corsicaferries sur la desserte Corse/Continent. Avec pour conséquence plus de 2800 emplois supprimés dont 800 dans notre île. Sans compter les sous-traitants, environ 2000. Au passage, nous posons la question à Monsieur Trojani : combien de gens fait vivre la Corsicaferries, compagnie italienne, aux contours flous ?
    Pour terminer, nous suggérons à ce monsieur de se pencher sur le bilan de la chambre de commerce quant à sa contribution au développement de la Haute-Corse. Sans doute impressionnant. Pour quelles raisons ? Monsieur Trojani et son équipe, et celles qui l’ont précédé, n’ont jamais tenté de sortir d’une logique sociale et économique depuis des décennies. Une logique imprégnée de libéralisme et de clientélisme, basée sur le tourisme haut de gamme, sur quelques activités connexes, périphériques ou interlopes, avec le partage de miettes que le pouvoir central veut bien consentir.  Une logique qui empêche tout développement réel de la Corse. C’est cette logique qui est responsable des milliers de chômeurs in Corsica et non les marins. Notre région et surtout sa jeunesse méritent mieux. C’est une véritable libération qu’il nous faut. Dernier mot. Monsieur Trojani se livre également et grossièrement à une tentative  de division entre les marins basés à Marseille et ceux qui vivent en Corse. Lamentable. »
                                                     Pierre-Jean Sinibaldi

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  • Nous poursuivons notre voyage au cœur des luttes sociales pour montrer que dans ce pays, y compris en Corse, il y a des gens qui refusent de baisser l’échine, de se résigner. Des gens de tout âge qui luttent pour leur avenir, leur  dignité. Leur mot d’ordre : résistance. Mieux, ils décident de se battre non seulement contre les délocalisations des productions, mais aussi et surtout pour des solutions alternatives comme c’est  le cas chez Fralib à Gémenos, dans les Bouches-du-Rhône (voir notre reportage Voyage au cœur d’une usine en lutte...  )

    En Corse, i indignati poursuivent leur action depuis maintenant 87 jours, toujours avec la même détermination, avec la même volonté d’aller jusqu’au bout, malgré les pressions et les menaces de toutes sortes qu’ils subissent quotidiennement de la part de la direction d’Air France, de certains media, pour ne pas dire plus.

    Que demandent les indignati ? Tout simplement l’application de la loi, c’est-à-dire la requalification de leurs contrats à durée déterminée en contrats à durée indéterminée. Cela concerne 47 personnes.

    Nous sommes allés les rencontrer à l’aéroport d’Ajaccio sur le lieu même de leur campement de résistance.

    Reportage.

     

     

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  • Point de vue


     Un de nos adhérents, Robin de la Fase, nous donne son point de vue sur une question qui agite actuellement le landernau ajaccien, à savoir l’extension de la zone parkings payants, dans le centre ville. Question qui suscite bien des réactions, des préoccupations et des critiques.

     parking2

    « En centre ville, difficile de circuler et de stationner, et c’est un euphémisme : l'urbanisation anarchique d’Ajaccio, l’insuffisance notoire de parkings, le manque de prévision d'une droite au pouvoir pendant des décennies a laissé à la gauche, en place depuis huit ans, de gros défis à relever dont le dernier en date, la construction de parkings avec pour corollaire l'installation d'horodateurs dans tout le cœur di a cità. Tout cela entraîne des critiques et suscite même de la polémique.
    La mairie d'Ajaccio avec peu de moyens, dans une économie libérale avec un désengagement de l'Etat "bling, bling" de Nicolas Sarkozy, à cause d'une politique de casse du service public, est obligée de s'appuyer sur l'entreprise privée QPARK. Entreprise qui n’a pas d’état d’âme et qui est là pour faire des profits.
    Comment une municipalité de gauche peut répondre à deux impératifs: financer des parkings et tenir compte des habitants du centre ville et de leur situation sociale ? C’est pas facile ! Mais nous nous devons, hommes de gauche, de ne pas aggraver les difficultés des gens, dans une société inégalitaire, avec un pouvoir d'achat en baisse constante. Aussi il serait souhaitable qu'un abonnement résident  raisonnable: (exemple,  200 euros/AN) - et c'est pour certains déjà beaucoup - soit appliqué.
    En attendant l'amélioration de la circulation par la mise en place, PREVUE, de parkings à la périphérie de la ville et un réseau de transports en commun adéquat, il est toujours temps de répondre à l'attente des habitants du centre ville, surtout des moins fortunés. La polémique s’éteindra d’elle-même. »


                                                                                                                                

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  • Aiò est une onomatopée corse utilisée comme une interjection et que l’on peut traduire par « Allons ! ». Si on la double « Aiò, Aiò ! », on pourra traduire alors par « Allons donc »! C’est surtout le nom d’un petit journal qui circule dans les écoles à Bastia.

    Sur le site Calameo, cet enseignant d’une école bastiaise, Serge Merle,  a mis le N° 42 de ce journal en livre virtuel. Nous nous sommes renseignés auprès d’une amie bastiaise :  Aiò est un journal qui est mis à la disposition de beaucoup d'enfants scolarisés à Bastia. Il est tri-lingue : français, corse et italien. Il parle un peu de tout et actuellement on est arrivé au N°42.

    D’aucuns diront que cela remonte à 2010 et qu’il aura fallu la sortie du N°42 our que nous en parlions. Le site Manca alternativa n’a que trois mois d’existence et le N°42 vient à peine de sortir. Il vaut la peine qu’on en parle car il témoigne du travail des enseignants dans une période où l’Education nationale subit des suppressions d’emplois et des fermetures d’écoles. Luc Chatel, leur ministre continue des fonctions de Directeur des Ressources Humaines, sa seule qualification professionnelle acquise dans le groupe L’Oréal. Auront-ils les moyens de continuer un travail de qualité si Sarkozy est réélu ? Le présent démontre que ce gouvernement n’a aucune considération pour l’enseignement public. Nos enseignants rivalisent encore de projets pédagogiques. Nous nous sommes donc arrêté sur celui qui a abouti au journal Aiò.

    école_toga

    Située à Bastia (Haute-Corse) l'école de Toga, où enseigne Mr Serge Merle,  est le tout premier établissement scolaire corse à avoir décroché le label Ecole Internet. A l'occasion de la remise de ce label 2010, l'enseignant Serge Merle a expliqué pourquoi et comment son école a rejoint le réseau Ecoles Internet. Il évoque également les enjeux particuliers que représente, en Corse, le développement du numérique en milieu scolaire. Serge Merle, directeur de l’école de Toga a déclaré : « Cette idée de mettre en réseau tout le monde autour de l’école créé une dynamique très intéressante. De plus, dans notre espace en ligne, les élèves pratiquent l’écrit de manière très dynamique. »

    Depuis lors, l’école communale de Toga a son site Internet. Bon, ce site n’a plus de publication depuis 7 mois mais il existe et souhaitons que cette pionnière du réseau Ecoles Internet en Corse  recueille de nombreux jeunes Internautes..

     

     Signé: Pidone

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  • bannieret

     

     

     

    Une révolution peut en cacher une autre...

    Au début de ce mois de décembre, l’association Per a Pace, Pour la Paix s’est rendue en Tunisie [1], à 180 kilomètres au nord/ouest de Tunis et à proximité de la frontière algérienne dans la région de Jendouba, à Ghardimaou, petite ville d’où sont originaires de nombreux travailleurs immigrés tunisiens installés en Corse. Cette action de solidarité internationale a été organisée en partenariat avec l’Association Populaire des Tunisiens en Corse (APTC), avec le soutien de l’Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens de France (l’UTIT), et la collaboration de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens (l’UGTT). 

    Solidarité, échanges, convivialité et découverte sont les mots clefs qui auront marqué cette initiative constituée de multiples rencontres à Tunis, Bizerte, Ghardimaou... Il faut dire que la Tunisie, celle qui a réalisé sa révolution le 14 janvier dernier et qui a donné le coup d’envoi du printemps arabe est sortie de plusieurs décennies de dictature et aujourd’hui, la parole se libère. L’espoir est au rendez-vous…

    Le président Ben Ali qui a dirigé le pays d’une main de fer durant plus de 23 années a bénéficié du soutien et de l’appui total des grandes puissances comme la France et de nombreux autres pays européens. Il a été obligé de fuir face à la pression populaire, aux manifestations et aux soulèvements.

    Le peuple Tunisien est aujourd’hui fier de sa révolution, lui qui n’a connu depuis l’indépendance du pays en 1956 que deux présidents de la République, Bourghiba et Ben Ali, et plus d’un demi-siècle de dictature, de privations, d’atteintes aux droits les plus élémentaires.

    Cette action de solidarité internationale [2] s’est inscrite dans la volonté de développer des coopérations entre associations et citoyens de Méditerranée. Elle a permis de convoyer des lits médicalisés, des fauteuils pour handicapés, des fournitures scolaires, des livres, des vêtements, des couvertures, des vélos et divers matériels médicaux à destination d’associations de Ghardimaou, Tunis, Nabeul et Bizerte.

    Elle aura aussi permis à travers les rencontres, les échanges et les témoignages de comprendre la Tunisie d’aujourd’hui, l’importance de sa révolution, les espoirs d’une jeunesse, et surtout la volonté de s’ouvrir, de construire une nouvelle Tunisie, celle souhaitée de la démocratie, de la justice et du respect des droits humains.

    La révolution a chassé Ben Ali et c’est donc tout naturellement qu’en octobre dernier, les tunisiens étaient appelés à élire leurs députés. Beaucoup votaient pour la première fois et les résultats ont donné 37% de voix au parti islamiste Ennahdha, dont est issu le premier ministre d’aujourd’hui Hamadi Jebali. Ce mouvement qui se revendique d’un islamisme « modéré » a réussi à fédérer autour de lui deux autres partis [3]pour constituer une majorité de gouvernance. Mais nous avons constaté l’inquiétude, les interrogations et les incertitudes qui pèsent sur les intentions futures de cette nouvelle majorité.

    Nous étions en Tunisie au moment où se réunissaient les 217 élus de l’Assemblée Nationale qui planchaient sur la nouvelle constitution à élaborer pour le pays. Tous les débats ont été télévisés et durant une semaine, les Tunisiens ont eu droit au spectacle d’une démocratie qui discute, débat, polémique, et vote…

    Pour l’UGTT , la principale organisation ouvrière, qui nous a apporté une aide décisive dans le dédouanement du matériel solidaire à Tunis et qui bénéficie d’un important capital de sympathie dans le pays, « ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui, ne sont pas forcément ceux qui ont fait la Révolution ». Le secrétaire Général Abdessalem Jerad et deux de ses adjoints que nous avons longuement rencontré au siège de l’organisation à Tunis ont témoigné de leur crainte et dénoncé déjà les pressions qui se manifestent à l’égard de l’organisation syndicale qui prépare son congrès [4] pour la fin de ce mois de décembre.

    Tous les Tunisiens que nous avons rencontré et pas seulement les responsables de l’UGTT, principal organisation ouvrière dans le pays, ont été unanimes pour dire que sur le plan de la revendication démocratique, le bilan est positif, en attendant que le social, les droits et l’économique suivent.

    En effet, l’espoir est grand, le peuple attend du travail, plus de liberté, la fin de la corruption, la fin des discriminations notamment à l’égard des femmes, ils attendent des lois qui les protègent et surtout que soit expulsée définitivement une dictature qui n’a peut-être pas encore dit son dernier mot.

    Quelle place sera accordée aux droits de la femme dans la prochaine constituante ? Cette question est aujourd’hui au centre des débats. La section Tunisienne d’Amnesty International a présenté aux différents partis siégeant au sein de la constituante un manifeste comportant 10 grandes réformes à entreprendre dans le domaine des droits humains, afin que ceux-ci soient inclus dans la nouvelle constitution. Certains mouvements, dont ceux qui aujourd’hui sont au pouvoir ont refusé le fait « d’élever les droits de la femme au rang constitutionnel ». 

    Au moment où nous étions en Tunisie, la presse se faisait l’écho de vifs débats dans les universités. Le port du Niqad pour les femmes cristallise les oppositions entre les pros et les antis.

    Les échanges et rencontres, nous auront permis de comprendre que le peuple Tunisien a besoin que la classe politique mette en œuvre les changements profonds qui lui a été promis au lendemain de la révolution. Ils attendent des solutions, la sortie du tunnel, des signes positifs en matière d’emplois pour les jeunes, mais aussi dans la promotion des régions défavorisées comme Jendouba, Ghardimaou que nous avons visité et où les conditions de vie sont pour beaucoup très dures.

    Dans le petit hôpital de Ghardimaou (57 lits) la vétusté du matériel médical et l’indigence des moyens font contraste avec l’engagement du personnel. Le matériel déposé par les associations (3 lits médicalisés électriques, des matelas anti escarres, des fauteuils handicapés et du matériel médical) a ravi le personnel mais reste nettement insuffisant face à l’étendue des besoins.

    Au sein de la structure associative qui accueille des jeunes handicapés de la région, nous avons constaté la même pénurie de moyens, mais un dynamisme et un engagement qui permettent à de nombreux handicapés de suivre un enseignement et d’exercer une activité professionnelle dans l’exploitation agricole qui s’étend sur plus de 10 hectares. Le matériel solidaire déposé (fauteuils handicapés, fournitures scolaires, couvertures et vêtements) va certes apporter du mieux dans cette région sous équipée, mais nous avons constatés que les handicapés moteurs sont nombreux en Tunisie et que beaucoup ne peuvent se déplacer faute de fauteuil adapté…

    Le collège rural d’Ain Soltane situé à 1000 mètres d’altitude et qui accueille plus de 550 jeunes dont 380 internes se trouve lui aussi confronté à la précarité des moyens, absence d’infirmerie, manque de couvertures et matériel scolaire…

    A Tunis, dans une clinique, accompagnés par l’association Al Mansy (les oubliés) créée au lendemain de la révolution et constituée presque essentiellement de jeunes étudiants, nous avons rencontré certains des blessés de la révolution, ceux qui 10 mois après, sont encore sous le choc et meurtris dans leur chair. Il sera difficile d’oublier le regard de la petite Maram, 3ans, blessée dans le sud du pays et le sourire de Rached, étudiant de 21 ans, transpercé par une balle et qui le laisse aujourd’hui paraplégique.

    Ces dernières semaines, l’actualité a mis l’accent sur les drames que l’immigration du désespoir à bord d’embarcations de fortunes a encore occasionné… Avec les difficultés de la vie, le chômage et la marginalisation, beaucoup de jeunes seront encore tentés par le voyage de la dernière chance, si le gouvernement ne répond pas aux aspirations, celles pour lesquels les Tunisiens ont fait la Révolution. 

    Aujourd’hui la Tunisie cherche sa voie… Les Tunisiens ont renversé une dictature, mais seront-ils suffisamment forts pour promouvoir la Laïcité, la démocratie et empêcher une nouvelle dictature obscurantiste…

    Jacques Casamarta

     


    [1] Avec cette action de solidarité internationale qui s’est déroulée du 3 au 12 décembre 2011, il s’agissait de la première action de Per a Pace en Tunisie. Deux fourgons 12 m 3 et sept personnes participaient à cette initiative. Pascale Larenaudie, Marie-France Andreozzi, Touria Leca, Baptiste Chanrion et Jacques Casamarta (Association Per a Pace). Mohamed Jouablia (l’APTC) l’Association Populaire des Tunisiens de Corse et Slimane Sideri (l’UTIT) l’Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens de France. Sur place nous avons reçu le soutien de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens (l’UGTT). 

    [2] Cette action solidaire, la première de l’association en Tunisie, était prévue en 2012, mais la date a été avancée après l’annulation ce mois de décembre de l’initiative prévue au Maroc et pour laquelle nous avons constaté avec nos partenaires associatifs sur place les difficultés pour ne pas dire l’impossibilité de dédouanement aux frontières. Déjà en 2009, cinquante vélos convoyés à destination d’associations marocaines étaient revenus en France après avoir passé 9 jours aux douanes de Tanger. C’est pour éviter une nouvelle fois cette situation, que Per a Pace a pris la décision de reporter à une date ultérieure cette opération au Maroc. 

    La ville d’Ajaccio, qui avait soutenu l’initiative dans le cadre de son appel à projet « fait bouger le monde » a accepté d’en modifier la destination et la SNCM, société de navigation maritime nous a apporté une contribution décisive en soutenant l’organisation de ce premier convoi en Tunisie.

    [3 ]Le Congrès pour la République et le Forum Démocratique pour le travail et les Libertés sont les deux mouvements politiques qui ont constitué avec Ennahdha ce que les Tunisiens appellent la Troïka.

    [4] Le Congrès de l’UGTT s’est tenu à Tunis du 25 au 28 décembre 2011.

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  • Nous publions très volontiers une contribution d'un internaute concernant le mouvement des indignati aux aéroports de Bastia et d'Ajaccio.

    "Je viens de lire Corse-Matin, de même que j’ai fait un tour sur le site du même nom. Je dois avouer que je suis consterné par les propos que d’aucuns peuvent tenir sur i indignati des aéroports de Bastia et d’Ajaccio et sur la Cgt. Quarante-cinq jeunes se battent pour leur emploi à Air France. Et cela depuis soixante-deux jours, avec dignité et respect pour les passagers qui transitent par ces aéroports. Ils campent sur les lieux et demandent toujours avec la même détermination que la compagnie aérienne applique enfin les décisions du tribunal des prud’hommes de Bastia. Celui-ci, rappelons-le, a requalifié leur contrat à durée déterminé en contrat à durée indéterminé. Mais Air France fait la sourde oreille. Elle refuse toujours d’appliquer les décisions du tribunal. Serait-elle au-dessus des lois ? Mieux, la compagnie aérienne a porté plainte contre les jeunes grévistes, au motif pour le moins futile : entrave à la libre circulation des passagers et dégradation supposée du hall des aéroports, par la présence de tentes de camping ! Un sacré culot, d’autant plus qu’Air France n’est pas le propriétaire des lieux. Dans le même temps, une campagne sournoise est menée pour casser le mouvement et les liens de solidarité qui existent entre i indignati, la Cgt et les usagers. Cette campagne vise à jeter le discrédit non seulement sur les jeunes, mais également sur la Cgt. Ainsi on susurre que les uns et les autres mettraient en péril la présence même de la compagnie en Corse. Par voie de conséquence, non seulement les jeunes grévistes ne seraient pas embauchés, mais que les agents titulaires risqueraient soit de se faire virer, soit d’être mutés sur le continent. Malheureusement, ce type d’insinuation peut être repris et amplifié par quelques individus en mal d'existence. C’est le cas sur le site de Corse-Matin. Ces gens-là déversent leur haine sans retenue. Vergogna. Ca me fait penser aux propos plein de tact de la grande prêtresse du Front national visant les immigrés. Ces étrangers qui viennent manger notre pain. Je répète la haine et la stupidité comme argument. Comme dirait l’autre, ça vole bien bas. Je me demande si ces gens-là ont un jour réellement travaillé. Ils devraient réfléchir – s’ils en ont encore la capacité – aux décennies de luttes sociales, souvent très dures, qu’il a fallu mener, à la tête desquelles se trouvait la Cgt, pour aboutir à notre modèle social. Encore un mot. On n’aimerait bien que ces gens-là, comme disait Brel, développent autant d’énergie pour dénoncer les abus en tout genre, détournements de fonds publics, spéculation foncière qui sévit en Corse, évasions fiscales, mirobolants parachutes dorés pour les patrons du CAC 40 ou encore salaires insupportables de certains joueurs de foot. Je pense à David Beckham, dont la rémunération représente celles de 600 smicards ! J’arrête là la liste. Je préfère être du côté des indignati, de ceux qui luttent pour leur avenir et non pas avec ceux qui se couchent devant  les voleurs et les patrons voyoux."

    Pierre André Andreani

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