• Coti-Chiavari à la Une


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    Décidément on parle beaucoup de Coti-Chiavari ces derniers temps. Il est vrai que le coin est splendide et encore pas trop maltraité par le béton. On en parle à cause des paillotes. Il y a déjà eu la fameuse paillote « Chez Francis » qui naguère a défrayé la chronique où le non moins célèbre préfet Bonnet avait pu exercer ses talents de stratège en matière de démolition de structures illicites. Il y a maintenant le cas de plusieurs autres paillotes du côté d’Acqua doria et de Verghja. Là, on retape dans des conditions peu claires une vieille bergerie et on la transforme en restaurant, dans un endroit de rêve, les pieds dans l’eau. Ici, on passe du démontable léger, comme l’exige la loi, au dur permanent. Au passage on peut dire que le résultat n’est pas particulièrement glorieux et peu conforme à l’esthétique insulaire. Tout cela a été fait en s’asseyant allègrement sur la loi dite littoral, avec la bénédiction ou la complicité des autorités compétentes. Mais cette nouvelle affaire des paillotes ne doit pas cacher la forêt obscure de la spéculation foncière et immobilière qui commence à faire des ravages en Corse. A Coti-Chiavari on compte de plus en plus de résidences secondaires haut de gamme, souvent construites dans des zones remarquables. On parle aussi d’un vaste projet immobilier sur les terrains de l’ancien pénitencier, avec port privé à Verghja. Bien évidemment les prix des terrains s’envolent, pour le plus grand bénéfice de quelques propriétaires « chanceux ». De mauvaises langues diront que nous sommes jaloux et  qu’à leur place on prendrait sans honte l’argent des pinzuti. A noter que parmi ces mauvaises langues, il y a ceux  qui dans le même temps fustigent « ces gens qui viennent voler non pas notre pain », comme le racontait dans une célèbre histoire Fernand Renaud, au demeurant toujours d’une brûlante actualité, « mais nos terres ». Modèle de discours hypocrite. On pourrait leur rétorquer que l’immense majorité des Corses n'est pas à la place de ces propriétaires « chanceux » et ne le seront jamais. La vie n’est pas faite de si, mais de réalité et la réalité, c’est qu’aujourd’hui, il est de plus en plus difficile d’acheter un morceau de terrain ou même de louer un logement. Le bonheur des uns fait le malheur des autres. C’est bien connu. Plus les prix montent, plus cela réveille des appétits féroces. La malavita a vite compris tout le bénéfice qu’elle pourrait tirer de la spéculation, avec en prime quelques dérapages sanglants qu’on a connus au cours de l’année 2012. Un autre danger guette notre île, celui de l’arrivée possible de mafia internationales, genre ‘Ndrangheta qui sont en embuscade, prêtes à intervenir le moment opportun. Elles ont beaucoup d’argent sale à blanchir. Le foncier et l’immobilier sont des occasions en or. Il y a l'exemple de la Côte d’azur pour nous éclairer. Alors, attention aux conséquences de la déferlante.

    Comment réagir face à la spéculation et au développement des pratiques mafieuses ? En plastiquant les résidences secondaires construites illégalement ou avec des permis de complaisance ? On peut discuter de la méthode qui entre parenthèse n’arrête pas le processus de spoliation des terres corses. Il nous semble qu’il existe un arsenal juridique important, comme la loi du littoral. Commençons par l’appliquer. Ce qui pose le problème de la responsabilité de ceux qui en ont la charge, à savoir les maires et les préfets. Ces derniers doivent être sévèrement sanctionnés en cas de défaillance ou de complicité de leur part. Notre ministre de l’intérieur qui a le verbe haut et fort et qui joue facilement du menton a l’occasion de bousculer les choses et de combattre effectivement ces politiques clientélistes qui sévissent dans notre île depuis des décennies, pour ne pas dire plus. Mais nous croyons que cela ne suffira pas. La mobilisation de la grande majorité des Corses est nécessaire. Déjà des associations, comme U levante et a Garde, des organisations politiques, comme le Front de gauche et Manca alternativa engagent l’action. Il faut l’élargir. Aujourd’hui on ne peut plus se contenter de garder le silence au nom d’une prétendue loi non écrite, l’omerta, de subir ou de s’indigner.

    La route sera longue de Bonifacio au Cap corse. Mais ça vaut le coup de l’emprunter.

    Angelo Leonetti

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