• De Mandel à Merkel, le chanoine de la Finance...

    mandel_sarko2

    Le 29 janvier dernier, lors du passage de Sarkozy sur six chaînes télévisées, Laurent Delhaousse avait posé, bien en évidence à côté de lui, la biographie de Georges Mandel écrite par le Président-candidat.

    En 1994, ce dernier, en manque de profondeur intellectuelle, avait jeté son dévolu sur la vie de Georges Mandel, un  homme politique de droite qui a exercé dans l’entre-deux-guerres puis fut un résistant actif contre l’occupation allemande, les collaborateurs et les Nazis. Le 7 juillet 1944, dans la forêt de Fontainebleau, le milicien Mansuy l’abat de seize balles de mitraillette dans le dos, en représailles à l’exécution quelques jours plus tôt par la Résistance du ministre collaborationniste Philippe Henriot.

    L’intérêt porté par Sarkozy pour Georges Mandel, on le trouve surtout dans la période du Front populaire. Ce dernier critiqua les réformes sociales menées par le gouvernement de Blum, du fait qu’elles risquaient – selon lui – d’affaiblir la productivité française face à la menace de l’Allemagne nazie en plein réarmement, dont les ouvriers fournissaient un travail accru. Cela prend une résonnance particulière aujourd’hui. Sarkozy a trouvé dans l’histoire de France un grand résistant cité par De gaulle dans ses mémoires, de quoi légitimer une politique ultralibérale de droite aux convictions conservatrices et nationalistes.

    On peut se demander si Feu Georges Mandel aurait apprécié qu’on récupère sa vie à des fins d’ambition politique ? Par ailleurs est née, à propos de l’ouvrage signé par Sarkozy, une polémique…

    Alain Garrigou, professeur de sciences politiques à l'Université Paris X, dénonce ceci: « Georges Mandel, Le moine de la politique (Grasset, 1994), signé Nicolas Sarkozy, est une biographie bien informée et plutôt bien écrite. Elle mérite pourtant une forte critique : c'est un plagiat. Le plagiat d'un livre obscur, publié 25 ans plus tôt, aux éditions Pédone en 1969, écrit par Bertrand Favreau, à partir d'un mémoire soutenu à l'Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux : Georges Mandel, un clémenciste en Gironde... »

    Revenons au fond ! En 1994. Nicolas Sarkozy était  ministre du Budget et porte-parole du gouvernement. Il fut chargé d’organiser les réseaux Balladur, candidat à la présidentielle de 1995.Il avait des concurrents de poids autour de celui qui devait déboulonner Chirac : notamment François Bayrou, Charles Pasqua et François Léotard. Pour devenir le chef de file balladurien, il voulait peaufiner son profil et obtenir une reconnaissance médiatique. Pour prendre de l’épaisseur, le freluquet signa une biographie intitulée GeorgesMandel, le moine de la politique (éditions Grasset, 1994), « probablement « assisté » par un nègre (selon les rumeurs : Roger Karoutchi, agrégé d’histoire, professeur, diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix en Provence, et auteur d’une biographie de Jean Zay) » se murmurait-il. Un concert de louanges accueillait la sortie du chef d’œuvre dans une presse toute acquise. L’ouvrage grimpa  dans la liste des meilleures ventes en librairie et  une adaptation télévisée suivit avec le titre "Le Dernier Été", réalisée par Claude Goretta (primé en 1977 au festival de Cannes pour La dentellière), avec Jacques Villeret et Catherine Frot dans les premiers rôles.

    Depuis lors, Sarkozy ne manque jamais l’occasion de citer Georges Mandel parmi les grands hommes de la patrie française, tout en soulignant des parallèles entre son héros et lui-même. A part le fait que Mandel ait été Ministre de l’Intérieur comme Sarkozy, leur seul point commun est sans doute d’être des hommes de droite, ultralibéraux, conservateurs et nationalistes.

    Certes Nicolas Sarkozy n’a pas été le premier à chercher un modèle dans un homme politique prestigieux. Le jeune ministre du budget du gouvernement Balladur avait trouvé en Georges Mandel un miroir. Cela apparaît dans l’ouvrage qui fait polémique et dans lequel il est écrit que Georges Mandel  fut « l’homme d’une passion qui l’a habité dès son plus jeune âge : la politique » (Page 11). Toutefois il faut rappeler que Nicolas Sarkozy a grandi dans le cercle proche  de feu Achille Peretti (qui fut Président de l’Assemblée nationale) dont il a récupéré le siège de maire à  Neuilly. Il est curieux de constater qu’il ne cite jamais ce dernier. La carrière politique de Sarkozy, commencée à Neuilly, n’est pas un exemple extraordinaire d’ascension sociale. Ses convictions politiques n’ont fait de lui, par héritage,  que le héros des nantis de la république. Sa biographie de Georges Mandel serait en grande partie un plagiat de plus à mettre au passif des hommes politiques. Quoi de plus banal ?

    Ce qui n’est pas banal, c’est que, aujourd’hui, Sarkozy fait rimer Merkel avec Mandel. Quoi de plus cruel pour ce dernier, grand résistant mis en prison par le régime de Vichy, puis récupérer par la gestapo qui l’a livré à la milice française pour le faire assassiner ? Mandel craignait que « affaiblir la productivité française » représentait un danger face à l’Allemagne nazie. C’était pour cela qu’il critiquait les réformes sociales du Front populaire. Il ne montrait pas l’Allemagne comme un modèle à imiter mais comme un danger. Non pas uniquement pour défendre les intérêts des riches. A l’époque le danger était le nazisme. Aujourd’hui, le danger est l’ultralibéralisme qui établit le pouvoir économique et financier d’un petit nombre au risque de générer de nouvelles tragédies guerrières. Sarkozy, chanoine de la finance, est à Mandel, moine de la politique, ce que la canada dry est à l’alcool. Georges Mandel, résistant français de droite appartient à une époque qui a généré bien des héros de tous bords politiques. Aujourd’hui, la droite fabrique ses héros d’opérette dont le seul héroïsme de pacotille serait de s’attaquer aux acquis sociaux.

    De Mandel à Merkel, le danger est le modèle allemand qui, par la dérégulation du travail et les plans d’austérité, nous conduit à une récession économique et sociale. N’oublions pas que c’était déjà une crise financière venue des USA,  la Grande récession, le chômage et les industriels allemands qui avaient mis Hitler au pouvoir. Georges Mandel, en son temps, avait tenté d’alerter ses contemporains sur les dangers de la montée du nazisme en Allemagne. Tous ceux qui voyaient venir le nazisme n’ont pas été entendus. Il ne s’agit plus aujourd’hui uniquement de l’Allemagne. La montée des extrêmes-droites en Europe est un signe à prendre au sérieux aujourd'hui... Demain, il sera trop tard.

    Signé: Pidone

    N'achetez pas ce livre!...

    sarkozy_mandel

    Google Bookmarks

    Tags Tags : , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :