• Des leçons à tirer

    Un internaute nous a envoyé un texte dans lequel il livre ses réflexions sur les dernières élections municipales à Ajaccio. Nous le publions très volontiers, tout en précisant que ce texte n'engage que son auteur. Le débat continue.

     

    Elections Municipales en Corse

    On hésite entre le rire nerveux et la déprime en prenant connaissance par la presse des tractations d’entre deux tours pour les élections municipales à Ajaccio.

    Non content d’additionner au premier tour la quasi totalité de l’éventail politique, du PCF aux nationalistes en passant par la droite libérale, à l’exception heureuse du Front National, Simon Renucci était à deux doigts de brader tout idéal pour fusionner avec l’autre liste nationaliste, constituée de ceux qui n’étaient pas présents sur sa liste du premier tour.

    Heureusement que les dirigeants de la liste « Ajacciu Cità Nova » étaient peut être un peu trop avides de postes puisque le maire sortant et ses colistiers avaient d’ores et déjà accepté leurs principales revendications.

    Même démarche à gauche avec l’intégration, marquée du sceau de la sincérité, dans le programme de Simon Renucci, au dernier moment et aux abois, de deux revendications du Front de gauche, telles que la re-municipalisation de l’eau et la gratuité des transports en commun.

    Il ne s’agissait visiblement que de gagner à tout prix et nous n’aurions pas dû apporter notre soutien lors du meeting d’avant deuxième tour à ce type de renoncement idéologique.

    On nous a également rejoué le slogan « votez Simon, contre la droite et l’extrême droite ».

    Certes, la bataille contre la droite et l’extrême droite est plus que jamais d’actualité, mais en terme de danger pour la démocratie, que pèsent les 8% de la liste FN à Ajaccio par rapport aux revendications portées par les nationalistes des liste de Simon Renucci et de José Fillipi : préférence corse et corsisation des emplois, embauche locale à la mairie d’Ajaccio en lieu et place de recrutements statutaires, statut de résident et sous-citoyens mis à l’index faute d’ancienneté en Corse ou d’absence de « bonne filiation », co-officialité de la langue corse soit l’obligation de l’enseignement et frein à l’embauche des non-corsophones, rupture avec le principe républicain d’égalité de droit au sein de la Nation …

    On a de plus déjà pu mesurer sur quelles listes se porte le vote xénophobe en Corse.

    Si la liste de Simon Renucci l’avait emporté, l’ensemble des organisations politiques et de leurs représentants y figurant,  seraient rentrés dans l’histoire de la ville pour avoir intégré, pour la première fois, des nationalistes dans une majorité municipale.

    Pas de quoi se moquer des ultimes tripatouillages à Bastia de François Tati et du PS de Haute Corse, alliés à la droite et à Gilles Simeoni, pour propulser un maire nationaliste dans la deuxième ville de Corse.

    Comment peut retentir de manière claire et limpide la dénonciation, par nos camarades communistes de Haute Corse, du danger du nationalisme aux affaires quand à Porto-Vecchio leurs camarades du Sud s’allient à cet adversaire tant décrié ?

    Alors dès maintenant en Corse et comme partout en France et en Europe, il nous faut construire cette autre gauche qui fasse le choix de ne pas insulter l’avenir, de ne pas oublier les principes qui ont marqué son histoire depuis plus d’un siècle.

    Commençons par une première exigence qui en Corse prend de plus en plus de sens. C’est le choix d’une conception républicaine de la Nation telle qu’elle nous vient de la Révolution française. Celle des citoyens, des droits de l’homme, de l’égalité des droits, de la laïcité, de la prépondérance des services publics sur le marché, celle qui sait se situer du côté des salariés et des classes populaires.

    Nous ne voulons plus en Corse de cette dérive anti-républicaine, qui accepte la différenciation des droits des citoyens en fonction de leur origine ethnique ou culturelle, qui nous conduit vers un fédéralisme propice à la mise en concurrence des régions, au développement basé exclusivement sur les richesses locales, brisant les solidarités, les systèmes de péréquations et leurs outils publics et  accélérant de ce fait les disparités régionales.

    Nous ne voulons plus en Corse de cette dérive vers un dumping social remettant en cause les garanties sociales et source d’enrichissement et de profit pour une poignée d’individus,  pérennisé par la remise en cause des outils de redistribution que sont encore aujourd’hui, par exemple, les droits de succession.  

    Au plan national, le seul espoir réside dans le renouveau d’un Front de gauche  qui ne soit pas considéré par ses membres comme une boîte à outil politique dans lequel chacun puise en fonction de ses propres intérêts tactiques.

    Le  Front de gauche,  c’est le partage équilibré d’un projet d’avenir qui ne peut être que basé sur la loyauté entre ses différentes composantes. Comme on a pu le constater lors de ces élections municipales, il y a du travail. Mais il n’y a pas d’autres alternatives.

    Pour ces élections européennes, nous devons faire progresser l’idée d’une construction qui ne soit pas au service des marchés financiers, qui les soumette à contrôle public au service des citoyens,  qui mette en avant l’idée de service public et la concrétise dans l’exercice d’un maximum d’activités humaines.

    Nous ne voulons plus de cette mise en concurrence des citoyens et des territoires, au nom de la concurrence libre et non faussée, qui détruit les acquis sociaux, développe le chômage et généralise la montée des partis d’extrême-droite.

    Vaste projet qui a pu prendre son origine dans la bataille commune contre le traité constitutionnel européen, puis les élections présidentielles de 2012. Sa relance pour les élections européennes est impérative, au risque d’enterrer, pour les futures générations, un véritable projet émancipateur.

    Puis viendront les élections cantonales et régionales. Il est bien évident que le Front de gauche ne peut rester plus longtemps au sein d’une majorité régionale dite de gauche, qui a abandonné depuis longtemps ses valeurs.

    Claude PERRIN

     

     

     

     

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