• Des médailles, oui mais en chocolat !

    sarkovaudou

     

    Des millions de décorations ornent les boutonnières des Français. Mais au hit parade des médailles, il y a les plus demandées : légion d’honneur, ordre du mérite, Arts et des lettres.  Nous serions curieux de connaître le nombre des « grands enrubannés » qui ne doivent cette distinction qu’à une relation politique. Sarkozy, Grand maître de la Légion d’honneur, aime accrocher des insignes aux boutonnières de ses amis et de ses adjuvants en politique. Lors de la promotion du 14 juillet 2008, le Président a décoré les artisans de son bonheur conjugal: Jacques Séguéla, entremetteur de son mariage et Nicole Choubrac, magistrate de son divorce avec Cécilia. Il a distribué à tour de bras les plus hautes distinctions nationales à tous ses «potes» du show-biz, non, des médias, du Droit, et même les PDG et les banquiers…

    « Chaque médaille raconte sa propre histoire, mais aussi celle de l’être humain qui l’a détenue ou qui la détient. L’art de la médaille est cet art, posé dans l’objet, que, progressivement, le médailliste va percevoir avec son âme. Il s’agit, d’abord, pour lui, de regarder la médaille, afin d’y voir la maîtrise de l’espace, la profondeur de la gravure, la qualité du dessin, le tracé des lignes. Puis, le médailliste en opère une lecture du doigt et une lecture du cœur, pour, en premier, discerner les différentes facettes de la médaille, car chacune donne une vision supplémentaire d’un espace de pure intensité mentale. En s’attardant un peu sur elles, le médailliste trouve qu’elles captent l’attention, en faisant vivre tout un lot de sensations lumineuses, et qu’elles communiquent à la fois espace et traces dans l’espace, en dévoilant tout un champ d’associations, toute une superposition de sens. Il est alors à même d’en ressentir toutes les vertus. En effet, la médaille est une perception accélérée de l’instant, qu’il faut lire et relire, pour l’aimer. La médaille appartient à la totalité sensible, entre intuition et attention et elle devient naturellement miroir de soi-même. Le médailliste est maintenant prêt à comprendre l’art de la gravure. » Tel est le lyrisme d’un marchand de médailles. Il faut le reconnaître : la médaille est un objet d’art inspiré.  Et il ajoute : « Son lyrisme ramassé, sa célébration d’un charivari du vivant, sa complicité avec le temps permettent de fraterniser avec l’effleurement de l’affleurement artistique, mais aussi de s’en retrouver les dépositaires et les ambassadeurs, et, enfin, d’en apprécier, avec hédonisme, (recherche du plaisir et de la satisfaction de vivre), toutes les énergies. La médaille est de la sensibilité communicative, dont on ne peut se priver à une époque parfois ressentie comme trop technologique. La médaille grave dans les esprits… Et le médailliste devient son graveur spirituel, en faisant passer nombre de ses messages… La médaille est également espace pour rêver. L’être humain, qui a constamment besoin de trouver du sens et qui a besoin de relier les gens, les événements et les choses entre eux, va être touché par les liens durables, qui s’inscrivent dans une médaille, où la mémoire des dates importantes d’une vie reste éveillée. Dans le métal, l’être humain peut soudain voir son immortalité. La médaille lui donne une vision supplémentaire, tout en proposant une observation de la savante simplicité de la mise en scène, effectuée par le graveur, que ce soit dans le lieu le plus commun ou dans le lieu le plus exceptionnel. D’hospitalière, la médaille devient expression de reconnaissance et une sensation de reconnaissance. La médaille met en image du silence, pour lui en faire dire plus… »

    Je m’arrête là mais l’auteur de ces extraits n’en finit plus de conceptualiser la médaille… Certes,  il y a le silence des morts décorés.  « Il s'est entraîné toute sa vie pour réaliser son rêve: une médaille, le monté des couleurs et La Marseillaise. Il a réussi: casque bleu tué à Sarajevo. »  chantait Patrick Sébastien et en écho Charles de Leusse « Les champions de la liberté - Ont la médaille pour tout collier. »   En marge des guerres, par temps de paix,  « Des petites médailles d'écume blanche se détachent d'un bouillon et s'en vont à la dérive, au fil de l'eau…»  écrivait  Jules Renard. Une métaphore bien à propos.  Darcos, un temps ministre inculte de la culture voulait donner des médailles aux élèves méritants. Il fallait conditionner les jeunes à travailler pour une médaille et non pour un salaire décent. Une idée olympique  non reprise par son successeur. Si on a pas de médaille à distribuer, on peut lancer des slogans comme « Travailler plus pour gagner plus » car cela n’engage que celui qui l’entend.  Il y a toujours un revers à la médaille. Les mauvais élèves pourraient être un jour affublés des oreilles de l’âne pour avoir  préféré la musique de Delphes au pipeau ministériel. 

    Nos politiques, lorsqu’ils arrivent au pouvoir qu’il soit national ou local, reçoivent et délivrent des médailles prestigieuses. C’est fou le nombre et la qualité des gens qui sont décorés... Depuis son arrivée aux affaires, Sarkozy semble éprouver un malin plaisir à piquer les médailles sur les poitrines offertes même si, en ce qui le concerne, il n’a pas apprécié d’être caricaturé en poupée Vaudou.

    Prenons la légion d’honneur. Elle sert à récompenser des amis politiques et scellent parfois des services rendus lors de campagnes électorales, comme de larges contributions financières ( une affaire traîne dans les tiroirs de la Justice à Bordeaux). Une autre médaille est très prisée, c’est celle des arts et des lettres. Des gens qui n’ont jamais rien créé ni rien écrit la reçoivent. De plus en plus de Peoples et d'affairistes ont été récipiendaires de l'une ou de l'autre grâce à leurs amitiés politiques... Si on distribue chez nous tant de colifichets, c’est que d’aucuns en sont fiers et croient encore au  prestige de la boutonnière. Avec le costume Smalto et la Rolex,  la rosette rouge de la légion d’honneur  et celle bleue de chevalier du de l’ordre du mérite  sont du plus bel effet dans la Jet set politico-people.

    Si vos enfants ont échappé aux  médailles de Darcos, vous pouvez leur offrir celles en chocolat dont ils seront friands en période de fêtes. Toutefois dites leur bien qu’une médaille ne nourrit pas son homme, qu’elle a son revers politique et qu’on ne meurt pas pour elle, même si elle est religieuse. Cette année, j’ai commandé au père Noël une poupée Vaudou pour l’épingler avec la médaille du cynisme. 

    Signé: Pidone 

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