• Des salauds manifestement fiers de l'être...

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    Ce week-end dernier, un manifeste des 343 salauds a fait le buzz sur la Toile pour protester contre la pénalisation des clients de prostituées. Ils ont le culot de reprendre abusivement l'idée du "manifeste des 343 salopes", paru en 1971 à l'initiative de Simone de Beauvoir pour défendre le droit à l'avortement". Les 343 salopes prenaient à l’époque le risque d’être poursuivies pour avoir eu recours à l’avortement. Il s’agissait d’un mouvement féministe qui œuvrait pour que les femmes soient libres de leurs corps. Les 343 salauds réclament pouvoir acheter les corps des prostituées et en font des marchandises partagées avec les souteneurs. Dans la prostitution, il y a les salauds qui paient et qui encaissent et la marchandise féminine.  Aujourd'hui la prostitution, demain la pornographie, qu'interdira-t-on après-demain ?"  interrogent hypocritement les signataires, parmi lesquels Frédéric Beigbeder, Eric Zemmour, Nicolas Bedos ou encore l'écrivain-comédien Philippe Caubère. Ils s'y défendent encore d'être"les frustrés, pervers ou psychopathes décrits par les partisans d'une répression déguisée en combat féministe". Que sont-ils vraiment ? Des connards cyniques qui mettent un prix sur le corps d’une femme. Parmi eux, on trouve des nostalgiques de l’époque des femmes au foyer et des hommes fréquentant les bordels. Ce sont les héritiers des adversaires de l’interdiction des maisons closes. Ils ne valent pas plus chers que les proxénètes qu’ils enrichissent dans un commerce qui est un esclavage. Il faudrait que ces consommateurs de sexe soient eux-mêmes mis au tapin par un réseau de prostitution. Nous verrions bien Beigbeder et Zemmour faire de la concurrence aux travestis en string dans le bois de Boulogne, à moins qu’ils ne préfèrent une Nationale ou une tournée dans les maisons closes du Benelux.

    Au-delà de ces salauds, connards et autres partisans  de l’amour tarifé, le manifeste a été publié par un journal en ligne qui se présente comme politiquement inclassable. Dans ses publications et  la majorité de ses intervenants, on peut identifier une dominante conservatrice, souverainiste et républicaine à travers les nombreuses critiques de la mondialisation, de la construction européenne et des réformes sociétales qui y sont publiées. Son actionnaire de référence est l'ancien propriétaire du journal d'extrême-droite Minute, Gérald Penciolelli. Trouver parmi les signataires Frédéric Beigbeder et Eric Zémour n’est pas une surprise. En ce qui concerne le fils de Bedos, on peut penser que, n’ayant pas le talent de son père, il veut se faire un prénom dans la provocation. On sait qu’il en rajoute des tonnes le plus souvent en pure perte humoristique.

    La mauvaise surprise est Philippe Caubère qui n’est pas un familier du cercle bling bling de la Jet set des plateaux télévisés… Le 14 avril 2011, en réaction à un projet de Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, visant à réprimer les clients de personnes prostituées, Philippe Caubère avait déjà publié dans le quotidien Libération une tribune libre intitulée Moi, Philippe Caubère, acteur, féministe, marié et "client de prostituées" dans lequel il dénonce un texte "attentant de plein fouet aux libertés publiques", voulant "pointer le retour de l'ordre moral » tout en précisant qu'«Il faut évidemment régler le problème des réseaux de prostitution".  Il était alors invité sur différents plateaux de télévision pour exposer son point de vue. Il a fallu ce manifeste des 343 salauds pour que nous découvrions que ce comédien va se faire tirer sur son élastique chez les prostituées pour protester contre l’ordre moral et défendre les libertés publiques.  Il veut librement tirer un coup en payant une esclave sexuelle sans se soucier de savoir qu’elle peut  le trouver répugnant et subir le rapport tarifé. La liberté sexuelle de Philippe Caubère commence où s’arrête celle de la femme. Caubère est meilleur comédien qu’écrivain. Nous l’avions vu à ses débuts dans le rôle de Don Juan au Théâtre du soleil dans la troupe d’Ariane Mouchkine. Nous avions gardé un excellent souvenir de cette représentation bien dans l’esprit de Molière. Drôle de Don Juan aujourd’hui ! Souvenir lointain ! Il est marié et féministe dit-il sans doute pour expliquer qu’il aime toutes les femmes y compris les prostituées et qu’il ne réserve pas l’exclusivité de ouverture de sa braguette à sa légitime. Au théâtre, le comédien ne pratique toutefois plus que l’onanisme intellectuel dans des monologues choisis. Lors d’un séjour à Marseille, nous l’avons revu dernièrement dans son adaptation de Marsiho écrit par André Suarès. Il finit sans doute par s’identifier à ses rôles. Peut-être a-t-il trop regardé les dessins d’Albert Dubout qui, selon les critiques,  aurait inspiré parfois la mise en scène de son dernier monologue ? Un petit mot sur sa prestation : plutôt décevante avec des trous de mémoire et  une mise en scène mal dosée. Au Théâtre Toursky, il a de la chance : Il était à Marseille et la pièce parle de la cité phocéenne. Le public était concerné et, par gentillesse, applaudit toujours le travail des acteurs… Rideau ! Sans doute n’était-il qu’en période de rodage et que la mise en scène sera peaufinée pour les prochaines représentations.

    Nous n’allons pas passer en revue les 343 salauds… ou alors juste un de plus : Il faut citer encore le chanteur « Antoine » qui, sur son bateau, rêve sans doute de se payer une pute dans chaque port, y compris sur les trottoirs de Manille. Sur le coup, avec sa longue vue de marin et ses lunettes Atol, il aurait dû y regarder à deux fois avant de signer ce manifeste aux idées courtes… Finalement peut-être que Johnny avait raison en chantant qu’il a les cheveux longs mais les idées courtes… Da-da-da-da-dam !

    Comment ces salopards peuvent-ils, au nom de la liberté, vouloir financer des réseaux d’esclavage sexuel pour satisfaire leur libido? Comment peuvent-ils s’acheter des prostituées rencontrées, par tous les temps et à toutes les heures, sur le trottoir, dans les bois ou sur les nationales ? Qu’ils ne nous chantent pas que le proxénétisme n’existe pas ou que son existence ne doit pas empêcher des femmes de se prostituer librement pour que des clients les achètent librement. La prostitution, c’était et ça reste la traite des êtres humains. C’est dans cet enfer que se prostituent des femmes abusées par des proxénètes. Les plus fortes s’en sortent ou deviennent des maquerelles. Les plus faibles se soumettent et n’envisagent plus de faire autre chose. Ce n’est pas en interrogeant quelques vieilles prostituées qui n’ont plus de souteneur et continuent à faire ce qu’elles ont toujours fait qu’on démontrera que la prostitution est un esclavage consenti et même voulu. Même les réseaux de call-girls sont des réseaux mafieux. Souvent la prostituée a une maquerelle plus tyrannique et destructrice qu’un julot : la drogue. Il arrive qu’une prostituée se retire en couple avec son julot et qu’ils prennent un commerce, le plus souvent un bar. Le couple reste alors dans ce que l’on appelle le Milieu. La prostitution et le proxénétisme font partie du banditisme, il ne faut pas essayer de cacher que des prostituées sont présentes dans des clubs privés sous le couvert du libertinage. Le manifeste contre la pénalisation des clients de la prostitution est, en quelque sorte, une aide et assistance à la prostitution. Il s’agit d’un soutien apporté au proxénétisme.

    Les 343 salopards de 2013 n’ont rien à voir avec les 343 salopes de 1971. Ces dernières étaient des avant-gardistes féministes alors qu’ils sont de vrais salauds réacs et machistes qui mettent un prix sur tout, y compris sur le corps d’une femme. Ils n’ont pas de quoi être fiers d’eux. Ceux d’entre eux qui, après le tollé qu’ils ont déclenché, font marche arrière (Il paraît qu’il y en a) restent des connards qui ne voient pas plus loin que le bout de leur sexe. Ils ont même osé prendre pour slogan : « Touche pas à ma pute ! », une insulte à « Touche pas à mon pote ! » qui doit réjouir le xénophobe Eric Zemmour.

    Les clients des prostituées ne peuvent impunément rester fiers d’être des salauds en faisant le jeu des réseaux de prostitution. Faute de sanction pénale, ils méritent tout le mépris qu’on peut leur adresser. Ils rabaissent le corps féminin  à un objet sexuel marchand. Ce n’est certainement pas en signant ce manifeste que certains peuvent oser encore se présenter de façon éhontée comme féministes.

    Le site "343 connards" invite à répondre aux signataires du "manifeste des 343 salauds" . Cliquer ICI.

    Feministone

     

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