• Des vacheries bien méritées

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    Le mois de juillet arrive et la France va entrer dans la période de farniente… d’un côté ceux qui n’ont pas les moyens d’aller ailleurs et, de l’autre, les vacanciers qui ont encore les moyens de ne pas rester ici. Que dire de ce printemps qui a apporté son lot de luttes sociales sans qu’une espérance se lève sur un horizon meilleur ? Le chômage continue à augmenter alors que de nouveaux plans de licenciements sont prévus.

    Les élections européennes passées et le fiasco subi par le PS, les élus socialistes soutiennent le candidat de la droite à la présidence de la commission européenne. Ils récusent donc le candidat allemand social-démocrate pour le Luxembourgeois, ancien premier ministre d’un paradis fiscal. Marine Le Pen pourra dénoncer une fois encore l’UMPS. Le Luxembourgeois réunit sur sa candidature l’UMP et le PS. On se demande jusqu’où iront les Solfériniens. Une désillusion est venu s’ajouter avec les socialistes qui se disent indignés et rentrent dans les rangs à chaque vote.

    Sur le plan national, Hollande et Valls continuent dans la même voie libérale en répétant que le chômage n’est pas une fatalité, tout en imposant cette fatalité par une politique d’austérité qui touche la vie quotidienne de chacun dans tous les domaines. Décidément,  Hollande et Valls ont décidé d’aller jusqu’au bout de leurs convictions libérales, tels des ânes avec leurs œillères. Ils s’imaginent encore qu’en menant une politique de droite, ils sont dans la bonne stratégie pour rester au pouvoir. Plus ils donnent des gages à la droite et plus elle fait de la surenchère. Quant au patronat, il faut être naïf pour penser qu’ils veulent, aux affaires, une fausse droite qui n’est pas une vraie gauche. Ils feront tout pour que la Droite reprenne le dessus et donc pas grand-chose pour inverser la courbe de chômage.

    Tout cela crée la confusion. Hollande et Valls gardent le cap à tribord et  conduisent la gauche sur les récifs, tout en prophétisant sa mort. Dans cette confusion, le Front national tire des bords à droite et à gauche, tout en bénéficiant de la montée du racisme, face auquel ni l’angélisme ni la répression ne sont des solutions. Il est temps d’affronter les problèmes communautaristes et religieux sans tabou et de ne plus se contenter des mêmes incantations. Des débats doivent s’ouvrir sur des sujets comme celui du post-colonialisme, des contentieux historiques et de la laïcité qui doit reconquérir toute sa place dans la république.

    Il faut savoir affronter ses propres démons pour espérer que d’autres les affrontent à leurs tours. Il ne faut pas faire du droit à la différence la raison d’un affrontement, alors que la France a pour devise « Liberté, égalité et…FRATERNITE ». Toutes les cultures ont droit au respect mais aucune ne devrait nourrir la haine. Cependant, la lutte contre le racisme ne peut devenir le cache-sexe du libéralisme économique dont les propagandistes apparaissent alors trop polis pour être honnêtes.

    L’arrivée de l’été et des festivals nous ramènent à l’importance du droit à la Culture, avec un grand C universel, qui, comme les autres droits sociaux, est menacé par la politique d’austérité. De nombreux événements culturels, qui ont pourtant des retombées économiques importantes, vont disparaître faute de subventions. Que font les collectivités locales pour équilibrer leurs comptes ? Des économies de bouts de chandelle sont faites sur les associations dans lesquelles des bénévoles donnent de leur temps et qui réinjectent les subventions dans l’économie locale, tout en développant un tourisme culturel. Par ailleurs, les intermittents du spectacle sont menacés dans leurs droits, alors qu’ils sont indispensables aux besoins humains de toutes les chaînes de la création. Va-t-on en arriver à n’avoir que la télévision pour se distraire sans se cultiver ?

    Malgré la chaleur, le besoin légitime de se ressourcer, de faire une pose estivale et de pouvoir ainsi recharger les accus, il faudra encore se mobiliser pour arrêter la casse sociale, la désindustrialisation, la paupérisation, les atteintes aux droits d’être soigné, de pouvoir se nourrir et se loger, mais aussi défendre l’accès à la culture et la préservation de notre environnement.

    Nous apportons notre soutien à celles et ceux qui luttent pour leurs emplois, sans prendre de vacances. La grève demande courage et responsabilité. N’oublions pas que les salariés n’ont que le droit de grève pour se défendre contre l’injustice. En défendant leurs droits, ils défendent les vôtres et le progrès social.

    Les salariés de la SNCM ont été poussés à la grève pour leur faire endosser la responsabilité du démantèlement programmé de leur compagnie. D’aucuns font croire à leurs compatriotes qu’une compagnie régionale est la solution, sans se soucier des milliers d’emplois perdus pour en garder peu dans une petite compagnie insulaire concurrencée par celle italo-suisse qui, par le lobbying et les complicités, aura atteint son but : obtenir le quasi-monopole des transports de passagers sur la Corse.

    Le 31 juillet prochain est la date anniversaire du centenaire de la mort de Jean Jaurès, assassiné le 31 juillet 1914. Le 25 juin a eu lieu, dans le cadre grandiose du Panthéon, l’inauguration d’une exposition qui lui est consacrée. Des politiciens de tous bords récupèrent son image, de Sarkozy jusqu’au Front national. Alors que Jean Jaurès était internationaliste et humaniste, Marine Le Pen déverse sur les ondes son idéologie ultranationaliste en s’attaquant à la double nationalité et argumente son anti-syndicalisme, en voyant partout des fraudeurs, bénéficiaires de droits sociaux exorbitants. Manuel Valls estime, pour sa part, que l’illustre socialiste, fondateur du quotidien l’Humanité, approuverait la politique d’austérité qu’il orchestre aujourd’hui sur la musique de François Hollande.  On récupère un mort, on le fait parler… Cela montre jusqu’où peut aller la manipulation de la vérité historique de la gauche. En 1892, Jean Jaurès a soutenu la grève des mineurs de Carmaux. Il a accusé la République d'être aux mains de députés et ministres capitalistes favorisant la finance et l'industrie aux dépens du respect des personnes. Durant cette grève, il a fait l'apprentissage de la lutte des classes et du socialisme. Surtout, Jaurès s’est alors lancé dans une incessante et résolue défense des ouvriers en lutte. Arrivé intellectuel bourgeois, républicain social, il est sorti de la grève de Carmaux acquis au socialisme. Nous attendons de voir l’attitude des intellectuels bourgeois Manuel Valls et de François Hollande face aux conflits sociaux actuels… Il est vrai que ces derniers ont collé sur le mot « socialisme » l’étiquette « libéralisme ».  Ils mènent une politique de droite et considèrent les critiques de la Gauche comme des vacheries. Pourtant, il devrait savoir qu’« Il faut accepter les coups de pied de la vache comme on accepte son lait et son beurre. » (Proverbe Indi), comme ils devraient se souvenir des paroles de Jean Jaurès : « Quel que soit l'être de chair et de sang qui vient à la vie, s'il a figure d'homme, il porte en lui le droit humain. » En réclamant « L’humain d’abord ! », nous sommes certains de ne pas trahir la pensée d’un grand socialiste qui, le 25 juin dernier au Panthéon, a dû se retourner dans sa tombe, lors du discours du Premier ministre de François Hollande.

    U Barbutu

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