• Douce France!

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    Ce n’est pas le premier et cela n’en est que plus consternant. Une fois de plus, un ministre  a repris un vieux préjugé en affirmant péremptoirement que la violence faisait partie de la culture corse. Le nouveau préfet de Haute-Corse Alain Rousseau considère que les préjugés sont des ennemis mortels et, interrogé par Nicole Mari dans un article de Corse Net Infos, il déclare: « La Corse est particulière et, en même temps, est un département comme les autres ». Il n’y a pas très longtemps des incidents entre supporters bastiais du SCB et ajacciens de l’ACA  avaient déchaîné la presse stigmatisant encore cette violence qui, lorsqu’elle a lieu en Corse, devient héréditaire et culturelle. Si on revient sur les assassinats qui ont été perpétrés sur l’île et qui ont été expliqués par Manuel Valls comme le résultat de notre violence culturelle, ce dernier s’est rendu à Marseille pour d’autres assassinats mais n’a pas eu la même approche. En effet, il n’a pas stigmatisé les Marseillais  comme il l’a fait pour les Corses. Hier, à Paris, le grand rassemblement festif organisé par le PSG a tourné à l’émeute et le quartier du Trocadéro a été dévasté par les supporters-casseurs. Depuis de nombreuses années, le club parisien a des problèmes d’hooliganisme et notamment d’un hooliganisme d’extrême-droite. La violence d’hier est-elle une violence enracinée dans la culture parisienne ? C’est une violence qui n’a rien à voir avec les échauffourées de Bastia. Les journalistes ont été obligés de se mettre à l’abri car ils étaient agressés. Des voitures et même des cars ont été incendiés. Des vitrines ont été brisées. De gens (passants et même touristes) ont été frappés. De nombreux vols avec violences ont été commis. Ces incidents graves ont naturellement développé des polémiques. Le tout nouveau préfet de Paris et le ministre de l’Intérieur sont accusés d’avoir sous-évalué le danger et d’avoir accepté ce rassemblement à risque dans un lieu inadapté pour faire plaisir aux propriétaires qataris du PSG. La vraie réalité du football, c’est qu’il est devenu : un enjeu économique et politique. Il est aussi le terrain d’action de groupuscules violents et le phénomène du hooliganisme est ancien. Apparemment toutes les mesures prises n’ont servi qu’à mettre un couvercle sur la marmite. Les images ont montré que ce sont les supporters interdits de stade qui ont mis le feu aux poudres, malgré leurs dénégations d’aujourd’hui. Ils ont d’ailleurs commencé par allumer beaucoup de fumigènes comme ils le faisaient lorsqu’ils avaient accès au stade. Ils ont choisi un nom qui leur va bien les « Ultras ». On les trouve sur Facebook avec le slogan « Ultras jusqu’à la mort ! »  Depuis un an et demi, ils ont été mis à la porte du Parc des Princes. Le 28 février 2010 : Un supporter parisien est tué lors d'affrontements entre supporteurs des tribunes de Boulogne et d'Auteuil lors du match PSG-OM. Environ une heure avant le coup d'envoi, 200 indépendants du Kop de Boulogne décident d'attaquer (insultes racistes à la clef) les membres du Virage Auteuil. Les « Indéps » (appellation donné à la frange violente du Kop de Boulogne) et des membres du Virage Auteuil s'affrontent assez violemment devant le Virage Auteuil, sous le regard de la Police et des C.R.S présents en très grand nombre ce soir-là. Un membre de la « Casual Firm Paris[1] » est alors lynché par des membres du Virage Auteuil, il décèdera près de 2 semaines après le match après avoir été plongé en coma artificiel. À la fin du match, des incidents mineurs éclatent entre environ 150 jeunes supporters de la tribune Boulogne et les forces de l'ordre. À la suite de ce classico, près de 200 interdictions de stade (IDS) seront prononcées par la police. Même si des casseurs se sont mêlés à la foule des supporters pour profiter des incidents, ce sont les Ultras qui ont été les premiers éléments perturbateurs. Ce qui devait être une fête a été une fois encore l’illustration du gâchis dans lequel le fric et la folie ont mis le football qui fut un sport collectif avant de devenir une industrie avec ses composantes dont font partie les clubs de supporters. Chacun s’acharne à récupérer et garder une partie de la manne financière qu’il génère. La Droite attaque la Gauche aujourd’hui au pouvoir mais le 28 février 2008 l'imposant dispositif mis en place a été si inefficace que son responsable a été écarté dans les jours suivants. Ces défaillances avaient été précédées de bien d'autres, lors de matchs du PSG en province. A Sochaux, à Lille, des préfets et des policiers, confrontés à la venue d'Indépendants ( supporters d’ectrême-droite), avaient eu l'heureuse idée de les placer sur les mêmes gradins que leurs rivaux! L'échec des services de renseignement est tout aussi patent.

    La violence dans les stades a aussi quelque chose de culturel mais il ne faut pas aller chercher ce « quelque chose » dans une identité comme on le fait de façon affligeante avec les Corses chaque fois qu’il se passe quelque chose sur notre île. Les stades sont des arènes et les footballeurs les gladiateurs des temps modernes. Lors des matches de foot, lorsqu’il n’y a pas de violences physiques, on entend le plus souvent des violences verbales. La violence est une réalité humaine. Elle est un mal universel. Il lui faut des conditions pour s’exprimer et le stade de foot réunit ces conditions. Tout compte fait, les supporters corses ne sont pas pires qu’ailleurs et beaucoup moins violents.

    C’est la lecture de la presse continentale et les déclarations de notre actuel ministre de l’Intérieur qui, en Corse, donnent des cauchemars aux personnes sensibles… On stigmatise les Corses à chaque fait divers tandis qu’au-delà de la mer, des faits divers sordides restent des faits divers sans origine culturelle. Un assassinat en Corse est perçu comme l’avatar de la culture corse. Un truand corse est truand parce qu’il est corse. Il faut rappeler que les romantiques bandits corses ont disparu en 1931 après la venue, de France, d’un corps expéditionnaires sur un navire appelé « Le Djebel ». Les truands d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec les Romanetti, Spada et autres bandits corses. Ils ne sont pas les représentants d’une culture corse mais du monde d’aujourd’hui qui donne pour seuls buts la richesse et le pouvoir.

    Les poncifs  sur les Corses sont toujours véhiculés par une partie de la presse. On l’a entendu récemment avec le roquet du Paf et donneur de leçons, Christophe Barbier. Plus récemment encore Luc Le Vaillant dans le journal Libération  écrivait que la Corse était « rafiot montagneux qui a cessé toute communication avec le monde hyperconnecté ». Charles Monti a rapporté les propos nauséabonds de ce portraitiste de Libération  sur le site Corse Net Infos le 3 dernier. Le procureur d’Ajaccio, Xavier Bonhomme, a été plus nuancé que les deux journalistes jacobins et le ministre de l’Intérieur, en déclarant à Corse-matin : « Il y a un rapport à la violence qui est particulier en Corse avec un facile recours aux armes et un nombre d'armes en circulation qui est très, très important ». Des armes, il y en a beaucoup aussi à Marseille où les Kalachnikovs se vendent comme des petits pains.  Aux USA, la détention d’une arme est un droit constitutionnel. Mr Bonhomme voit cependant une relation entre les détentions d’armes en Corse et les homicides. Nous lui laissons la paternité de ses propos qui, à notre connaissance, sont une lapalissade mais pas une spécificité corse. C’est sûr : plus il y a des armes en circulation, plus le risque de leur utilisation est grand. Tchékov le disait à sa manière: «Si dans une pièce de théâtre, un fusil de chasse apparaît accroché au mur au premier acte, on entendra à coup sûr une détonation avant la fin». Maintenant, un truand en trouvera toujours une pour s’en servir partout où il se trouve. Comme dans d’autres régions de France, la Corse compte beaucoup de chasseurs. Pour autant, tous les chasseurs ne sont pas des mafieux. Une statistique datant de 2008 montrerait qu’il y a beaucoup trop d’armes de poing en Corse.  Il s’agit de détentions légales et donc sous la responsabilité de l’Etat, le plus souvent pour la pratique du tir sportif.  En ce qui concerne d’éventuelles détentions illégales, elles sont du domaine de la spéculation et du fantasme. Il ne tient qu’aux préfets de délivrer moins de détentions.

    La sauvagerie et la démence sont plus fréquentes ailleurs qu’en Corse. Pour voir cette sauvagerie et cette démence lorsque l’on habite en Corse, il faut allumer son poste de télévision, prendre le bateau ou l’avion vers la douce France… Les incidents du Trocadéro l’ont démontré hier. A Istres, Karl Rose, jeune homme de 19 ans a acheté une kalachnikov par l’Internet, l’a remise en état de marche avant d’abattre trois passants en avril dernier… Rien de semblable n’a été perpétré en Corse.

    Il suffit de se pencher sur l’histoire de la Corse pour comprendre que les Corses ont été surtout des victimes de violences venues d’ailleurs. Quant à la violence intra-muros, ce sont encore les Corses qui la subissent.  Au Dix-neuvième siècle, Paul Borghetti pouvait écrire : "Il est impossible que l'on puisse s'imaginer combien la Corse est ignorée par l'universalité des habitants de la France. Les pays les moins explorés, les régions les plus lointaines ne sauraient l'être davantage. Et ce qui est étonnant, c'est que tout le monde croit la connaître parfaitement. " Au Vingt-et-unième siècle, on en est encore là, à cause de gens comme les Valls, Le Vaillant et Barbier.

    Battone

     


    [1]Une bande de supporters baptisée "Casual Firm" (CF), en référence à leur manière de s'habiller (chemise ou polo de marque, baskets noires...).


    PSG: qui sont les casseurs? - 14/05 par BFMTV

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