• Droits de l'homme et devoir d'être humain...

    ferry_guéant

     

    « Les Présidents successifs de la République aiment à rappeler que la France est la patrie des droits de l’homme. C’est de l’auto-proclamation. La vérité historique est que la France est la patrie de la Déclaration des droits de l’homme, ce qui n’est pas la même chose ! A nous de faire en sorte que la réalité soit conforme à la Déclaration. Nous en sommes encore loin » C’est Robert Badinter qui l’a écrit mais son discours sur la loi de pénalisation de la négation des génocides autres que la Shoah montre ses propres limites.

    Que dire des droits de l’homme dans sa version des Lumières ? Où en sommes-nous  de la pensée occidentale liée à la séparation de la science et  de l’idée de Révélation divine à partir du XVe siècle ?  Que reste-il du triomphe de la Raison au XVIIIe siècle ?  Les droits de l’homme sont-ils encore une certaine conception du monde et de l’homme. ?

    « Tous les hommes naissent libres et égaux » : cette affirmation de principe est de plus en plus mise à mal. Les déclarations du ministre de l’Intérieur et des cultes sur les civilisations sont révélatrices d’une société toujours raciste, qui voue l’universalisme au seul Occident et met à l’index les sociétés relativistes ou multi-culturalistes qui autorisent les Etats à définir selon leurs critères leurs droits de l’homme.

    Prenons pour exemple le 11 septembre 2011, l’attentat aussi horrible qu’il ait été justifie-t-il toutes les actions militaires des Etats-Unis et de ses alliés ? Uriner sur des cadavres est-il un acte civilisé ? L’Occident et son néo-colonialisme sont-ils innocents dans la montée des communautarismes et des intégrismes religieux ? Quel historien pourrait encore défendre les bienfaits de la colonisation ?

    Pour ne pas faire face aux devoirs qu’impose la défense des droits de l’homme et du citoyen, d'aucuns parfois s’en réclament et n’hésitent pas à banaliser des propos xénophobes et racistes. Pour justifier le néo-colonialisme ou des relations amicales, voire uniquement commerciales et stratégiques  avec des dictatures, ils banalisent jusqu’au négationnisme des génocides. Pour justifier une politique d’expulsion, ils montrent à la vindicte publique les Etrangers comme venant de civilisations qui ne valent pas la vieille civilisation européenne. L'Etranger la pollue même et la met en danger.

    La crise économique met la France dans les conditions propices à la montée du racisme et de la xénophobie. La banalisation des propos racistes et du négationnisme est une atteinte sournoise au Droits de l’homme et du citoyen. 

    Le 17 juillet 1851, devant l'Assemblée Législative, Victor Hugo  synthétisait sa conception des Droits de l'Homme : « Le premier peuple du monde a fait trois révolutions comme les dieux d'Homère faisaient trois pas. Ces trois révolutions qui n'en font qu'une, ce n'est pas une révolution locale, c'est la "révolution humaine"; ce n'est pas le cri égoïste d'un peuple, c'est la revendication de la sainte équité universelle, c'est la liquidation des griefs généraux de l'humanité depuis que l'histoire existe ; c'est, après les siècles de l'esclavage, du servage, de la théocratie, de la féodalité, de l'inquisition, du despotisme sous tous les noms, du supplice humain sous toutes les formes, la proclamation auguste des Droits de l'Homme. » En disant cela, le grand poète ne se retourne pas vers le passé pour y trouver les bienfaits du colonialisme mais montre un esprit frondeur dans une France colonialiste. Et lorsqu’il dénonce le massacre d’un peuple en Serbie, il déclare : « Ce qui se passe en Serbie démontre la nécessité des Etats-Unis d’Europe. Qu’aux gouvernements désunis succèdent les peuples unis. Finissons-en avec les empires meurtriers. Muselons les despotismes et les fanatismes. Brisons les glaives des superstitions et les dogmes qui ont le sabre au poing. Plus de guerres, plus de massacres, plus de carnages ; libre pensée, libre échange ; fraternité. Est-ce donc si difficile, la paix? Il s’offusquait à l’époque de la passivité des gouvernants et de leur aveuglement.

    C’est Victor Hugo qui constate dans « Choses vues » : « Tous les gouvernements ont de tout temps violé tous les droits, à commencer par le droit des gens. Les canons s'appelaient l'ultima ratio. « Qui a force a droit », voilà quelle était la maxime ; les petits états dévorés par les grands ; les poules mangées par les renards, les renards mangés par les loups, les loups mangés par les lions, voilà quelle était la pratique. Ce qui est une nouveauté, c'est le respect du droit. Ceci est l'honneur de la civilisation du XIXe siècle de vouloir que le faible soit respecté par le fort, et que la morale éternelle soit au-dessus des piques et des mousquets."

    Où en est-on de cette pensée humaniste qui a mis des siècles à faire son chemin ? Aujourd’hui, les néo-fascistes se présentent comme les néo-humanistes et les défenseurs de la liberté d’expression. Leur discours n’est plus directement agressif mais sournois. A chaque phrase insidieuse et nauséabonde, ils se posent en victimes lorsqu’ils sont démasqués et trouvent toujours des défenseurs qui banalisent ce qu’ils devraient dénoncer et combattre de toutes leurs forces.

    Le mal est profond. Deux actualités nous interpellent. La phrase du ministre Guéant et la loi sur la pénalisation des génocides. Les deux semblent totalement différentes et pourtant elles relèvent d’une même banalisation insupportable d’atteintes aux droits de l’homme et du citoyen. D’aucuns banalisent l’inhumain lorsque cela les arrangent ou bien pour ne pas être dérangés dans leur confort matériel et intellectuel. Aucune rédemption ne se fait sans repentance. Aucune argutie juridique n’est au dessus de l’humain. Aucun défenseur des droits de l’homme ne devrait admettre les propos du sieur Guéant et l’impunité des négationnises, qui s'acharnent sur les victimes de génocides  et leur descendance. .

    Toute banalisation de la xénophobie, du racisme et des tragédies passées ou actuelles est une infamie. Elle alimente l’ignorance, le mensonge, la barbarie et l’obscurantisme. Il ne suffit pas de tenir des discours humanistes à la terrasse d’un café, entre amis ou camarades, pour ensuite esquiver des sujets qui dérangent ou garder sur leurs stèles de fausses idoles des mondes intellectuel et politique. Il ne suffit pas de s’engager sur des valeurs universelles abstraites et, dans la vraie vie, de rester muets devant l’inhumanité.

    Luc Ferry, philosophe de droite,  est venu au secours de Guéant en approuvant ce que son ami André  Comte-Sponville, philosophe de gauche, a dit : «  Toutes les civilisations ne se valent pas, ni tout dans chacune d’elles » ... «  une Europe qui eût le génie de développer une civilisation laïque de liberté et de bien-être à nulle autre pareille »… et le dandy de droite d’ajouter : «  Pour combien de temps encore si nous n’y croyons pas ». Luc Ferry est sans doute partisan de la méthode Coué et préconise, comme Guéant,  à chaque Européen de se répéter tous les matins devant la glace : «  Je suis le plus civilisé, le plus beau et le plus fort ! »  Pour venir en aide à Guéant, le dandy sophiste utilise un de ses syllogismes dont il a le secret : «  Guéant de droite a dit toutes les civilisations ne se valent pas. Comte Sponville, philosophe de gauche, a dit toutes les civilisations ne se valent pas. A gauche et à droite, toutes les civilisations ne se valent pas ». Par un raisonnement simpliste, il banalise une parole sournoise en  utilisant une phrase d’André Comte-Sponville qui bien évidemment n’a rien à voir avec ce qu’a voulu exprimer Guéant même si les mots se ressemblent. Luc Ferry ne laissera pas sa trace dans l’histoire de la philosophie ni dans celle de la politique française. Je laisse à son ami philosophe de gauche le soin de se démarquer. Ils ont déjà coécrit « la morale des modernes » et ils n’ont plus qu’à prolonger cet échange épistolaire commercialisé. Chez Guéant, les intentions non philosophiques ne font aucun doute. Pour la lui, le choc des civilisations a lieu en France et se réglera par des expulsions.

    Dans les deux actualités, nombreux sont ceux qui montrent un désintérêt, une passive neutralité, pendant que quelques uns banalisent ou utilisent des valeurs universelles en leur retirant toute humanité. Pour notre part, nous soutenons par exemple le député Serge Letchimy qui a posé les questions qui s'imposaient en n'obtenant aucune réponse. Courage Fillon! Courage fuyons!  Nous soutenons les députés et les sénateurs qui ont voté la loi de pénalisation des génocides au nom de cette humanité sans laquelle les droits de l’homme sont vides de sens.

    Devant l’attitude de certains élus, on en arrive à s’interroger sur le sens de la formule « les droits de l’homme et du citoyen ».  Des élus qui devraient lui donner tout sa justification au lieu de la manipuler à leur gré comme ils manipulent les textes juridiques. L’homme n’a-t-il pas finalement le devoir d’être humain, D’ABORD HUMAIN !!!

    Oui, nous le crierons même si c’est dans le désert :

    D’ABORD L’HUMAIN !

    Signé: Pidone

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