• En paroles et en actes

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    Le retour de Sarkosy s’accompagne d’une offensive de la doxa libérale sur les chaînes de télévision où les propagandistes accentuent la pression sur l’Etat, tout en décrédibilisant la gauche. La dernière émission « des paroles et des actes » est un exemple de perversité journalistique. David Pujadas a intitulé cette émission « La France qui gronde ». Sur le plateau Duflot, Hamon et Mélenchon.

    "La France qui gronde", "c'est la France qui gronde à droite" commence d'entrée Pujadas.  A droite toute !  C’est clair. Ensuite le scénario est prévu et la première victime en est l’ancien ministre de l’éducation nationale du deuxième gouvernement Valls. Il fait partie des frondeurs du PS et il n’y a que lui pour défendre la France qui ne gronde pas : le Parti socialiste. Il ne sortira pas d’une fronde mesurée, une divergence de point de vue avec la politique gouvernementale, tout en appelant de tout son souhait l’union de toute la gauche. Face à trois opposants de gauche à la politique d’austérité, il n’y a qu’un élu d’extrême-droite soutenu par le FN mais non adhérent, Ménard maire de Bézier. La droite interviendra avec une politicienne allemande de la CDU, Ingebort Grässle, qui va se montrer pire qu’Angela Merkel, donnant des leçons de courage budgétaire aux Français et réclamant la soumission totale au traité européen. Cette politicienne allemande veut que la France réduise sa dette, comme cela a été exigé notamment en Grèce. Quelle vergogne, alors que l’Allemagne n’a toujours pas réglé la dette de guerre due à la Grèce et ne la réglera jamais. C’est la France qui dédommage  les descendants américains de la Shoah à hauteur de 60 millions de dollars, comme si la compagnie ferroviaire française était responsable des déportations par fourniture de moyens, alors que la France était occupée militairement et donc soumise au jouc nazi. Quel camouflet pour les cheminots résistants morts pour la France ! Et aujourd’hui la droite allemande veut donner des leçons à toute l’Europe. Que l’Allemagne règle d’abord les comptes avec la Grèce.

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    "Chez nous, le socialisme s'est terminé il y a 25 ans à cause d'une pénurie d'argent." a ironisé Ingebort Grässle en soulignant "le manque de courage" des politiques français face à la réduction de la dette et du déficit demandée par les traités "que la France a signés." Elle a donné en exemple le Portugal ou l'Irlande pour leurs efforts en la matière. Des pays où, ajoute-t-elle, les choses "vont mieux".

    Bien sûr les trois invités de gauche n’ont pas apprécié ce cynisme et ont répondu à l’impertinente parlementaire de la CDU.

    Jean-Luc Mélenchon s’est montré le plus vif : "La France a signé des traités, moi j'étais contre. L'intérêt de l'Allemagne c'est que la France se porte bien, vous avez intérêt à ce que la population française ait du travail et du pouvoir d'achat. Si nous suivons ce que vous recommandez nous serons dans le même état que la Grèce, l'Espagne et l'Irlande. (...) Notre peuple ne manque pas de courage et il le prouve tout les jours chaque matin, la France en bonne santé c'est un atout pour l'Europe". "Le chômage a explosé. Essayez de dire à un Espagnol que les choses vont mieux avec 50% de chômage des jeunes." "La France ne manque pas de courage. Vous feriez mieux de nous parler sur un autre ton".

    Benoît Hamon s’est voulu ironique à son tour en évoquant l’ancien chancelier social-démocrate qui a mis en place la politique d’austérité : « Schröder a fait sa politique et depuis, aucun socialiste n'a gagné dans votre pays…  Je veux vous rappeler que vous avez reconstitué la compétitivité de l'économie allemande seule, ça n'était pas coopératif. Depuis il n'y a plus jamais eu de socialistes au pouvoir. Quand vous dites à un Français : "Votre pays n'est pas fiable", nous sommes attachés à notre souveraineté. Or vous venez de dire qu'on avait pas le choix ».  Et de tancer l'eurodéputée : « Votre discours conduira à ce que, en Europe, monte le sentiment anti-européen, et que ce projet soit abattu ».

    Finalement Cecile Duflot a remis l’eurodéputée teutonne en place en lui demandant de ne pas amalgamer les clivages politiques à une opposition entre la France et l'Allemagne, alors que cette dernière tentait de justifier ses reproches inadmissibles derrière l’amitié franco-allemande, pendant que David Pujadas jouait le faux-cul.

    Cette France qui gronde à gauche, Pujadas avait son idée pour la faire apparaître dispersée, cacophonique et donc inapte au pouvoir. Il savait que Hamon n’irait pas jusqu’à la radicalité de Mélenchon. Il voulait que Jean-Luc Mélenchon assure le spectacle. Comme une musique de fond, le libéralisme était distillé. C’est la seule solution pour sortir de la crise. Toute idéologie qui ne l’accepte pas est archaïque. Mélenchon argumente mais on attend surtout de lui qu’il disjoncte, qu’il s’oppose à Benoit Hamon. Les interventions de David Pujadas vont dans ce sens. François Lenglet et Nathalie Saint-Cricq ont été minables comme d’habitude.  Il faut dire qu’ils interviennent certainement avec des instructions à suivre. Leurs commentaires et les questions-pièges qu’ils tendent sont cousus de fil blanc. Tout au long de l’émission, le traquenard est visible. Les objectifs de Pujadas apparaissent clairement dans son comportement et ses interventions. La caméra traque le visage de Mélenchon lorsque Benoît Hamon parle.  Si ce dernier  s’est montré prudent en ne voulant pas se marginaliser davantage dans son parti, Duflot a été plus libre de ses propos.  Elle ne s’est jamais laissé déstabiliser. Finalement nous trois invités de gauche ne se sont pas laissé entrainer dans le plan de David Pujadas qui a d’abord évoqué leurs points communs pour mieux montrer ensuite leurs divergences.  L’émission était une sorte de téléréalité politique avec un scénario bien arrêté mais les acteurs n’ont pas été comme on les attendait dans cette dramaturgie à la gloire du libéralisme.

    Pour revoir l’émission cliquer ICI.

    Il n’y aurait qu’une seule voie : celle néolibérale de Bruxelles.  Comme dans le direct de François Hollande, nous avons eu droit au patron de PME, cette autre France qui gronde : le « moyen patron » plein de bon sens face aux vieilles idées irréalistes du trio Mélenchon/Duflot/Hamon. Bon, on ne nous refait pas le coup de la belle patronne blonde et pleurnicharde. Toutefois ce « moyen patron » aimerait faire bosser des apprentis dix heures par jour, s’agissant de gamins de seize ans. Il faut dire qu’il s’agit du prochain leader d'une grande confédération patronale, la CGPME. Curieusement, c'est en cours d’émission (grésillement de son oreillette oblige) que Pujadas donne l’info déjà divulguée sur Twitter par un élu PS.

    Le casting était aux petits oignons pour une mauvaise soupe libérale dans laquelle on a voulu faire cuire la gauche. Il ne manquait qu’Eric Zemmour mais son spectre est passé dans l’émission. En marge de l’actualité, on apprend l’inimitié entre Pujadas et Masure. Il y a certes la rivalité entre eux mais Bruno Masure dit des vérités sur son collègue et néanmoins ennemi lorsqu’il balance : « Le JT de France 2 fait beaucoup trop la part belle aux faits divers crapuleux, dans l'espoir (souvent déçu) de «draguer» les téléspectateurs en les caressant dans le sens du poil. Le JT de France 2 est d'avantage racoleur que TF1, ce qui est paradoxal…Quant à Pujadas, il suffit d'observer ses choix éditoriaux à la rubrique «économie» pour constater qu'il a transformé le journal du service public en officine de propagande néo libérale, avec un matraquage subtil, répétitif et totalement assumé». L’émission « des paroles et des actes » est encore plus édifiante par les procédés utilisés pour truquer les débats et les choix des protagonistes. Dans la dernière émission, nous avons assisté au summum de la supercherie et du traquenard tendu à la Gauche. David Pujadas  a transformé le JT et son émission en officines de propagande néolibérale.

    Si l’on suit l’évolution des lignes éditoriales sur plusieurs chaînes de télévision, on peut noter que le retour de Nicolas Sarkozy à la présidence de l’UMP a galvanisé ceux qui étaient présents dans le Paf pendant son quinquennat et qui ont gardé leur place. Sans doute François Hollande a cru, là encore, qu’en poursuivant une politique libérale, il les mettrait dans sa poche. Il doit être en train de réaliser que les libéraux ne font confiance qu’aux politiciens de droite jusqu’aux extrêmes. Il faut qu’il réalise aussi qu’il a perdu la confiance du peuple de gauche et qu’il ne gagnera jamais celle des électeurs de droite. Il fallait qu’il passe à l’UDI ou à l’UMP, ce qui aurait clarifié sa politique plutôt que de vouloir imposer par la ruse un courant libéral minoritaire à gauche.

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    Les états généraux du  PS se sont clôturés hier à la Villette.  Une charte pour le progrès humain a été adoptée. Comment ne pas penser au slogan du Front de gauche « l’humain d’abord ! ». Jean-Christophe Cambadélis, en charge du PS, a souligné la volonté militante d’obtenir plus d’écologie et de social. Il veut que le PS devienne un parti de masse et a fixé des objectifs ambitieux en nombre d’adhérents espérés. Cette nouvelle orientation de parti socialiste veut ramener dans le girond de la majorité les Verts et les frondeurs, si tant est que ces derniers s’en soient réellement écartés. Elle montre que la fronde grandit au sein du parti. Lorsque l’on sait ce que nous prépare le gouvernement Valls et François Hollande, la manœuvre apparaît grotesque car tous le PS devrait alors se déclarer frondeur. Le Parti socialiste est prisonnier d’un appareil politique qui le mène à l’implosion tant sa ligne politique devient un horizon lointain. On ne sait même plus si cet horizon est devant ou derrière.  Pour que les orientations humanistes, écologiques et sociales soient sincères, il faudrait que François Hollande change de premier ministre, vire Manuel Valls et Emmanuel Macron. Il faudrait aussi qu’il renonce à se représenter en 2017. Des élections primaires sont envisagées et les premiers sondages font de François Hollande un grand perdant.

    Pour croire à la sincérité de la charte pour le progrès humain votée par les militants du PS, on entre dans la politique fiction et, pour l’heure, nous sommes plus enclin à penser que les Solfériniens se livrent à des manœuvres politiciennes pour éviter l’implosion d’ici le congrès du PS prévu en 2015. Ce n’est pas à un an des Présidentielles que l’on change de cap et de gouvernement. En 2016, il sera trop tard.

    Passons de la parole aux actes ! Et les actes sont contraires aux progrès humains. Il est où, le progrès, dans le travail du dimanche inscrit dans la loi Macron ? Et où est-ce qu'on mène une politique de l'emploi ? questionne Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste. On se le demande aussi et on se pose bien d’autres questions encore sur les retraites, les 35 heures, les licenciements boursiers, la santé publique, l’éducation nationale, le chômage…etc.

    Pidone

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