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Euthanasions la 5ème république en 2017 !
Il ne s’en rend même pas compte mais Le député Jacob, Président de groupe des Républicains, est le meilleur interlocuteur de Manuel Valls tant ses tirades sont nulles et permettent au Premier ministre, habituellement sinistre, de faire un brin d’humour tout en renvoyant les Républicains au quinquennat de Sarkozy et à la constitution de la 5ème république dont ils sont les gardiens autoproclamés. Aujourd’hui encore, lors de la séance parlementaire, M. Jacob a été mauvais comme d’habitude pour réclamer la démission du Premier ministre non pas à cause de la loi Travail mais en arguant de son impopularité et stigmatisant la chienlit dans les rues due, selon lui, à des casseurs d’extrême-gauche. Comme on pouvait s’y attendre, la Droite la plus nulle d'Europe n’a pas déposé de motion de censure. On peut se demander si ce n’est pas la peur qu’elle soit votée par des députés de gauche qui a dicté leur inaction législative, à moins que ce soit l’Euro et le désir de voir la demi-finale France-Allemagne chez eux ? Du côté de la motion de gauche, rien de nouveau : 56 signatures alors qu’il en faut 58 pour déposer cette motion. Quelques frondeurs ont signé malgré les menaces d’exclusion proférées par Jean-Christophe Cambadélis, le gardien du temple hollandiste qu’est devenu le siège du PS. Si d’autres élus socialistes sont mécontents, c’est dans la perspective de perdre leurs mandats mais ils restent soumis car, pour eux, hors du parti point de salut ! Complicité et soumission au PS !
La mascarade parlementaire touche à sa fin et démontre une fois encore que la constitution de la Cinquième république donne trop de pouvoirs au couple de l’Exécutif. Les élections présidentielles sont considérées comme la délivrance d’un blanc-seing à un homme prétendu « providentiel » et qui s’installe à l’Elysée, palais qui fonctionne comme une cour dirigée par un monarque républicain. Non seulement François Hollande n’a pas tenu compte des résultats des primaires socialistes en adoubant Manuel Valls comme Premier ministre malgré sa place de bon dernier avec 5%, mais il a ensuite trahi les espérances de son électorat de gauche. Alors que le gouvernement n’a plus qu’une majorité relative, Manuel Valls légifère à coups de 49.3 et contre l’opinion publique qui rejette massivement la loi Travail. Nous assistons à des dénis de démocraties répétés contre le Parlement et contre le peuple. Même le droit de manifester est mis à mal par des mesures policières de plus en plus attentatoires aux libertés. Au sein du PS, la direction menace d’exclusion celles et ceux qui s’opposent à l’inversion des normes dans la réglementation du travail, alors que le respect des normes avait été voté par le même parti socialiste en congrès. Les putschistes du PS marginalisent les orthodoxes socialistes et les menacent d’exclusion.
Nous le voyons, la constitution de la 5ème république ne permet aucune avancée sociale et aucun progrès démocratique. Au contraire, elle donne les outils législatifs de l’arbitraire, agent de la régression. Elle est devenue un carcan pour maintenir une alternance politique libérale. Le seul outil démocratique est le référendum et il fait peur aux conservateurs de la Droite et du PS. Le dernier référendum en date sur la constitution européenne a été oublié et les technocrates européens n’en ont pas tenu compte en faisant passer le même texte sous forme de traités. Aujourd’hui, la Grande-Bretagne a choisi, par voie référendaire, de sortir de la communauté européenne dans laquelle elle avait un statut particulier. Que n’entendons-nous pas sur le référendum considéré comme un vote populiste ? L’essayiste de Droite Alain Minc, va jusqu’à dire : « Ce référendum n'est pas la victoire des peuples sur les élites, mais des gens peu formés sur les gens éduqués ». Et l’amuseur politique Cohn Bendit lui emboîte le pas en déclarant : « Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison. Quand un peuple vote pour l'extrême droite, quand un peuple vote pour le nazisme, il n'a pas raison, même si c'est le peuple ! »
Voilà comment, au nom de la démocratie, on construit une dictature républicaine ! Au lieu de se remettre en cause, la Droite et les socio-libéraux de tous poils considèrent que le peuple a tord de ne pas toujours leur donner raison. Certes, voter pour l’extrême-droite et le nazisme n’est pas un choix démocratique. Qui s’évertue à dédiaboliser le Front national pour en faire l’arbitre du deuxième tour des élections présidentielles et maintenir ainsi une alternance libérale qui promet précarité et chômage au peuple pendant que les grandes fortunes capitalisent toujours plus ? Qui méprise le peuple au point de détourner une grande partie de l’électorat vers l’abstention pour laisser le champ libre au FN ? Qui met en place la déréglementation du travail ? Il ne reste plus à la France qu’à sortir de l’Organisation Internationale du Travail comme le souhaite le président du Medef Pierre Gattaz. Ensuite la déréglementation pourra s’enrichir avec le licenciement sans motif et favoriser davantage le dumping social pour mettre en place l’esclavage moderne au nom de la modernité libérale.
La loi Travail vient d’être adoptée en 24 heures, sans discussion et sans vote, par une Assemblée nationale soumise au diktat de Manuel Valls et de François Hollande. Menton mussolinien, Manuel Valls a joué le personnage qu’il s’est créé en vue des Présidentielles : l’homme à poigne. C’est une défaite démocratique qui sera lourde de conséquences. La classe politique s’est encore fourvoyée dans des calculs politiciens avec, en mire, les élections présidentielles qui seront l’objet des pires manigances. Nous arrivons au bout de deux quinquennats qui auront été désastreux pour l’image de la France, pour la démocratie et la cohésion sociale. Le Front national est pronostiqué présent au deuxième tour. La dernière fois, c’était lors de la candidature lamentable d’un Jospin en rupture avec le socialisme. Il n’avait pas passé le premier tour. Ses successeurs se sont engouffrés dans la brèche libérale et subiront, n’en doutons pas, une défaite cuisante en 2017. Au moment où un hommage national doit être rendu à Michel Rocard, ils devraient avoir une pensée pour leurs propres postérités. Ils ne rentreront pas au Panthéon de la gauche mais iront rejoindre la fosse commune de la Cinquième république. Ils seront enterrés avec une constitution moribonde. Euthanasions-la ! Vive la Sixième république !
U Barbutu
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