• Exspecto quam mox Sarkozy hac oratione utatur…

    logonucléaireEntre le parti socialiste et les verts, un gros point de désaccord : l’utilisation du MOX dont l’arrêt était prévu dans le récent compromis électoral. Le président d’AREVA est intervenu auprès de la direction du PS qui a tout simplement gommé le MOX devenu sujet de discorde étouffée. Il faut dire que ce combustible nucléaire est un enjeu économique important pour AREVA, même si son intérêt économique pour les utilisateurs est loin d’être démontré. C’est un choix stratégique de production fait par AREVA aujourd’hui en position de monopole. Finalement, après une certaine cacophonie, les Socialistes et les Verts ont scellé le sort du MOX en revenant à leurs signatures.Dans un communiqué conjoint, les deux négociateurs Michel Sapin (PS) et Jean-Vincent Placé (EELV), ont souligné qu'il est prévu d'accompagner la baisse de la part du nucléaire dans la production électrique "d'un plan de reconversion" de la filière Mox "permettant de maintenir le nombre d'emplois par la mise en œuvre de centres d'excellence du traitement des déchets et du démantèlement".

    Le combustible MOX est beaucoup plus radioactif que le combustible à base d'uranium enrichi : sa radio toxicité est 5 à 7 fois plus grande. La fabrication du combustible MOX, son transport à travers le monde et son utilisation dans un réacteur nucléaire nécessite des précautions particulières de radioprotection. Le MOX est produit uniquement par le groupe français AREVA  grâce au retraitement nucléaire du plutonium issu des combustibles usés. C’est un produit très dangereux et en outre sa commercialisation pourrait accroître le risque de prolifération nucléaire.

    Dans les années 1980, EDF a signé un accord avec la COGEMA pour utiliser du combustible MOX dans certains de ses réacteurs nucléaires, sous la condition que cela soit économiquement intéressant. La COGEMA est devenu le groupe AREVA. L’intérêt économique du MOX serait contestable et même inexistant, selon certains experts. L'intérêt du MOX est dans la possibilité d'utiliser de l'uranium naturel voire de l'uranium appauvri en remplacement du traditionnel uranium enrichi.  Il est ainsi possible de fabriquer du nouveau combustible nucléaire sans nouvel apport en uranium naturel, donc uniquement à partir de déchets de l'industrie nucléaire. Toutefois, avant utilisation, les pastilles de MOX sont un million de fois plus radioactives que celles d'uranium.Une dizaine de compagnies électriques japonaises gérant des centrales atomiques utilise le MOX depuis février/mars 2011 pour la plupart. L'exploitant japonais TEPCO utilisait, depuis février 2011, du combustible MOX dans le 3ème réacteur de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, utilisation qui a duré fort peu de temps en raison des accidents nucléaires entraînés par le tsunami du 11 mars 2011 et les pannes consécutives sur les systèmes de refroidissement de la centrale.

    En France, le groupe AREVA emploie près de 27.000 personnes et en Europe, quelque 10.500 salariés, dont 5.700 sur la seule Allemagne. En Afrique, continent sur lequel AREVA est présent via les mines, le groupe affiche un peu moins de 3.000 salariés. Au final, cinq pays rassemblent 90% des effectifs Monde d’AREVA : la France,  l’Allemagne, les Etats-Unis, le Niger et le Kazakhstan.

    L’intérêt économique du MOX n’a pas été démontré pour les utilisateurs. Ce combustible présente des problèmes techniques  et des surcoûts qui font de lui un produit onéreux dans son utilisation  et le traitement de ses déchets. Après utilisation en réacteur, le MOX dégage plus de radioactivité et de chaleur que le combustible classique. De plus, la qualité du plutonium se dégrade pendant l'utilisation du combustible MOX. C'est pourquoi il n'est pas envisagé de retraiter de nouveau le Mox usagé mais c’est à l’étude. Le refroidissement du MOX usagé prend 10 fois plus de temps (50 ans), ce qui demande des installations de refroidissement plus grandes. Le projet de réacteur à neutrons rapides lancé en 2010 et dénommé ASTRID vise à multi-recycler le plutonium - même de qualité dégradée. C'est pourquoi il pourrait permettre d'envisager de réemployer une partie du combustible MOX usé.

    Un arrêt brutal de cette production et du nucléaire en France ne serait pas opportun dans cette période de crise économique et de chômage. Nous héritons de tous les mauvais choix politiques et d’une spéculation financière mais aussi nucléaire. AREVA pèse 48.000 emplois (dont plus de la moitié en France) au moment où les licenciements se multiplient. La perte des exportations de MOX viendrait aggraver le déficit de la balance commerciale… au moment où des pays (Allemagne et Suisse) abandonnent le nucléaire et pourraient accroître les exportations françaises d’électricité...

    areva_sarko

    Exspecto quam mox Sarkozy hac oratione utatur. Comme « AREVA » est aussi le nom d’une rivière sur la péninsule hispanique aux temps des Romains, nous avons choisile le latin pour dire « Je m’attends à ce que bientôt Sarkozy nous tienne ce langage » « mox » et « Sarkozy » dans la même phrase ! En latin Mox signifie bientôt. Voilà dans quelle situation, les gouvernants français nous ont mis aujourd’hui et Sarkozy leur a emboîté le pas. Pourtant bientôt il faudra mettre dans la balance le risque de récession et le risque nucléaire… Une récession annoncée et qui a pour origine une crise financière due à la spéculation.  Bientôt, c’est dans pas trop longtemps. Pourquoi pas après les élections présidentielles ?

    Ce qui est certain, c’est qu’il ne faut pas compter sur un arrêt progressif du Nucléaire avec ses VRP que sont Sarkozy ( embrassant l'ex-présidente d'Areva) et  Besson, maire de Donzère, dans la Drôme, une région qui possède deux sites nucléaires, celle du Tricastin et du Cruas.l

     "Il convient de noter qu'une fois de plus, toutes les décisions relatives aussi bien à l'utilisation du MOX qu'à la construction des usines de fabrication de ce combustible ont été prises sans l'avis du Parlement français. En dépit du fait qu'il s'agit d'une orientation totalement nouvelle de la politique énergétique de notre pays et que ces choix nous engagent pour plusieurs décennies, la représentation nationale n'a ni été consultée ni même informée, si ce n'est par un rapport de l'Office présenté, en 1990." C’est Mr Bataille qui l’a dit.

    Que feraient nos parlementaires de droite et de gauche? On peut douter de la clarté des votes dont les motivations n’ont souvent rien à voir avec l’enjeu qui est ni de droite ni de gauche mais bien au-delà des clivages politiques. Même si la Droite estime que le citoyen Lambda n’a pas son mot à dire, on le voit bien : la question du nucléaire devra faire un jour l’objet d’un référendum qui sera l’occasion de lancer un débat public pour mieux informer l’ensemble des Français tenu à l’écart jusqu’à aujourd’hui. La radioactivité n’a pas de frontière. Elle sème la maladie et la mort au gré des vents. Les Corses le savent bien après les effets nocifs du nuage de Tchernobyl passé sur l’Île. Il y a des décisions qui doivent être prises par référendum : celle de la poursuite de la production nucléaire notamment et ses applications militaires. Chaque peuple a son mot à dire sur les centrales nucléaires et la prolifération des  armes nucléaires. Au-delà de la sécurité des centrales nucléaires mise à mal par les catastrophes, tout le mode sait aujourd’hui que la marchandisation du nucléaire est la porte ouverte à cette prolifération.

    Pour terminer sur le groupe AREVA et le chantage aux emplois déjà annoncé par Copé hier sur FR2, ce groupe a déjà perdu des milliers d’emplois pendant la présidence de Sarkozy (effectif de 75.000 en 2008 et plus que 48.000 en 2011 dont 56% en France). Avec la bénédiction de la France (actionnaire) et sous le contrôle de l’UE, la filiale AREVA T&D et ses 31.000 collaborateurs ont été cédés le 7 juin 2010 à Alsthom et Schneider Electric pour dégager une plus-value de 1,2 milliards d’euros. Après des années de trésorerie dans le rouge et avant son remplacement par Luc Oursel, Anne Lauvergeon était satisfaite d’une bonne année 2011 et prévoyait pour 2012 : « un chiffre d'affaires de 12 milliards d'euros, une marge opérationnelle à deux chiffres et un cash flow opérationnel libre significativement positif ». Toutefois le Figaro annonçait 3 à 4000 licenciements, soit 6 à 8% des effectifs globaux. "Pure spéculation", réplique-t-on à la nouvelle direction d'AREVA. Luc Oursel  démentait le plan de restructuration et ces chiffres qualifiés de « faux et sans fondements ». Pour l’heure, 800 suppressions d’emplois en Allemagne et 150 en Suisse restent officielles. On peut prévoir que d’autres licenciements peut-être prévus de longue date seront mis sur le dos de la gauche et des verts si leurs projets sur le nucléaire étaient appliqués après les prochaines élections. Bien sûr, il ne faudrait pas laisser sur la route les travailleurs du Nucléaire mais leurs compétences peuvent être mieux utilisées vers d'autres énergies mieux contrôlées.

    Signé: Pidone

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