• F.N FORA !

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    La curiosité locale la plus stupéfiante est que le Front national a mis le pied en Corse qui a connu un autre Front national n’ayant rien à voir avec le lepénisme puisque c’était celui de la libération  constitué contre l’occupation allemande et italienne lors de la dernière grande guerre. La confusion ferait injure à tous nos compatriotes (un grand nombre d’entre eux y ont laissé la vie) qui ont combattu le nazisme et le fascisme lorsque l’on connaît les racines de l’Extrême-droite passée de l’antisémitisme à l’anti-Islam. Le Front national du clan Le Pen n’a pas davantage à voir avec le nationalisme corse si ce n’est celui qui écrit sur les murs « Arabi fora ! » et dont on ignore la véritable origine. L’histoire leur a rappelé cette année que des Marocains avaient participé à la libération de la Corse. Le peuple corse ne doit pas se laisser tenter par le racisme alors même qu’il fait lui-même l’objet de propos racistes des beaufs franchouillards du FN. Le Jacobisme radical est l’un des piliers du Front national dans les rangs duquel on vous expliquera qu’il ne faut pas « renforcer et légitimer une classe politique locale étrangère au bien public, à bout de souffle et malade de ses vices ». Ces propos qui attaquent les hommes visent à fustiger la décentralisation et le statut spécial de la Corse. Pour le Front National, tous les autonomistes ou  indépendantistes sont des terroristes qui mettent en danger l’intégrité du territoire national.

    Le Front National de Marine Le Pen n’a jamais caché son identité jacobine.  Marine Le Pen s’était émue de l’existence d’une signalisation routière en langue bretonne en Bretagne. En 2012  le Front National avait demandé, par la voix de son secrétaire général Steeve Briois, une véritable recentralisation de l’état français : « l’Etat doit reprendre la main sur les deniers publics et récupérer un certain nombre de compétences qui ont été dévolues aux collectivités ».  La Collectivité Territoriale Corse peut se sentir visée.

    Un article d’Alexandra Profizi sur le site du journal La règle du jeu (RDJ) est revenu sur l’étape corse de la candidate FN aux dernières Présidentielles. Nous reproduisons deux extraits ci-dessous :

    « Le 17 mars 2012, quelques jours avant François Hollande et François Bayrou, Marine Le Pen a été la première candidate à la présidentielle 2012 à fouler le sol corse. Au palais des congrès d’Ajaccio, elle a donné un meeting devant 700 personnes, parmi lesquelles des nationalistes. Une première, quand on se souvient de la façon dont Jean-Marie Le Pen avait été accueilli à Bastia en février 1992. Brandissant des bannières « I fascisti fora » (les fascistes dehors), les nationalistes de la Cuncolta avaient tout bonnement empêché l’atterrissage de l’avion transportant celui qui était alors président du Front national ».

    Malgré toute la démagogie étalée et les contradictions de la candidate FN pour tromper les Corses sur ses intentions, «  il est inscrit dans son programme pour la présidentielle 2012 qu’elle souhaite mettre un frein total à la décentralisation (http://www.marinelepen2012.fr/le-projet/refondation-republicaine/democratie-institutions-et-morale-publique/). Cette volonté de régression va à l’encontre des efforts politiques qui ont été faits ces dernières années pour accorder plus d’autonomie politique et administrative à la Corse, en raison de sa situation géographique unique au sein du territoire métropolitain ».

    Malheureusement, la flatterie dépend de celui qui l’écoute et trop de compatriotes ont été abusés par une mise en scène poussée au comble de la flagornerie puisque Marine Le Pen a même entonné le Diu vi salvi Regina. Nous vous conseillons la lecture de l’article d’Alexandra Profizi qui ne manque pas d’idées pour faire baisser le Front national en cliquant ICI.

    La montée du Front National en Corse est contraire aux intérêts des Corses de tous les bords politiques. La xénophobie aurait en outre fait de la Corse un désert humain puisque deux tiers de la population corse n’est pas d’origine insulaire lointaine. Il est encore temps d’en prendre conscience malgré les difficultés et les carences de la classe politique nationale et locale dont se servent quelques mercenaires racistes. Si « problème corse » il y a comme ils le disent, ce n’est certainement pas le FN qui va lui trouver une solution. Ce n’est pas le FN qui va favortiser la paix sociale en Corse. En dehors de la préservation de leur culture et de leur langue, donc de leur identité,  les Corses ont les mêmes problèmes que toutes les autres victimes de la crise financière et de leur exploitation par un patronat avide de profit. En Corse, il y a un taux de chômage supérieur à 14%, la spéculation immobilière s’accentue au lieu d’être freinée, les agriculteurs et les éleveurs ne trouvent plus de terres et de pâturages à louer, les emplois précaires ne permettent pas d’y vivre décemment et les salaires sont les plus bas sans perspectives de carrières. Ce sont les problèmes économiques qui sont à l’origine de l’exil. En Corse comme ailleurs, il est urgent de réclamer « L’humain d’abord ! ». Quant à la violence, contrairement à ce qui est dit, ce sont les Corses qui la subissent d’où qu’elle vienne et ce n’est pas eux qui l’entretiennent par une sorte de masochisme héréditaire. Le racisme et la xénophobie importée par le FN ne fait qu’ajouter  de partout la violence à la violence.

    Comment peut-on penser que le Front national a changé lorsque c’est la fille qui remplace le père et que la relève sera assurée par la petite fille. Le patriarche, ancien député poujadiste, n’est jamais très loin  de sa fille qui veut donner des leçons d’économie tout en faisant croire aux salariés bons français qu’elle les défend. Son père avait publié une brochure intitulée Droite et démocratie économique. Ce fut aussi le titre en 1984 du programme économique du FN. Jean-Marie Le Pen faisait l’apologie de l'entreprise privée, de son chef (le patron) et du profit, considérés comme des "moteurs de l'économie". A contrario il stigmatisait l'impôt au nom de l'économie de l'offre, de la "révolution conservatrice américaine" et du reaganisme. Jean-Marie Le Pen voulait  aller jusqu’à prôner la suppression pure et simple de l'impôt sur le revenu.

    Malgré les apparences données par Marine Le Pen et son souci d’attirer un électorat des classes moyennes et populaires, les propositions actuelles du FN relooké en vague bleu Marine  ne sont pas en contradiction profonde avec celles de son père. La nouvelle vague FN  instruit un faux procès au capitalisme en utilisant abusivement un langage de gauche détourné de sa vérité. Elle fustige l’ultralibéralisme, la spéculation, les élites mondialiste, l’Europe… mais elle ne vise pas le capitalisme dans son ensemble. Lorsqu’elle emploie ces mots, elle parle de la Finance. Le programme idéologique reste le même : rejet de l’assistanat et de l’Etat-providence, dénonciations des « rigidités réglementaires » pour ne pas employer le terme de « dérèglementation »,  baisse de la pression fiscale pour donner « un cadre favorable aux entreprises », comme le réclament le Medef, l’UMP, la Banque mondiale et tous les ultralibéraux, sauf que le Front national veut combiner ultralibéralisme et préférence national. Il s’agit donc d’un ultralibéralisme national  à l’intérieur des frontières rétablies avec un retour au franc et au protectionnisme. Autant dire un suicide économique et social à huis-clos !

    On voit bien que, au sein du Front national, tous les thèmes politiques, y compris économiques, tournent autour de la xénophobie. Pour lisser le discours officiel, Jean-Marie Le Pen a laissé la place à sa fille avocate et à  un diplômé de Sciences Po et de l'ESCP, actuellement directeur des études politiques de l'Institut français d'opinion publique (IFOP). Il s’agit de Florian Philippot, vice-président du FN. Ce dernier est rodé à la rhétorique et son style BCBG rompt avec celui de Jean-Marie Le Pen. Quant à Marine, elle continue son rôle d’avocate du FN qui a pris la place de son client et père dont elle perpétue l’idéologie néofasciste.

    Il y a une chose qui est insupportable chez Marine Le Pen (parmi beaucoup d’autres) c’est lorsqu’elle explique que ce ne sont  pas les élus de la « Gauche caviar » qui vivent dans les quartiers avec les immigrés et qui donc en supportent l’existence. Il ne reste plus qu’à ajouter l’odeur, le bruit et l’insécurité. Comme si Marine Le Pen avait vécu dans un de ces quartiers, elle qui a été élevée dans le château de son père.  Elle met souvent en avant son métier d’avocate. Nous serions curieux de connaître la liste des affaires qu’elle a défendues en dehors des intérêts du Front national.  Elle n’a sans doute jamais défendu la veuve et l’orphelin d’un quartier dit sensible. La  forme rampante de racisme  qu’elle affiche s’en prend d’abord aux populations les plus précaires, au salariat dans ses catégories les plus défavorisées et stigmatise - au prétexte de leur religion réelle ou supposée - une grande partie des habitants et surtout des habitantes des quartiers les plus déshérités. Ce sont aussi celles et ceux dont l’exclusion politique est la plus marquée et la plus préoccupante.

    La version relookée du Front national est une imposture politique à laquelle participent des média ainsi qu’une partie de la Droite et de la Gauche. On peut aussi s’interroger sur certains instituts de sondage lorsque l’on sait que le vice-président du FN est directeur des études politiques de l’IFOP qui n’est du reste pas le seul institut de sondage dont on peut douter de l’objectivité.

    C’est bien connu des sociologues et autres spécialistes des masses, l’information a une action incitative sur le comportement des gens. C’est d’ailleurs le but des campagnes de promotion. A force de dire et de répéter que le Front national est un parti républicain et que les Français ne le craignent plus, on fait d’une fausse information une réalité induite. Plus la publicité dit qu’un produit a du succès et plus il en a auprès du public. Le principe est simple mais efficace. Si un produit remplace rapidement un autre en économie, c’est différent en politique : un parti arrivé au pouvoir peut s’y maintenir malgré l’opposition de la majorité des citoyens. La constitution de la Cinquième république est faite pour cela et chaque parti arrivé au pouvoir s’en est accommodé même ceux qui avaient un temps parlé d’une réforme constitutionnelle nécessaire à la démocratie.

    Si vous êtes xénophobes, racistes ou fascisants, il vous suffit d’aller lire les commentaires des sympathisants du FN sur les réseaux sociaux pour être rassurés sur l’idée qu’ils ont de la démocratie… C’est la même que la vôtre avec le même  fumet nauséabond des petits nervis de l’Extrême-droite.

    Sous le vernis des mots, Marine Le Pen et Florian Philippot maquillent la vérité du FN qui est toujours la même avec l’image en arrière-plan du visage tutélaire du père qui nous inspire à leur sujet l’adage : « gentil n’a qu’un œil ! ».  La dernière intervention faussement sibylline de la présidente du FN est son commentaire sur le retour des otages français. Invitée d'Europe1, elle s'est dite gênée par les images des otages avec leur barbe et leur habillement. Elle aurait ressenti un malaise et a déclaré en prenant un air gêné et dubitatif : « Leur barbe taillée d'une manière qui était tout de même assez étonnante, l'habillement était étrange… le chèche sur le visage. Cela mérite quelques explications de leur part ». Bien évidemment elle a réfuté hypocritement toute allusion de sa part à l’Islam. En outre, elle estimait que, si une rançon est demandée, « ne pas payer de rançon ne veut pas dire que les otages vont mourir. C'est un risque à prendre ». On peut se demander ce que Marine Le Pen au pouvoir dirait et ferait si des otages français étaient de confession musulmane. Chasser le naturel, il revient au galop mais, après réflexion,  l’hypocrisie a vite repris le dessus... "Manifestement, je me suis exprimée de manière maladroite puisqu'il ne s'agissait en aucun cas, dans mon esprit, d'émettre la moindre critique à l'égard des otages", a-t-elle expliqué en milieu de journée sur RTL. "Donc, tout à fait évidemment, je me réjouis de leur libération." Ainsi elle a fait d’abord plaisir à ses troupes et ensuite elle rassure les autres. Elle a aussi tenter de se justifier en impliquant des journalistes et des oibservateurs anonymes : « J'ai exprimé le sentiment qui avait été celui d'un certain nombre de journalistes, aussi ne soyons pas hypocrites, et d'observateurs, parce que les images rompaient avec le cérémonial traditionnel qui est celui en général des libérations d'otages." Experte en matière d’hypocrisie, elle sait de quoi elle parle. Avec cette bavure médiatique, son travail de dédiabolisation du FN apparaît comme un vernis craquelé. C’est une sainte de l’espèce de celles qui chient des diables pour reprendre une vieille expression corse qui dit bien ce qu’elle veut dire..

    Le FN et ceux qui s’en servent pour le vote dit « utile » entretiennent la confusion et la xénophobie. Il n’y a pas une délepénisation du FN mais une lepénisation sournoise du débat public qui met en danger la démocratie et la paix sociale. Dans ce débat, il y a les xénophobes médiatisés sur les plateaux de télévision et présents dans les librairies…

    Dans son dernier ouvrage, "L'Identité malheureuse", Alain Finkielkraut fait de l'immigration une menace et vient polluer un peu plus le débat public en multipliant sa présence sur les plateaux de télévision. Cet historien de la philosophie plutôt que philosophe multiplie les citations tout en voulant justifier  la xénophobie. Sur les réseaux sociaux, les racistes font référence à son livre avec des propos lamentables comme : « Et vous allez dire que Finkielkraut est un idiot lui aussi ? Il l’a parfaitement démontré, le multiculturalisme bougnoule n’est plus acceptable… »  Finkielkraut est coupable de tous les outrages à la pensée, de toutes les insultes à la philosophie. C’est la philosophe Laura-Maï Gaveriaux  qui l’écrit dans un article « Alain Finkielkraut, vous êtes tout sauf un philosophe : vous gangrenez le débat public » publié dans la Chronique le Plus du Nouvel Obs. Elle lui reproche entre autres griefs de cautionner moralement des gens qui ne savent rien de la pensée philosophique du multiculturalisme en reprennent le nom, en agitent le spectre, en pensant naïvement, bêtement, qu’il suffit de coller multi à culture pour le définir.

    Au  nom  de ce philosophe trop médiatisé et avec sa caution morale, il y a des gens qui évoquent le choc de civilisations pour justifier la xénophobie facile, mesquine, du petit Français frustré de ne réussir à donner un nom à sa détresse sociale et matérielle.

    Le lepénisme a recruté les humoristes qu’il mérite avec Dieudonné et Roucas… Vient s’ajouter le philosophe qu’il mérite en la personne de  ce « type tout agité avec les cheveux gras et des pompes ridicules qui parle en déclamant comme au théâtre de boulevard des années 1900 ».

    Le FN est à la démocratie ce que le cancer est à la santé. Il conduit à des métastases dont  l’issue est fatale si de nouveaux remèdes politiques ne sont pas trouvés contre ce mal sournois.

    Fiadone

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