• Front contre Front...

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    Pour ceux qui seraient encore tentés de chercher, avec beaucoup de mauvaise foi,  des ressemblances entre le Front de gauche et le Front national, il faut encore dire les choses et revenir sur les mots.

    Tout d’abord l’utilisation du mot « front »  n’est pas une marque déposée par la famille Le Pen et ce mot est utilisé notamment par le Front de libération national corse ou encore du Front de libération national algérien… et surtout il a été utilisé par Léon Blum avec le Front populaire plus proche de Jean-Luc Mélenchon que de Marine Le Pen.

    D’aucuns disent que Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon sont des « tribuns » mais cela  ne rapproche en rien leurs idées. Qu’ils soient« taxés de populisme » n’est qu’un point de vue de commentateur et tout dépend de la connotation donné au terme populisme. Il s’agit en substance de se référer au peuple et non seulement à des élites. On sait que le populisme de Marine Le Pen n’a pour but que de manipuler des foules au service d’une idéologie xénophobe et raciste. C’est un populisme d’extrême-droite avec tous les dangers que cela représente et que l’Histoire nous rappelle. Le Front de gauche se bat contre le Front d’extrême droite. C’est évident. C’est un Front de résistance. Il ne distille pas la peur mais au contraire encourage l’amour de l’autre, le partage, le vivre ensemble… Il se réfère au peuple pour lui rendre ses droits et, en premier lieu, celui d’être écouté par les politiques. Il est à rapprocher du Front populaire, avec tout ce que le terme « populaire » contient de positif et de social. Le peuple n’est pas pour le Front de gauche  un objet comme pour l’extrême droite. Pour le Front de gauche, le peuple, c’est l’humain d’abord.  

    Marine Le Pen dit vouloir s’attaquer au système et défendre les ouvriers. Tous les syndicalistes savent que le Front national n’a jamais été du côté des ouvriers dans les luttes sociales et n’a jamais voté des solutions favorables aux emplois là où il a des élus. Le Front national exploite la crise financière et sociale sur le terrain de l’immigration et son programme se limite à tout régler par une politique d’exclusion. Marine Le Pen est l’héritière de son père qui, tout le monde le sait, doit sa fortune à un héritage qui a fait polémique. Les Le Pen père et fille ne connaissent le peuple qu’à travers l’idéologie du FN.

    Il faut rappeler aux journalistes que le Front de gauche, contrairement au FN, n’est pas un parti mais un rassemblement de plusieurs formations dont la Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase), dont Manca alternativa est membre. Ce rassemblement est devenu une force et  grandit parce qu’il est populaire. Après avoir voulu démontrer que Jean-Luc Mélenchon était un populiste à l’instar de Marine Le Pen, une certaine presse à l'objectivité incertaine parle maintenant de candidat des Bobos pour désigner les intellectuels qui le soutiennent. C’est une nouvelle manœuvre pour détourner les ouvriers mais tous ces tirs sont à blanc et n’atteignent pas leurs cibles. Des journalistes et des politiciens ont tort de sous-estimer l’intelligence des électeurs issus des classes populaires.

    Le 5 février dernier, Canal+ avait déjà intitulé son émission Dimanche+, « Front contre Front » en opposant Marine Le Pen, présentée comme la candidate favorite des ouvriers contre Jean-Luc Mélenchon et sa stratégie anti-Le Pen auprès des ouvriers." Le 9 avril, Canal + remettait ça. On se souvient d’une édition du Grand Journal qui a été un grand moment de mauvaise foi et de négation de ce que devrait être le journalisme. Une émission qui a refusé le débat des idées pour rester dans la caricature,  en ayant pour seul but de démontrer que tous les « populismes » sont comparables et qu’ils ne sont pas dignes d’être écoutés : aucune idée, aucune proposition n’ont été évoquées et seules des questions annexes et des invectives ont été montrées. L’objet de l’émission était de mettre en cause le Front de gauche et de décrédibiliser son porte-parole en se servant du Front national… Le Front national étant déjà « discrédité », il suffisait de montrer les parallèles possibles avec le Front de gauche pour permettre de refermer le cercle de la raison, expurgé des « extrêmes ». Le 9 avril dernier, Michel Denisot a fait avec petitesse une grande démonstration : le Grand journal devrait s’appeler uniquement le petit journal  car son animateur n’est pas un grand journaliste. Les invités étaient Clémentine Autin pour le Front de gauche et Nicolas Bay pour le Front national. Ce jour-là, le Grand journal a atteint le degré zéro de l’objectivité sans arriver à faire rire comme le Petit journal qui, lui, est classé au rayon divertissement de Canal+. A la date du 26 mars, on  trouve une édition du Petit Journal avec toujours pour invitée Clémentine Autin qui répond intelligemment au présentateur-producteur-provocateur Yann Barthès qui se prend pour un journaliste ou un humoriste selon son humeur et l’effet espérée. On doit reconnaître que, en matière d’humour, il est plus fort que Michel Denisot mais en matière de journalisme, les deux se valent.

    Vous pouvez voir ou revoir l’émission du 9 avril en cliquant ICI. A noter qu’aujourd’hui, le frontiste Nicolas BAY doit avoir moins de morgue devant la montée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages et la dégringolade de sa candidate.  Les quelques échanges entre les invités montrent le fossé entre les deux camps, ce qui n’arrange pas la démonstration que voulait faire Michel Denisot. Celui-ci s’est évertué à empêcher tout développement d’un débat qui, pour lui, devait démontrer par l’absurde son argumentation simpliste et caricaturale sur un populisme soit disant partagé par le Front de gauche et le Front national. C’était oublié la sémantique. Il y a Front et Front. Il y a populisme et populisme. Le piège n’a pas fonctionné car il était grossier… « Idiot » n’est pas écrit notre front. Il y a un proverbe corse qui va bien à ce présentateur : « Hé un santu caca diavuli » (C’est un saint de l’espèce de ceux qui font les diables). Le 9 avril dernier, on peut dire qu’il a manqué pour le moins d’honnêteté intellectuelle. 

    Signé: Battone

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