• Haro sur les fonctionnaires!

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    Hier soir l’émission « C’est dans l’air » avait pour but de régler leur compte aux fonctionnaires. Le Figaro et l’IFRAP étaient à la manœuvre.  Pour le Figaro Yves Thréart, directeur adjoint de la rédaction et éditorialiste depuis 2000 et pour l’Ifrap Agnès Verdier-Molinié.

    Vous connaissez l’anti-syndicaliste notoire et polémiste de droite Thréart. Il sévit sur plusieurs chaînes et dans différentes émissions. Inutile de présenter son journal réactionnaire Le Figaro.  Peut-être ignorez-vous qui est Mme Agnès Verdier-Molinié que l’on nous ressert chaque fois qu’il faut casser du sucre sur le service public. Elle a la physionomie d’une buse, ce qui lui donne un air à la fois rapace et buté. Il s’agit d’une diplômée d'Histoire économique contemporaine et vice-présidente de l'Ifrap (Institut français pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques), fondation pour laquelle cette ultralibérale travaille, avec le Parlement et les cabinets ministériels, à la réforme de nos institutions et de nos politiques publiques. Elle est l’auteure de deux ouvrages « Les fonctionnaires contre l’Etat » et «  La mondialisation va-t-elle nous tuer ? ». Tout un programme. Dans le deuxième opus cité, elle écrit : La plupart des défauts que l'on attribue au capitalisme financier sont imaginaires ou proviennent de règlementations inadaptées. No comment !

    A noter aussi la présence de Bernard Vivier, directeur de l’institut supérieur du travail, un centre privé de recherche, de formation et d’expertise sur les relations du travail. L'IST est à l'origine proche du patronat de la métallurgie réuni au sein de l'UIMM. Son fondateur, Claude Harmel (pseudonyme de Guy Lemonnier), collaborationniste durant la Seconde Guerre mondiale, se met, à partir des années 1950, au service du patronat en dispensant des formations et en publiant de la documentation, une fois qu'il fut devenu directeur des études sociales syndicales (1955-1983) et rédacteur d’Est-Ouest. Au début des années 1970, l'IST recrute plusieurs personnes issues de l'activisme d'extrême-droite anti-soixante-huitard (par exemple le futur ministre Hervé Novelli). Bénéficiant de quatre permanents, l'Institut Supérieur du Travail conduit des actions de formation aux règles du droit social et à la pratique des relations sociales, destinées à des cadres dirigeants d'entreprise, et mène des actions de conseil auprès d'entreprises. L'IST est actuellement dirigé par Bernard Vivier, qui a siégé à la section du travail du Conseil économique, social et environnemental.

    Face au trio, un seul représentant syndical, Luc Bérille, Secrétaire général de l'Union nationale des syndicats autonomes (deuxième organisation syndicale de la fonction publique d'État créée en 1993). Ce syndicaliste a dû se sentir bien seul dans ce traquenard. Toute l’émission a été un tissu de mauvaise foi avec des reportages orientés à charge contre les fonctionnaires. Une émission qui pousse à l’écœurement. On peut ajouter au trio accusateur Yves Calvi qui orchestrait les attaques. L’émission « C’est dans l’air » a quelque chose de vicié.  C’est ce qui a valu sans doute à son animateur de participer avec Jean-Pierre Pernaut à une interview de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. On se souvient des regards craintifs d’Yves Calvi vers son confrère. Le chef était Jean-Pierre Pernaut et Sarkozy n’avait rien à craindre. Les coulisses de cette interview ont été d'ailleurs grandement critiquées. Le choix de Jean-Pierre Pernaut et d'Yves Calvi, effectué directement par Nicolas Sarkozy, a été pointé du doigt, tout comme le choix de la maison de production et du réalisateur. La première, Maximal Production, appartient au groupe Lagardère et dont le patron, Arnaud Lagardère, est un proche de Sarkozy. Le second, Renaud le Van Kim, a réalisé plusieurs manifestations pour l’UMP. C’était une affaire entre amis et Yves Calvi en faisait partie. Le 21 avril 2008, ce dernier avait déjà questionné le Nicolas Sarkozy au cours d'une émission animée par Patrick Poivre d'Arvor et David Pujadas, journalistes-animateurs de droite.

    Parlons un peu de la presse écrite…

    Chaque journal a ses journalistes de l’économie mais tous ne sont pas de vrais spécialistes. Alors on assiste à des campagnes de désinformation  et, comme une grève des fonctionnaires était annoncée, nous avons eu droit à des tableaux comparatifs caricaturaux de l’éternelle comparaison des salaires entre le privé et le public. Bien entendu, les chiffres retenus démontrent que l’on est mieux payé dans le public que dans le privé, alors que les salaires ont plus évolué dans le secteur privé pendant que les fonctionnaires ont vu leurs points d’indice gelés depuis de nombreuses années. Par ailleurs, il n’est absolument pas tenu compte des niveaux de recrutement et des concours administratifs obtenus. On se demande pourquoi les médecins et les cadres vont plus volontiers vers le privé que vers le fonctionnariat. L’enseignement connaît une crise des vocations mise en évidence par la chute des candidats aux concours. Même notre ancien président de la République a trouvé que sa fonction ne lui rapportait pas assez de fric et a décidé, après avoir perdu les élections, de faire fortune dans des activités privées.

    Les journaux de droite tirent sur les fonctionnaires. Il n’y a pas de quoi s’en offusquer mais des journaux se disant de gauche s’y sont mis. Depuis qu’il est devenu le journal de la Gauche-caviar, le Nouvel Observateurs ne doit pas digérer d’avoir perdu un bon nombre de ses abonnés et lecteurs fonctionnaires. Il publie des chiffres comparatifs trompeurs sous la plume d’un certain Donald Hébert, jeune journaliste qui couvre aussi le festival de Cannes. Encore un journaliste multicarte, pluridisciplinaire et discipliné qui doit être affecté à la rubrique économique alors qu’il préfère sans doute les projecteurs du cinéma. Ce garçon a fait une école d’ingénieur (ESTP) et suivi les cours du Centre de Formation des Journalistes. Après un emploi d’ingénieur chargé d'étude d'urbanisme chez AM Environnement en 2007-2008 (une année), il est entré au Nouvel Observateur. Nous aimerions connaître ses diplômes, ses salaires et son ancienneté dans les postes qu’il a occupés. Nous savons que son diplôme d’ingénieur correspond à une formation en génie civil et travaux publics (géomètre, maîtrise d'ouvrage). Nous ne lui connaissons aucune compétence officielle en économie, droit public et droit du travail.  Il s’agit d’un exemple parmi d’autres comme l’expert économique utilisé par Pujadas dans son émission « Des paroles et des actes, celui qui sort ses tableaux pour des démonstrations spécieuses et parfois foireuses. Nous voulons parler de l’ineffable François Lenglet. Il est titulaire d'une maîtrise de lettres modernes et d'une maîtrise de philosophie. Cela ne l’a pas empêché de travailler pour des journaux économiques. Sans doute détient-il son amour des tableaux et son savoir économique par voie héréditaire. Son père dirige une entreprise dans l'industrie chimique. Toutefois il l’a reconnu lui-même dans un article de Libération en déclarant : « Je ne suis pas un expert mais un journaliste chargé de porter la contradiction.»  On a noté qu’il l’a porte plus contre la gauche que contre la droite et qu’il s’est montré moins agressif avec Sarkozy que contre Mélenchon et Hollande. Pour les fonctionnaires, il s’est toutefois montré très circonspect au journal de 20 Heures en sortant un tableau démontrant que les salaires des fonctionnaires n’avaient pas évolué depuis plusieurs années contrairement à ceux du privé en progression constante (Chez Yves Calvi, Mme Agnès Verdier-Molinié a prétendu le contraire et n’a été contredite par personne).

    Tous ces détracteurs du service public se défendent de vouloir remonter les salariés du Privé contre ceux du Public. Ils s'en défendent trop pour être honnêtes et leur but est bien là. 

    Evidemment la liste de ces journalistes de droite qui peuplent le PAF et la presse écrite n’est pas exhaustive tant ils sont nombreux et omniprésents. Ils ont occupé le terrain sous la droite et continuent à l’occuper avec arrogance. A croire que leur discours ultralibéral ne dérange pas le parti socialiste qui s’en accommode. 

    Pour revenir aux fonctionnaires, nous rappelons que, contrairement au privé, les emplois dans le public s’obtiennent le plus souvent par concours avec des niveaux d’études exigés pour s’y présenter. Il n’existe pas de 13ème et 14ème mois en primes. Les promotions se font uniquement par concours et ancienneté. Les systèmes de retraite sont différents entre Privé et Public. Dans le Privé, l’employeur prend en charge des retraites complémentaires obligatoires alors que dans le Public, il n’existe d’une caisse de retraite prise en charge par l’Etat. Toute comparaison ne prenant pas en compte les retraites complémentaires du Privé est malveillante. Par ailleurs, si le niveau des salaires des fonctionnaires n’évolue pas, on peut penser que ceux du privé n’évolueront plus. Yves Calvi a cité en exemple des pays européens qui ont baissé de 40% les salaires des fonctionnaires. C’est sans doute là où l’on voudrait en venir ainsi qu’à la suppression de la sécurité de l’emploi. En faisant des fonctionnaires les bouc-émissaires de la crise, ce sont tous les salariés qui sont visés par les ultralibéraux partisans de la  dérèglementation du travail.

    Les journalistes et politiciens qui donnent régulièrement en pâture la fonction publique sont ceux qui défendent l’ultralibéralisme jusque dans les fonctions régaliennes de l’Etat. Monsieur Thréart et Mme Agnès Verdier-Molinié ne s’en cachent pas. La fonction publique offre des secteurs de profit pour les sociétés privées. Les fonctionnaires sont donc les salariés à abattre en premier pour conquérir ces secteurs et ensuite précariser davantage les salariés du Privé. C’est aussi dans ce but que l’on s’attaque à la sécurité de l’emploi des fonctionnaires. Il s’agit de montrer aux salariés du Privé le problème par le petit bout de la lorgnette pour qu’ils s’insurgent non pas contre la précarisation grandissante de leurs emplois mais contre les fonctionnaires.

    Cette nouvelle attaque médiatique tombe au moment où  Goldman et Sachs,  agence de notation connue pour son lobbying au sein de la communauté européenne, conseille à la France de baisser les salaires de 30%. Cette provocation démontre une fois encore la nécessité de la solidarité entre les salariés des secteurs public et privé. Nous espérons que tous les salariés sauront se défendre contre la baisse des salaires et la précarisation des emplois si cette politique antisociale était appliquée par Hollande et Ayrault.

    tousensemble2Souvenons-nous de Nicolas Sarkozy montrant du doigt les corps intermédiaires. Entendez les syndicats. Il est temps de redonner force au syndicalisme pour la défense de tous les salariés du Privé et du Public dans un même combat. Ceux qui attaquent régulièrement les fonctionnaires, les syndicats et les grèves sont les profiteurs d’un système au service de quelques uns et au détriment du plus grand nombre.

    Pidone

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