• Hollande 2012 versus Hollande 2017

    La prétendue réforme du code du travail est devenue un enjeu de la campagne présidentielle et la position de la CFDT apparaît comme une tentative de sauvetage de François Hollande. Que va-t-il sortir des négociations ? Le suicide politique de François Hollande ou un revirement à 180° sur le projet de loi El Khomri lancera-t-il sa campagne électorale avec de nouvelles promesses électorales ?  Comment pourra-t-il faire passer une régression sociale sans précédent pour une avancée, si ce n’est en retirant le projet de loi ou en ne gardant que le compte d’activité et une réforme du CDD ?

    Demain 14 mars, Manuel Valls doit présenter aux syndicats une nouvelle mouture de son projet de loi porté par Myriam El Khomri. Pour convaincre, il devra revenir sur les causes élargies des licenciements économiques et les plafonnements forfaitaires des licenciements abusifs devant les Prud’hommes. Toutefois, le « conseil supérieur de l’égalité professionnelle » a jugé que ce projet de loi ne ferait qu’aggraver les inégalités hommes-femmes. Ce projet fait fi de cette inégalité. C’est un retour en arrière alors que la politique de la France en la matière est déjà dénoncée par le forum économique mondial. Mme Claire Servi-Comble, présidente de « Oser le féminisme » dénonce la carte blanche donné au libéralisme et les mesures insidieuses qui vont à contre-courant de l’égalité des sexes dans l’emploi tout en expliquant en préambule qu’il faut l’égalité. On passe, comme François Hollande et Valls en ont donné l’habitude, d’une déclaration générale à son contraire dans le projet de loi. Mme Servi-Comble, au nom de son organisation, demande le retrait  du projet et n’acceptera pas une simple cosmétique sans réel recul.  Demain, ce sera la dernière séance. Manuel Valls va nous jouer un nouveau scénario sans rien changer de son intrigue.

    Eddy Mitchell a jugé que « si Hollande et Valls sont de gauche, lui il est curé ». Le chanteur  n’a pas épargné Sarkozy et le Front national. Il a, en outre, révélé qu’il avait refusé la légion d’honneur proposée par Mitterrand et qu’il ne le regrettait pas lorsqu’il voyait qu’elle avait été offerte par Hollande à un prince saoudien, coupeur de têtes. C’est l’occasion de rappeler qu’un jeune saoudien va être décapité et, comme cela n’est pas suffisant, crucifié en Arabie Saoudite et que le prince décoré détient le pouvoir de renoncer à cet assassinat. Une pétition est en cours ICI.

    La star du Rock français ne fait que dire ce que beaucoup d’électeurs de François Hollande pensent aujourd’hui. Lorsque l’on parle de bashing Hollande, il faudrait rectifier en précisant qu’il est humilié parce qu’il est humiliant. Il a humilié une grande partie de son électorat. Il s’est humilié lui-même en voulant tuer la gauche avec la collaboration de Manuel Valls.

    D’aucuns disent que la seule chance pour Hollande d’être au second tour des élections serait que Sarkozy soit le candidat de la droite. Ce dernier qui a déjà américanisé ses campagnes coûteuses, après avoir pris pour modèle Bush, s’émerveillerait du succès populaire d’un Donald Trump. Un émerveillement qu’il partagerait avec le penseur fou Jean-Claude Van Damme. Les grands esprits ont les mêmes idoles.  Depuis lors, Sarkozy multiplie les attaques contre les fonctionnaires et les outrances. Où en sont toutes les informations judiciaires ouvertes et dans les quelles le Président des Républicains apparaît ? Comment un candidat qui a largement dépassé ses comptes de campagne peut-il encore se présenter devant les électeurs ?

    De leur côté, Marine Le Pen et Philippot  essaient maladroitement  de lisser l’image médiatique du Front national, pendant que Jean-Marie Le Pen rame en sens inverse avec des groupuscules fascisants. Ce ne sont ni le Front national ni la droite qui défendront les acquis sociaux et le syndicalisme. Ils ne l’ont jamais fait et ne le feront pas.

    Où était François Hollande, hier, pendant que la CFDT et d’autres syndicats dits réformistes avaient organisé une journée explicative sur la loi El Khomri et les modifications à y apporter pour en faire un progrès social? Est-ce qu’il a entendu ce qu’a déclaré Tsipras au sujet du projet de loi El Khomri? « La flexibilité pour le droit du travail ne renforce en aucun cas la compétitivité de nos économies. À chaque fois que des thèses néolibérales et la flexibilité ont été imposées, les résultats ont été catastrophiques. C'est ce qui s'est passé en Grèce, et cela nous a ramené à des conditions de travail  du Moyen-âge. Tous ceux qui veulent imposer ces réformes doivent réfléchir et étudier le cas grec ».

    Notre Président était occupé par la crise européenne et le chantage turc sur le sort des migrants. Il ne veut faire « aucune concession » à la Turquie sur les droits de l’homme. Etant habitué à la dialectique présidentielle, doit-on comprendre qu’il va faire encore beaucoup de concessions ?

    Rappelons qu’Angela Merkel aurait mené seule des négociations avec le dictateur turc Erdogan et que l’Allemagne est l’alliée historique de la Turquie. Les deux pays ont un passé génocidaire. En ce qui concerne la Turquie, François Hollande avait promis une loi de pénalisation du négationnisme. Nous l’attendons encore à un an des prochaines élections présidentielles. La négation du génocide arménien fait-elle partie de la défense des droits de l’homme ?

    Lorsque la parole d’un président de la république ne correspond pas à ses actes, lorsque son engagement politique à gauche conduit à une politique de droite, il n’est plus audible. Il s’est disqualifié. Il laissera derrière lui un parti socialiste aux mains de centristes de droite. Valls dit vrai sur un point : ce parti n’est plus socialiste et il doit changer d'appellation. Il a tort de ne pas reconnaître qu’il n’est plus un parti de gauche et qu’il ne l’a été qu’épisodiquement de 1981 à 1983 dans le cadre d’un programme commun de la gauche, vite abandonné par François Mitterrand. L’indignité de François Hollande est d’avoir trompé ses électeurs lors du discours du Bourget, alors qu’il était en campagne. C’est impardonnable.  Il ne sera plus entendu car il faudrait qu’il déclame l’anaphore de sa présidence bien loin de celle prometteuse du candidat en 2012.

    Moi, Président de la république, j’ai trahi le discours du Bourget,

    Moi, Président de la république, je n’ai pas respecté les Français et les partenaires sociaux, dans l’élaboration de la loi El Khomri.

    Moi, Président de la république, je n’ai pas fait respecter le non-cumul des mandats

    Moi, Président de la république, j’ai reçu et décoré des dictateurs,

    Moi, Président de la république, j’ai été l’ami du monde de la Finance,

    Moi, Président de la république, je n’ai pas été exemplaire,

    Moi, Président de la république, je n’ai pas fait modifier le statut pénal du chef de l’Etat.

    Moi, Président de la république, je n’ai pas introduit la proportionnelle dans les élections législatives.

    Moi, Président de la république je n’ai pas été proche du peuple et je n’ai pas été capable de le comprendre.

    Moi, Président de la république, je n’ai plus aucune légitimité au sein de la Gauche.

    Nous nous arrêtons là car la liste est trop longue des promesses non tenues.

    La prochaine élection présidentielle devrait être l’occasion de reconstituer une Gauche sans celles et ceux qui l’ont trahie. La clarification n’est pas celle proposée par Cambadélis qui demande aux responsables politiques de soutenir la candidature de François Hollande ou de se présenter à la mascarade des Primaires.

    La clarification ne viendra qu’après s’être débarrassé, à Gauche, des Hollande, Valls,  Macron, Cambadélis, Le Guen et consorts, Ils peuvent constituer un nouveau parti centriste et ne plus empoisonner le débat au sein d’une Gauche qu’ils n’ont jamais cessé de vouloir liquider.

     

    Pidone

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 18 Mars 2016 à 17:28

    Hollande avait dit qu'Il ne voulait faire « aucune concession » à la Turquie sur les droits de l’homme dans les tractations à Bruxelles. Finalement Erdogan a obtenu tout ce qu'il demandait sans la moindre concession de sa part. Il a exigé et l'union européenne lui a tout accordé.Une fois encore, il fallait comprendre l'inverse de ce que notre président de la république a dit. Sans doute son premier ministre nous expliquera qu'il s'agit d'une stratégie et qu'il faut l'assumer sans hypocrisie comme remettre la légion donneur à un prince saoudien, coupeur de têtes. 

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