• Hollande dans la quadrature du cercle...

    europhollandeLe Parlement français assure le spectacle avec le vote de la loi sur le mariage pour tous. On passe de la rigolade à l’engueulade et le débat tourne à une véritable pantomime alors que l’affaire est tranchée sur le fond. La dernière séance a été levée à 5h40 après 24 séances de discussions étalées sur 10 jours où ont été examinés 4.999 amendements. Le vote solennel aura lieu mardi après-midi, avant un examen au Sénat à partir du 18 mars. La loi sera votée mais le débat grotesque se poursuivra jusqu’à son adoption définitive… « Définitive » si le conseil constitutionnel ne la retoque pas. On peut fait durer le plaisir. Il faut dire que les socialistes et l’UMP n’ont pas de grandes divergences sur les sujets importants pour tous. Donc il faut bien qu’ils s’affrontent sur quelque chose. Et encore, on trouve des misogynes et des homophobes de partout, à droite comme à gauche, même si la droite a fait de son opposition au mariage pour tous un de ses chevaux de bataille électorale en 2014. 

    L’actualité offre bien des sujets d’inquiétude que le « mariage pour tous » ne cachera pas. Au Mali, pendant que les troupes françaises combattent les Islamistes, les soldats maliens s’entredéchirent à Bamako. Les bérets verts ont attaqué les bérets rouges. Ne voyez dans la couleur des couvre-chefs aucune connotation politique en rapport avec la gauche et les écologistes. Il s’agit de la troupe restée fidèle avec l’ancien régime et de celle qui a fait un putsch. Seuls les putschistes coiffés du béret vert ont des armes et ils ont attaqué hier la caserne des bérets rouges.  Ils ont même confisqué ensuite la caméra des journalistes français pour qu’aucune image ne soit diffusée. On ne peut plus dire que le Mali ne risque pas de devenir un véritable bourbier pour les troupes françaises toujours bien seules à défendre le monde civilisé contre l’obscurantisme. Le premier kamikaze vient même de se faire exploser.  En Tunisie, en Lybie et en Egypte le printemps arabe est loin et l’hiver islamiste est rude. Et la Syrie ? Des morts. Et l’Irak ? Des morts… En Afghanistan ?...  On ne les compte plus.

    Pendant ce temps, notre chef de guerre livrait une bataille budgétaire sur le front européen. Il a fait une conférence de presse pour démontrer qu’une soustraction cache une addition. Le budget européen diminue mais on peut considérer qu’il a des plus. Pour Hollande l’accord est un bon compromis entre les 27 membres qui en ont discuté… Lorsque l’on dit 27, il faut penser 3 car cet accord est un compromis entre Cameron le British, Merkel la Teutonne et Hollande le Gaulois. Redoutable négociateur, le Premier ministre britannique a d'emblée imposé ses règles du jeu.  "Il a annoncé combien il était disposé à payer et a voulu imposer l'élaboration du budget sur cette base", a expliqué un participant. Il a été appuyé dans ce coup de force par le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et par la chancelière allemande Angela Merkel.

    Décidemment l’Europe et notre Président ont leur propre arithmétique et la France n’est pas gagnante dans les calculs européens. Nous avons pourtant  à notre tête un homme calculateur. A l’écouter, on pourrait même penser qu’il serait capable de résoudre tous nos problèmes. Malheureusement, il privilégie le plus souvent le compromis et partage une politique ultralibérale d’austérité qu’il combattait avant son élection… Président élu,  il a rejoint le dernier carré du cercle européen des ultralibéraux. C’est sa façon à lui de donner sa solution au problème de la quadrature du cercle. Pour cela, il applique une politique à géométrie variable sans compas et sans règle mais tout en rondeur libérale. A force d’arrondir les angles, il risque de tourner en rond et de s’enfermer dans la politique antisociale de l’Europe des banquiers.

    Dans les crédits de paiement, c'est-à-dire les dépenses effectives pour les sept prochaines années, les Britanniques voulaient moins de 885 milliards tandis que la France en voulait 960 (montant des crédits d’engagement) et d'autres pays 913. Le montant final des crédits de paiement est de 908,4 milliards d'euros. "Chacun dira qui a fait le pas le plus grand", a commenté Hollande. On ne peut pas dire que son pas en arrière est égal au pas en avant de Cameron. Toutefois Hollande veut une victoire à la Pyrrhus. Il a donc trouvé quelques affectations budgétaires qu’il avait souhaitées. Il laissait entendre que des transferts d’affectations (flexibilité budgétaire) restaient possibles par la suite avant de s’en remettre au Parlement européen qui aura le dernier mot sur l’adoption de l’accord signé. Cocorico ! Il aurait sauvé l’agriculture française et les subventions aux associations caritatives. Merci pour la charité de ces quelques aumônes !

    Nous apprenons rapidement par voie de presse que le vote par le Parlement européen est loin d’être joué alors que le président du Conseil européen s'était félicité de cet accort sur son compte Twitter : "Il y a un accord ! Le Conseil européen s'est mis d'accord sur un cadre financier pluriannuel pour le reste de la décennie. Cela valait la peine d'attendre". En effet, le journal Le Monde titre sur son site «Le Parlement européen refuse de voter l'accord sur le budget » et il est écrit dans l’article : «  Les chefs des quatre principaux groupes politiques du Parlement européen ont annoncé vendredi 8 février qu'ils refuseraient d'accepter "en l'état" le budget pluriannuel européen qui, selon eux, "ne renforcera pas la compétitivité de l'économie européenne" et "ce n'est pas dans l'intérêt des citoyens européens", ont estimé dans un communiqué commun Joseph Daul (PPE, conservateurs), Hannes Swoboda (socialistes), Guy Verhofstadt (libéraux), Rebecca Harms et Daniel Cohn-Bendit (écologistes) ».

    Alors que le premier Ministre anglais a promis un référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans la communauté européenne, il aura réussi à imposer l’austérité avec l’aide de la Chancelière allemande. On peut se demander si les Britanniques resteront dans une Europe où ils n’ont mis qu’un pied pour donner des coups de pied de l’âne à tout progrès social. Le problème est qu’Hollande est aussi un libéral mais qu’il a été élu avec les voix du Front de gauche. Son adhésion à la politique d’austérité risque de lui valoir des revers électoraux car on se rend bien compte que ses paroles électorales ne sont pas conformes à ses actes présidentiels. Ce n’est pas en refusant le terme d’austérité comme l’avait fait Fillon en son temps et en le travestissant d’un manteau de rigueur qu’on trompera les Français sur le nouvel accord programmé.

    L’enveloppe de 960 milliards d'euros de crédits d'engagement est en baisse de 3,4% par rapport à 2007-2013. L’accord ne porte que sur un montant de 908,4 milliards de crédits de paiement.  L’engagement en comptabilité publique couvre les dépenses nécessaires alors que le crédit chiffre les paiements prévus. Rappelons qu’un accord pluriannuel privera l’Europe de toute marge de manœuvre budgétaire pour sept ans… Sept ans d’austérité européenne !

    Dans la foulée, pour rassurer les marchés financiers et satisfaire le clan ultralibéral européen, Hollande et Ayrault ouvriraient le chantier d’une nouvelle réforme des retraites dès 2013 alors qu’elle n’était envisagée qu’en 2014. Ils devraient aussi s’attaquer à l’éternel déficit de la sécurité sociale. Décidemment la campagne électorale s’éloigne et le « moi Président de la République» est un syntagme anaphorique qui ne fait plus son écho euphorique chez les Socialistes. Les paroles du « Moi » candidat s’envolent pour laisser la place à un autre « Je » Président qui joue un drôle de jeu politicien. Il nous sert un canada dry politique… Cela ressemble à la Gauche mais ce n’est pas la Gauche. C’est imbuvable pour un vrai militant de gauche. Pourtant un président normal élu par la Gauche, on pouvait espérer qu’il mènerait une politique de gauche. Mais la normalité est aussi ce qui est conforme à ce dont on a l'habitude, ce qui ne surprend pas et ne dérange pas. Alors on peut penser que nous avons un président qui veut être normal pour la droite ultralibérale. Dans ses discours européens, on n’entend pas des mots comme « progrès social » ou même « justice sociale  Il n’en dit rien car, dorénavant, ce sera comme auparavant.

    « Un discours où la France est une bourgade européenne qui ne voit ni le monde ni même la Méditerranée ou cent millions de personnes ont pourtant en usage commun la même langue française. » commente Jean-Luc Mélenchon sur son blog. Hollande continue à lier le destin de la France à l’ultralibéralisme nordiste de l’Europe qui ne parle pas le même langage que les peuples du Sud. A grands pas,  nous allons vers une Europe divisée entre le Nord et le Sud. L’axe franco-germanique se brisera un jour  même si Hollande a choisi de plier sous le poids de Merkel, fer de lance de l’austérité qui veut garder une monnaie européenne forte dans l’intérêt exclusif de l’Allemagne et de ses alliés, la Grande-Bretagne et les USA.

    Battone

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