• L'actualité en filigrane

    L'actualité en filigraneLes chaînes de télévision donnent la parole à des experts autoproclamés chaque fois que l’actualité s’y prête. Nous avons droit régulièrement aux experts en économie propagandistes de l’économie orthodoxe libérale qui viennent réciter leur catéchisme sans apporter de solutions autres que celles qui nous ont menés où nous en sommes. On débat et on décrypte en petits comités et, bien souvent, les mêmes bobines apparaissent régulièrement. À l'heure où l'Europe est frappée par des vagues d'attentats sans précédent, nous voyons défiler des experts et contre-experts en renseignement, géopolitique et lutte anti-terroriste, sortis d’où l’on ne sait où et parfois des policiers à la retraite ou d’anciens agents des services dits secrets. David Thomson, journaliste sur RFI, a dénoncé sur le plateau de C à Vous (France 5) ces prétendus experts comme des imposteurs. Il les juge même dangereux dans le débat public. Il a expliqué son point de vue : « Les plateaux de télé et radio sont trustés par des gens qui n'ont mené aucun travail empirique, n'ont jamais mené un entretien et s'expriment sur la foi d'idées qu'ils ont sur ce sujet »… «Ces gens peuvent dire tout et n'importe quoi d'un jour à l'autre»… «Il y en a très peu [qui ont ces compétences] et c'est un vrai problème car on arrive dans une situation où ceux qui trustent les médias influencent les politiques et pèsent dans le débat public»… «Et ils orientent ce débat dans un sens qui n'est pas bon». Les éditions spéciales et le direct non stop livrent souvent des informations qui se contredisent et qui se mêlent à des décryptages à chaud incompréhensibles.

    Le 27 mars 2016, Jean-Luc Mélenchon est revenu sur les attentats de Bruxelles. Il a expliqué que le but politique des attentats était de diviser la société et qu'il fallait y faire échec en affirmant un « devoir d'amour ». Jean-Luc Mélenchon est par ailleurs revenu sur sa proposition de candidature à l'élection présidentielle (www.jlm2017.fr) et a dit pourquoi elle se faisait hors cadre de partis. Il a également présenté l'une de ses premières mesures : la convocation d'une Assemblée constituante.

    Lors de cette interview sur RTFM, il dénonçait la diffusion non stop, minute par minute, des événements tragiques que sont les attentats. Cette immédiateté exacerbe plus les pulsions que la réflexion. Les débats et les décryptages ne font qu’accroître l’angoisse des spectateurs. Il va jusqu’à conseiller aux gens d’éteindre leur poste ou de changer de chaîne pour échapper à la mort donnée en spectacle. Non pas qu’il faille se désintéresser de toutes ces tragédies, mais l’immédiateté des événements produit une haine compréhensible et la réflexion doit ramener à l’amour, au vivre ensemble. Les chaînes de télévision ne favorisent pas la réflexion.  Jean-Luc Mélenchon a donné sa réflexion dont nous vous proposons la vidéo…

    Ce qu’il faut aussi signaler, c’est que les attentats et le terrorisme occultent l’actualité sociale. En ce qui concerne le projet de loi Travail, nous n’avons constaté un seul invité syndicaliste par BFMTV en la personne de Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT qui est venu assurer le service après-vente de la deuxième mouture dont les avancées lui seraient dues. Il arriverait à faire oublier qu’il s’agit d’une réforme destinées à créer de la flexibilité demandée par le  patronat et, en contre partie, de la précarité refusée par les salariés. Il a bien sûr rejeté toute collusion avec le pouvoir socialiste et le Medef, tout en vantant le compromis plutôt que la lutte.  Dès sa sortie de Matignon, le 14 mars, il avait salué les annonces de Manuel Valls de réécriture du projet de loi travail, "potentiellement" porteur de "progrès pour les jeunes et les salariés". Il a réitéré son adhésion à un projet qu’il espère faire encore avancer auprès des parlementaires qui vont être appelés à le voter. Nous verrons le 31 mars la réponse du berger à la bergère lors de la grande journée nationale d’action. Ce n’est pas parce que l’on se nomme berger qu’il faut prendre les salariés pour des moutons ! 

    Que dire des dernières déclarations de François Rebsamen, ancien ministre du travail, qui vient de déclarer qu’il n’aurait pas accepté de porter le projet de loi » comme l’a fait Myriam El Khomri qui lui a succédé ? Le maire du Dijon a même ajouté qu’il ne fallait pas s’attendre à des miracles et qu’on ne réécrit pas et on ne réécrira pas le Code du travail car c’est un chantier si immense qu’il aurait fallu s’y attaquer dès le début du quinquennat. Et de conclure : « Là, on améliore, on aménage. C’est nécessaire, mais c’est une évolution, pas une révolution. » Ne nous y trompons pas ! Si Rebsamen enfonce l’actuelle ministre du travail, il vient apporter de l’eau au moulin de Laurent Berger et indirectement de Manuel Valls, en saluant « les corrections de bon aloi qui ont permis de rééquilibrer le texte » et en laissant entendre que « Ce qui est sûr, c’est que le temps que la loi entre en application, elle n’aura pas d’impact significatif avant la fin du quinquennat ». On ne pouvait pas en attendre davantage d’un spécialiste de la langue de bois et des circonvolutions politiciennes.  

    Vidéos Laurent Berger - BFM politique -

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    Laurent Berger est pour le dialogue social, peut-être comme Manuel Valls qui répond « Bah ! Vous l’aurez ! », à une dame qui l’interpelle et lui dit au salon du livre « De la loi El Khomri, on n’en veut pas ! ».  Il faut tout de même rappeler que Nicole Notat[1] et son successeur François Chérèque[2] ont obtenu des nominations lorsqu’ils ont quitté le secrétariat général de la CFDT. Les réformes des retraites acceptées ont reculé l’âge de départ et la durée de cotisation.

    Est-ce en prolongeant la durée du travail que l’on libère des emplois ? Est-ce en facilitant les licenciements que l’on crée des emplois ? Laurent Berger se présente comme non encarté au parti socialiste, contrairement à Jean-Claude Maillet de FO. Nous savons que l’apolitisme est une invention de la droite libérale et que les compromis n’apportent aucun progrès social sans lutte syndicale. Seule l’unité syndicale est porteuse de progrès social.

    Pidone



    [1] Elle crée, en 2002,  Vigeo société européenne d'évaluation des performances sociales et environnementales des entreprises RSE, alors qu’elle vient de quitter ses fonctions de secrétaire générale de la CFDT. En tant que présidente de Vigeo, elle a repris l'agence ARESE, fondée par Geneviève Férone, première agence de notation sociale en France. En 2015, Nicole Notat est devenue la présidente de Vigeo Eiris, à la suite de la fusion de Vigeo avec l'acteur britannique EIRIS. Elle est membre du conseil d'orientation du think tank « En Temps Réel ». Elle a aussi participé à quelques travaux de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde). Elle est membre du club Le Siècle dont elle assure la présidence depuis le 1er janvier 2011. Nicole Notat a été désignée par le Conseil européen membre du Groupe de Réflexion sur l'avenir de l'Europe présidé par Felipe Gonzalez et rattaché au Conseil européen. Le groupe a pour mission de proposer au Conseil européen de mars 2010 une feuille de route stratégique pour l'Europe à l'horizon 2020-2030. Elle était membre du conseil d'administration de la Coface (Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur) et du conseil de surveillance du Monde S.A . Depuis novembre 2011, elle est médiatrice dans le cadre de la mise en place des nouveaux horaires par la SNCF et RFF. En janvier 2013, elle devient la chef de file du groupe de travail « Promouvoir et valoriser l'entrepreneuriat responsable » des futures assises de l'entrepreneuriat, sous l'égide de la ministre Fleur Pellerin. 

    [2] Le 3 janvier 2013, il est nommé inspecteur général des affaires sociales (5e tour) en conseil des ministres à compter du 7 janvier 2013, au statut de haut fonctionnaire. Dans le cadre de ces fonctions, il est également chargé du suivi du plan gouvernemental de lutte contre la pauvreté6 et rémunéré 7257 € net par mois . Il est également élu président du think-tank Terra Nova le 12 janvier 20138. Le 6 décembre 2013, il succède à Martin Hirsch à la présidence de l'Agence du service civique9. Malade et suivant une chimiothérapie, il interrompt temporairement ses fonctions en septembre 2015.

     

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