• L'affront national !

    casanova_nicoçli

    La démocratie est une pratique difficile et souvent une presse ouvertement de droit ne facilite pas le débat. Depuis les élections présidentielles, Jean-Luc  Mélenchon et le Front de gauche font l’objet d’une attention méditatique toute particulière et sa candidature à Henin Beaumont n’a fait qu’exacerber cette presse qui, malgré le résultat des élections, continue à distiller les discours de Marine Le Pen comme politiquement corrects et dignes du dédiabolisation. En revanche, on cherche chez Jean-Luc Mélenchon la petite phrase sortie de son contexte ou bien on le pousse à répliquer vivement par des questions absurdes ou pernicieuses. La manœuvre est claire et la ficelle un peu trop grosse car elle est celle utilisée par l’UMP pour limiter les dégâts de Sarkozy dans ses rangs aux Législatives au cas où le PS aurait besoin des voix du Front de gauche pour le second tour. 

    Pour diaboliser Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche, on le taxe d’extrémisme de gauche face à l’extrémisme de droite du Front national en occultant le passé historique des deux mouvements. Le Front national est un parti qui ne peut pas revendiquer une filiation honorable dans la politique française marquée par la deuxième guerre mondiale et la guerre d’Algérie. Ce n’est pas le cas  du Front de gauche dont une composante importante est le parti communiste. Il suffit de relire l’histoire de cette époque nazie pour connaître le rôle des communistes dans la résistance, y compris pour la  Corse qui a donné  à la patrie française deux grands résistants communistes : Danielle Casanova et Jean Nicoli. Comment des gens se réclamant du gaullisme peuvent-ils faire injure à ces deux résistants morts pour la France en voulant discréditer les idées qu’ils ont incarnées. ? Le Front national ne peut que se glorifier du passé guerrier de Jean-Marie Le Pen en Algérie, un passé marqué par la torture et le racisme anti-arabe.

    D’aucuns veulent encore faire porter le poids des dérives du Stalinisme aux Communistes français, confondant de mauvaise fois le communisme avec le soviétisme et oubliant ce qu’était la Russie des Tsars avec son esclavage. Il ne faudrait pas aussi feindre d’ignorer le rôle des troupes russes dans la lutte contre l’Allemagne hitlérienne  sous Staline pour ne retenir que les goulags.  Il est facile de donner des raccourcis malveillants à l’Histoire. Certains sont tenaces chez ceux qui n’ont que des sornettes à dire par manque d’arguments. Alors, redisons-le encore : des dirigeants et intellectuels communistes ont eu tort de soutenir le stalinisme au-delà de la connaissance qu’ils ont pu avoir de sa réalité politique et de ses dérives. Ils ne portent cependant pas la responsabilité de ces dérives, comme ils ne portent pas la responsabilité des régimes qui se disent communistes dans le monde entier.  En France, le parti communiste français a toujours fait partie de la vie politique dans le Comité national de la Résistance, puis dans des gouvernements, à l’Assemblée nationale, au Sénat… On ne peut lui contester sa légitimité républicaine et en faire, par affront, le pendant à gauche du Front national à la généalogie droitière brune. On ne peut donc contester la légitimité républicaine du Front de gauche et de ses autres composantes, y compris le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon qui a simplement quitté le Parti socialiste. Il l’a fait pour défendre ses convictions résolument à gauche.

    Comment oser renvoyer dans des extrémismes comparables le Front national et le Front de gauche sans un cynisme condamnable ? Le Front de gauche a pour slogan « L’humain d’abord ! ».  Marine Le Pen ne fait que répéter « D’abord les nôtres et après les autres ! » tout en ayant pour seule solution à tous les problèmes la stigmatisation des immigrés et en premier lieu des Musulmans. Jean-Luc Mélenchon a son franc-parler mais ses attaques il les mène à son nom et au grand jour alors que l’égérie du Front national utilise le tract anonyme raciste.

    Contre la xénophobie et le racisme, le Front de gauche et tous ceux que l’on range au rang de l’extrême-gauche sont courageux dans un contexte lié au quinquennat de Sarkozy pendant lequel les Sarkozystes de l’UMP ont banalisé les thèmes du Front national en les reprenant à leur compte. Sûr du rejet du Sarkozysme, le parti socialiste a voulu et continue à vouloir  faire cavalier seul, soucieux de ne pas avoir un allié trop à gauche. Sans doute, la candidature de Jean-Luc Mélenchon à Henin-Beaumont a été une erreur stratégique face à une presse hostile à Jean-Luc Mélenchon. Cela ne fait pas oublier qu’une ville peuplée par des vagues de travailleurs immigrés naturalisés français vote à 48% Front national alors que les Etrangers n’y représentent que 1,6% de la population.  Marine Le Pen y est candidate et y concentre les efforts du parti légué par son père. Elle veut faire « entrer le peuple à l’Assemblée nationale ». Sur le plan national, la vaguelette bleu marine n’a obtenu que 13, 6% sur les 57,33% de suffrages exprimés. C’est encore loin de représenter dans son intégralité le peuple français à moins de considérer que, à eux seuls, les électeurs du Front national sont le peuple. Si on prend en compte la totalité des inscrits (donc les abstentionnistes), il faut diviser son score par 2 et constater que ses électeurs représentent 7% des électeurs. Pas de quoi pavoiser et s’autoproclamer l’élu du peuple français. Hénin-Beaumont n’est pas toute la France où  le Front national a du mal à obtenir des ancrages locaux et à les garder. Il n’a jamais été le parti du peuple et ceux qui en ont fait l’expérience dans les collectivités locales le savent. Il est le clan de la haine, celui qui manipule les peurs et exploite le sentiment d’insécurité. Aujourd’hui, il sert de réservoir de voix à l’UMP qui, dans les marigots bleu marine, lance en période d’élection des appâts électoraux. Sa dédiabolisation et son parallèle médiatique avec le Front de gauche sont un affront national à la démocratie. Il s’agit de deux fronts qui s’affrontent et l’extrémisme est à droite.

    Le combat contre les idées extrémistes du Front national aura tout de même porté ses fruits et Marine Le Pen n’a pas transformé sur le plan national son score de la Présidentielle. Le pourcentage important des abstentions montrent qu’un grand nombre de Français ne font plus confiance aux partis en place, mêmes si les scores obtenus les renforcent. Plus de 40% d’abstentionnistes attendent un vrai changement qui les poussera à revenir dans les isoloirs.

    Le Front de gauche est un mouvement d’existence très récente et les scores réalisés, sans refléter l’engouement des meetings en plein air, restent encourageants. Son avenir va dépendre de la suite donnée à ces élections par ses composantes. Wait and see !...

    Signé : Pidone

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