• La consécration de Renzi imperator

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    Après une course d’enfer qui aura duré tout juste un an, Matteo Renzi, le fougueux maire de Florence, nouveau secrétaire général du Partito democratico, est arrivé au terme de son ascension. Le voilà nommé président du Conseil des ministres italien, à 39 ans. Une performance dans un pays où la gérontocratie politique sévit depuis des lustres. Pour atteindre son objectif, notre homme pressé n’a pas lésiné sur les moyens, y compris en utilisant la technique de la rottamazione pour renvoyer les vieux caciques du parti à la maison. Il s’est emparé d’une manière magistrale du poste de secrétaire général lors de primaires en novembre 2013, avec une majorité substantielle de voix et a fait le vide autour de lui. Des esprits chagrins prétendent même qu’il aurait reçu un sérieux coup de main de son ami Silvio Berlusconi, l’homme du bunga-bunga, l’homme à qui l’on doit une crise sociale, économique et morale sans précédent dans l’histoire de l’Italie, après vingt ans de pouvoir sans discontinuité ou presque. On susurre que des électeurs de ce dernier auraient fait le déplacement lors de ces primaires pour voter en masse pour le jeune Matteo. Après le parti, ce fut le tour de la présidence du Conseil des ministres. Là aussi, il s’est débarrassé d’Enrico Letta, sans vergogne, ni remord. Procédant à une sorte de révolution de palais qui n’a suscité au demeurant que peu de réactions. La vraie gauche étant en phase de décomposition totale. Pourtant les deux hommes étaient comme larrons en foire. Ils venaient tous les deux de la démocratie chrétienne. C’étaient de bons amis. Voilà donc Matteo Renzi au faîte de la gloire. Il vient d’entamer des consultations pour former son gouvernement. On parle de mettre sur pied une nouvelle grande Koalition à l’allemande, en partie expérimentée par Enrico Letta. Déjà, des voix favorables se font entendre et non des moindres. Celles des milieux d’affaires  italiens, celle de la Troïka et bien d’autres partisans de l’ultralibéralisme. Ce qui veut dire en clair que le nouveau président du Conseil des ministres vient d’être adoubé par tous ceux qui préconisent des politiques d’austérité et de régression sociale, un peu partout en Europe. Donc, il ne faut pas s’attendre à un vrai changement de cap. Matteo Renzi, malgré ses gesticulations et ses logorrhées poursuivra l’oeuvre de ses prédécesseurs, sous le regard bienveillant de Silvio Berlusconi, toujours en embuscade et prêt à revenir dans le jeu politique italien, malgré les nombreuses condamnations et autres gamelles qui lui collent au train. Notre nouvel homme fort promet de faire une réforme par mois ! Avec toujours le même aplomb qui le caractérise depuis le début de son arrivée en politique. Il nous fait penser parfois à un certain homme politique français. Le drame dans cette histoire, c’est qu’il y aura un perdant : la majorité du peuple italien.

    Jean-Pierre Orsi

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