• La démocratie en mode mineure

    La démocratie en mode mineureLa lutte sociale méprisée! Pour François Hollande, la stratégie de cette lutte est portée "par une minorité". Pour Manuel Valls, la CGT "prend en otage les Français et notre économie". Fait suffisamment rare pour être souligné, l'opposition adopte la même ligne, mais en plus dur. Ainsi, pour Christian Estrosi: "La CGT est composée de "groupuscules ultragauchistes, il n'est plus acceptable que le gouvernement continue de la considérer simplement comme un syndicat représentatif du monde du travail." Et puis, dans la même catégorie d’anti-cégétistes primaires qu’Estrosi, nous avons entendu Pierre Gattaz, patron du Medef, parler de « voyous » et de « terroristes ». Et puis, du côté de la presse, Franz-Olivier Giesbert a franchi le mur du çon (c’est un habitué) en associant la CGT à Daesh. Comme cela se dit dans les cours de récréation : « Si les cons volaient, il serait chef d’escadrille ». Voilà un éditorialiste, donneur de leçons, qui fréquente les salons parisiens, grenouille à la Télé et va s’encanailler à Marseille où il a trouvé l’inspiration littéraire : une caricature de bobo parisien pour les Marseillais.

    Plusieurs dirigeants politiques mettent en doute la représentativité des syndicats. En cause, le faible niveau d'adhérents. Mais les partis politiques font-ils mieux? La fédération française de pétanque rassemble à elle seule plus d'adhérents que le premier parti de France.

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    La CGT revendique aujourd'hui 688.000 adhérents alors que le parti socialiste en dénombre 131.000 et le parti communiste 130.000. Les Républicains, anciennement UMP, accusent la pire érosion entre 2007 et 2015, passant de 370.247 à 175.900 cartes, malgré un sursaut en 2013. Sans surprise, le parti qui monte est le Front national, qui passe, lui, de 7.000 à 51.000 adhérents sur la même période de temps pour en annoncer aujourd’hui 80.000.

    Philippe Martinez a raison sur un point: La CGT possède à elle seule plus d'adhérents que tous les partis politiques réunis, même si la loi française joue contre la syndicalisation : tout accord négocié par les syndicats représentatifs s'applique à l'ensemble des salariés. Dès lors, d'aucuns se disent à quoi bon soutenir les syndicats en y adhérant si l'on peut bénéficier sans risque de leur action et des avantages obtenus ? Quel salarié non syndiqué a refusé une seule avancée syndicale?

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    Si l'on considère la CGT comme le premier syndicat de France, c'est aussi parce qu'elle obtient le plus de succès aux élections professionnelles. Lors des élections professionnelles nationales en 2013, la CGT a obtenu 26,77 % des voix, contre 26 % pour la CFDT.

    En ciblant la CGT, le pouvoir socialiste et la droite veulent faire oublier que les actions sont menées par sept syndicats dont FO. Les campagnes de presse veulent diaboliser la CGT pour nuire à l’ensemble des revendications syndicales. Le but est d’imposer la régression sociale à tous.

    Si un problème de représentativité se pose, c’est au niveau des élus de la Nation. Pour reprendre une citation de Proudhon : « Il faut avoir vécu dans cet isoloir qu’on appelle Assemblée nationale, pour concevoir comment les hommes qui ignorent le  plus complètement l’état d’un pays sont presque toujours ceux qui le représentent ». Que dire alors du Sénat, cette maison de retraite pour privilégiés de la politique ? Le système électoral des sénateurs permet d’y faire entrer des fournées de politiciens à caser pour que la majorité bascule d’un côté ou de l’autre, dans une alternance conservatrice. On pouvait jadis penser que le Sénat était une Assemblée de notables réactionnaires dont les méfaits étaient heureusement compensés par une forte mortalité. Aujourd’hui, ils y entrent même jeunes comme l’ambitieux vert Jean-Vincent Placé ou quelques élus FN.

    La loi Travail a permis de mesurer le fossé qui s’est creusé entre les Français et les élus toujours majoritaires qui continuent à se livrer à des jeux politiciens pour imposer la régression sociale. Alors que le Premier Ministre a utilisé l’article 49.3 pour imposer une loi qui, même avec un peu de vaseline CFDT, ne passait pas, la majorité droitière du Sénat vient de débarrasser la loi de cette vaseline et d’y ajouter le retour  aux 39 heures. Si un nouveau Néron leur demandait, les sénateurs de droite et certains socialistes rétabliraient-ils l’esclavage ? On peut l’envisager. De son côté, Pierre Gattaz qui boudait faussement les quelques mesures obtenues par la CFDT, revient dans la course pour défendre, bec et ongles, l’article 2 de la loi, c’est-à-dire la seule chose qui l’intéresse vraiment : l’inversion de la hiérarchie des normes qui fait du code du travail un texte facilement contournable puisqu’il n’aura plus force de loi imposée à tous.

    C’est bien à une grande manipulation politique que l’on assiste pour imposer la régression sociale avec le concours actif des grands médias entre les mains des grands patrons ou de l’Etat comme France-Télévision dont l’information politique est passée sous contrôle du pouvoir socialiste, sans tout à fait quitter celui des Sarkozystes.

    Comment François Hollande peut-il parler de minorité, alors qu’il n’a pas été élu pour casser le code du travail et que, selon les sondages, 75% des Français sont hostiles à sa loi scélérate ? Quelle légitimité, en dehors d’un mandat de cinq ans obtenu par des mensonges électoraux, peut-il revendiquer pour lui-même avec une côte de popularité qui bat tous les records à la baisse ? Quelle légitimité peut évoquer Manuel Valls, même au sein du Parti socialiste, alors qu’aux primaires socialistes de 2012, il était bon dernier avec 5% des voix ?  Quelles légitimités ont des députés socialistes qui perdront leur mandat aux prochaines élections pour avoir soutenu une politique antisociale, comme ils ont déjà perdu leurs sièges de maires ?

    La réalité de la précarité et de la régression sociale, c’est cet intermittent du spectacle handicapé qui s’est immolé devant la caisse de retraite à Marseille le 27 avril 2016. Il a survécu et est toujours hospitalisé. Il n’en finissait plus de fournir des documents pour son dossier de retraite et, lorsqu’il s’est présenté deux jours avant de perdre ses droits, l’employé qui suivait son dossier était en congés. La réalité de la loi Travail et du Medef, c’est la casse des droits acquis par le sacrifice des Anciens et la lutte syndicale.  Les intermittents du spectacle savent ce que veut dire le mot « précarité » et cette précarité qui est la leur, le Medef veut l’aggraver et la généraliser sous le mot de « flexibilité ».

    La loi Travail est autoritairement assénée aux Français. La répression policière et médiatique des manifestations démontrent que notre démocratie est fragile car les élus peuvent user et abuser de leurs mandats avec une constitution présidentielle d’inspiration monarchique. Notre démocratie n’est plus qu’une illusion derrière laquelle se  cache un pouvoir médiatico-politique au service d’un petit nombre de rentiers qui s’enrichissent même en période de crise économique et de chômage.

    Dans le journal Atlantico, Emmanuel Todd parle de « fascisme rose » et de la domination des oligarques, soit 0,1% de la population qui font ce qu’il veulent en s’appuyant sur un socle électoral réactionnaire.

    Manuela Cadelli, présidente de l’Association syndicale des magistrats, a donné son point de vue dans le journal en ligne « Le soir » : « Le néolibéralisme est cet économisme total qui frappe chaque sphère de nos sociétés et chaque instant de notre époque. C’est un extrémisme. Le fascisme se définit comme l’assujettissement de toutes les composantes de l’État à une idéologie totalitaire et nihiliste.Je prétends que le néolibéralisme est un fascisme car l’économie a proprement assujetti les gouvernements des pays démocratiques mais aussi chaque parcelle de notre réflexion. L’État est maintenant au service de l’économie et de la finance qui le traitent en subordonné et lui commandent jusqu’à la mise en péril du bien commun ».

    La démocratie en mode mineureDans le marasme politique, un énarque imbu de lui-même s’est mis en marche vers le but de ses ambitions : la présidence de la république. Emmanuel Macron envoie des enquêteurs faire du porte à porte pour ajuster les promesses électorales alors qu’il est à l’origine de la loi Travail sans aucune concertation avec les acteurs sociaux.  Que fera-t-il des doléances qui vont venir percuter son logiciel ultralibéral et aristocratique ? Emmanuel Macron est le produit d’un élitisme costard-cravate. Il a lancé une opération de communication pseudo-populiste. Nous l’avons déjà vu réagir contre un manifestant en tee-shirt. Nous connaissons son ignorance de la réalité humaine du monde du travail lorsqu’il a considéré que des employées de GAD étaient illettrées et n’avaient pas de permis de conduire.Qui peut croire qu’il se met à l’écoute de milliers de Français, alors qu’il a même déclaré qu’il manque un roi à la France ? Quelle expertise offre-t-il en dehors de sa formation d’énarque mégalomaniaque et un passage dans la Finance chez les Rothschild ? On vient d'apprendre qu'il a su se soustraire à l'ISF et que le fisc l'a cravaté. On comprend pourquoi il veut supprimer cet impôt. Il n’a jamais obtenu le moindre mandat électoral et s’en vante comme si cela était un gage de modernité politique. Il est fier de sa carrière dans les coulisses du pouvoir sous le parrainage de l’éminence grise Jacques Attali et le concours d’un François Hollande qui a vu en lui le liquidateur de Manuel Valls, dans le cas où ce dernier voudrait se présenter en 2017. A l’heure actuelle, les chroniqueurs politiques se demandent si Emmanuel Macron s’est mis en marche pour Hollande ou s’il est en train de le trahir.

    Les partis politiques de droite et le parti socialiste sont phagocytés par des deuxièmes couteaux qui piaillent d’impatience et ne cherchent qu’à concrétiser leurs ambitions sans le moindre souci de l’intérêt général. Ils sont tous favorables à la régression sociale, à la défiscalisation des grandes entreprises et des riches. Ils se servent tous des questions de sécurité pour instrumentaliser les peurs et venir sur le terrain du FN.

    Au train où vont les choses et avec le système des primaires à l’américaine, nous risquons de nous retrouver à n’avoir, comme choix présidentiel, qu'une Marine Le Pen face à un Donald Trump français, car ils sont légions tant à droite qu’au parti socialiste.

    Battone

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 2 Juin 2016 à 21:48

    http://www.francesoir.fr/tendances-eco-france/la-cfe-cgc-se-positionne-contre-la-loi-travail

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    3
    mco
    Vendredi 3 Juin 2016 à 10:16

    Piqûre de rappel, juste et nécessaire ! L'ampleur de la tâche pourrait sembler insurmontable, quand même la météo s'applique à faire diversion ! Alors, se répéter, inlassablement, que chaque petite victoire est une pierre à l'édifice, que ceux qui aujourd'hui sont dans la lutte méritent le plus grand  respect ! Que l'emballement des vociférations du pouvoir politique, économique, médiatique, est à la hauteur de leur peur face au pouvoir qu'ils nous savent capables de prendre !

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