• La donation-partage dans la famille Le Pen

    dallas_lepenLe père, la fille et l’héritage FN

    « Tuer le père » est le titre d’une  nouvelle écrite par Amélie Nothomb, écrivaine à succès, sur les rapports familiaux et extra-familiaux. Ce récit oedipien n’a aucun rapport avec la famille Le Pen, si ce n’est le titre qui symboliquement illustre la dernière péripétie des divergences idéologiques affichées par Marine  après les incartades du patriarche dont les idées fascistes remontent à la surface dans des crises de sénilité politique. Pour lui, les fours crématoires sont toujours des détails de l’histoire de la dernière guerre mondiale, l’occupation allemande était plutôt cool, Pétain un grand homme injustement condamné et les Pétainistes d’aujourd’hui de braves patriotes. Voilà de quoi contrecarrer la dédiabolisation du Front national et les discours rassurants d’un Philippot accusé par le vieux gardien du Temple frontiste de Chevènementisme rampant.

    Jean-Marie Le Pen, comme il l’avait déjà fait dans le passé, se répand dans le journal fasciste « Rivarol » et annonce son intention de se représenter à 87 ans aux élections régionales en région Paca. Marine est montée d’un cran plus haut comme une marée d’équinoxe pour submerger les propos de son père qu’elle interdit de candidature FN aux prochaines élections.

    Jean-Marie le Pen est-il aussi allé trop loin en s’affirmant sans complexe et faux-semblant, de droite en opposition au vernis social de sa fille et de son équipe de communicants ? Le père veut tuer la stratégie de la fille et la fille est contrainte de tuer le père. Ils nous servent une tragédie grecque, une dramaturgie entre infanticide et parricide politiciens sur fond de jalousie et de trahison.

    Le vieux fasciste ne pourrait accepter d’être éclipsé par sa fille qui n’a pas attendu sa mort pour le déposséder de l’action politique et le ranger au musée frontiste. Marine a poursuivi la dédiabolisation tout en apprivoisant les nazillons, fascistes et gros bras qui répandent des propos nauséabonds sur les réseaux sociaux, tout en restant en embuscade, à la lisière du FN. Marine pratique la politique de la benne à ordures qui récupère toutes les frustrations, toutes les outrances et toutes les protestations parfois légitimes pour les recycler en emballage de programme électoral. Elle doit faire face à la frustration et les outrances de son géniteur et mentor politique qui vient de se torcher le c… avec cet emballage. Il a commenté par cette phrase : « On n’est trahi que par les siens ». 

    Derrière cette nouvelle  droite  national-populiste incarnée par Marine Le Pen, il y a la réalité d’une idéologie passéiste « national-socialiste allemande »  dont le fonds de commerce est la xénophobie et le racisme, pour y installer une autocratie fascisante. On ne le redit jamais assez.  L’Histoire le rappelle à qui veut l’entendre. Hitler et Mussolini sont dans les livres d’Histoire. Le Pen a toujours regardé par-dessus l’épaule de Rivarol, comme le journal qu’il affectionne lorsqu’il s’agit de cracher son venin.  L’extrême-droite, c’est de la préhistoire. Elle est à contre-courant de la construction d’une humanité en devenir.

    L’idéologie de l’extrême-droite est toujours la même. Le présent est décadent lorsqu’il  n’est pas conforme à leur nostalgie d’un âge d’or que furent des années de plomb. Le retour à l’immobilisme devient un progrès. Les libertés individuelles et du suffrage universel sont dangereux et nuisent à la sécurité intérieure. L’absence d’élite politique est une décadence de l’ordre religieux et moral. Le métissage est contraire à l’intérêt national qui dépend de la démographie. On peut y ajouter l’anti-intellectualisme et la censure des mœurs.

    Se pose la question de la réalité du duel mortel entre Marine et son père. Tous les deux peuvent nous jouer le dernier acte de la mise en scène frontiste pour convaincre des progrès idéologiques accomplis avec l’aide de la propagande de dédiabolisation qui a trouvé une large complaisance dans la presse libérale. Marine a tout à gagner dans ce scénario avec comme point de mire les Présidentielles de 2017. Jean-Marie le Pen se fait encore plaisir à son âge avec quelques pieds de nez, procédés de communication qu’il affectionne. Il fait son baroud d’honneur dans l’esprit nostalgique de ses exploits guerriers en Algérie. Les lieutenants de la fille pardonneront le vieil acteur qui ne veut pas quitter la scène tout en mettant l'accent sur sa sénilité. Les chamailleries ressemblent à une donation-partage orchestrée.  

    La famille Le Pen donne le spectacle d’une mauvaise tragédie grecque parce qu’elle n’est qu’une comédie grotesque, une pantomime politicienne. Marine et son père sont les personnages d’un feuilleton politique façon « Dallas » avec, en arrière plan, la succession d’une PME politique et un changement de stratégie de communication pour jouer dans la cour des grands à la bourse des élections.  La presse libérale y trouve matière à ratiociner. Elle ne sait faire que  cela jusqu’à perdre son âme et le sens du mot « journalisme ».

    Battone

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