• La justice fiscale n'est-elle qu'une rhétorique officielle?

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    Les classes populaires vont-elles être touchées par les hausses d’impôts comme l’explique le journal « l’Opinion » : "lorsqu'un foyer bascule dans l'impôt sur le revenu du fait d'une augmentation de son revenu fiscal de référence, il devient éligible à une douzaine de nouvelles taxes" (redevance audiovisuelle, taxe d'habitation...). Cette question fait l’objet d’une bataille de chiffres. Entre 1,2 million et 1,6 million de foyers supplémentaires vont-ils payer l'impôt sur le revenu en 2013 ?...  alors qu’en 2012, sous la présidence de Sarkozy,  940.000 nouveaux foyers s'étaient acquittés de l'impôt sur le revenu. C’est le journal "L'Opinion" qui l’écrit  (http://www.lopinion.fr/). Le Ministre des Finances Moscovici n’a pas démenti en parlant d’un million de nouveaux contribuables. C’est le ministre du budget  Cazeneuve, sur une radio,  qui a démenti ces chiffres sans en donner de nouveaux. Les chiffres officiels seront publiés dans quelques jours selon ce dernier. Un autre chiffre a été médiatisé c’est celui du manque à gagner des administrations fiscales de l’Union européenne : 200 milliards d’euros et la France est en bonne place avec 32 milliards d’euros. Ce chiffre est en très grande partie celui de la fraude et de l’évasion fiscale. Là, c’est le ministre des finances qui a démenti et annoncé 10 milliards d’euros pour ce qui concerne la France. Donc le Ministre des Finances minimise et le Ministre du budget dément avant publication officielle de la réalité comptable. La cacophonie ne s’arrête pas là en matière de fiscalité…   

    François Hollande avait annoncé une pause fiscale en 2014 et, de son côté, Jean-Marc Ayrault l’a reportée en 2015. Entre les deux chefs d’orchestre, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a chanté mercredi que la pause fiscale promise par François Hollande commencera "bel et bien" dès 2014. Interrogée par la presse sur les propos de Jean-Marc Ayrault évoquant un simple "ralentissement" de la pression fiscale cette année-là, elle déclarait lors de son compte rendu hebdomadaire du conseil des ministres : "Concrètement, nous commençons bel et bien dès l'année 2014 la pause fiscale qui se confirmera en 2015". « bene dicendi scientia » selon les mots de l'orateur romain Quintilien. Elle estimait qu'il n'y avait pas lieu de "créer des coins là où il n'y en n'a pas". "Il n'y a aucun coin" entre le président Hollande et son Premier ministre, a-t-elle insisté. Elle connaît la rhétorique et c’est son rôle de jouer la muse Polymnie lorsque les contradictions et la cacophonie apparaissent au plus haut niveau de l’Etat.

    Sans vouloir enfoncer le coin, nous nous interrogeons tout de même. Serait-il normal que comme d’habitude l'effort fiscal soit, une nouvelle fois, disproportionnée au détriment des classes moyennes et des ménages ? Une pause fiscale est-elle réelle en 2014 ? La hausse de la taxation sur l’épargne salariale, le gel du barème de l’impôt, la fin de certaines niches plus sociales que fiscales, la hausse de la CSG et de la TVA (au Premier janvier 2014), en attendant des impôts et taxes « écolo » mises entre parenthèses… La liste est longue et non exhaustive en ce qui concerne les efforts demandés.  Les classes populaires et moyennes perdraient entre 5 % et 10 % de leur pouvoir d’achat. Assistons-nous encore à l’application de l’adage cynique : «  Il faut faire payer les pauvres parce qu’ils sont plus nombreux ».

    Que restera-t-il de la rhétorique officielle d’une justice fiscale ? Pour corriger le tir à l’encontre de ceux qui n’ont rien et allaient être imposés, Hollande et Ayrault ont sorti leur ticket modérateur : la décote de 9%. Cette mesure est dérisoire face aux crédits d’impôts accordés aux entreprises. Plusieurs centaines de milliers de petits revenus seraient encore touchés par l’impôt, pendant que les plus riches peuvent payer des conseillers fiscaux pour réduire au maximum leurs impositions et faire passer des valises de billets de banque à l’Etranger. La fraude et l’évasion fiscales représentent plusieurs milliards d’euros. Quant aux classes dites moyennes, elles ont pu noter le montant de leurs impôts sur les revenus 2012 et avoir une légitime appréhension sur celui des revenus 2013, sans noter  une baisse du chômage qui les touche aussi. Quant au progrès social, il fait partie de l’histoire ancienne, l’actualité n’offre que des reculs sur tous les plans : droit du travail, santé, sécurité, démocratie…

    Assisterons-nous à une trahison fiscale et sociale alors qu’il suffirait de revoir les tranches d’imposition et certains gros revenus non imposables en commençant par ceux des élus qui votent le budget de l’Etat et les lois fiscales. Il est urgent de faire notre révolution fiscale pour que l’impôt ne soit pas réellement progressif pour les petits revenus et la classe moyenne alors qu’il s’avère dégressif pour les hauts revenus.

    Nous ne nous joindrons donc pas au chœur des ultralibéraux qui militent contre toute fiscalité et se servent du malheur des pauvres avant d’ajouter du malheur au malheur. Méfiez-vous des courriels anonymes qu’ils font circuler sur l’Internet en disant toujours de diffuser largement ! Lorsqu’ils dénoncent les impôts injustes, c’est pour prendre ou reprendre le pouvoir et éviter un jour de payer de justes impôts. Nos critiques et nos interrogations ne sont pas les leurs. Il fallait le dire… C’est dit ! Toutefois nous constatons que le pouvoir socialiste poursuit la même politique que l’UMP et n’entend pas changer le cap.

    Rappelons à nos dirigeants ce que Philippe-Joseph Salazar dit de la rhétorique.  Selon le rhétoricien et philosophe français, cet art oratoire se fonde sur trois valeurs démocratiques : ce qui est « juste », ce qui est « utile » et ce qui est « valable ».  Sans cela, la rhétorique ne sert pas la démocratie. Elle est alors la manipulation par le verbe et le discours, souvent perçue comme un attribut du pouvoir politique. Seuls les actes et les résultats seront pris en compte à l’heure des élections malgré d’ultimes péroraisons, en sachant que la fin ne justifie pas toujours les moyens lorsque leur choix est d’abord dicté par des intérêts particuliers au détriment du plus grand nombre. C’est le bilan social qui prévaudra sinon à qui servirait le bilan économique ?

    Battone

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