• La montée du Fn. Qui est responsable ?

    Il y a urgence à ouvrir un vaste débat

     

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    Le FN est devenu avec l'abstention, le premier parti de France... Mais cette situation était prévisible et depuis longtemps. Les responsabilités en sont multiples. 

    L'espoir à horreur du vide et nous vivons dans un vide sidérant, destructeur des valeurs de solidarité, d'amitié, de fraternité... Ce n'est que le résultat certainement logique, d'une forme de désespérance qui touche aujourd'hui une France et de très nombreux citoyens... C'est aussi le résultat d'une démission politique, d'une crise du lien social, d'une citoyenneté paradoxale, d'une laïcité en recul, mais aussi d'absence d'objectivité médiatique... 

    Le droit de savoir pour se forger une opinion n'existe plus, ou en tout cas n'est plus perceptible, audible pour des centaines de milliers de citoyens. Pour beaucoup, La république n'est plus la république... Le message est brouillé. 

    Comment dans ce contexte de crises multiples,  d'un  système capitaliste destructeur, de droits bafoués et malmenés, de reculs incessants, de mal vie pour beaucoup et d'absences de perspectives progressistes, d'une gauche (la vraie) atomisée, comment s'étonner que le FN puisse réaliser de tels scores... Ils ne traduisent que l'abîme profond, le décalage qui s'est installé entre le politique et la Société. La crise de la représentation politique est à son apogée. 

    Ce n'est pas le FN qui progresse, c'est notre incapacité collective à penser un autre avenir. 

    La responsabilité en est multiple et il nous faudra pour ce qui nous concerne, prendre le temps d'une analyse tout à la fois lucide, ouverte, sans "langue de bois", critique et constructive, car la gauche du 21eme siècle, ne sera pas celle du 20ème. 

    En premier lieu, le monde est aujourd'hui unipolaire, depuis l'effondrement du bloc de l'Est dans les années 80 qui s'est avéré incapable de réconcilier socialisme et liberté et surtout qui a échoué dans son entreprise d'émancipation humaine. 

    Cette réalité des rapports de force à durablement et profondément marqué nos sociétés, notre perspective historique.

    Le libéralisme n'est aujourd'hui concurrencé par rien d'autre. Tout au plus des protestations et si, comme en Grèce elles deviennent trop turbulentes, elles sont matées pour imposer des règles libérales qui insidieusement installent dans l'opinion l'incompréhension, le rejet ou la désespérance... 

    Ce qui reste suffisamment éloquent de cet engrenage, sont les propos clairement énoncés par Jean Claude Junker le Président  de l'assemblée européenne " les choix démocratiques ne peuvent remettre en cause les traités européens". Tout un symbole, qui nous montre au grand jour les limites qui sont les notre aujourd'hui et le chemin à parcourir.

    C'est ainsi que l'extrême droite avec son discours populiste, apparaît en France et en Europe en rupture avec le système. Ils  récupèrent ainsi l'illusion,  les fruits de cette situation sans même avoir besoin de présence militante sur le terrain... Les médias s'en chargent. Le FN apparaît comme une sorte de label et le patronat s'en réjouit. La boucle est bouclée.

    Je ne parlerai pas ici des responsabilités  de la droite et des derniers propos de Sarkozy sur l'immigration qui vont renforcer la haine et le vote FN. 

    Non, je parlerai de la gauche et à commencer par celle qui continue à se présenter abusivement à "Gauche", et qui depuis très longtemps a trahi l'espoir, en rejoignant les thèses du libéralisme. Le Parti Socialiste et son gouvernement portent une écrasante responsabilité dans ce qui arrive, dans cette désespérance, déliquescence de la société. Sa politique gouvernementale sociale libérale désespère et pousse au vote FN.

    Les appels incantatoires du PS après cette nouvelle et grave déroute  électorale à faire barrage à l'extreme droite pour ce 2eme tour des élections régionales ne fera qu'aggraver la situation, les incompréhensions et les amalgames, ils sonnent creux, car la responsabilité de ce parti dans le désastre politique est immense. 

    Ce n'est pas la seule raison  de l'expansion du FN, mais, lorsque le parti socialiste a rejoint peu à peu les thèses du libéralisme, alors les vannes se sont ouvertes  et la progression du FN à commencé a s'enraciner méthodiquement et à chaque élection depuis le milieu des années 90, au point d'en devenir aujourd'hui un réel danger contre lequel il nous faudra s'opposer.  

    À plusieurs moments de notre histoire il a fallu que des hommes, des femmes, s'engagent et combattent pour éviter de voir sombrer dans la barbarie des sociétés. 

    Cela m'amène brièvement à parler de la gauche dite "radicale". Celle qui nous intéresse. Il y a fort à parier que le FDG ne survivra pas, en tout cas, pas en l'état à cette crise majeure. 

    Je suis d'accord avec Pierre Kalfa pour dire que cela nous renvoie à un mal plus profond.  "L’incapacité du FdG à avoir une posture politique lui permettant d’être en phase avec les attentes de l’électorat de gauche. Car il ne suffit pas de critiquer la politique gouvernementale, encore faut-il être porteur d’espoir, montrer qu’une autre voie est concrètement possible, qu’une société plus juste et plus égalitaire est non seulement nécessaire mais réalisable". Et c'est la surtout la que le bas Blesse. Nous n'avons pas la crédibilité, les électeurs nous perçoivent comme ayant les deux pieds dans la même chaussure.... Et Ensemble se trouve dans la situation de tenaille entre le PC et le PG...

    Lors d'une réunion des collectifs nationaux à Bagnolet en juin dernier, et au sujet des élections régionales à venir, j'avais exprimé un sentiment que je voudrais renouveler aujourd'hui. J'avais manifesté une certaine inquiétude sur la lisibilité politique du mouvement Ensemble et plus généralement du FDG sur ces élections... En précisant qu'il était impossible d'assumer une critique nécessaire et juste de la politique de PS dans la campagne du premier tour et de créer les conditions d'un rassemblement purement électoral avec celui-ci au second tour... Car c'est bien de cela dont il s'agit. Il y a la une contorsion difficile à faire avaler et qui nous place dans une situation infernale, favorisant du coup un désintérêt des électeurs à notre égard.. J'avais employé une formule qui me semble encore aujourd'hui tout à fait juste et sur laquelle il nous faut réfléchir " il vaut mieux perdre avec ses idées que gagner avec les idées des autres"... 

    Il est en effet toujours difficile de prendre le mouvement populaire à rebrousse-poil et il me semble important qu'un mouvement comme Ensemble, qui doit rejeter toute forme de sectarisme et d'opportunisme, (ce qui le guette) tranche cette question fondamentale pour l'avenir de nos perspectives anti austérité, anti capitaliste... La question aujourd'hui se pose en terme de rupture avec le social libéralisme... C'est le chemin le plus court et le plus rapide, car nous apparaissons aussi comme des politiciens.

    Je trouve que Pierre Zarka a bien dit les choses, "cette période montre, malgré tous nos efforts,  que nous n’avons pas l’indépendance et l'originalité nécessaires par rapport au PC ou au PG. De ce fait, les exploités et dominés qui sont de plus en plus sceptiques quant à l’apport du politique, ne peuvent que nous assimiler aux forces en crise et inefficaces et n’ont rien à se mettre sous la dent…hormis la démagogie lepéniste. Il n’y a donc aucune raison pour ne pas nous enliser comme les autres dans la crise de la politique. L’absence d’approfondissement de notre part d’une autre stratégie, disons pour aller vite, autogestionnaire, nous a rattrapés".

    Il y a urgence à ouvrir un vaste débat au sein du mouvement sur ces questions fondamentales, favoriser la pensée critique, prendre le temps de la réflexion et de l'analyse dans le respect des opinions et des différences, car  le monde bouge à la vitesse grand V et les résultats des élections montrent que nous n'avons que peu de temps pour "changer de braquet".

    Jacques Casamarta

    Membre de Manca Alternativa/Ensemble Corse

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