• Le faux choix entre désespoir et incertitude

    Le faux choix entre désespoir et incertitudeFillon a gagné les Primaires de la Droite avec 66,5% des voix. Il a frôlé les 66,6. Ce nombre 666 est, selon certains manuscrits de l'Apocalypse (Bible, Nouveau testament), le « Nombre de la Bête », appelé le « signe du diable » associé dans la Bible à l’Antéchrist. Il a figuré dans de nombreuses études numérologiques. Il est mentionné dans l'Apocalypse 13-18: « Ici est la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence, compte le nombre de la bête ; car c’est un nombre d’homme, et son nombre est six cent soixante six. » (L’apocalypse selon St Jean. Le Nouveau Testament).

    La question reste cependant: est-ce que les élections présidentielles seront une sorte d’apocalypse des acquis sociaux ? François Fillon est-il le diable ou bien une sorte de manga 666, qui existe dans le monde de la BD ?

    Plus sérieusement, les Primaires de la Droite sont une réussite financière pour la Droite qui a récolté environ 2€ X 8 millions = 16 millions d’euros pour la campagne présidentielle, pendant que Sarkozy s’explique devant la Justice pour les forts soupçons de financement libyen. De toute façon Kadhafi est mort et la Lybie ne finance plus que des armes dans le chaos de la guerre civile et la menace de Daech.

    Même dans la presse internationale, François Fillon est décrit comme « austère » et « conservateur ».  Pour le quotidien suisse « Le Temps », Fillon dispose d’une arme de choix : « L’état de décomposition avancé de la gauche. » « M. Fillon, avec ses promesses de restaurer l’identité de la France et sa grandeur nationale ainsi que son langage dur sur l’immigration et l’islam, a clairement fait un appel du pied aux électeurs de Mme Le Pen », observe le New York Times. Le quotidien le plus réputé des Etats-Unis considère que les coupes massives annoncées par l’homme politique français dans le budget du pays pourraient toutefois « le mettre dans une situation vulnérable face à Mme Le Pen ». Si des journaux américains comme le Wall Street se réjouissent de la rupture politique vers l’austérité et le néolibéralisme à la Thatcher, ils constatent néanmoins le manque de crédibilité de son programme électoral.

    Ne vous laissez pas abusé par la théorie du « ruissellement » selon laquelle plus les riches s’enrichissent plus les pauvres ont de chances de voir leurs conditions de vie s’améliorer. On le sait : ils n’en ont jamais assez. Le programme de Fillon ne s’entend que d’une baisse des charges patronales, d’une baisse des impôts des plus riches avec la suppression de l’ISF.

    Pour trouver un homme politique qui lui ressemble sur certains points et pas sur tous, il faut remonter au 19ème siècle avec  François Guizot, plusieurs fois ministres sous la Monarchie de Juillet, un réactionnaire pur jus. À la fin des Cent-Jours, au nom du parti libéral, il se rendit à Gand pour porter un message à Louis XVIII. Il lui indiqua que seule l'adoption d’une politique libérale pourrait assurer la pérennité de la Restauration, avis qui fut mal reçu par les conseillers du roi. La question était alors de savoir si le retour à la monarchie se ferait sur des bases libérales ou par un retour à l’Ancien Régime d’avant 1789 prôné par les ultras. Guizot était alors un membre influent, avec Royer-Collard, des « doctrinaires », un petit parti fermement attaché à la Charte et à la couronne, et plaidant pour une politique du juste milieu entre l’absolutisme et un gouvernement héritier de la période révolutionnaire. Leurs opinions évoquaient davantage la rigueur d’une secte que l’élasticité d’un parti politique. Ils sont plus connus pour leur opposition constante aux demandes populaires que pour les services que sans aucun doute ils rendirent à la cause de la liberté tempérée. Le sort d'un tel parti fut de vivre par une politique de résistance, et de périr par une autre révolution (1830).

    Le faux choix entre désespoir et incertitudeLa Droite a élu son candidat de droite. François Fillon et son éloquence brusque, austère, démonstrative et impérieuse comme François Guizot. Un retour à la Réaction ! Quelle surprise ! La presse a tordu et retordu cette campagne de Droite mais une déclaration de Valls vient de détourner l’attention  des mêmes média. Le Premier ministre de Hollande piaffe d’impatience et se dit prêt à faire acte de candidature même si le Président de la république se présente aux Primaires de la gauche. Du jamais vue : le Président en exercice contre son Premier ministre en exercice ! Il y a de quoi agiter le quatrième pouvoir de notre démocratie, cette presse qui, maintenant, pousse au clash entre Hollande et Valls et traque le moindre signe d’hostilité réciproque. Pourtant cette éventualité se résume à une seule constatation : « Si Valls et Hollande annoncent leurs candidatures, Valls doit démissionner ». Que dire de plus tant que cette éventualité n’est pas devenue une réalité ? Mais nos commentateurs aiment jouer les Ludi magister du jeu politique et cette phrase de Valls est une aubaine qui vient à point puisque les Primaires de la Droite sont bouclées.

    Maintenant, les commentaires, les supputations et les sondages orientés vont se multiplier sur les Primaires de la Gauche. On sait déjà que Jean-Luc Mélenchon va être une cible permanente. Il a déjà été sollicité sur une chaîne de télé et Daniel Cohn-Bendit, affalé sur un fauteuil, a ouvert le feu. Alors que Jean-Luc refusait la familiarité avec cette marionnette des média de Droite, le grossier personnage lui a envoyé « Va te faire voir ! ». Quelle honte pour ces média qui donnent la parole à un provocateur qui ne représente que lui-même et qui fait commerce de sa vulgarité et de sa provocation.

    En 2017, les Français risquent, au second tour des élections présidentielles, de n’avoir le choix qu’entre désespoir et incertitude. Les sondages ont vite fait de prévoir un duel entre la Droite extrême et l’extrême-droite, entre Fillon et Le Pen. Fillon se considère déjà comme un rempart contre le Front National, alors qu’il en est le double. Les Primaires de la Gauche s’annoncent dévastatrices avec des candidats impliqués dans la politique de François Hollande dont deux anciens ministres, Montebourg et Hamont. Il ne manque plus que Hollande, Macron et Valls. Cambadélis et Bartolone poussent Macron et Mélenchon à se présenter à cette Primaire qui est organisée avec beaucoup de réticence et est apparu comme un piège devant permettre à François Hollande d’apparaître comme le candidat le plus rassembleur. La victoire de Fillon ne fait que renforcer cette vision de l’unité à gauche et pousser Hollande à se présenter. C’est peut-être ce qu’a analysé Manuel Valls qui ne veut pas être le dindon de la farce Hollande/Macron.

    Dans de telles manigances, comment Jean-Luc Mélenchon pourrait-il rejoindre une Primaire qui s’annonce dévastatrice. Même le parti radical présente sa propre candidate, ancienne ministre de Valls, hors des Primaires. 

    Il apparaît de plus en plus que Jean-Luc Mélenchon est le seul recours pour échapper au désespoir et sortir de l’incertitude sociale. C’est le candidat de l’espoir pour les humanistes, soucieux de l’intérêt général et de la justice sociale pour tous. Il propose une rupture avec l’indécision et le désespoir entretenus, avec les peurs assénées comme les seules certitudes et le désespoir comme seul solution. Ne faites pas comme un personnage de Jean-Paul Sartre dans « Le diable et le bon dieu » qui dit : « Je préfère le désespoir à l’incertitude ». C’est exactement ce à quoi l’on veut vous convaincre. Choisissez l’espoir qui n’est pas une utopie, contrairement à ce que la doxa libérale s’ingénie à vous faire croire pour maintenir les privilèges des 1,7% qui paient l’ISF. Alors que les Français s’appauvrissent, le patronat augmente ses rémunérations et les actionnaires perçoivent de plus en plus de dividendes.

    François Fillon aime répéter qu’il a suivi son sillon. Ce sillon d’une démocratie pénitentielle sera à la mesure de celui creusé par Valls et Hollande avec le concours de Macron. Ce dernier et le Premier ministre veulent apparaître, après quatre ans d’active collaboration, comme des recours contre François Hollande. Quelle duperie de la part des deux Rastignac de la Hollandie ? Montebourg et Hamont ont pris des temps d’avance pour faire oublier qu’ils ont été ministres. Regardez la liste des candidats à la Primaire de la Gauche. Si vous voulez quelqu’un qui est entré et resté, dés 2012, dans l’opposition de gauche, vous ne trouverez, en marge de cette liste, que Jean-Luc Mélenchon.

     

    Jean Frade

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