• Le look chiraquien et l'anaphore chevillée à la langue

    chirac_hollande

    Nouvelles lunettes, cheveux adragantés collés au crâne, costume et cravatte sombres. Après deux mois de silence médiatique, le nouveau François Hollande relooké dans le style chiraquien a accordé un entretien à France 2, immédiatement après le défilé du 14 juillet. En fin d’entretien, il a assuré qu’il ne pensait pas à sa réélection mais à rendre la France plus forte et les Français plus heureux. Il est allé de quelques anaphores et, malgré son désintérêt affiché pour l’éventualité d’une nouvelle primaire qui ne le ferait pas candidat reconduit par le parti socialiste, son discours avait un air de campagne pour inverser la tendance des sondages. Au sujet de sondages, il lançait qu’il ne les attendait pour agir. 

    En 2012, cet entretien avait lieu à l’extérieur de l’Elysée, en 2013 dans les jardins de l’Elysée. En 2014, il s’est déroulé dans le salon des Portraits. Parions qu’en 2015, il se déroulera dans le bureau présidentiel. Hollande a pris le look classique et Chiraquien du Président.

    En face de lui, François Hollande avait David Pujadas de France 2 et Gilles Bouleau de TF1. Sur fond de tension sociale et de chômage endémique, il a prétendu que la reprise était là, bien qu’insuffisante, fragile et vulnérable.  Son bilan n’est pas glorieux. Pourtant il affirmait  « Nous sommes sortis de la crise » et assurait que « La reprise est là, mais elle est trop fragile, elle est vulnérable ». Voilà la raison de la mise en place du plan de responsabilité !  Il a une fois de plus fait savoir que toutes ses décisions étaient prises et qu’il ne changera pas de cap, tout en parlant de redistribution pour les années à venir par des mesures fiscales. Il est revenu sur la baisse d’impôt promise par Manuel Valls : deux millions de contribuables en seraient bénéficiaires dans le bas de tableau de la classe moyenne. Il ajoutait : « Soutien aux entreprises, baisses d'impôts pour les ménages, économies budgétaire, tout est connu ». Il promet 500.000 emplois d’apprentissage d’ici 2016.  Il parle d’ouvrir des négociations sur tout. Lorsqu’on voit le fiasco de la dernière grande conférence sociale, on connaît son sens de la concertation et celui de son premier ministre si efficace, si organisateur et si rapide. Au sujet de la casse du code du travail, il parle de simplification et de modernisation dans la concertation. Il a son planning annuel. Ainsi l’année 2015 sera celle consacrée à la Santé.  En 2016, de grandes réformes de sociétés seront mise en chantier : droit de vote des étrangers au niveau local et le renforcement de l’indépendance de la  justice. « Jusqu'à la fin de mon mandat, pas une minute ne sera perdue pour la réforme…On a un devoir, celui de la réussite ». Et, en direction de son Premier ministre, il affirmait leur entente par cette phrase : « Il n’y a rien qui ne peut nous séparer sur notre objectif ». Il ajoutait : « Si j'ai choisi Manuel Valls, c'est parce qu'il met de l'efficacité, de l'organisation, de la rapidité. »

    Sur  le conflit israélo-palestinien. Il répétait ce qu’il a déjà dit par ailleurs : « On est pour la paix. Le rôle de la France, c'est d'aller chercher toutes les médiations », expliquant que « Le conflit israélo-palestinien ne peut pas s'importer. Il ne peut pas y avoir d'intrusion dans les lieux de culte. Il faisait ainsi allusion  aux  heurts qui ont éclaté ce dimanche en marge d'une manifestation pro-palestinienne à Paris.

    A propos des affaires judiciaires de Nicolas Sarkozy , alors qu’on lui demandait s’il était intervenu, il le démentait en ces termes : « Je ne vais pas faire de commentaires. Pourquoi ? Parce que je suis le président de la République. Et donc je dois poser des principes : le premier principe, c'est l'indépendance de la justice. Nul ne doit intervenir, et encore moins au sommet de l'Etat, sur la justice. Je ne l'ai non seulement pas fait, mais je ne peux même pas y avoir songé ». Il démentait avoir tenu des propos laissant penser qu’il surveillait personnellement son prédécesseur. Les commentateurs n’ont pas manqué de relever un lapsus. Martelant l'importance de la présomption d'innocence, pour Nicolas Sarkozy comme pour tous les autres justiciables, Hollande, dont la langue a fourché, a utilisé le mot « prisonnier » au lieu de "présumé". Cela a donné une phrase cocasse : « Chacun doit être certain qu'il est prisonnier innocent avant d'avoir été condamné. »

    Reconnaissant  l’inversion de la courbe du chômage pour la fin de l'année 2013, François Hollande  assure qu'une « nouvelle impulsion » a été  donnée. « Je veux que les Français vivent mieux. Moins d’impôt, plus de pouvoir d’achat, et moins de chômage », a insisté le président de la République. Si ce n’est pas une fin de discours électoral, ça lui ressemble.

    François Hollande dit vouloir redonner confiance aux Français. Quels Français ? Il suffit de bien l’écouter pour le savoir.   « Quand je suis à l'étranger, on me dit du bien de la France », dit-il avant de mettre en avant la qualité touristique, les performances de ses entreprises, le dévouement de ses professeurs… Et de clamer : « C'est ça la France ! Il faut qu'elle se donne à elle-même de la confiance. »

    C’est à la France de se donner confiance !  Il fait sans doute l’allusion à la méthode Coué qu’il soit pratiqué devant son miroir. Comment ne pas comprendre que, avec sa politique dictée par le patronat, il ne provoque que désillusion et désespoir ? Les plans de licenciements se succèdent.  La France se désindustrialise.  Les grandes compagnies nationales sont livrées au secteur privée ou démantelées. De nouveaux chômeurs arrivent en masse. Quel avenir pour la SNCM ? Que va-t-on faire de la SNCF, déjà coupée en deux sociétés distinctes ? Qu’a-t-il fait jusqu’à présent ? Il fait payer la crise à ceux qui la subisse et fait la politique de ceux qui en sont les responsables. En deux, il a fait faire des reculs considérables aux droits sociaux dans l’entreprise et en prévoit d’autres.

    Dans cet entretien, rien d’important n’a été dit. Aucune question précise n’a obtenu de réponse. Que retient-on : des anaphores, des promesses et l’affirmation que le même cap est gardé. Non seulement, il n’entend rien mais il parle aussi pour ne rien dire. Ses abus d’anaphores deviennent insupportables.

    François Hollande fera, sans doute comme Jacques Chirac avant les élections présidentielles,  assaut de démagogie et de promesses dans le style oratoire qu’on lui connaît, pour tromper à nouveau le peuple de gauche, sans gagner les faveurs de la droite et du patronat. Il a beau faire faire des gestes vers le centre dont le dernier est la décoration donnée à Jean-Louis Borloo, l’UDI se tournera vers l’UMP historique ou l’UMP relooké.

    Quel mépris pour l’électorat qui l’a hissé où il est ! Quelle trahison de la Gauche ! Quelle constance dans une politique qui enlise la France dans l’austérité et le chômage ! Quelle position convenue et faussement humaniste lorsqu’il s’agit de politique internationale et de conflits dans lesquels des milliers de civils ont perdu la vie ! François Hollande n’est même plus la gauche molle mais le mou indigeste de la gauche-caviar. Interrogé sur son célibat actuel, il n’a pas voulu répondre si ce n’est que, lorsqu’il aura une annonce à faire, il la fera. Sa vie privée, un temps sous les projecteurs, reste dans l’ombre. Pour le moment. Peut-être aurons-nous droit, après le président normal à un président devenu bling bling. Pour l’heure il a un côté chiraquien que la presse a perçu. Nous surveillerons son prochain changement de lunettes et/ou de première dame.

    Fucone

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  • Commentaires

    1
    lilly 13
    Vendredi 18 Juillet 2014 à 23:49
    hollande/chirac ou chirac/hollande du pareil au même ou du même au pareil!!! fallait y penser et bien une paire de lunettes l'a fait!!! c'est frappant cette ressemblance et certainement voulue ou amplifier…c'est franchouillard, cela sent la FRANCE profonde…on s'est éloigné du capitaine de pédalo…pour arriver au bouseux au cul des vaches! un autre coureur aussi!!!! mais ce serait pas si grave si il n'y avait pas cette même appétence pour le patronat et les plus puissants..si c'était pas encore une fois les classes moyennes et "les basses classes" qui trinquaient de tous côtés….alors je me mets à penser que j'aurais préféré être de droite car aujourd'hui certes, je regretterais Raymond tout en espérant son retour alors que là je subis la pire des désillusion même si je m'en faisais pas trop mais j'imaginais pas que le MEDEF allait être aussi heureux par la politique de ce président élu par la gauche et le centre gauche! A quand le vrai changement?
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