• Le pactole de l'irresponsabilité

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    Le patron du Medef a redit mardi son soutien au pacte de responsabilité du gouvernement, tout en maintenant ses critiques. Il veut ainsi bannir le terme de "contreparties" et demande désormais un "moratoire" sur une quinzaine de projets de loi qui imposent selon lui du "stress" aux entrepreneurs. De qui se moque-t-on ? A voir son sourire hilare, le patron des patrons n’a pas l’air vraiment stressé. Décidément Gattaz fait du Gattaz : il décerne un satisfecit au discours pro-entreprise de François Hollande tout en critiquant durement les différents projets gouvernementaux. Il se sert du pacte de responsabilité pour accentuer la pression sur le Chef de l’Etat qui a fait de ce pacte la condition pour réussir à « inverser la courbe du chômage ». Le patron du Medef  a saisi à deux mains le manche de la cognée antisociale.

    Contre des engagements creux, il refuse les contreparties. Il se dit prêt « à contribuer à la simplification de l'environnement législatif et réglementaire », « à lancer dans les branches une dynamique commune d'objectifs concrets spécifiques » ou à « créer avec les partenaires sociaux un cadre de travail renforcé sur les questions économiques »… Rien de concret. Par contre le million d’emplois qu’il affichait sur le revers de son veston n’est plus qu’une ambition à étudier et non un engagement. Il refuse tout observatoire des contreparties et propose de participer à un simple « comité de suivi du pacte » alors que ce suivi va de soi pour tous les partenaires. Il fait du vent et s’ingénie à contrer  par un chantage permanent, les différentes réformes actuellement sur la table de la majorité. « Quand je vois les projets de loi dans les tuyaux, j'ai très, très peur » s’effarouche-t-il visant notamment la proposition de loi sur les stagiaires actuellement examinée au Parlement, la prise en compte de la pénibilité ou la loi Florange sur la reprise de sites.

    « Il faudrait qu'il y ait un moratoire sur ces projets de loi qui sont autant de stress sur le dos des patrons », a-t-il osé déclarer. Pauvres patrons ! Même Gattaz ne croient pas un mot de ce qu’il dit. Il joue une partie avec le gouvernement et cette partie s’appelle « pace de responsabilité ».  Il veut faire plaisir aux patrons qui refusaient les contraintes supplémentaires déjà imposées aux entreprises en échange d'une baisse limitée du coût du travail. Il joue à poker menteur. Il compte ainsi sur le ventre mou d’un François Hollande  accroché à son pacte pour remporter la mise contre les syndicats de salariés. Il les rencontrera le 28 février pour discuter des propositions communes. Quelles cartes va-t-il abattre ? Le stress des patrons ? Les syndicats pourraient lui parler du stress des salariés soumis à des objectifs jamais atteints. Au coût de travail, on pourrait opposer le haut rendement forcé du salarié français par rapport à ses collègues européens. Si l’on raisonne en termes de productivité du travail par tête, c’est-à-dire la richesse produite en moyenne par un travailleur, la main d’œuvre française arrive en tête en 2011 avec 45,4€ par heures, devant les Etats-Unis (41,5) et le reste de l’Europe (37). Ce classement est toujours valable. Peut-on en dire autant des patrons ? On devrait plutôt regarder ce qu’ils gagnent en commençant par ceux du CAC 40. Malgré la crise, la rémunération annuelle moyenne des patrons du CAC 40 s'est élevée à 4,2 millions en 2011, en hausse de 4% sur un an, selon le cabinet Proxinvest. Maurice Lévy a été cette année là le mieux payé des patrons français. Le Journal du net a consacré en juin 2013 un dossier aux rémunérations des grands patrons : cliquer ICI.

    Le Medef va chercher des poux dans les cheveux de la misère notamment pour exemple en dénonçant récemment le régime d’indemnisation des « intermittents ». C’est toujours la même politique des bouc-émissaires, ceux que le mensuel libéral Le Point appelait « les enfants gâtés de la république » dans l’une de ses éditions. Un jour c’est les intermittents, un autre les fonctionnaires, un autre les assurés sociaux… etc.  De fil en aiguille à détricoter, on en revient rapidement à l’immigré, bouc émissaire préféré du Front national.

    Pierre Gattaz et les siens font tout pour obtenir le détricotage des acquis sociaux, la défiscalisation du capital et la dérèglementation du travail. Il a ses relais avec des think tanks, ces laboratoires d’idées ultralibérales et certains organes de presse. Il a ses réseaux politiciens de l’UMP et du PS. Il n’épargnera aucune forfanterie pour faire du pacte de responsabilité la réussite de sa présidence au Medef. Ce sera l’échec de la présidence d’un François Hollande pris au piège du libéralisme. Pierre Gattaz n’a-t-il pas laissé entendre que l’idée du pacte venait de lui ? Le pacte de responsabilité est un pacte avec le diable. "Il n'est pas de pacte loyal entre les hommes et les lions." Cet avertissement fait par Homère est toujours valable car, pour le Medef, Pierre Gattaz veut la part du lion. C’est pour cela qu’il sort médiatiquement ses griffes, histoire de tester ses proies : le gouvernement Ayrault et les syndicats. Comme par un hasard de calendrier, la presse évoque un possible changement de Premier ministre pour pactiser avec le Medef, seul bénéficiaire d’une escroquerie sociale. Ayrault ou un autre, Hollande a de nouveaux amis : les patrons. Il va jouer, avec Gattaz et le pacte, le même coup qu’avec Parisot et l’accord interprofessionnel dit l’ANI. Le pacte va se traduire par un nouveau recul social dans un marché de dupes.

    Pendant que François Hollande fait un énorme « hug » avec un patron des « pigeons » exilé aux USA et la danse du ventre devant le Medef, les solfériniens s’efforcent de provoquer Jean-Luc Mélenchon pour lui faire endosser l’impopularité de François Hollande et le présenter comme un extrémiste. Ils sont tous liés par un pacte d'irresponsabilité politique. Hier c’est David Assouline qui est monté au créneau dans un face à face sur BFMTV avec le leader du Parti de gauche. Le sénateur socialiste qui a voté la réforme de la retraite et approuvé l’accord ANI n’a cessé d’interrompre son adversaire politique et de monopoliser la parole avec arrogance pour faire croire que François Hollande et son gouvernement ont une politique de gauche outrancièrement dénigré par son interlocuteur. Il obligeait par son arrogance Jean-Luc Mélenchon à hausser la voix pour se faire entendre. On se souvient qu’il l’avait traité d’abruti bipolaire et son objectif hier était de déclencher sa colère pour la stigmatiser. Un exercice hypocrite et malsain. Tout le monde connaît la signification injurieuse de mot « abruti » et celle psychiatrique de « bipolaire ». Le trouble bipolaire, que l’on appelle également maladie affective bipolaire, est un état pathologique ; les personnes qui en sont atteintes, souvent qualifiées de maniacodépressives, présentent des sautes d’humeur extrêmes, qui n’ont parfois rien à voir avec les événements qu’elles ont vécus. Ces sautes d’humeur se répercutent également sur la façon dont la personne pense, se comporte et agit. Nous vous proposons l’enregistrement de ce face à face faussé par un Solférinien retors qui a constamment refusé le débat d’idées entre deux anciens trotskistes. Le tutoiement accepté par Jean-Luc Mélenchon qui s’est montré amical n’était qu’un piège inamical tendu par un baron socialiste du Sénat, sans doute candidat à une place de ministre dans un prochain gouvernement.

    David Assouline a conclu le face à face de façon très politicienne pour essayer de rassembler la gauche contre la droite et le FN. Il a refait le coup de vote républicain.

    Cliquer ICI pour le face à face.

    U Barbutu

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