• Le petit Nicolas, le petit François et les autres

    prince_machiavel

     

    Un site de critique théâtrale « Au balcon.fr » pose les questions suivantes :

    Pourquoi François Hollande et Nicolas Sarkozy sont-ils si impopulaires ? Comment ont-ils gagné l’élection présidentielle ? Pourquoi sommes-nous d’éternels insatisfaits en matière de politique ?

    Pour répondre à ces questions, deux pièces de théâtre sont proposées parmi lesquelles une adaptation du Prince de Nicolas Machiavel. Nicolas ! Il s’agit bien du prénom de Macchiavel et cela mérite de parler d’un autre Nicolas qui vient d’orchestrer son retour et affiche sa ferme intention de se représenter aux élections présidentielles de 2017.

    La pièce de Laurent Gutmann est intitulée« Le Prince, tous les hommes sont méchants ».  L’auteur y reprend les grands préceptes de Machiavel, homme politique et écrivain florentin du XVIème siècle. Nous vous proposons une vidéo de présentation.

    Cinq cents ans se sont écoulés et, si cette doctrine d’une politique machiavélique est vieille, force est de constater qu’elle a toujours ses adeptes au détriment des bonnes mœurs. L’actualité judiciaire en témoigne. Les discours cyniques et manipulatoires se succèdent. Du texte philosophique de Machiavel, les politicards ont retenu ce que l’on appelle couramment le machiavélisme : une conception de la politique prônant la conquête et la conservation du pouvoir par tous les moyens, y compris la manipulation dans le plus grand mépris du peuple. Ce machiavélisme, ils le mettent au service de leurs ambitions et des puissants lobbies qui leur permettent la conquête du pouvoir.

    Au-delà du partage du prénom « Nicolas » avec Machiavel, Sarkozy a fait du machiavélisme son unique mode de conquête du pouvoir.  Comme l’autre Nicolas, il pense que tous les hommes sont méchants et, tout en prônant le rassemblement, il attise les divisions pour s’en servir. Il ne le fait pas sans s’aider des sondages et des statistiques. Prenons un exemple simple : sa proposition de mettre fin au statut des fonctionnaires et de les recruter avec des CDD de cinq ans. Immédiatement, la presse libérale sort un sondage qui démontre que la majorité des Français l’approuvent, bien sûr après une campagne préalable de fonctionnaires bashing. Comment s’étonner que, ensuite, des propositions sur le modèle ultralibéral américain fassent leur chemin balisé par la presse capitaliste. Le secteur public représente moins de 6 millions de fonctionnaires alors que le secteur privé compte près de 27 millions d’emplois. L’enjeu est clair : en tapant sur le secteur public, Sarkozy compte sur les 27 millions de salariés du secteur privé, tout en leur préparant des reformes du Code du travail qui mettra fin au Cdi aux 35 heures. Quel est son calcul machiavélique ? Comme Machiavel, il pense que tous les hommes sont méchants et qu’il suffit de faire appel à des sentiments négatifs comme la jalousie. Il pense qu’il suffit de monter le propriétaire envieux d’une Clio contre celui qui a pu se payer une Mégane, pour ensuite mettre tous les salariés au pas. Il monte le plus grand nombre contre des boucs émissaires faciles. Il pense qu’en livrant les fonctionnaires (dont le nombre se réduit sous des politiques d’austérité)  à la vindicte des salariés du privé en CDD ou au chômage, il se sert habilement de la nature humaine pour se faire élire et, ensuite, appliquer une politique ultralibérale qui pénalisera tous les salariés au profit du patronat et des spéculateurs. Autres exemple : il est devenu partisan de l’extraction du gaz de schiste, dont nul n’ignore le lobbying pratiqué par les grandes compagnies pétrolières et gazières. Il veut convaincre que cette prise de position anti-écologique lui est dictée par le souci de créer des emplois, alors que la transition écologique en matière de ressources énergétique est tout aussi créatrice d’emplois et d’indépendance énergétique. Nul n’ignore les dégâts écologiques que l’extraction du gaz de schiste provoque. Il suffit d’aller faire un tour au Etats-Unis pour s’en convaincre. Même son choix d’avancer sa campagne aux élections présidentielles en passant par la présidence de l’UMP  relève d’un calcul machiavélique. Il a voulu couper l’herbe sous les pieds de Juppé et Fillon, tout en se plaçant dans une position présidentiable qui, doit-il penser, le mettra à l’abri des multiples procédures judiciaires si les sondages lui sont favorables. Les journalistes n’arrêtent pas de vanter son habileté politique et à force d’habileté, il y aura bien un moment ou « trop, c’est trop ».  Nous pensons que le moment est arrivé, car sa prétendue habileté ne fait que mettre en évidence son cynisme et son hypocrisie qui renvoie l’éclat trompeur de celui qui mérite plus le mépris que les louanges.   

    Tout le monde a compris que Nicolas Sarkozy n’a pas changé et, pour reprendre une formule de Machiavel, il ne  chemine qu'entraîné par la force de son naturel.  Il  joue sa carte personnelle en s’entourant d’une garde prétorienne aux dents longues. Cela nous amène à la deuxième pièce de théâtre citée qui donne un aperçu peu flatteur des coulisses de la politique : Les cartes du pouvoir, De Farraguth North de Beau Willimon, mis en scène par Ladislas Chollat

    Jusqu’où les politiques sont-ils prêts à aller pour conquérir le pouvoir ? Défendent-ils des idées ou se battent-ils pour leurs ambitions personnelles ? Faut-il mettre ses principes de côté pour gagner une élection ?

    Synopsis : Stephen Bellamy, attaché de presse et conseiller de campagne du gouverneur Morris est jeune, séduisant, brillant, ambitieux et déjà très expérimenté. Il prépare les primaires de la présidence américaine, sous la tutelle de Paul Zara, directeur de campagne incontournable qu'il admire et dont il a toute la confiance. Tous deux, profondément convaincus de leurs idéaux politiques et sociaux, s'engagent honnêtement, avec une solidarité indéfectible dans ce combat électoral. Mais il faut gagner... Dans le jeu des Cartes du Pouvoir, la trahison est-elle inéluctable ?

    Les Cartes du Pouvoir est l'adaptation française de la pièce de théâtre Farragut North écrite par Beau Willimon et sortie en 2008. Elle est tirée de l'histoire vraie de l’ancien gouverneur américain Howard Dean. Elle a été adaptée au cinéma : un film qui a récemment fait l'ouverture de la Mostra de Venise « Les Marches du Pouvoir » (The Ides of Marchs, 2011) réalisé par et avec George Clooney de Nespresso. Voici une vidéo de présentation…

    Sous une allure sympathique, BC BG, peut se cacher un vrai pourri, cynique, imbu de sa personne, imbuvable, égoïste, manipulateur, intéressé, colérique… En un mot « détestable » ! C’est l’un des personnages de la pièce, joué par Raphaël Personnaz. On entre dans ce petit monde de la politique fait aussi d’attachés de presse et de journalistes aux dents qui rayent le parquet. Nous plongeons au cœur d'un monde où tous les coups sont permis tant que l'on ne se fait pas prendre. Cela vous fait-il penser à quelqu’un en particulier et à quelques uns en général ?

    Sarkozy et Hollande partagent un aspect du machiavélisme. Après avoir accéder machiavéliquement au pouvoir, ils veulent se maintenir dans une situation ouverte à tous les retournements. « Si tu savais changer ton caractère, quand changent les circonstances, ta fortune ne changerait point », écrivit Machiavel. Ils ont retenu la leçon, comme ils en ont retenu une autre : « Un prince bien avisé ne doit point accomplir sa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible, et que les raisons qui l’ont déterminé à promettre n’existent plus. » Mais, pour ne pas laisser voir cette perfidie, il doit aussi « posséder parfaitement l’art et de simuler et de dissimuler ». Son hypocrisie doit le faire paraître « tout plein de douceur, de sincérité, d’humanité, d’honneur, et principalement de religion ». Pour la religion, nos deux candidats du deuxième tour en 2012 ont changé d’avis et se prononcent aujourd’hui pour l’interdiction du recours aux mères porteuses. L’humanisme n’est chez eux qu’un ingrédient dans les discours de campagne électorale. L’honneur ? Il aurait fallu qu’ils honorent leur mandat de Chef d’Etat au lieu que ce soit le titre de Président de la république qui les honore à tort. Pour ce qui est de la sincérité, elle est un calcul comme un autre, pour reprendre un extrait de « Becket ou l’honneur de Dieu » (Jean Anouilh). La douceur ? Celle du gant de velours ou, en osant une trivialité, de la vaseline.

    Sarkozy et Hollande ont sans doute oublié ce que disait Rousseau de Nicolas Machiavel : « En feignant de donner des leçons aux rois, il en a donné de grandes aux peuples. Le Prince est le livre des républicains ». Les républicains en ont une autre lecture qu’eux et pensent qu’il ne faut pas sous-estimer l’intelligence du peuple, au point de le manipuler deux fois. La France gagnerait à ne plus faire de la présidence de la république l’enjeu de politiciens qui n’ont retenu de Machiavel que les manigances, les manipulations et le mépris du peuple.

    Nous sommes au XXIème siècle et leur maître à penser vivait en d’autres temps et sous d’autres cieux. Nicolas Sarkozy est un prince-président déchu démocratiquement après un quinquennat. Il veut que les fonctionnaires soient recrutés avec un CDD de cinq ans. Il faut rappeler qu’un CDD de Président de la république coûte ensuite à la France entre 1,5 et 2 millions d’euros par an à vie au profit de chacun d’eux. Nous entretenons à grands frais Chirac, Giscard d’Estains et Sarkozy, bientôt un quatrième Hollande. Qui ne rêve pas d’un CDD pareil. Nous proposons que le Président de la république ne fasse qu’un seul quinquennat et que des réformes constitutionnelles nous sortent de cette république bananière plazcée sous la présidence d’un monarque élu. Cela nous mettrait aussi à l’abri d’une éventuelle monarchie familiale, lorsque l’on s’aperçoit, du côté du FN, que Le Pen a installé sa lignée. Après Jean-Marie, nous avons Marine et, après Marine, il y a Marion. Deux nouvelles générations sont déjà en place alors que Marine joue la reine d’Angleterre, affublée de son prince qu’on ne sort pas du FN en la personne de Louis Aliot.

    Si l’on revient sur les élections présidentielles depuis 2002, on doit reconnaître que Machiavel avait raison lorsqu’il a écrit : « « En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal.» C’est valable aussi pour le choix des candidats soumis aux électeurs. En outre, je réalise que si le mandat du président de la république était un quinquennat unique, nous n’aurions pas aujourd’hui à tirer sur une ambulance et un fourgon cellulaire, pour refuser une alternance arbitrée par l’extrême-droite. On finit par se lasser de tout. Cela fait sans doute partie de leur calcul si l’on réfléchit à la montée vertigineuse de l’abstentionnisme.

    Les Français en ont sans doute leur claque de cette clique de politiciens qui devraient prendre leurs cliques et leurs caques et disparaître, pour que l’on puisse s’exclamer : bon débarras ! Malheureusement ils ont déjà leurs jeunes vieux aux portes du pouvoir, des jeunes « politicaillons » triés sur le volet du conservatisme réactionnaire et de l’ultralibéralisme. Inutile de donner des noms, ils se font connaître.

    Battone

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