• Le plus froid des monstres froids...

    Le mensuel « Corsica » a fait sa Une du mois de mai en titrant « Malgré la crise financière, ces Corses plein aux as » sur la version papier et " ces corses pleins aux  as" sur la version téléchargeable (« plein » est sans s quand il signifie « beaucoup, très », plein a la même valeur qu’un adverbe, il est alors invariable.) avec les sous-titres : Où vivent les plus riches ? Où est le Dallas corse ? Où se trouvent les biftons ?

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    Une enquête exclusive sur la Corse d’en haut qui ne livre pas des noms mais des données chiffrées avec leurs commentaires dans un dossier « les impôts » basé sur les revenus 2009/2010. On peut y lire qu’il fait bon prendre sa retraite à Pietrosella avec un montant annuel moyen de retraite évalué à 27.671 €  plutôt qu’à Bustinaco où le montant moyen est de 7.445 €, étant précisé que « en Corse, 25% des retraités vivent avec moins de 650€ par mois ». C’est Jean-Toussaint Rossi (membre fondateur et ancien secrétaire général du STC, aujourd’hui président de l’associu STC di i ritirati corsi) qui le dit dans l’article suivant. En ce qui concerne les revenus des actifs, le plus haut revenu annuel moyen serait localisé à Quercitello avec 34.998 € et le plus faible à Nonza avec 9.224€. Il s’agit, rappelons-le, de chiffres basés sur les revenus imposables et on peut rajouter que le plus petit nombre de foyers imposables serait à Sorio avec 22,67% et le plus grand nombre à Ville-di-pietrabugno avec 64,75%. Pour Corsica, un bon taux d’imposition reflète une bonne qualité de vis en partant du principe que là où on paie l’impôt c’est qu’il y a de l’argent. A cet égard les trois communes corses en tête de ce classement avec des taux de 63 à 64% ( Ville-di-Pietrabugno, Villanova et Alata) pulvérisent la moyenne nationale qui est de 53,41%.

    En matière d’égalité, Corsica a choisi d’utiliser le rapport entre les revenus des foyers imposables et ceux des non imposables. Valle-di-Rostino arrive en tête avec un coefficient. Et un revenu annuel fiscalisé moyen de 12.096€. Pour les commentateurs du mensuel, l’inégalité des salaires (autour de 12%)  entre la tranche inférieure à 10.000€ et celle supérieure à 100.000€ reste inférieure à la moyenne nationale qui est de 17,35 % en 2010. La Corse reste toutefois la région où le pourcentage des foyers fiscaux pauvres reste le plus important avec les DOM, tout en étant au 6ème rang des régions où les foyers fiscaux les plus riches sont les plus représentés. Il est noté qu’à Ajaccio et Bastia, le nombre de redevables de l’ISF a fondu entre 2009 et 2010. Curieusement, en 2010, les redevables ont un patrimoine moyen qui a augmenté de 36% en valeur.

    La présidente de l’agence de tourisme de Corse a déclaré récemment « Lors de mon arrivée en 2010, j'ai demandé à l'Université de Corte de calculer l'indice de Gini de la Corse, ce qui n'avait jamais été fait ».Ce coefficient mesure l'inégalité des revenus dans un pays. 

    L’indice de Gini permet d’apprécier le degré de concentration des inégalités au sein d’une population. Il est compris dans l’intervalle [0,1]. L’indicateur tend vers 1 pour des distributions où les revenus sont répartis de manière inégalitaire, et vers 0 pour des distributions égalitaires.

    En Corse, les disparités son essentiellement favorisées par des différences salariales entre les lieux, les secteurs d’activité et les sexes. Entre 1982 et 1995, la Corse est la seule région enregistrant une augmentation des inégalités entre les hommes et les femmes. En revanche, on note une nette réduction des disparités salariales à l’intérieur des autres régions, comme le Limousin où la diminution des disparités salariales entre sexes est la plus élevée durant cette même période.

    En 2009, Corse-Economie a publié un tableau comparatif des indices Gini que nous reproduisons :

     

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     L’indice GINI n’est qu’une indication parmi tant d’autres. En 2008, La Corse avait un taux de pauvreté de 20% alors que le taux national était voisin de 13%. On peut penser que la crise n’a pas arrangé la situation. Le site « Corse-économie » constatait déjà que, au niveau de l’inégalité, on note que la Corse se distingue aussi dans le mauvais sens. Son coefficient de Gini (indicateur de dispersion pour les revenus totaux; plus le coefficient est proche de 0 plus les distribution est égalitaire, plus il est p^roche de 1 plus les revenus sont concentrés entre peu de mains) est supérieur à 0,3 point (c'est beaucoup pour ce type d'indicateur) à celui des autres régions. Seule la région parisienne est plus inégalitaire. Pour les seuls revenus fiscaux, là encore la Corse se classe juste derrière la région Île-de-France.

     

    Si on ne jette pas un voile pudique sur le nombre de Corses dans la précarité et sur l’affaiblissement de la solidarité familiale au bénéfice de l’individualisme, on ne peut pas se réjouir de l’évolution sociologique de la Corses depuis de nombreuses années. A cela s’ajoute la politique gouvernementale révoltante. Dans l’attente d’une croissance providentielle, François Hollande et son gouvernement s’attaquent aux retraités et aux actifs qui ont voté pour le changement et qui constatent la continuité. Le chômage augmente et augmentera encore, même si la période touristique apporte des emplois saisonniers. L’indice Gini et le taux de pauvreté ne sont pas prêts de baisser. Si on ajoute la spéculation immobilière, les injustices fiscales et  les déremboursements de médicaments et de frais médicaux (pendant que les dépassements d’honoraires médicaux augmentent), la Corse verra s’accroître les inégalités des revenus, des trains de vie, des droits au logement, des droits à la santé…..  et leurs conséquences : pauvreté et précarité.

    Au-delà de tous les indices utilisés par les analystes, les économistes et les décideurs, il y a la souffrance qui ne se mesure pas. Chaque chômeur, chaque pauvre vivant d’emplois précaires, chaque éleveur ou cultivateur à qui on ne renouvelle pas son bail locatif, chaque SDF, chaque actif ou retraité en dessous du seuil de pauvreté… chacun d’eux la mesure chaque jour sans pouvoir espérer plus de justice sociale. Ceux-là, on ne les détournera pas de leurs préoccupations quotidiennes avec des interventions militaires à l’étranger ou des polémiques sur le mariage pour tous. Au printemps, ils ont seulement moins froid et encore cette année le mois de mai aura été hivernal comme l’Etat qui est le plus froid des monstres froids. Il ment froidement ; et voici le mensonge qui s’échappe de sa bouche : “Moi l’Etat, je suis le peuple.” (Friedrich Nietzsche- Extrait du Ainsi parlait Zarathoustra)

    Pidone

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