• Le poison libéral

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    Le chômage a encore augmenté. La commission européenne a envoyé une lettre à la France sur le budget 2015. François Hollande n’a pas voulu la publier, malgré les demandes qui lui ont été faites. Le document a fuité et Médiapart l’a publié. Le gouvernement est rappelé à l’ordre et aux règles budgétaires européennes. Il se pourrait que la commission européenne émette un avis défavorable et ouvre la procédure à des sanctions financières. L’Europe libérale est en crise larvée. Davidb Cameron ne veut pas sortir le chéquier anglais pour une rallonge budgétaire européenne. Matteo Renzi menace de demander des comptes sur le train de vie des instances européenne, alors que la commission européenne  critique le budget italien qui respecte pourtant le déficit de 3%. Apparemment l’atlantiste Jos Manuel Barroso n’était pas apprécié d’un bon nombre de pays européen et a fait un discours de départ devant un auditoire dépeuplé. Les Verts ont même clamé « bon débarras ! » et ont réalisé une vidéo humoristique…

    Bref, Barroso, bon débarras par EurodeputesEE

    Bon ! Avec son successeur luxembourgeois, le cap libéral et financier est assuré ! Malgré ses échecs successifs en France et l’autoritarisme de l’Europe de la Finance, François Hollande refuse toute échappatoire à sa politique libérale incarnée par son premier ministre qui, chaque jour, enfonce un clou rouillé dans la gauche pour la tétaniser un peu plus. Si Manuel Valls se situe encore à gauche, c’est  pour se distinguer de la droite dans les urnes. Comme Sarkozy, il apparaît de plus en plus qu’il fait partie de la doxa libérale qui, avec sa cohorte d’experts et d’éditorialistes, propage l’idée de la fin des catégories « gauche » et « droite » et le dépassement de cette dualité antinomique de la politique en France.  « Ni droite, ni gauche » est aussi le slogan de Marine le Pen et le « dépassement du clivage gauche et droite » est celui de l’extrême-centre dont la gravité se trouve à droite.

    Dans un article du Monde diplomatique, Fréderic Lordon, économiste atterré, écrit : « Etonnante ironie qui veut qu’on pense identiquement dans le marais et dans le marécage ». Manuel Valls avait prophétisé que « la gauche peut mourir » et le pathétique intellectuel Régis Debray  lui a emboîté le pas libéral en affirmant dans le Nouvel Obs du 3/7/2014 : « La gauche est déjà morte ; ce qui en survit est soit pathétique, soit parodique ; si on s’occupait d’autre chose ? ». Fréderic Lordon relève deux erreurs en une phrase : l’une qui confond la gauche, comme catégorie politique générale, avec ses misérables réalisations partidaires, l’autre qui, par paraphrase, devrait remettre en tête que si tu ne t’occupes pas de la gauche, c’est la droite qui s’occupera de toi. En fait, ils ne parlent que du Parti socialiste qu’ils veulent liquider et qui, avec eux, n’a plus rien de socialiste, hormis des militants réduits au silence.  

    François Hollande et Manuel Valls ont miné le parti socialiste comme il mine l’Etat. Dans un autre article plus ancien, Fréderic Lordon s’interrogeait: « Une fois l’Etat disparu, et l’ordre politique pareil au marché, quel motif convaincra les agents privés de s’engager dans le financement des besoins collectifs ? La réponse américaine est déjà prête : c’est la morale. A l’unicité totalitaire du circuit financier de l’Etat fiscal se substituera la prolifération des transferts caritatifs privés, chacun étant bien mieux placé que la puissance publique pour savoir à qui et à quelle cause il entend donner, comme il était mieux placé pour savoir ce qu’il voulait offrir et demander sur le marché. Ce que faisait faire de mauvais gré la coercition de l’impôt, le libre élan charitable le prendra désormais en charge ». Voilà ce qui nous a conduits à la crise financière et économique ! Voilà ce qui nous mène à la régression sociale voulue par la doxa libérale ! La morale du patronat et des riches ? La charité bien ordonnée ? Est-ce cela que vous voulez ? Faudra-t-il ajouter au triomphe arrogant de la droite, la mort de la gauche ?

    La gauche est progressiste et la droite a toujours été réactionnaire. Cela ne s’invente pas et l’histoire de France en témoigne.  Le libéralisme est une idéologie de droite qui veut la soumission du plus grand nombre à la violence économique, en renonçant à la maîtrise de nos existences. Le terme d’Etat providence que la doxa libérale emploie (et dont elle veut la fin) est une expression de droite pour désigner l’action sociale de l’Etat qui n’a rien à voir avec la providence divine mais dépend des orientations budgétaires et de la justice sociale. L’action sociale de l’Etat n’est pas le passage de la transcendance à l’immanence. L’Etat n’est pas Dieu. Le peuple n’est pas un troupeau de brebis sous la surveillance d’un berger-président qui décide de quand et où il peut pâturer. La providence est un concept de droite.  Les acquis sociaux n’ont jamais été providentiels mais arrachés de haute lutte.  Dans « Les Misérables », Victor Hugo écrit : « Si la nature est providence, la société doit s’appeler prévoyance… ». La société se construit comme se construit l’humanité. Le libéralisme la détruit en poussant au chacun pour soi et à la division.

    Le capitalisme est malade et le libéralisme ne fait qu’aggraver les symptômes. On le voit en France et l’Europe n’a pas d’avenir à se construire contre les peuples. Les remèdes libéraux ne sont que des soins palliatifs qui augmentent la souffrance du plus grand nombre. Si la gauche meurt, c’est qu’on l’aura tuée en lui inoculant le poison « ni droite ni gauche », navrance toxique relayée jusque dans les instances du parti socialiste. Manuel Valls évoque, comme Sarkozy pour l’UMP, un nouveau mouvement non socialiste. Paradoxalement, il se proclame « homme de gauche » et veut la mort de la gauche. Il chevauche le boulet de destruction de la gauche, pour se frayer un chemin vers l'Elysée.

    Il faut créer une nouvelle force et nous en sommes d’accord mais une force résolument à gauche, résolument progressiste dans laquelle les fossoyeurs du socialisme  n’ont pas leur place qui est à l’UDI, aux côtés des centristes dont le flou idéologique est résolument à droite.

    Battone

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