• Le quotidien Corse-Matin va-t-il au Tapie?

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    FR3 Corse Via Stella a consacré un reportage sur la reprise éventuelle de Corse-Matin par le groupe La Provence contrôlé par Bernard Tapie. Cette hypothèse s'inscrit dans le cadre d'une restructuration du groupe Nice Matin. Une Assemblée générale des personnels s’est tenue hier  à Nice.

    Malgré ses ennuis judiciaires, Bernard Tapie est toujours le patron du journal la Provence. Il est même candidat à la reprise du titre Corse-Matin dont La Provence détient déjà 50% du capital. Selon Tapie « Il n'y a rien d'arrêté ». Il rappelle que la répartition des titres de presse avec la famille Hersant doit encore être finalisée d'ici la fin de l'année.  Il a évoqué comme lien avec la Corse la tragédie de Furiani. Décidemment, l’OM reste sa carte de visite en occultant la case « prison ». Tapie a l’habitude de jouer l’oie blanche et, sur des coups de dés, il aime sauter les cases sauf celles qui rapportent de l’argent. Pourtant le voilà impliqué dans ce qui pourrait devenir le plus gros scandale du quinquennat de Nicolas Sarkozy : l’affaire Adidas. Une information judiciaire est ouverte du chef d’escroquerie en bande organisée au préjudice de l’Etat, c’est-à-dire des contribuables. Depuis le 28 juin dernier, Bernard Tapie fait partie des mis en examen. Il est placé sous contrôle judiciaire. L'ancien chanteur devenu homme d’affaire, ministre puis comédien,  a déjà connu les barreaux des prisons de la Santé et de Luynes. Aujourd’hui, il a opté pour une reconversion comme patron de presse. Mais cette reconversion fait une peur bleue (comme Blue sugar) aux salariés et aux journalistes de Corse-Matin..

    Le 5 octobre dernier,  le journal le Parisien révélait que, sur un signalement de Tracfin,  le  parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur des transferts de fonds de la société de commerce en ligne Blue Sugar détenue par Bernard Tapie et son fils Laurent. "Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère des finances, vient de procéder à un signalement pour cause de fonds suspects sur les comptes de cette société" précise  le quotidien parisien. "Je ne connais pas la société Blue Sugar, je ne sais pas de quoi il s'agit", avait affirmé l'homme d'affaires, interrogé par Le Parisien. "Pourtant, poursuit le journal, Blue Sugar, appelé un temps Showpingdeal, appartient bel et bien au groupe BLT Deals (...) dont les propriétaires ne sont autres que Bernard Tapie et son fils Laurent."

    Blue Sugar propose un accès à ses services pour "une période d'essai de soixante douze heures à l'issue de laquelle un abonnement facturé 24,90 euros est reconduit tous les trente jours". Le Réseau anti-arnaques et de nombreux internautes ont rencontré des difficultés à se désabonner ou à se faire rembourser, écrit le quotidien qui rappelle que le site présente l'ensemble de ses conditions sur sa page d'accueil. L’activité de Blue Sugar fait donc l’objet de récriminations dans sa clientèle mais elle n’est pas la seule dans ce type de commerce en ligne où il est plus facile de s’abonner et de payer que de se désabonner ou de faire aboutir une réclamation pour être remboursé.

    Laurent  Tapie (fils) s’est dit serein en expliquant que la holding de la société Blue Sugar a profité  "d'un excédent de trésorerie"  qui a été placé en juin dernier au Luxembourg où les banques offrent les meilleurs rendements. "La société Blue Sugar est une filiale de GBT Events, la holding de participation détenue à parité par mon père et moi", précise Laurent Tapie tout en revendiquant la gestion de l’affaire, son père n’étant qu’un "investisseur 'dormant' dans cette société. Bernard Tapie détiendrait  au final via ses participations moins de 25 % de la  société dirigée par son fils. Bernard Tapie, de son côté,  crie au grand dieu que les différentes procédures visent à l'asphyxier et à le pousser à la liquidation. L’investisseur dormant de Blue Sugar, interrogé par un journaliste, ne se connaissait même pas cette filiale dirigée par son fils Laurent. Etonnant !

    Devant les tentatives d’expatrier des fonds malgré une interdiction judiciaire, la  Justice aurait ordonné la saisie conservatoire des biens de Bernard Tapie et étudierait le problème posé par La Provence. Dès lors, on se demande quelle suite sera donnée à la reprise de Corse-Matin et quelle sera l’attitude du groupe Hersant qui en détient toujours la majorité Via le groupe Nice-Matin. On parle déjà d’un plan de licenciement touchant  200 salariés de ce groupe qui emploie un millier de personnes. Avec sa casserole judiciaire et la saisie conservatoire de ses biens, Tapie peut-il encore se payer le quotidien Corse-Matin ? Le peut-il moralement et financièrement ? Voilà les questions qui se posent mais ne fallait-il pas  se les poser avant qu’il ne reprenne le groupe La Provence au grand dam des journalistes eux-mêmes qui se souviennent que Tapie avait dit en fanfaronnant  qu’acheter un journaliste coûte moins cher qu’un journal.

    Hier à Nice, devant  des élus du personnel et des délégués syndicaux, Dominique Bernard, le PDG du groupe Nice-Matin, a confirmé la probable mise en place d'un plan social, qui devrait se traduire par la suppression de 180 à 200 postes. Le personnel s'est ensuite réuni en assemblée générale  et  les représentants du personnel ont évoqué l'hypothèse d'une cession totale du titre Corse-Matin à La Provence de Bernard Tapie. Philippe Hersant aurait déclaré dans la matinée, selon des sources syndicales : "Aujourd'hui, cette cession de Corse-Matin à la Provence n'est pas possible, mais c'est une hypothèse sur laquelle nous travaillons." Pas de quoi rassurer le personnel qui a rejeté à l’unanimité cette cession et  le calendrier que propose la direction du groupe pour le plan de restructuration.

    Lors de l'AG, un représentant du personnel a rappelé la petite phrase de Bernard Tapie adressée au personnel des journaux du Sud-Est : "Je ne vous laisserai pas tomber!" "Alors, a-t-il ajouté, tenez vos engagements, monsieur Tapie !" On ne va pas une fois encore faire le bilan de toutes les entreprises en difficultés reprises par Bernard Tapie dont les anciens salariés n’ont pas gardé un bon  souvenir après qu’il les ait laissé tomber. Après un plan social annoncé, le groupe Nice-Matin pourrait bien devoir trouver de nouveaux repreneurs si la Justice rattrape une nouvelle fois « Nanard ». La direction de Nice-Matin, selon les syndicats n'a toujours pas indiqué s'il y avait des "investisseurs potentiels".

    Le quotidien Corse-Matin, sans concurrence sur l’île, est le titre qui a gardé un lectorat suffisant et reste bénéficiaire au sein du groupe Nice-Matin en grande difficulté financière. Le céder à La Provence de Tapie, c’est condamner Nice-Matin à la déconfiture d’une part et d’autre part mettre Corse-Matin entre les mains d’un actionnaire mis en examen dont tous les biens sont saisis. On comprend l’inquiétude du personnel et des journalistes qui connaissent le cursus professionnel de celui qui a bâti sa fortune sur des liquidations d’entreprises.

    Pidone

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