Plus les manifestations contre « le mariage pour tous » se succèdent, plus on mesure les risques pris par la Droite française pour fédérer tout ce qu’il y a de plus rance dans la société. Comment douter encore que cette grande manipulation ait pour but de rapprocher l’UMP du FN ? Copé et Guaino ont pris la tête de l’opération confiée à la nommée Frigide Barjot dont on ne peut ignorer la proximité avec Charles Pasqua et l’UMP. Comment serait-elle arrivée toute seule à réunir autant de monde et à financer une telle campagne extrême-droitière ?

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On a remarqué dans ces manifs les membres des « Jeunesses nationalistes », émanation du GUD et son fondateur AlexandreGabriac, le conseiller régional exclu du Front national, réclamer plus de radicalisation et d’actions ( violentes sans aucun doute). Ce garçon est connu comme provocateur et  initiateur de happenings et opérations coup de poing. Les dégâts collatéraux ne se sont pas fait attendre. Les agressions verbales et physiques contre les homos se multiplient. Des commandos harcèlent des hommes politiques et des journalistes. Aujourd’hui, le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, aurait reçu une lettre de menaces contenant de la poudre de munitions. Cette lettre d'une page, dont le contenu a été rendu public, le met "en demeure de surseoir au vote définitif de la loi sur le mariage pour tous" prévu mardi. Le document signé d'une "Interaction des forces de l'ordre" se termine par les mots : "Nos méthodes sont plus radicales et expéditives que les manifs, vous avez voulu la guerre, vous l'avez."Cette menace fait écho à des propos tenus par l’égérie de l’UMP qui paraît plus barjot que frigide : « Hollande veut du sang, il l’aura ! ».

Si ces manifestations étaient spontanées, on pourrait parler de dérives anecdotiques. Toutefois ces dérives sont le fruit des soutiens apportés par des élus de droite parmi lesquels les Sarkozistes font nombre derrière une banderole qui en fait les « gardiens du code civil ». On ne les verra jamais derrière celle de « gardiens du Code du travail ». Il y avait là Gilbert Collard (qui a chaleureusement embrassé Frigide Barjot) et Marion Maréchal-Le Pen pour le FN, Christine Boutin et Jean-Frédéric Poisson (Parti chrétien démocrate), Jean-Christophe Fromantin (UDI) ainsi que Patrick Ollier, Hervé Mariton, Patrick Balkany, Jean-François Legaret et Philippe Goujon (UMP). Les députés portent l’écharpe tricolore contre une loi votée par l’Assemblée nationale et le Sénat. Brice Hortefeux n’y était pas mais a déclare : « Si j'avais pu y être cet après-midi, je l'aurais été ».

Henri Guaino (UMP) est également présent, un peu plus loin. L'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, présent au côté de Frigide Barjot, a prévenu : "François Hollande ! Ecoute le peuple de France debout. Ecoute l'immense cri de colère encore pacifique". Un "encore" qui en dit long sur les intentions des commanditaires. C’est sans doute Patrick Buisson, conseiller extrême-droitier et sondeur  de Sarkozy, qui doit être à la manœuvre.

Seul Copé était absent car il était en déplacement en Corse pour lancer la campagne des Municipales. Il est venu avec ses idées neuves sorties de la brocante UMP et FN. On peut résumer son programme en quelques mots prononcés devant les élus UMP réunis à Biguglia en ordre de bataille : « Arrêtez d'emmerder les Français. Arrêtez de multiplier les réglementations, les impôts, les contraintes qui empêchent les gens qui ont envie de travailler de travailler, les salariés de gagner plus. » On se croirait en 2007.

A distance, il a mobilisé ses troupes pour la manifestation. Dans une lettre qu'il a adressée aux militants et qui a été transmise vendredi à l'AFP par plusieurs d'entre eux, il invite les membres de son parti à "participer en masse" à la manifestation du 21 avril, "afin de montrer à ce gouvernement et à sa majorité que nous mènerons le combat jusqu'au bout". Une fois encore, il s’agit d’un langage guerrier et subversif  contraire à l’esprit conservateur de la Cinquième république et incitant à des incivilités. Une autre manifestation est prévue le 26 mai. Copé y voit déjà « un message de très grande désapprobation de la politique gouvernementale ». Il ajoutait: « Je prédis une grande manifestation où des centaines de milliers de personnes viendront dire non à la politique du gouvernement ». C’est ce qui s’appelle « détourner » l’objet d’une manifestation à des fins bassement politiciennes. L’opposition au « mariage pour tous » passe au second rang pour laisser la place à la fronde contre les institutions. Le comble du cynisme et de l’hypocrisie ! Il y a eu deux tours aux élections présidentielles. Copé en veut un troisième dans la rue. Est-il impatient pour lui-même ? Il va se consacrer uniquement à la politique et a annoncé qu’il cessait son activité d’avocat-conseil. Rien à voir avec la moralisation des mœurs politiques, dit-il. Alors pourquoi ne l’a-t-il pas fait plus tôt ? Parce qu’il avait encore le temps de mener toutes ses activités. Maintenant il est surbooké. Pourtant rien n’a changé dans ses mandats si ce n’est son ambition présidentielle affichée. Si Sarkozy revient, il se contentera de Matignon.

On se demande quelles sont les espérances des Sarkozistes. On connaît leurs craintes judiciaires et leur rejet de la transparence. Ils gardent leurs aspects rances avec le Front National et partagent avec l’extrême-droite les haines et les procédés antidémocratiques. Ils se disent défenseurs du Code civil et pourfendeurs du Code du travail. Que leur réserve le Code pénal ?

Frigide Barjot, dépassée par le rôle qu’on lui fait jouer, a annoncé que son mouvement présenteraient des candidats aux Municipales… Voudrait-elle ne pas être la dinde de la farce organisée par l’UMP et le FN ?

Le « mariage pour tous » est un enjeu politique. Hollande a mis de son côte  les électeurs gay et la Droite veut récupérer les électeurs homophobes tout en faisant de ces manifestations un mariage avec le FN. L’homosexualité est un fait de société et appelle donc une réponse sociétale. Sa discrimination repose sur les mêmes « aspects rances » de l’intégrisme et du racisme. Ce sont de grands sujets dans les sociétés démocratiques lorsqu’ils ne deviennent pas des enjeux électoraux. Malheureusement, les politiciens s’en servent pour diviser et trouver des boucs émissaires.

Quelle que soit l’importance de la loi sur le mariage pour tous, la querelle politicienne ne doit pas occulter l’actualité sociale et économique. Le mariage pour tous ne résoudra pas le problème du chômage, de la spéculation, des inégalités, de la moralisation de la politique, de la représentativité du peuple dans une démocratie digne d’elle-même… Les couples hétéros ou homos au chômage ont des problèmes quotidiens à régler : se loger, se nourrir, se soigner, élever des enfants… tout en conservant un droit à la Culture et aux loisirs.

Une évidence : les adversaires du mariage homosexuel ont fait l’apprentissage des manifestations franchouillardes et réactionnaires. Cela rappelle la grande manifestation organisée par le pouvoir gaulliste contre le mouvement de Mai 68. On ne les verra ni le 5 mai pour une marche vers une Sixième république, ni aux côtés des salariés licenciés. Après avoir cassé les burnes, ils se feront manipuler aux urnes pour célébrer le mariage de l’UMP et du FN.

De son côté le Ministre de l’Education Nationale lance l’idée de la mise en place de cours de morale laïque en 2015. Dans un entretien accordé au Monde, Vincent Peillon définit la morale laïque ainsi : « Un ensemble de connaissances et de réflexions sur les valeurs, les principes et les règles qui permettent, dans la République, de vivre ensemble selon notre idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité ».Il y a du boulot et des cours de rattrapage devraient être organisés à l’Assemblée nationale et au Sénat pour recycler les « gardiens du code civil ».

Pidone