• Les chouans seraient-ils de retour?

    De mauvaises langues disent que François Hollande serait un champion de la synthèse et excellerait dans l’art du louvoiement. Cette réputation, il la tiendrait de son passage au secrétariat du parti socialiste. Depuis son élection, il en jouerait à merveille. En effet, après 18 mois de pouvoir, il a réussi une formidable synthèse. Selon le dernier sondage, sa cote de popularité est au plus bas (26% d’avis favorables). Il a réussi à se mettre sur le dos, non seulement les électeurs de Sarkozy  – c’est de bonne guerre – mais aussi et surtout de larges franges de l’électorat de gauche. Ces gens-là sont d’une ingratitude désarmante. Ils n’ont pas compris que notre président et son gouvernement oeuvrent dans l’intérêt de la France. Des preuves ? Toutes les mesures prises depuis juin 2012. Des exemples ? On a le choix.  Le traité budgétaire européen qui enferme les pays dans des politiques de régression et d’austérité. La contre-réforme des retraites, exit la retraite à soixante ans. Le matraquage fiscal des couches les moins favorisées. Le crédit d’impôts de 20 milliards aux entreprises, sans contrôle. L’augmentation de la Tva, au premier janvier 2014. Les coupes sombres dans les dépenses publiques, avec des incidences négatives sur la santé, l’éducation nationale, les transports, etc.

    Oui, François Hollande a réussi à dresser contre lui et sa politique beaucoup de monde, pas toujours pour les mêmes motivations. Apparemment, il ne semble pas bien mesurer l’ampleur du mécontentement populaire. Comme dirait ma grand-mère, il joue au canard et mise sur une hypothétique relance à terme. Il reste sourd aux cris d’alarme du Front de gauche et même de la gauche du parti socialiste et rejette dédaigneusement toute perspective de changement de cap. Il a tort. Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Il a réussi à jeter dans les bras du Front national une partie de la désespérance qui se répand dans le pays ou dans l’abstention et dans le  repli sur soi. Enfin, il a réussi à dresser contre lui une région entière : la Bretagne. Que se passe-t-il dans cette région sinistrée ? Une crise sociale et économique d’une ampleur inégalée la secoue. L’agriculture et l’industrie agro-alimentaire sont durement touchées. Des usines ferment, comme celle du groupe Gad à Limpault (Finistère). La révolte gronde et les manifestations se multiplient, parfois violentes. Une sorte de bloc social et politique est en train de se constituer dans ce contexte de crise aiguë. L’événement ne doit pas être sous-estimé, ni nié. On assiste à une étrange alliance entre les paysans, les industriels, les commerçants et artisans et les salariés, baptisée pour la circonstance « bonnets rouges » ! Mais voilà, comment comprendre que des salariés en colère – et ils ont mille fois raison de l’être – peuvent-ils se retrouver avec ceux-là même qui les exploitent, ferment leurs usines, les jettent dehors, délocalisent à l’étranger ou encore recrutent des ouvriers roumains pour des salaires dérisoires. Il y a danger.

    Les chouans seraient-ils de retour ?

    Maria Maddalena Lanteri

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  • Commentaires

    1
    Fucone
    Jeudi 31 Octobre 2013 à 20:49
    Manif le samedi 2 novembre à Crahaix. Le Front de gauche sera présent! Un gouvernement qui bricole et une région sinistrée Les mobilisations sociales qui se développent en Bretagne sont révélatrices de la crise touchant notre pays et plus particulièrement de la dégradation considérable de la situation économique et sociale dans la région : 6000 emplois salariés en moins rien que pour l’année 2012 et 19 000 dans le secteur marchand depuis 2008. Voilà le résultat de la crise du capitalisme néolibéral, aggravée par les politiques d’austérité voulues par le gouvernement et les institutions européennes, et d’un modèle économique productiviste refusant de prendre en compte les impératifs écologiques. L’agriculture et les industries agroalimentaires bretonnes, notamment la filière porcine et avicole, se sont, en général, développées sur la base de production de masse de produits peu valorisés destinés en partie à l’exportation. Cette production est aujourd’hui fortement concurrencée par les pays émergents ou par des pays de l’Union européenne qui, comme l’Allemagne ou le Danemark, pratiquent un dumping social éhonté en employant massivement des salariés d’Europe centrale et orientale sous-payés en utilisant les failles de la directive européenne sur le détachement des travailleurs. Dans ce cadre, l’écotaxe votée sous la droite et mise en œuvre par le gouvernement Ayrault est un prétexte que saisissent le Medef, les tenants de l'agro-business et les patrons de la grande distribution pour détourner l'attention des véritables responsabilités de cette crise. Mais au-delà, si cette fronde rencontre l’adhésion de nombre de catégories sociales excédées de voir leur pouvoir d’achat diminué et les services publics décimés, c’est que cette taxe est symbolique de l’injustice fiscale actuelle : censée vouloir réduire le trafic routier, elle ne s’appliquera pas sur les autoroutes à péage, là où passe l’essentiel du trafic de camions. Seules seront touchées les routes nationales et les routes départementales. Ainsi seront pénalisées les producteurs locaux, alors que gros du trafic européen qui utilise les autoroutes ne sera pas touché. Cette taxe n’a donc d'écologiste que le nom ! Le gouvernement vient de décider de la suspendre sur tout le territoire. La décision de suspendre cette taxe sur tout le territoire confirme que le bricolage devient la marque de fabrique de ce gouvernement. Il s’agit d’un nouveau recul devant la pression patronale. La question d’une fiscalité basée sur le principe du « pollueur-payeur » reste posée. Pour le Front de gauche, le modèle de l’agroalimentaire productiviste n’est pas soutenable économiquement, socialement et écologiquement. Il faut donc en changer et c’est le rôle des pouvoirs publics, Etat et collectivités locales, d’aider à cette transition, notamment en investissant massivement dans le ferroutage. Dans l'immédiat, le Front de Gauche exige un moratoire sur tous les plans de licenciements ; il se prononce pour une loi accordant un droit de veto sur les licenciements et un droit de regard des salariés sur l’utilisation des fonds publics. Il s’agit de protéger les salariés victimes de plans sociaux en mettant en place une sécurité sociale professionnelle qui garantisse la continuité de la rémunération et de la protection sociale des salariés. Il faut ensuite mettre en œuvre un plan de reconversion de l’industrie agroalimentaire bretonne basé sur un élevage et une agriculture moins intensifs pour des produits de meilleure qualité, la relocalisation de la transformation, la fin de la concentration des outils de travail et une juste rémunération du travail salarié et paysan. Ce plan de reconversion doit pouvoir bénéficier des aides des pouvoirs publics, ce qui suppose que l’impératif de restriction budgétaire soit mis de côté. Il doit être discuté avec tous les acteurs concernés. Le Medef et la Fnsea portent une responsabilité écrasante dans la situation actuelle. Ils ne peuvent être les seuls interlocuteurs des pouvoirs publics. Enfin, il faut en finir avec le dumping social en Europe, mais aussi en France. Ainsi, il n’est pas acceptable, par exemple, que l’entreprise bretonne Gad, qui va licencier près de 900 salariés, fasse travailler dans des conditions indignes des intérimaires roumains sous payés. Il est de la responsabilité du gouvernement français que la question du dumping social au niveau européen soit posée et de faire en sorte que les pratiques illégales en la matière des entreprises françaises cessent. Le Front de gauche sera donc présent à la grande manifestation pour l'emploi initiée par les organisations syndicales de salariés le samedi 2 novembre, à Carhaix
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