• Les effets judiciaires du Médiator...

    L'ex-sénatrice UMP Marie-Thérèse Hermange vient d’être mise en examen dans le cadre de l’enquête visant le groupe Servier dans l’affaire du Médiator.  L’enquête remonte à 2011 pour trafic d'influence.  Le n° 2 des laboratoires Servier, Jean-Philippe Seta a également été mis en examen.

    hermangeMme Hermange a été sénatrice de Paris du 26 septembre 2004 au 30 septembre 2011. Elle a été nommée membre du Haut Conseil de la population et de la famille en 2004. Elle est également membre de la Commission locale d'information auprès du CEA de Fontenay-aux-Roses. Elle a été députée européenne, Conseillère régionale d'Île-de-France  et adjointe au maire de Paris, de Jacques Chirac puis Jean Tiberi.

    Le 29 novembre 2012, un juge d'instruction s'était rendu au Sénat pour obtenir des documents dans le cadre de l’enquête pour trafic d'influence ouverte sur les soupçons de modification d'un rapport sénatorial par les laboratoires Servier. Ce "transport sur les lieux" s'inscrivait dans le cadre d'une information judiciaire pour trafic d'influence ouverte le 26 octobre 2012 qui prenait le relais d'une enquête préliminaire ouverte un an plus tôt sur les mêmes faits. Théoriquement, le tribunal de Nanterre devait être saisi, le siège du laboratoire Servier étant dans les Hauts-de-Seine. La première plainte y a été déposée fin novembre, mais le procureur de la République de Nanterre Philippe Courroye avait choisi de se dessaisir au profit du parquet de Paris,"les procédures étant potentiellement nombreuses" suite à la reconnaissance officielle de la nocivité de ce médicament. Ce procureur sera ensuite critiqué pour ses liens avec Nicolas Sakozy et sa gestion de l’affaire Bettencourt.

    L'attitude de la sénatrice Hermange a été mise en cause suite à la révélation dans la presse d'écoutes téléphoniques relatives à l'affaire du Mediator et du laboratoire Servier. La sénatrice aurait fait appel à l'avis d'un expert connu pour ses liens avec le laboratoire Servier dans le but de minimiser la responsabilité du laboratoire. Dans ce dossier, les interventions de la Sénatrice apparaissent sur le site du Sénat. Pour en prendre connaissance cliquer ICI.

    C’est  le Figaro.fr  (l’archive est payante pour les non abonnés ) qui avait publié l’information selon laquelle la direction de Servier aurait obtenu une modification du rapport du Sénat sur le Mediator en mettant en cause la sénatrice Marie-Thérèse Hermange qui avait démenti ces accusations, affirmant ce qui suit: « On peut demander un avis à quelqu’un et je n’ai pas écrit un rapport sous la dictée. C’est absurde de pouvoir laisser penser cela. Il s’agit simplement d’une consultation, je n’ai pas fait relire un rapport, j’ai simplement discuté de 3 ou 4 pages du rapport avec l’ancien directeur de l’INSERM ( Claude Griselli) Entre consulter un rapport et relire 3 ou 4 pages, vous avouerez qu’il y a un monde. » Elle affirmait ignorer à l’époque les liens entre Claude Griscelli et Jean-Philippe Seta, le directeur opérationnel du groupe Servier  Claude Griselli a reconnu les liens amicaux en déclarant à la presse : « Je connais à la fois Marie-Thérèse Hermange en raison de mon ancien poste de directeur général de l'Inserm, et Jean-Philippe Seta, qui est un vieux copain de vingt-cinq ans. » avant de minimiser la raison de son intervention dans la rédaction final du rapport sénatorial et son influence sur cette rédaction. Pour en savoir plus, cliquer ICI.

    Aujourd’hui toutes les dénégations n’ont pas évité des mises en examen… Il reste à connaître les causes de cette accélération du dossier judiciaire qui a mis un an pour l’ouverture d’information, c’est-à-dire pour la saisine d’un juge indépendant du pouvoir politique. L’instruction judiciaire est conduite par les juges Pascal Gand et Frank Zientara, saisis déjà de plusieurs autres volets de cette affaire:  tromperie et escroquerie dans laquelle le patron des laboratoires et six sociétés du groupe ont été mises en examen mais aussi  "homicides et blessures involontaires". Un autre volet est ouvert pour prise illégale d'intérêt. Des centaines de plaintes ont été déposées.

    Mis en cause dans le scandale sanitaire, Jacques Servier, le grand-père du Mediator, a immédiatement nié toute responsabilité de sa société, allant même jusqu'à imaginer un complot contre Nicolas Sarkozy en déclarant: "Il y a peut-être l'idée d'embêter le gouvernement" (propos rapporté par  Le Post.fr). Selon Nicolas Sarkozy, le travail des parlementaires devait assurer toute la transparence sur cette affaire et préconiser des solutions à venir.

    Il faut rappeler que le patriarche du groupe apparaît comme un membre du cercle des donateurs de l’UMP, un ancien client de l’avocat conseil Nicolas Sarkozy  qui, élu président de la république, l’a décoré de la grande croix de la légion d’honneur. Cette promiscuité entre politique et affairisme interpelle au moment où l’on parle de transparence et de moralisation de la vie politique. Lorsqu’il s’agit de l’industrie pharmaceutique, elle peut avoir des conséquences graves sur la santé publique. Nous verrons si des solutions seront apportées à la prévention du trafic d’influence ou si les politiciens continueront comme si de rien n’était alors que les scandales se succèdent. Hypocritement, certains refusent de voir un lien entre le métier d’avocat d’affaires et le trafic d’influence. Ils veulent laisser les conditions visibles du trafic d’influence avec le raisonnement que les affaires judiciaires débouchent rarement sur des condamnations pour ceux que les soupçons amènent devant les juges. L’histoire nous l’a montré : on peut être en situation notoire de trafic d’influence avec l’industrie pharmaceutique et être élu président de la république avec l’immunité en prime. On peut être nommé ministre de la santé ou à des fonctions périphériques. On peut être nommé ministre du budget avec un compte en Suisse. Ainsi va le monde politique ! Il est temps que cela s’arrête car c’est la sante publique et la  démocratie qui sont  mises en danger par de telles pratiques. Les média auraient tort de ne pas assez parler du Médiator et de ses effets secondaires judiciaires. 

     Battone

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