La Turquie se réveille et étonne le monde à qui on voulait faire croire que le premier ministre turc Erdogan est un démocrate partisan d’un islamisme modéré. Malgré les arrestations d’intellectuels et de journalistes, on trouve des partisans de l’entrée de la Turquie dans l’Europe. Il faut dire que l’Etat turc a multiplié les lobbies et les opérations de charme. En France, l’institut du Bosphore rassemble le gotha du patronat turc et des hommes politiques français de droite et de gauche. Ce sont ceux qui se sont élevés contre la loi de pénalisation visant le négationnisme du génocide arménien. D’aucuns essayaient de faire croire que la contestation en Turquie ne touchait que quelques intellectuels et les Kurdes. Aujourd’hui, la rue a enlevé le masque du dictateur Erdogan et montré que ce pays se dirigeait vers un islamisme pas si modéré qu’on a voulu nous le faire croire.

L’institut du Bosphore n’a fait qu’un court communiqué sur son site : « Nous regrettons le manque de dialogue entre le gouvernement et les protestataires, et déplorons vivement le recours à la violence par les forces de sécurité. Nous sommes persuadés que la Turquie, en s’appuyant sur le dynamisme de son économie et la richesse de son capital humain, dépassera cette crise, grâce notamment à un large compromis social en faveur d’une nouvelle Constitution, et par l'accélération des réformes en vue d'adhésion à l'Union européenne ». Tout le monde sait que cette réforme constitutionnelle engagée en 2010 est conçue pour augmenter les pouvoir d’Erdogan et aggraver la répression… pour en savoir plus CLIQUER ICI .

Une image a montré les dérives policières favorisées par les déclarations d’ Erdogan prêt à une répression désastreuse. Les premières images des manifestations ont donné le ton avec cette femme turque isolée et calme qu’un policier harcèle avec une bombe lacrymogène sans aucune raison si ce n’est l’intention de faire mal. Cela apparaît aussi  comme un acte misogyne dans un pays où on vient d’interdire le rouge à lèvres aux hôtesses de l’air et où il vaut mieux pour une femme porter le tchador comme le fait la femme d’Erdogan. 

Le discours d’Erdogan se durcit de jour en jour et les premiers morts sont tombés. Les arrestations se comptent par milliers et leur nombre dépasse outrageusement celui d’une manifestation violente dans un pays démocratique. Dans un réflexe de dictateur, Erdogan fait maintenant arrêter même les avocats qui défendent les manifestants dans des procès expéditifs.

Non ! Le pouvoir actuel turc n’est pas celui des islamistes modérés mais bien celui des conservateurs islamistes qui veulent rétablir la peine de mort.

Non ! La Turquie actuelle n’est pas prête à entrer dans cette Europe qui s’extrême-droitise et où les démocraties sont fragiles.

Oui ! Il est intolérable que, jusque dans les hémicycles français, des élus participent au lobbying  turc jusque dans le vote de nos lois.

Oui ! Il faut soutenir les démocrates turcs et les Arméniens dans la reconnaissance du génocide de 1915.

Oui ! Il faut soutenir les démocrates turcs face à un état ultranationaliste et islamiste qui continue à nier sa propre histoire et conduit la Turquie vers la dictature islamiste.

Ceux qui apparaissent comme les défenseurs de la Turquie ne sont en fait que les alliés de l’Etat turc. Ce sont les faux amis du peuple turc. Ne vous y trompez pas ! Les raisons en sont le plus souvent géopolitiques ou commerciales. Les manifestants turcs ne sont ni des anarchistes ni des terroristes comme l’a déclaré Erdogan. Il suffit de regarder le reportage de  Lady red dans la chronique de Jacob Berger lors de l’édition du journal télévisé du 7 juin dernier sur la chaîne suisse RTL.

Fucone