• Les politiciens pro-business

    cumulard

    Lorsque l’on parle de république bananière, on pense à Haïti du temps de Duvalier père en fils ou à d’autres républiques de pays constitués par  ce que l’on a appelé la Françafrique et plus généralement d’anciennes colonies où les dictateurs ont été mis en place par les néo-colonisateurs. Pourtant il suffit de regarder du côté de nos institutions pour se rendre compte que, si nous ne vivons pas sous une dictature, nous subissons une politique qui perpétue les inégalités et fait de nos élus des enfants gâtés.  Ces derniers se sont décomplexés et ne reculent devant aucun abus, aucune outrance. Ils cumulent les fonctions électives. Il ne faut pas leur parler de transparence et ils considèrent que tout leur est dû jusqu’au luxe. Le monde politique intéresse la presse people dans laquelle ils ont rejoint les artistes et les footballeurs. Il alimente aussi les chroniques judiciaires, tout en étant protégés par des immunités. Des politiciens « ni droite ni gauche » abandonnent toute idéologie pour une seule : le libéralisme économique. Ils sont devenus les marchands du temple capitaliste et veulent sacrifier les peuples sur les autels de la Finances que sont ses bourses internationales. Plus d’idéologie, plus de morale politique ! Ils sont pro-business !  

    Un article a relevé que, par exemple, une partie de nos députés ont pris l’habitude de salarier des membres de leurs familles. Il ne s’agit pas de familles politiques mais des femmes et des enfants. Le journal en ligne Médiapart a compté 58 épouses, 28 fils et  32 fils rémunérés sur les deniers publics à l’Assemblée nationale.

    Les avantages et les rémunérations de nos élus et des membres du gouvernement sont plus que confortables. Un collectif du « vote blanc » a fait un petit calcul sur la base du nombre de nos élus et des membres du gouvernement : 577 députés, 343 sénateurs, 16 ministres, 17 secrétaires d’Etat. En baissant leurs indemnités et primes de 1000 €, l’Etat économiserait 993.000 € par mois et donc 11.436.000 € par an. Si l’on élargit la mesure aux membres du Conseil constitutionnel, aux conseillers et autres Spin doctors, aux préfets en poste ou hors classe… on pourrait facilement doubler cette économie et la porter à 23 millions d’euros, qui représentent l’aide européenne à la promotion de certains produits agricoles y compris biologiques ou les frais de fonctionnement d’une ville moyenne de province. Certes ! Cela ne représente pas les milliards qui manquent mais c’est autant à ne pas aller chercher dans les poches du contribuable pour les mettre dans celles des enfants gâtés de la république.

    Nos élus ont du mal à digérer les mesures prises pour la transparence de leur situation fiscale et patrimoniale. On vient d’en avoir un exemple avec le président du groupe UMP qui a demandé au président de l’assemblée nationale de déposer plainte, au nom de l’institution,  pour « violation du secret fiscal » après la divulgation de l’affaire Carrez, ce député qui ne s'applique même pas une loi fiscale qui porte son nom. La haute autorité pour la transparence n’a pas beaucoup d’amis chez nos élus, même pas le président socialiste de l’Assemblée nationale qui s’était dit contre la transparence au moment du vote des mesures législatives prises. Rappelons que tout citoyen peut prendre connaissance des patrimoines des élus mais il lui est interdit de les divulguer car c’est un délit puni d’amende et d’emprisonnement. On ne pouvait pas pousser l’hypocrisie plus loin : la transparence doit rester confidentielle, secrète. Le problème n’est pas que le député Carrez soit « en indélicatesse » ( euphémisme employé pour la fraude fiscale des élus) avec le fisc mais que cela ait été divulgué.

    En matière de justice fiscale, Manuel Valls vient d’annoncer que les hautes instances sportives ne seront pas soumises à l’impôt pour les manifestations internationales comme la coupe d’Europe de football en 2016. L’UEFA et ses filiales françaises ne paieront plus d’impôts alors que le bénéfice prévu serait de 900.000 €. Seule la TVA sera collectée mais, dans ce cas, l’UEFA joue simplement le collecteur d’impôt. Ce sont les spectateurs et les collectionneurs d’objets footballistiques qui la paieront au bout du compte. Pire ! La rénovation des stades va coûter 1,7 milliard d’euros. A Marseille, le stade a été rénové et la ville s’est endettée pour des décennies. Marseille est la ville où les taxes locales ont le plus augmenté cette année. Dix villes sont concernées.   

    C’est donc l’UEFA qui va passer à la caisse. Ce ne sont pas les instances du football professionnel qui paient les stades. Un business très lucratif: la commercialisation et la gestion de tous les contrats (sponsors, droits TV, billetterie, produits dérivés, etc.). Alain Juppé est le président de l’association des dix sites qui vont accueillir l’« événement » (outre Bordeaux, l’association regroupe Marseille, Toulouse, Nice, Lens, Saint-Étienne, Lille, Lyon, plus les deux sites franciliens, le Parc des Princes et le Stade de France). Il a reçu à la mairie de Bordeaux, le 23 octobre, Manuel Valls et Michel Platini pour une réunion de travail. Sans doute parce qu’il a mesuré le déséquilibre entre les frais occasionnés par l’infrastructure nécessaire et les bénéfices prévus, il  a annoncé une décision historique : l’UEFA va reverser « 20 millions d’euros à la France », soit 2 millions par site concerné. A Marseille les travaux de rénovation du stade Vélodrome ont coûté 268 millions d’euros. Vingt millions d’euros, c’est pourtant dérisoire, alors que l’UEFA table sur un bénéfice minimum de 900 millions ! Lors de l’Euro 2012, en Pologne et en Ukraine, l’UEFA avait réalisé un bénéfice de 695 millions. C’est 200 Millions que l’UEFA devrait reverser à la France sur ses bénéfices.

    Le cadeau fiscal devrait concerner tous les sports. Cette mesure privera le Fisc de plusieurs milliards à ajouter au CICE, le crédit d’impôt accordé aux entreprises pour 50 milliards sans contrepartie. Manuel Valls a annoncé la bonne nouvelle à Michel Platini, en présence d’Alain Juppé qui, souvenons-nous, avait déjà octroyé des crédits d’impôt au patronat sans contrepartie et s’était montré faussement déçu par l’attitude du patronat qui, obligé à rien, n’avait rien fait pour l’emploi.

    République bananière ? L’expression désigne à l'origine, selon Wikipédia, un pays peu développé, dont l'industrie repose typiquement sur la seule production de bananes, et dirigé par une petite ploutocratie autoritaire. Par extension, l'expression est utilisée pour qualifier, de manière polémique ou satirique, toute forme de régime politique considéré comme dictatorial et/ou corrompu. Ensuite tout dépend la définition que l’on donne à « dictature » et à « corrompu ». On parle de la dictature des mots : médias, propagande sémantique… On subit la dictature de l’Argent avec ses crises… Derrière, il y a toujours la dictature de quelques hommes qui rêvent d’esclavagisme moderne et pratique le chantage au chômage. Et si l’on parle de corruption, on en revient à l’argent et aux abus. Les exemples de corruptions ne manquent pas et toutes ne débouchent pas sur des sanctions judiciaires.  Quel est le rôle des lobbyistes si ce n’est de corrompre des décideurs ? Que fait la propagande si ce n’est corrompre les esprits. Quand peut-on dire qu’un pouvoir est corrompu ? Sans doute lorsqu’il n’agit pas pour le bien de tous mais d’abord pour l’enrichissement de quelques uns mais aussi lorsqu’il fait l’inverse de ce qui a été promis aux électeurs. .

    Corrompre signifie pervertir. Que peut-on penser des hommes politiques qui font carrière au parti socialiste dans le but d’en faire un parti centriste et d’effacer jusqu’au mot de socialisme. Le parti socialiste va-t-il se laisser corrompre et faire alliance avec François Bayrou ? Le slogan « ni droite ni gauche » n’est-il pas le résultat d’une corruption du combat politique ?

    Le fait est que les politiques libérales et néolibérales enlèvent au citoyen la maîtrise de son existence et le soumet à la violence économique. Le fait est que le pouvoir change de mains mais que rien ne change.

    Cornélius Castoriadis constataient en 1998 que : « Depuis 1983, les socialistes français ont fait une politique, puis M. Balladur a fait la même politique ; les socialistes sont revenus, ils ont fait, avec Pierre Bérégovoy, la même politique ; M. Balladur est revenu, il a fait la même politique ; M. Chirac a gagné l’élection de 1995 en disant : « Je vais faire autre chose » et il a fait la même politique… » Nous pourrions rallonger la liste jusqu’ à  Hollande et son slogan « Le changement, c’est maintenant » et il fait la même politique que Sarkozy qui faisait la même que Chirac. Par médias interposées et sous la dictature de la Troïka, nous sommes soumis à la pensée unique, à la politique libérale et aux mêmes mœurs politiques que celles qui ont inspiré à Henri Verneuil le film « Le président » avec Jean Gabin dans le rôle principal. Dans ce film seul la personnalité du personnage interprété par Jean Gabin n’a pas trouvé une réalité historique et, finalement, il se retire de la scène politique car il n’a rien pu changer lui aussi à la fin du film. Pour ce qui est des mœurs politiques sous la Troisième république, ils se sont perpétués sous la quatrième et sous la cinquième, seule la constitution a changé pour en arriver à une monarchie républicaine.

    Un extrait du film "Le président" (H.Verneuil)

    Quels sont les résultats de cette politique libérale ? Aujourd’hui, la majorité des électeurs se désintéressent de la politique et des élections. Les conditions sociales et économiques sont réunies pour la montée de l’extrême-droite. Les affaires politico-financières, la xénophobie, l’intégrisme islamiste, le chômage, la déception européenne, le « ni droite ni gauche » de l’UMPS… sont autant de causes  de cette montée. Avec Sarkozy, la droite s’est affichée décomplexée. Hollande et Valls ont corrompu le socialisme. L’extrême-droite avance à visage caché dans une opération hypocrite de dédiabolisation du FN, alors que les groupuscules fascistes et néo-nazis sont de plus en plus actifs.

    Il est temps de réagir plutôt que de s’indigner en restant passif. Le 15 novembre prochain, l’appel du collectif 3A  sera l’occasion de manifester contre cette politique d’austérité qui ne fait qu’aggraver la situation économique et sociale de la France. Le collectif 3A regroupe diverses personnalités et organisations syndicales, politiques, associatives et citoyennes. Il est ouvert à toutes celles et ceux qui ne se résignent pas et veulent construire une alternative sociale et politique. Il y a urgence !

    Le changement commence au niveau local. Les élections municipales ont été annulées à Ajaccio. Mobilisez-vous autour du Front de gauche/ Parti de Gauche, Ensemble/Manca alternative, pour qu’il y ait un candidat Front de Gauche au premier tour.

    D’autres élections vont suivre. Pour changer de cap, il ne faut pas attendre 2017. Pour ne pas tomber dans le piège de l’extrême-droite, les électeurs ont le choix de la gauche radical et écologiste, sans compromission avec la droite et le centre. Voter pour des idées, c’est la meilleure façon de ne pas être déçu par des politiciens soucieux uniquement de faire une carrière politique. Il faut construire une nouvelle force politique mettant l’humain d’abord, fidèle aux valeurs de la gauche qui ont été oubliées par Mitterrand en 1983 et n’inspirent plus ni Jospin, ni Hollande, ni la direction du parti socialiste malgré une petite fronde divisée dont on comprend mal les positions fluctuantes.  Au PS, ce sont les jospiniens, les strauss-kahnien (dont Jean-Christophe Cambadélis, Jean-Marie Le Guen, Pierre Moscovici et Christophe Borgel) et les fabusiens qui ont pris le pouvoir. Depuis lors, le PS ne cesse de perdre des adhérents.

    Contre l’UMPS, contre le FN, contre l’Europe de la Finance, contre le « ni droite ni gauche, contre la Cinquième république, contre la politique d’austérité, contre la casse sociale… sortez de l’abstention.

    Pour mettre l’humain d’abord, pour une politique sociale et écologiste de gauche, pour une sixième république, pour plus de démocratie, pour défendre les droits sociaux et syndicaux… votez pour le Front de gauche partout où il présente des candidats en rupture avec la politique menée depuis 1983.

    U picciafocu

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