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Macron le faiseur de brouillard
La grande idée de Macron qu’il agite comme une carotte aux ânes qui ne demandent qu’à le croire. Il veut remplacer des cotisations salariales (maladie et chômage) pour les salariés et les remplacer par une augmentation de la CSG, c’est-à-dire un impôt. Macron est le spécialiste du package législatif, ces lois fourre-tout où l’on fait passer, avec de la vaseline sociale, le bâton antisocial. Cela lu permet de faire de la démagogie comme attrape-mouches. Il n’arrête pas de répéter, à la cantonade, qu’il est clair et ne cesse de fabriquer du brouillard avec des perspectives de beau temps. Supprimer les cotisations maladie et chômage, c’est couper le lien contractuel entre les assurés. C’est faire de certains les boucs émissaires par rapport aux autres qui vont voir leurs CSG augmenter. C’est aussi mettre la sécurité sociale entre les mains de l’Etat et du patronat. Avec le projet annoncé par Fillon, la privatisation n’est pas loin. Nul n’ignore la proximité ultralibérale entre ce dernier et Macron.
Qu’est-ce que la CSG ? La contribution sociale généralisée (CSG) est un impôt déjà destiné à participer au financement de la protection sociale. Il a été créé par la loi de finances pour 1991. C’est un impôt assis sur l’ensemble des revenus des personnes résidant en France. La CSG concerne : les revenus d’activité (salaires, primes et indemnités diverses...) les revenus de remplacement (pensions de retraite, allocations chômage, indemnités journalières...) les revenus du patrimoine (revenus fonciers, rentes viagères...) les revenus de placement (revenus mobiliers, plus-values immobilières...) les sommes engagées ou redistribuées. La CSG a une base plus large que les cotisations, en incluant les actifs, mais aussi les retraités et les revenus du capital. Elle est prélevée à la source sur la plupart des revenus, à l’exception des prestations sociales et familiales. Elle est recouvrée par les URSSAF pour la partie « revenus d’activité » et par l’administration fiscale pour la partie « revenus du patrimoine ». N’oublions pas que, concernant les revenus du patrimoine, il compte supprimer l’ISF à laquelle il s’était soustrait avant que le fisc ne le rappelle à ses devoirs de contribuable.
La CGS était initialement fixé à 1,1 %, et a subi une série d’augmentation pour passer à 2,4 % en 1993, à 3,4 % en 1996 et à 7,5 % en 1998. En 2015, les principaux taux sont de 7,5 % sur les revenus d’activité et assimilés ; 6,6% sur les pensions de retraite et de préretraite ; 6,2% sur les revenus de remplacement ; 8,2 % sur les revenus du patrimoine et de placement (rentes viagères, plus-values…).
La CSG vise déjà à diversifier le mode de financement de la protection sociale qui, avant la création de cet impôt, reposait essentiellement sur les cotisations sociales. Les arguments de Macron sont que sa proposition allège le coût du travail et permettra à un smicard d’accroître son salaire net de 50 euros par mois. Actuellement le rendement de la CSG est déjà important (91,5 milliards d’euros en 2013, soit plus que l’impôt sur le revenu) et elle représente plus des deux tiers des impôts et taxes affectés à la protection sociale.
Emmanuel Macron se donne une caution sociale en disant que ce sont les petits salaires et les petites retraites qui bénéficieront de son idée « géniale ». Ce sont, bien entendu les autres qui en supporteront le coup par l’accroissement de la CSG mais il y a de vrais bénéficiaires ceux à qui on supprime l’ISF et les patrons qui continueront à bénéficier de crédits d’impôts et récolteront un peu plus de la partie « revenus » de la CSG à restituer à l’Etat. Les entreprises encaissent déjà la TVA et vont devenir les plus gros collecteurs d’impôts utilisés comme fonds de roulement dans leur trésorerie. Pour la TVA, des patrons voyous pratiquent même la fraude à la TVA pour obtenir des remboursements non dus.
Lorsque Macron dit qu’il veut supprimer des cotisations salariales, il n’a, selon lui, pas l’intention de supprimer celles patronales. Il est cependant très discret sur le sujet et ne précise pas si ces cotisations seront augmentées ou diminuées. Lorsque l’on connaît son souhait de baisser les charges des entreprises, on se demande comment il financera son projet d’abandon des cotisations salariales en dehors d’une augmentation de la CSG qui, contrairement à ce qu’il dit, ne renforcera pas le pouvoir d’achat des ménages. Il aura aussi à déduire des recettes l’ISF et les cadeaux fiscaux aux entreprises comme le CICE.
Notre génie médiatique de la Finance n’a pas encore chiffré la partie sociale de ses grandes idées, toutefois il envisage de faciliter davantage les licenciements et réintroduit l’idée du plafonnement des indemnités prudhommales après licenciement, idée pourtant abandonnée dans la loi El Khomri. Il ne touchera pas aux 35 heures mais en apparence seulement puisqu’il veut privilégier les accords par entreprises et par branches.
Le 8 décembre dernier, il était chez Jean-Jacques Gourdin qui lui a posé une série de questions sans trop insister sur certaines. Le journaliste était plus axé sur la candidature de Valls et les Primaires du PS que sur le reste. Macron a pu à loisir pratiquer la langue de bois et ses annonces démagogiques sans être poussé dans ses retranchements. Le tord du journaliste est de poser trop de questions sans réponse. Notamment, il rappelle à Macron qu’il a conseillé Hollande pendant sa campagne en 2012 et lui pose la question : « Lui avez-vous conseillé de luter contre la Finance ? ». Macron ne répond pas directement mais fait comprendre qu’il était en désaccord tout en niant par la suite d’être le candidat de la Finance. Il dit qu’il est le candidat du travail et enchaîne sur la suppression des cotisations salariales. Il ne répond pas à toute la longue question de Bourdin qui lui avait demandé… qui est-il ? Le candidat de la Finance, le candidat de la presse-people, le candidat qui méprise les illettrés, celui des jeunes qui veulent devenir milliardaires, celui qui regrette l’absence d’un roi, celui estimant qu’il faut travailler pour porter un costard… Le seul passage dans lequel Macron donne une explication claire, c’est la raison de son refus de participer à la Primaire du Parti Socialiste. Là il peut faire rigoler, c’est quand il se présente comme un candidat anti-sytème avec des diplômes et une expérience professionnelle : inspecteur des Finances pendant 5 ans et spéculateur à la banque Rothschild. Il oublie par qui il a été propulsé, sans mandat électif, sur le scène politique : Jacques Attali qui s’est déclaré en communion d’idées avec Fillon et François Hollande qui l’a mis dans les pattes de Valls avant de le retrouver dans les siennes. Voici la vidéo du tête-à-tête ci-dessous...
Pidone
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