• Manifester est une liberté qui ne vaut pas la mort...

    Il faut que les parents sachent que, lorsque leurs ados manifestent, ils sont en danger. On l’a vu avec la mort tragique de Remi Fraisse, décrit comme un garçon pacifiste et écolo. Il aura fallu 48 heures pour que le ministre de l’intérieur et le Parquet reconnaissent que le décès était dû à un jet de grenade offensive. Lors des heurts, 42 grenades offensives ont été utilisées parmi les 700 grenades en tous genres. Nous n’excusons pas les jets de pierres et cocktails Molotov mais, selon Médiapart le Lieutenant colonel du dispositif composé de gendarmes mobiles aurait déclaré : «Le préfet du Tarn nous avait demandé de faire preuve d’une extrême fermeté». Pourtant, ce soir-là, aucun commerce, aucun bien public, aucune vie humaine, aucune obstruction à la libre circulation ne semble avoir justifié cette fermeté. Remi Fraisse a été touché à 2H03 du matin, en pleine nuit. Un gendarme aurait immédiatement dit, toujours selon Médiapart : « «Il est décédé le mec. Là c’est vachement grave. Faut pas qu’ils le sachent». Cela atteste au moins d’une réalité : les gendarmes savaient que le jeune homme était mort et que son décès était consécutif à l’action des forces de l’ordre, même si une autopsie est toujours nécessaire pour établir légalement la cause  exacte d’un décès. Par ailleurs, la mort a dû être constatée immédiatement par un médecin qui a fait le premier diagnostic en présence d’un Officier de Police judiciaire, un premier avis sur la cause du décès, à savoir qu’il n’était pas naturel mais consécutif à une blessure visiblement commise par la grenade offensive.

    L’action des forces de l’ordre apparaît d’abord dictée par des instructions de fermeté. Ensuite, on se demande pourquoi elle s’est poursuivie dans la nuit en pleine campagne. Surtout, elle met en évidence l’utilisation d’explosifs dangereux auxquels il faut ajouter parfois la pratique des tirs tendus pourtant défendus. Cela s’est vu dans le passé avec des blessures graves.

    La mort de Remi Fraisse a particulièrement ému les jeunes et leur jeunesse les expose plus que d’autres, quand sont données des instructions de fermeté qui se traduisent ensuite par des bavures.

    CRS_bienméritécoupdecoude

    Le collectif ZAD Rouen, auquel participent à titre personnel plusieurs occupants de la Ferme des Bouillons, appelait à un nouveau rassemblement jeudi 13 novembre 2014 face au Palais de Justice de Rouen. Les forces de l'ordre n'auront pas permis l'édification d'un nouvel espace de dialogue. Des policiers plus nombreux que les manifestants ont chargé ces derniers sans ménagement et certains fonctionnaires se sont montrés particulièrement violents. L’un d’eux a même dit en évoquant Remi Fraisse : «  Il l’a bien mérité ! » et ne s’est tu qu’en recevant un petit coup de coude de son collègue. Il répondait à une jeune femme outrée par l’attitude des CRS et qui lui avait lancé : « Vous avez tué un jeune ! ». Bien sûr ce n’était pas à l’individu qu’elle s’adressait mais à l’institution car le dispositif mis en place lors du décès de Remi Fraisse était celui des gendarmes mobiles et elle parlait à un CRS de la police nationale. On peut penser que le fonctionnaire a répondu par une provocation sinon sa réplique est grave et très inquiétante. Elle est honteuse et méprisable, lorsque l’on pense aux parents de Remi. De façon générale, un fonctionnaire ne doit pas provoquer mais au contraire calmer le jeu.  La réplique du CRS est l’exemple des provocations policières qui peuvent faire dégénérer une manifestation. Manifester n’est-il pas une liberté dans une démocratie ? Est-ce que cette liberté mérite la mort ? Si on ajoute les charges violentes sans qu’il y ait un réel trouble de l’ordre public, on comprend que, le 13 novembre à Rouen, il est heureux que les manifestants étaient pacifiques et moins nombreux que les CRS. Les charges en ont été que plus choquantes. Des badauds l’ont fait savoir.

    Voici, la vidéo diffusé de la répression de quelques manifestants pacifistes :

    La mort de Remi Fraisse et le comportement agressif des forces de l’ordre, lorsqu’ils ont devant eux des manifestants pacifistes, ne fait qu’augmenter la haine et laisser prévoir des manifestations de plus en plus violentes, d’autant que la presse s’intéresse davantage aux violences qu’aux manifestants pacifiques. Sur les réseaux sociaux, partisans des manifestants pacifistes et internautes extrême-droitistes échangent des propos haineux pour faire suite au décès de Remi.. Contre la gauche, l’écologie et le pacifisme, l’extrême droite et la droite sont toujours favorables au pouvoir policier. Le gouvernement actuel doit les satisfaire, lorsque l’on voit comment les manifestations sont réprimées. La bavure était prévisible, comme d’autres l’ont déjà été.  

    La seule décision qui n’a pas rendu inutile la mort de Remi Fraisse est l’interdiction d’utiliser à l’avenir des grenades offensives. Toutefois, d’autres armements devraient faire l’objet d’un plus strict contrôle avant qu’ils ne tuent à leur tour.  La construction contestée d’un barrage ne justifie pas l’action nocturne des forces de l’ordre, alors que les travaux n’en étaient qu’au déboisement qui aurait devancé le rapport des experts commis pour donner un avis sur la réalisation envisagée. Il s’agissait donc d’un coup de force puisque le rapport produit a démontré qu’il s’agissait d’un vieux projet totalement dépassé. Les travaux ont été suspendus. Pour combien de temps ? Donc il n’y avait rien à protéger pendant la nuit du drame. La mort d’un manifestant apparaît comme une bavure collective dont les hauts responsables sont le chef du dispositif, le préfet et le ministre de l’Intérieur.  

    Il faudrait rappeler à nos gouvernant que les forces de l’ordre sont un service public  et non pas une force de répression abusive et disproportionnée au sein de laquelle certains peuvent se livrer à des actes violents gratuits et à des paroles indignes. Lors des manifestations, seuls les casseurs doivent faire l’objet d’interpellations dans le cadre de la loi républicaine dans la mesure où ils commettent des violences physiques sur les forces de l’ordre, des vols et des destructions. En outre, en dehors des services spécialisés dans la grande délinquance comme le RAID, la BRI, le GIPN et le GIGN, l’utilisation de cagoules ne doit pas se généraliser au sein des forces de l’ordre et n’ont aucune raison d’être utilisées lors des manifestations. Les policiers ne doivent pas prendre l’uniforme des casseurs au risque de créer la confusion et parce que c’est désastreux pour l’image d’une institution censée être au service de la république, donc du peuple.

    U barbutu

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