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Manuel Valls ne mérite pas de rester au PS!
Manuel Valls ne manque pas d’air. Voilà un candidat aux primaires socialistes de l’élection présidentielle qui a fait un tout petit score et qui veut, sans légitimité, laisser tomber l'appellation "Parti Socialiste". Il avait déjà émis cette idée et il y revient dans le nouvel Obs. Avec ses 149 103 voix (5,63 %), son avant dernière place devant Jean-Michel Baylet, Manuel Valls veut imposer la liquidation du socialisme. Il n’avait que la cinquième place au premier tour des primaires, derrière François Hollande (1 038 188 voix, 39,17 % - Martine Aubry (806 168 voix, 30,42 %) Arnaud Montebourg (455 601 voix, 17,19 %), Ségolène Royal (184 091 voix, 6,95 %). Quelle légitimité peut-il mettre en avant au sein du Parti socialiste, en dehors de celle que lui a octroyée autoritairement François Hollande, par calcul politique ?
Après s’être rallié à la candidature de Dominique Strauss-Kahn, empêché pour ses ennuis judiciaires aux Etats-Unis, Manuel Valls a estimé qu’aucun socialiste ne pouvait mieux que lui porter le renouvellement et le 7 juin 2011, il fut le premier à annoncer sa candidature aux primaires socialistes. Il voulait, disait-il, représenter les socialistes et la gauche à la présidentielle. Dans son programme, il voulait « déverrouiller les 35 heures», se disait favorable à une baisse d'au moins 20 % du salaire du président et des ministres. Il promettait la restauration de l'âge de départ à la retraite à 60 ans et d’instaurer des quotas migratoires en fonction des capacités d’accueil de la France. Pour la retraite à 60 ans, on sait que ce n’était qu’une promesse électorale. La remise en cause des 35 heures reste une promesse à la droite et les quotas migratoires à l’extrême-droite.
Pour exemple, que propose-t-il aujourd’hui ? Dans le sillage du prix Nobel de l’économie, il veut s’attaquer au CDI pour proposer contrat unique et mettre fin, dit-il, aux inégalités entre les travailleurs en CDI et ceux en CDD. En la matière, on ne peut pas pousser le cynisme plus loin mais, pour Manuel Valls, le cynisme porte le joli nom de pragmatisme. "Les partenaires sociaux n'ont pas souhaité s'engager dans cette voie, constate-t-il, ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas intéressant….Mais il faut être pragmatique".
Celui qui voulait représenter les socialistes et la gauche, veut en finir avec ce qu’il appelle la gauche du passé et donc refonder le parti socialiste sans le socialisme. « Il faut en finir avec la gauche passéiste, celle qui s’attache à un passé révolu et nostalgique, hantée par le surmoi marxiste et par le souvenir des Trente Glorieuses » répète-t-il à qui veut l’entendre. Quelle morgue !
Manuel Valls a fait allégeance au Medef et à la City. La nomination d’Emmanuel Macron a été un signe de plus envers le monde de la Finance. Pour Manuel Valls, il suffit de dire « je suis de gauche » pour l’être sans contestation possible et il ajoute : « Le plus grand danger qui guette la gauche, c’est le sectarisme ».Il appelle à une « gauche pragmatique, réformiste et républicaine », mais pas socialiste ! Pour changer le nom du parti qui a permis son ascension politique, il invite « à un nouveau compromis entre toutes les formes progressistes du pays" et poursuit : "Nous devons créer demain une maison commune, une fédération ou une seule formation, tout est ouvert." On dirait du Sarkozy dans le texte et ça l’est sûrement dans l’esprit.
Sarkozy a flingué l’UMP et veut créer une formation dédiée à sa candidature aux prochaines présidentielles de 2017. On a l’impression que Manuel Valls suit la même méthode différemment, car Sarkozy, lui, reste un leader de la droite. Manuel Valls n’est pas un leader de la gauche et prétend incarner une nouvelle gauche qui ressemble à s’y méprendre à la droite. Hollande a introduit un cheval de Troie au parti socialiste. C’est Manuel Valls qui le chevauche maintenant. Du cheval de Troie, il a changé sa monture contre un boulet de destruction pour anéantir la gauche. Lui qui n’a obtenu aux primaires socialistes que la cinquième place, avec 149.103 voix, se permet de dire que Jean-Luc Mélenchon, qui a obtenu 4 millions de voix au premier tour des Présidentielles 2012, serait l’incarnation de la gauche d’hier « qui se trompe de combat ». Par contre il émet le regret de ne pas avoir su tendre la main à François Bayrou qui avait appelé à voter François Hollande en 2012. Manuel Valls envisage d’utiliser l’appareil du parti socialiste sans les socialistes pour trouver une alliance avec un centre qui a déjà choisi son camp à droite. Il devrait participer aux primaires de l’UMP où il a toutes ses chances.
A droite, Alain Juppé a utilisé le mot « match » pour les primaires de l’UMP. François Hollande a mis des banderilles sur le parti socialiste. Le toréador Manuel Valls veut lui donner le coup de grâce. Cela nous rappelle Courteline qui écrivit : « Il n'y a rien de commun entre la corrida et le match. Le match, mutuellement et librement consenti, met en présence deux adversaires dont chacun se fait, de gaîté de cœur, casser le nez, désorbiter l'œil ou défoncer les mandibules ». Et nous pensons comme Emile Zola que « La corrida est ni un art, ni une culture ; mais la torture d'une victime désignée ». Il est temps que les militants socialistes se rebiffent et qu’ils ne se laissent pas diviser dans les stratégies politiciennes de la doxa libérale. Il n'y a aucune modernité dans le pragmatisme affiché de Manuel Valls.
Ce ne sont pas Gérard Filoche, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Aurélie Filipetti et tous ceux qui refusent la mainmise des libéraux sur leur parti qu’il faut exclure mais ceux qui veulent le vider de son histoire, de ses valeurs… jusqu’à effacer son nom. Dans « socialisme », il y a la racine « social ». C’est cette racine que Manuel Valls veut arracher en clamant : « Il faut en finir avec la gauche passéiste ». Pourtant, des années de libéralisme ont mené à la crise financière et économique. C’est ce libéralisme « passéiste » qui est défendu par les réactionnaires qui veulent faire passer la régression sociale pour du progrès. Traiter le socialisme d’idéologie du passé est une outrance politique qui est démenti par l’histoire même du socialisme et du syndicalisme. C’est indigne d’un homme de gauche. C’est une hypocrisie d’homme de droite. C’est une trahison de vouloir détruire le parti qui vous a fait grandir pour en faire une machine électorale à des fins personnelles. Force est de constater que le premier ministre ne cache pas ses ambitions présidentielles dans le ton autoritaire qu’il affriche. Sa défaite aux primaires ne lui a pas enseigne la modestie. Il continuera à suivre sa ligne car c’est la bonne, affirme-t-il. Sa ligne politique est de faire du parti socialiste un parti godillot et d’en devenir le Caudillo.
Manuel Valls parle aux Français et non pas aux seuls socialistes. A ces derniers qu’a-t-il à leur dire ? Il ne veut plus du socialisme. C’est son droit ; mais les socialistes devraient ne plus vouloir de lui. Ce serait le juste retour de son acharnement à tuer la gauche tout en s’en réclamant. Manuel Valls ne mérite par de rester à Gauche.
U Barbutu
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