• Missak Manouchian au Panthéon?

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    Des hommages ont été rendus au groupe Manouchian pour le Soixante-dixième anniversaire de leurs assassinats par les nazis au Mont Valérien. Sans remettre en cause les élu(e)s, François Hollande a raté l’occasion d’un geste fort qui aurait été celui de mettre  Missak Manouchian sur la liste des héros de la résistance transférés au Panthéon.

    L’entrée de Manouchian au Panthéon aurait donné un vrai signe fort en ces temps où la xénophobie et le racisme enflent.  La mémoire de ce groupe internationaliste aurait honoré les valeurs de la République que la France veut représenter aux yeux du monde entier. Avec Manouchian, ce sont ces valeurs qui entreraient au Panthéon pour exorciser la haine de l’autre.

    Cet Arménien mena la résistance avec ses compagnons juifs, Hongrois, Polonais, Roumains, Espagnols, Italiens, et Arméniens. Cet ouvrier, poète et homme de paix n’était pas prédestiné à s’engager dans la lutte armée.Orphelins du génocide arménien de 1915 perpétré par l’Etat Jeune turc, Missak Manouchian et son frère avaient été attirés en France par les valeurs de la République.

    À son arrivée en France en 1925, il a 19 ans. Il apprend la menuiserie, mais acceptera toutes les tâches qu'on lui proposera. Parallèlement il fonde 2 revues littéraires, Tchank (Effort) puis Machagouyt (Culture). Missak Manouchian fréquente les " universités ouvrières " créées par les syndicats ouvriers (CGT), et en 1934, il adhère au Parti communiste et intègre le groupe arménien de la MOI (Main d'œuvre immigrée). En 1937, on le trouvera en même temps à la tête du Comité de secours à l'Arménie, et rédacteur de son journal, Zangou (nom d'un fleuve en Arménie). Après la défaite de 1940, il redevient ouvrier puis responsable de la section  arménienne de la MOI clandestine. En 1943, il est versé dans les FTP de la MOI parisienne dont il prend la direction militaire en août, sous le commandement de Joseph Epstein. Missak dirige donc ce réseau de 22 hommes et une femme. C’est au Parti communiste que Missak va prendre conscience des atrocités qui sont en train de se produire dans cette France collaborationniste qu’il ne reconnait plus. Le 21 février 1944, sa vie s’est arrêté à 37 ans.

    « Quiconque oublie son passé est condamné à le revivre », citation lisible à l’entrée du camp d’Auschwitz-Birkenau. Les morts ne le sont vraiment que lorsqu’on ne prononce plus leur nom.

    Quelle inoubliable leçon de courage ont donné ces apatrides aux collaborateurs français qui, par activisme ou lâcheté, ont souillé l’identité qu’ils portaient… Missak Manouchian, héros d'une population immigrée engagée dans la Résistance. La France défendue et libérée par des apatrides internationalistes qui se battaient contre le nazisme et la collaboration.  Ils étaient communistes comme deux autres grands résistants corses, Jean Nicoli et Danielle Casanova. Est-ce une raison pour que la France ne leur rende l’honneur qu’ils méritent ? Le Panthéon leur est-il interdit ? Va-t-on encore longtemps perpétuer une discrimination injuste dans les plus hauts honneurs dus par la France ? Existent-ils des noms à sanctifier et ceux à qui on interdit l’entrée dans le Temple du souvenir ?

    Missak Manouchian a laissé une lettre posthume comme un message éternel à la paix et au bonheur des peuples…

    Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais. Je m’étais engagé dans l’Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune hainecontre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous… J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours…

    C’est son action, son groupe internationaliste et, au-delà, sa voix, son message porté par Aragon qui le rendent digne d’entrer au Panthéon. Au moment où la France vit une crise identitaire, il reste un modèle de résistance et de combat. Un modèle à ne pas oublier et à suivre. Hollande et d’autres n’ont pas su honorer un symbole toujours indispensable de nos jours en ce héro qui représente la résistance communiste pendant le nazisme et un peuple génocidé, c’est-à-dire ceux qui ont payé un lourd tribut à la barbarie de la première moitié du Vingtième siècle.

    U Barbutu

    Une pétition est proposée pour le transfert de Missak Manouchian au Panthéon en cliquant ICI.

    Nous mettons en ligne les quatre parties du film « La traque de l’Affiche rouge » réalisé par Jorge Amat et Denis Peschanski. Il s’agit d’un travail réalisé par un historien et un réalisateur sur la base des archives de la police décryptées. Il met en évidence le travail de la machine policière face à des jeunes résistants aguerris certes mais pas suffisamment formés à la clandestinité.

    Cliquer sur les liens ci-dessous:

    http://www.dailymotion.com/video/x8nfce_la-traque-de-l-affiche-rouge-1-4_school

    http://www.dailymotion.com/video/x8maet_la-traque-de-l-affiche-rouge-2-4_school

    http://www.dailymotion.com/video/xojgbs_la-traque-de-l-affiche-rouge3_school

    http://www.dailymotion.com/video/xojgbz_la-traque-de-l-affiche-rouge4_school

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    Didier Daenninckx a écrit un ouvrage sur l’homme Missak Manouchian. L’auteur joue entre l’historien et le romancier. Dans cet ouvrage, en Janvier 1955, Louis Dragère, journaliste à L'Humanité, est missionné par le parti communiste pour retracer le parcours de ce héros de la Résistance à Paris. C'est ainsi qu'il exhume l'ultime lettre de ce communiste arménien engagé, qui contient de nombreux points de suspension, preuves d'une curieuse censure. De rencontres en découvertes d'archives inédites, Dragère comble les blancs au fur et à mesure d'une enquête passionnante où se croisent Jacques Duclos, Louis Aragon, l'ancien chef des Francs-tireurs et partisans Charles Tillon, le peintre Krikor Bedikian ou encore Henri Krasucki. Et se dessine peu à peu le profil étonnant d'un homme bien éloigné de l'image véhiculée par l'Affiche rouge.

    Les 23 membres du groupe Manouchian exécutés le 21 février 1944 par les Allemands:

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